JOURNAL D'YPRËS ET DE L'ARRONDISSEMENT
YPRESj Ilimanche
Beuxième axmée. N° 7.
14 Fcvrier 1864.
paraissant le Dimanche de chaque semaine.
PRIX D'ABQNNEKENT
POUR LA BELGIQUE
8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre.
Pour l'Etranger, le port en sus.
PRIX DES ANNONCES
ET DES RÉCLAMES
10 centimes la petite ligne.
Corps du journal, 50 centimes.
Laissez dire, laissez-vous bl&mcr, mais publiez votre pensée.
On s'abonne a Ypres, au bureau du journal, Chez Félix Lambin, imp.-libr.,
rue de Dixmude, 55.
On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres
ou envois d'argent doivent ètre adressés franco au bureau du journal.
Ea erisse ïssaeSsêérieiié.
La parti clerical, après avoir hésité un in
stant, s'est décidé a repousser Ie pouvoir. II n'y a
plus en douter aujourd'hui, ses principaux or-
gannes l'affirment quoi qu'il arrive, queiquessol-
lieitations qu'on lui adresse, qaelques soient les
évènements qui surgissent, il n'acceptera pas la
mission de composer un ministère.
Ce que nous pensons de eette résolution, nous
l'avons dit. Un parti qui recule devant la rcsponsa-
bilité de la situation qu'il a créée n'est plus un
parti, e'est une faction. Ce parti a beau compter
«lans son sein des cardinaux et des évèques, il a
beau se parer du titre de grand parii conservaleur
c'est une faction.
Mais ce refus obstiné, injustifiable, doit-il éter-
niser la situation oü se trouve le pays? Faut-il,
paree que nos évèques font de la revolution, que le
pays souffre plus longtemps de l'absenee de gouver
nement? Sera-t-il dit que la couardise de quelquts
hommes, fussent-il'g tonsurés et mitrés, pourra in-
définiment entraver la marcbe des affaires publi-
ques?Que ces hommes aient élé mis en demeure
d'oser recueiliir les fruits de leur trisie vietoire,
c'est bien. II est bon d'avoir fait éelater leur
impuissance au grand jour. Le pays saura dé-
sormais ee qu'ils valent. Mais, eet enseignement
donné au pays, n'avons nous plus rien a faire et
devons nous laisser s'aggraver la situation pour le
seul plaisir d'en accabler pius tard nos adversaires?
Nous ne Ie pensans pas. 8i les catholiques refusent
le pouvoir pour eux mèrnes, i! ne nous reste, a
nous, libéraux qui mettons au dessus de nos inté
réts de parii les intéréts éternels du gouvernement,
que deux partis a prendre ou bien consentir a la
constitution d'un ministère d'affaires et fournir
riotre contingent a la composition d'un pared mi
nistère ou bien reprendre hardiment, résolüment
les rênes du pouvoir et provoquer une dissolution
qui nous donne tort ou raison, mais qui, dans les
deux cas, mettra fin l'état de malaise et d'incerti-
tude qui pèse sur le pays.
Un ministère d affaires, personne rr'en veut, si
ce n'est le parti clerical dont il ferait admirablement
les affaires. II n'y a done pas y songer. Reste l'au-
tre alternative que nos miuistres retirent leurs
démissions, que Ieschambres soient eonvoquées et
qu'au premier ëelue parlementaire Ia nation
soit consultée sur le choix des Iiommes en qui elle
a eonfiance.
Cette épreuve peut nous ètre contraire il se
peul que Ie pays, infeeié du virus clérical, nous
donne tort etnous rejette dans la minorité.Qu'im-
porte? Le règne de nos adversaires ne sera pas
long et le parti libérai bienlöt victorieux, aura
ajoute un titre de plus a tous ceux dont i! est si
justement fier dans le passé.
La qricntiost des ci:actlèrcs
Que nos lecteurs se rassurerit notre intention
n'est pas de traiter ex proftsso la grave question des
eimetières; mais au moment ou le clergé catholique
provoque sur tous les points du pays un vaste pé-
titionnement dans le but de faire consaorer par la
legislature ses étranges pretentions en matière d'in-
bumation, il nous a paru qu'il ne serait pas inutile
de rappeler, une dernière fois, en quoi consistent
ces pretentions et les conséquenees qui découlent
du système qui prétend exclure le pouvoir civil de
touie immixtion dans les questions dc sepulture.
Nous n'.éerivons pas seuiement pour nos amis
politiquesnous nous adressons a tous les catholi-
ques sincéres, amis de leur pays et Je nos institu
tions libérales, et nous les supplioris de lire ces
quelques ligues, saus prevention, saus parii pris de
nous contredire.
Que demande le clergé catholique? II demaude
que l'autorité civile reconnaisse sa souveraineté
absolue, sans limites, dans la partie du eimetière
béni par lui; il ne veut pas que, dans aucun cas,
sous n'importe quel prétexte, l'autorité civile puisse
ordonner l'ioliumatiou d'un citoyen dans eette par
tie du eimetière, réservée, d'après lui, aux seuls
catholiques reconnus comme tels par l'autorité reli-
gièuse. Eu d'autres termes, il se prétend maitre et
seigneur du eimetière catholique et déuie, a qui
que ee soit, le droit d'y ètre inhuiné sans son agré-
ment.
Au premier abord, cette pretention parait asstz
legitime. Quoi de plus simple,de plus rationnel.en
apparence, que de coniier au clergé de chaque
communion rehgieuse le soin d'inhurrier ses fidè-
les? Le clergé catholique enterrant les catholiques
dans le eimetière cailioüque, le clergé protestant,
e clergé Israelite fe.-ant de mème pour leurs core-
igionnaires, il setnble que toute dillïoultésoit levée
et que la solution propoiée par le parti catholique
soit la seule juste et vraie. Mais pour peu qu'on
veuille y réfléchir, on ne tarde pas s'apércevoir
que eette solution n'en est pas une et que, dans
l'applicatiou, elle crée des diffieultés sans nombre
sans en résoudre aucune.
Nous disons que cette solution ne résoud aucune
diffieulté et, eneffet, il est clair que lorsque le clergé
n'élève aucune contestation sur l'admission de tel
ou lel individu dans la partie du eimetière réservée
a son cube, aucune diffieulté ne peut surgir Jamais
il ne viendra a la pensée d'un bourgtnestre d'empè-
eher, par exemple, qu'un catholique, reeonnu
eomme tel par son curé, soit enterré parmi ks ca
tholiques. De fait, cela n'est jamais arrivé et per
sonne ue croit que cela soit jamais possible, même
parmi les plus fougueux propagateurs du pétitïon-
nement.
D'oü naissent les diffieultés? Précisément des
refus que le clergé oppose, dans certains cas, i
j l'admission, dans le eimetière bénit, de certains in-
dividus qu'a tort ou raison il eonsidère comme ne
pouvant pasyètre iohumés. Ce refos doit-il ètre res-
peeté par l'autorité civile? n'a t-elle rien voir dans
les motifs qui, dans tel cas donné, ont pu dicter ce
refus? Dans lc couflit qui s'èlève eritre la familie
d'une part et le clergé de l'autrOj est elle nécessai-
remeut tenue de se plier devant la volonté de ce
dernier? La est la question. Ce qu'il s'agit de deci
der, répètons-Ie, c'est ie point de savoir si l'autorité
civile, représentée parle Bourgmestre,est tenue,dans
tous les cas, de déférer aux injonctions du clergé,
chaque fois que celui ei, pour une raison ou pour
une autre, jugera a propos de refuser a u.t citoyen
l'accès du eimetière béni-
Les pétuionnaires soutiennent que oui. lis n'ad-
mettent pas que, dans aucune occurrence, Ie Bourg
mestre ait le droit d'intervenir. Pour eux, il n'y a
qu'uu maitre dans le eimetière des catholiques, et
ce maitre, c'est Ie curé. Eh bien, nous disons, nous,
que pas un catholique sincere el éclairé, après avoir
réfléchi aux conséquenees d'une pareilie proposi
tion, ne peut souscrire a des exigences formulécs
dans ces termes; et, sans pousser plus avant la dis
cussion des principes, nous alions mettre sous les
yeux de ces catholiques, pour qui nous écrivons
surtout, quelques-unes des conséquenees du sys
tème pröné par les pétilionnaires.
La loi religieure interdit le divorce, la loi civile
l'auiorise.Elle petst avoir tort dé l'auioriser,e'es*. un
point que nous n'avons pis a examiner ici, mais le
fail est qu'aux yeux de l'autorité civile, le divorce
est pat'faitement iicite et legal. Un citoyen divorce
meurt. II a, d'ailleurs, pendant sa vie, pratiqué
exactement itous ses devoirs reiigieux. Sa familie
demande qu'il soit enterré dans le eimetière bénit.
Le clergé refuse. II exige que ee citoyen soit
inhumé dans )e coin de.i réprouocs. Admettra-t-on
que le Bourgmestre soit tenu d'ohtempércr a une
pareille injonction et que sa defer nee pour le
clergé doive aller jusqu'a flétrir un citoyen, après
sa mort, a raison d'un fait que la loi civi'.e, dont lui,
Bourgmestre est le représentant, déclarau parfaite-
ment licite pendant sa vie? y a-t il, nous le deman-
dons, un seul catholique s'incèrement constitution -
nel, qui puisse vouloir qua l'autorité civile s'avilisse
a ce point?
Autre Iiypothèse Suivant les principes de la so-
ciété moderne, suivant nos principes de tolérance et
de liberie religieuse, nous admettons, et la religion
catholique admet ie mariage de protestants et de
catholiques. II arrive souvent que deux époux de
eroyances différentesvivant dans la plus parfaite
intelligence, font élever leurs enfants, les lilies dans
la religion catholique, les garcons dans la religion
protestante. S'il y a, comme disait M. FrèreOban
au Sénat, quelque ehose de sacré et de respectable,
c'est a coup stir ce désir pour les membres d'ur e
mème familie, de se trouver réunis dans le tombe.
UN NUMÉRO 23 CENTIMES.
L'OPINION
LE TOUT PAYABLE 1)'AVANCE.
YPRES, H févrtep.