JOURNAL D'YPRES ET DE 1 •ARRONDISSEMENT
YPRESj Pimanclie
ïleiixième année. N° 5.
SI Janyier 1864
paraissant le Dimanche cle cliaque semaine.
PRiX D'flBOKNEKlENT
POUR LA BELG1QUE
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YPaSS, 31 jawvSaa'.
Ea crisc ministéridlc.
La crise ministérielle ne parait pas sur Ie point
d'aboutir. Au contraire, semble qu'elle se com-
plique de jour en jour davanlage. Au point oü elle
en est arrivée, le lloi a suecessivernent épuisé
toutes les combiriaisons parlementaires il s'est
tour a tour adressé a la gauche libérale et a la
droite catholique, et toutes deux ont decline !a mis
sion de composer un cabinet, donnant pour motif,
Tune, que sa position de minorité parlementaire lui
iuterdit la possession du pouvoir; l'autre, que la
responsabilité de la situation doit ètre acceplée par
les eatholiques qui l'ont créée. A supposer que les
deux partis persistent dans leurs résolulions primi
tives, la constitution d'un minisière extra parle
mentaire se présente naturellement èl'espritcomme
la seule solution possible en ce moment. Le Roi y
a songé il a mandé au palais M. Faider, avocat
géneral a la cour de cassation, et lui a confié la
mission de constituer un cabinet en dehors des
deux opinions politiques qui divisent actuellement
le pays.
Depuis ce jour, une foule de combinaisons, toutes
au plus bizarres, ont cireulé et, l imagination des
nouvellistes aidant, le nom de ('honorable M.
Faider s'est trouvé associé a eeuxd'une fouledeper-
sonnages plns ou moins notoires, choisis principa-
Jement dans les bautes régioris administrativ'es. On
a parlé suecessivernent de M. de Bail letgouver
neur de Namur, et de M. Dubois-Thorn, gouver
neur du Brabant, pour le ministère de ('intérieur;
de M. Smits et de M. Adan pour les financesde
M. Renard et de M. Weiier pour le dépariement de
la guerre, et de bien d'autres encore dont les noms
ne nous reviennent pas en ce moment a la mémoire.
Qu'y a t ilde vrai,de sérieux dansees diverses com
binaisons? e'est ce que nous ignorons, mais ce do nt
nous sommes intimement convaincus, c'est qu'un
ministère ex'.ra-pariementaire, quel qu'il soit, ne
présente aucune chance de durée.
Ceux qui croient qu'un semblable ministère ren-
eontrerait de l'appui parmi les hommes dits modérés
des deux opinions se font, a notre avis, une idéé
très-erronée de la situation respective des partis
dans le sein des Chambres. Pour pen qu'on veuitle
y réfléchir et tenir compte du passé, il est impos
sible qu'on n'arrive pas cette conclusion, qu'en
ee moment ia Consiitution de ce que l'on est con-
venu d'appeler un centre est chose absolument ir-
réalisable. Nous sortions pour cela d'une lutte trop
vive, trop ardente et qui a trop profondément di-
visé les esprits.
On peut déplorer un semblable état de choses,
mais il serait puéril de le méeonnaitre les hom
mes disposés soutenir un ministère extra parle
mentaire sont trop peu nombreux, leur autorité
dans la Chambre est trop mince pour qu'une com-
binaison de cette nature se présente avec des chan
ces sérieuses de stabilité. Peut ètre vivra -t-elle
quinze jours ou un mois, aprèsquoi, il faudra avi-
ser et peut éire alors dans des conditions plus dif-
fleiies que celles d'aujourd'hui.
Si la solution n'est pas dans la composition d'un
ministère extra parlementaire, il serait difficile de
1 iodiquer. Toutefois, nous avons peine a penser
que le statu quo se perpétue l»ngtenips encore; de
deux choses, l'une ou le parti ciéreal saisira le
pouvoir et réclamera le droit de dissoudre les
Chambres ou bien, le ministère liberal retirera sa
démission et se réservera la faculté d'en appeler
lui-même au pays, a Ia première opposition' qu'il
renc'ötolrera. Dans les deux eas, nous voyoris la dis
solution fatale, inevitable et nous l'appelons de
tous nos vosux poor qu'elle viéöne mettre un terme
a une situation qui ne pourrait pas se prolonger
sar.s compromettre le repos du pays a l'intérieur
et sa dignité vis a-vis de l'étranger.
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ïsaiaSoSèsre tó'afflfrtti'tsa.
Dans notre numéro de dimanche dernier, résu-
maut notre opinion sur les ministères d'affaires,
nous disions qu'il existe de certaines questions,
eelie des cimetières entr'autres, sur lesquelSes au
cune transaction n'est possible et qui reclainent impé-
ricusement une solution, dans un sens ou dans un
autre. L'intolérance cléricale s'est chargée tout
réeemment de fournir un nouvel argument a l'ap
pui de notre thèse.
A Vottem, dans la province de Liége, un pro
testant meurt il y a une huitaiue de jours. Ce pro
testant, ii s'agit de l'enterrer. Oü l'enterrera t on?
II n'y a pas a choisir le cimetiére ri'a que deux
compartiments l'un, le coin c'es réprouvés, réservé
aux critnineis, aux suicidésl'autre, Ie comparti
ment bénit par l'Eglise catholique, qui en défemi
l'accès a ceux qu'elle refuse de reconnaitre pour ses
enfants. 11 faut que ce protestant défunt soit in—
humé dans l'un ou dans l'autre. Sur ee point, au
cune transaction, aucune conciliation n'est pos
sible.
Les cléricaux disent le cimetiére appartient h
l'égüse, le cure y règne en maitre et seigneur. A
lui d'en accorder ou d'en refuser l'entrée selon son
bon piaisir et sans avoir a rendre compte de sa con
duite a d'autres qu'a l'autorité ecclésiastique. Le
protestant n'est pas notre frère, nous n'eu voulons
pas parmi les chrétiens qui dorment au pied de la
croix. Le coin des réprouvés est toujours asstz bon
pour lui.
Les libéraux répond- nt que l'autorité civile n'a
pas a se préoceuper de b religion laquelle appar-
tenait le défunt, qu'elle n'a pas méme le droit de
s'enquérir s'il en avait une, que son seul devoir, a
elle est d'assurer eet homme, protestant ou non,
une sépulture convenable et qu'elle seule aussi est
juge de savoir ce qu'il y a a faire sous ce rapport.
En présence de deux opinions aussi diamétrale-
ment contraires, que va faire le ministère d'affaires
S'il ordonne que le protestant soit enterré dans le
coin des réprouvés, il abdique les devoirs les plus
sacrés du pouvoir civil, il consacre la souveraineté
du prêtre dans le cimetiére et livrc a ses mains
avides du pouvoir un terrible instrument de do
mination. Certes, une aussi coupable condescen-
dance leur créera, dans le sein du parti liberal, une
redoulable opposition qui a'ooutira bientöt a un
dësastre ministeriel.
Donne-t-il, au contrail e, satisfaction a l'opinion
libérale? réusite-t-il aux prétentions du clergé?
exige-t-i! que, malgré les réclamations et les mena
ces du euré, les dépouilics mortelles du protestant
soient inhumées dans Ia partie bénite du cimetiére?
En ce eas, il lui arrivera ce qui arrive en ce mo
ment au cabinet liberal on 1'aecusera de tous les
méfaits, de tous les crimes et, a la première occa
sion, on le renversera sans pitié.
Avions-nous raison de dire que les ministères
d'affaires ne sont que pure utopie
Après l'humiliante semonce que AIM. les représen-
tants d'Anvers ont reijue a ia Chambre des représen-
tants, il sémblait que la question des fortifications
élevées autour de notre métropale commerciale au-
rait élé enterrée poar quelque temps au moins et
qu'aucan orateur ne se serait plus hasardé, au sein
du Parlement, reprocherau ministère actuel d'avoir
accordé a la ville d'Anvers, préeisément ce qu'elle a
demandé, Oq se trompait. Messieurs les élus du mee
ting ontjuré d'etre iliogiques, i r raiso n nab!esah surfi es
et catholiquësjusqa'au bout. Pour'rem j>hi' le mandat
impératif auquel ils out sonscrii, its ne reculen i pas
mftine de van i ie ridicule. Quoi de plus ridicule, en
effet, que de voir les représentants d'une ville aussi
impertante que celle d'Anvers, venir béga'yer tópr
de röle le méme discours? Après M. l)'IIane, nous
avons entenda M. Delaet, après M. Dclaet,MM. Jacobs
et Dubois et puis enfin M. Hayez. Ces cinq orateuvs
ont parlé pour parlerce que M. D'Hine a dit
M. Uayez l'a répété;cequ« M.Jacobs a débitó en
fkusset, ou en ténor, pour ètre plus poli, M. De'aet
l'a modulé en barvton, mais au fond, ?a toujours été
le mémcouplet; c'est la mème ritournelle chantée
'autöt du nez, de la té te oü de la gorge. Cela peut être
três-varié, mais coup sür, c'est très-ennuyeux k en
tendre et pas le moins du monde coavaincant.
Les Anversois paraissent eppendant avoir beauequp
de foi dans leur mode de persuasion ils espèrent que
le pays, lassé de les entendre sans cesse protester,
fiaira par faire droit leurs reclamations, ne fö'.-ce
que pour avoir le piaisir de ne plus entendre leurs
orateurs. Ce qui nous le fait croire, c'est qu au Sénat,
MM. Joostens et Osy ont renouvelé préeisément la
L'OPINION
LE TOUT PAYABLE d'AVANCE.