l'honorable M. Hymans, parlant des elections de Bru ges, disait A la page 138, vous verrez le sieur Doom décla- rer qu'il a vu, au cabaret la P elite-Etoile, les curés de Snelleghem et de Zerkeghem exciter des électeurs k manger et a boire, et cela avant le ballottage, tandis qu'on criait Vive Soenens! Hourrah pour Visart! Voyons ce qui se passé dans la commune de Zerkeghem. Quatre ou cinqcabaretiers ontregu 15 fr, chacun pour donner des fêtes; c'est Philippe Carden qui leur a apporté i'argent de la part du curé de Man, en témoignage de satisfaction pour le résultat des élections (page 244 de l'enquête). D'après la déclaralion d'un candidat notaire, nommé Benvot, le euré de Zerkeghem a fait boire les électeurs de cette commune dans le cabaret VEtoile,- avant le scrutin de ballottage. Qu'est-ce que cela prouve? dit l'honorable M. No- thomb dans son rapport. Cela prouve uniquement la satisfaction qu'éprouvaii le curé l'occasion de l'échec de M. Devaux ainsi voiR, un des hommes les plus haut placés dans l'opinion publique, un homme poli tique qui, pendant trente ans, a rendu d'immenses services son pays, et qui laissera dans l'histoire de grands et glorieux souvenirscet homme essuie un échec, et le curé de Zerkeghem excite a boiuf, en 1'hon- neur de cette défaite. Et voild les gens qui sont chargés de prócher la morale et la charité chrétienne! Le fait qui s'est passé dans la commune de Zerkeghem prouve quelle a été la moralité de l'élection de Bruges. Une autre observation en passant. II ne peut pas s'agir ici des frais d'élection, il ne peut pas s'agir d'ar- gent donné aux électeurs pour payer leur transport et pour se restaurer it Bruges, putsqu'il est démontré par ladéposi ion du curé lui-meme (page 244) que les électeurs ont été transportés gratuitement, qu'ils ont bu a Bruges au cabaret VEtoile, oil Ton a payé leur consommation; pourtant on leur a encore d;stribué dO, 15, 25 francs quinze jours après les élections. C'est ce mème M. de Man que M. l'évêque de Bruges vient de nommer curé de l'église Notre-Dame de Poperinghe. Les limiers électoraux de M. Malou regoivent done la recompense des services rendus aux représentants- instruments Soenens, Visart el Declercq Grande, belle et intéressante legon pour les jeunes vicaires qui veulent se pousser II parait queM. de Man, nommé k Poperinghe, est chargé par M. J.-B. Malou d'organiser le clergé sous les ordres du vigoureux et ardent doyen Vandeputte, pour soutenir la candidature d'un nommé Devos, aspirant conseiller provincialet, en cas de dissolu tion des Chambres, pour combattre al'aide de moyens de toute nature les candidatures de MM. Mazeman, Vandenpeereboom et De Florisone. Nous ne serious pas surpris de voir bientót arriver au milieu de nous les vicaires Vansteenlandt, Beec- quaert et autres clercs de cette espèce, tous serviteurs de l'intolérance, bons courtiers électoraux, mais peu versés dans les seiences théologiques et pratiquant peu l'amour du prochain. Dans le siècle oü nous sommes, il faut s'attendre toutmais il fait surtout compter sur Ie bon sens des populations, sur leur goüt pour la bberté et le progrês, ce que ne fait pas Mgr de Bruges. LA POLICE CES ROUTES, Nous croyens ètre l'organc de l'opinion publique en signafant a qui de droit les nombreuses infrac- uons que subissent cliaque jour les lois sur la po lice des roütes. Sans ètre le moins du monde partisans de lois vexatoires et draconiennes, nous pensons qu'il est indispensable ('.'assurer la sécurité du voyageur aussi complétement que possible. Construire des routes pavées est chose excellente, mais cela ne suf- fit pasil faut encore, dans un intërêt général, en rendre le parcours libre de tout obstacle. Voila pourquoi rious avons des règlements qui défendent de laisser slationoer sur les routes tout ce qui peut entraver la circulation. Mais voir letat de la plupart de ces routes, on dirait que les règlements sont tombés depuis long- temps en desuetude. L'élranger, qui viendrait pour la première fois dans nctre arrondissement, nous parions de notre arrondissement, paree que nous le connaissons mieux nous ignoions s il en est de mème ailleurs, ce qui, du reste, ne serait pas une excuse l'étranger croirait que les routes, au lieu d'avoir un but d'utiiité générale, ont été laites pour la plus grande commodité de quelques voisins. Ici, c'est un cbanlier de bois qui séjourrie toute l'année; la, un chariot chargé et dételé au milieu du pavé; plus loin, ce sont des scieurs de long qui se livrent sur l'accöteinent a l'exercice de leur pro- fession. Le cO décembre dernier, on grillait un porc au milieu de Ia route, a cinq cents metres d'une viile. Un attelage vint k passer, les chevaux s'effrayèrent, pr'rent le mors aux dents et Ie con ducteur dut a un hasard providentiel d'échapper aux plus grands malheurs. Autre fait. Sur cette même route, on a déposé récemment les monts de sable qui doivent servir a son entretien. Pourrait-on croire qu'on les ajetés, pour la plus grande partie, sur le pavé même, ex posant infailliblement a versor toute voiture qui passera de nuit. Rien n'est plus vrai. Nous sommas persuades que ce dernier abus doit être attribué a l'irréflexion de quclque ouvrier; nous n'en sommes pas moins surpris que, dans un pays qui possède des fonctionnaires de tous grades et de toutes categories, semblable abus puisse exis- ter si longtemps. En effet, c'est le 29 décembre que nous avons eu l'occasion de nous en apercevoir et qui nous dira depuis quand cela durait. A sa- voir mème si, sans nos plaintes, le fait ne se serait pas perpétué indéfiniment. Nous pourrions pousser plus loin ces reflexions, parler, par exemple, de cette compagnie de tam bours et de clairons qui, échelonnée sur une rouie gouvernementale, presque aux portes de la ville d'Ypres, effraie, par ses exereices tapageurs, tous les animaux, et met en danger la vie de leurs con ducteurs. II n'y a pas longtemps qu'en ce mème endroit une vache emportée a trainé bien loin l'homme qui la menait. Bornons lè nos observations pour aujourd'hui et espérons qu'on se mettra en devoir de faire exécu- ter sérieusement les règlements en vigueur. Y aurait-il injustice a supprimer tant de dangers inutiies? Le cultivateur et le charretier, forcés d'abandonner pendant la nuit un chariot chargé le long d'une route, seraient-ils lésés paree qu'on les contraindrait a l'éclairer d'une lanterne pour avertir les voyageurs? Ne pourrait-on pas trouver facilement un endroit plus convenable pour déposor des arbres que la voie publique? Le scieur gagriera- t il moins sa journée pour exercer son industrie sans prejudice pour Ia sécurité de tous Le gouvernement ne sérait apparemment pas ébranlé pour déposer son sable a cólé de la route-, nous avons mème l'idée que, sous ce rapport, l'an- cien système était preferable aux innovations que Ton cberche a introduire, et personne que nous saclsions ne fera une révolution, paree qu'il n'aura plus la faculté de griller son porc sur le pavé. II n'est pas jusqu'a nos tambours dont i'éducation ne serait ni moins compléte, ni l'instruction moins so lide, s'ils exécutaicnt leurs roulements dans quel- que lieu désert. Puissentces observations être aceueiilies favora- blement et avec l'esprit qui les a suggérées, e'est-a- dire Ie désir de voir réaliser des améüorations uti les Puissent-elles provoquer des mesures qui, sans nuire a personne, seront bienfaisantes pour tous Cn EssJajistèfc S. V. P. Voyons, nos bons amis les caiboliques, le mo- r:ient est venu de mettre en pratique vos belles theories. Ce n'est pas, co ne peut pas ètre pour le Roi de Prusse que vous avez enregimenté les Sldhlagefs a Louvain, que vous avez dépensé des sommes folies a Tournai, a Courtrai, a Bruges et que vous avez organisé un gigantesque système de fraude et de corruption. Ce n'est pas pour des prunes que vous avez con- voqué k Malines le ban et l'arrière-ban de vos valeu- reuses cohortes et que vous avez hardiment arboré le sombre drapeau de l'omnipotence episcopale. Ce n'est pas pour nos beaux veux que M. Malou, le plus logique de vous tous, a formulé, dans son mandement destine h rester célébre, avec uneaudace brutale, les pretentions hautaines du clergé. Ce n'est pas pour le vain plaisir de s'amuser aux bagatelles de la porte, que depuis trois ans vous agitez Anvers et qu'enfin vous avez réussi a faire tirérdü feu les marrons que vous ne voulez pas cro- quer maintenant. Vous les croquerez, messieurs. Comment? vous renversez le ministère ct vous ne voulez pas ètre ministres? Vous le serez, s'il vous plait, ou vous direz pour quoi. II ne suffit pas de jeter des accusations fausses dans Ie public, de tromper les électeurs, de mentir sciemment el outrageusement, d'en venir a vos fins par tous les moyens malbonnètes et déioyaux, il vous faut maintenant non plus délruire et renver- ser. mais construire, mais édifier. Votre théorie a réussi, nous voulons vous voir a l'ceuvre. Nous nous meltons Ia galerie. Allons, lescomé- diens? la mise en scène est faite, la pièce est sue, le public emplit la salie au rldeau! (Echo des Flandres). I Quelques membres de la droite ont hautement annoncé l'intention de provoquer de la legislature Ia réforme de noire code communal. Nous les altendons a l'ceuvre. Ce n'est certes pas nous qui refuserons de les suivre dans cette voie, et nous avons l'espoir que le libéralisme comprendra qu'il est de sa dignité et de son intérêt de ne pas rester en arrière de cénx-la qu'il accuse d'être des adversaires de toutes les li- bertés constitutiounelles. Le moment est du reste bien choisi pour s'occu- per de cette importante réforme. La droite nous y convie et le cabinet libéral l'a abordëe avcc une grande timidité a la vériié, mais en laissant espérer plus de hardiesse pour un pr.ocbain avenir. I! faut, selon nous, aller sans retard au cceur de la question, l'étudier dans toutes ses parties et i'on reconnaitra bientót, nous en avons la conviction, ia nécessité de modifier notre code communal qui a été adopté a une époque oü la génération était en core tout imprégoée des idéés de centralisation qu'elle avait sucées sous le premier empire, et oü nos populations n'étaïent pas, comme aujourd'hui, familiarïsées avec la pratique des institutions repre sentatives. Ce n'est pas quand gronde la lempète, quand I'é- meute est dans la rue qu'il faut s'occuper des rél'or- mes soeiales, c'est quand le pouvoir est dans la ple nitude do sa force qu'il doit prendre l'initiativc des mesures utiles que revendique l'opinion publique, que réclamentréq'nité et 1c progrès social. T-ïSfr it- ia HÉffOaWE CöWWIJWAtE. Qui nova remedia accipece nolit, nova mala expeclct. (Bacon.) Tout citoyen doit avoir te droit de don ner sa voijc pour choisir ses représen- tantsexceptc ceux qui sont réputés n'u- voir pas de volonlé propre. (Montesquieu.) Duhs l'intérèt de la liberieetlc-mème, celui qui pai'ticipe il Ia souveraineté na tionale doit avant lout ètre souveraiu de lui-ruêine, c'esl-a-dire êlro en ëlat de se prononcer d'après ses propres cou- viclions. (V ERGNÏ'AÜD.) Bepousser de l'unie electorale e partie quelconque de la population dont on nc ponrrait contester l'aptitude, ce serait crcer, au profit de quelques-uns le plus insultant des privileges et consli tuer une easte aristoeratiqhe.

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L’Opinion (1863-1873) | 1864 | | pagina 2