JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDÏSSEMENT
YS'HESj IHmanclie
Beuxième anoée.
8.
21 Féyrier 1864.
paraissant le Dimanche de chaque semaine.
PRIX Q'flBQSfiEWEKT
POUR LA BELGIQUE
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YFRtS, 21 Févrlea».
La situation n'a pas changé depuis buit jours.
Le ministère libéral maintient impenurbab!ement
sa resolution de quitter le pouvoir et la droiie, de
son cóté, parait plus que jamais décidée a ne pas
accepter sa succession.
Nous ne reviendrons pas sur ce que nous avons
dit précédemment des dangers d'une pareille silua-
lion. Ces dangers sont présents a tous les yeux, il
«'est pas un homme politique qui n en ait le sen
timent et qui ne doive ardernment désirer la solu
tion d'une rise qui compronaet a la fois et les in-
lérèts du pays ei l'honneurinême du gouvernement
représentatif.
Nous avons été des premiers applaudir Ia re
solution prise par ie ministère a la suite des élec
lions de Bruges. Ces élactions, venant a la suite da
celles de juin,dontle caractère hostile a la majorité
libérale n'était pas douteux, avaient une significa -
lion qui ne lui permetiait pas de conserver le pou
voir avee dignité. Mats lorsque nous félicstions ie
cabinet du respect qu'il venait de temoigner, en
eette circonstance, pour les principes constitution -
nels, il éiait dans noire pensée, comme danscelle
<le tous les hommes élevés l'écoie de ces princi
pes, ue ie pant clerical allaii accepter avec ern-
pressemeiu la responsabibté de la situation qu'il
avail créée. Jamais il ne nous serait venu a l'espril
que nos adversaires, mis en demeure de remplacer
ie ministère démissionnaire, auraiern reculé devant
ee devoir, impérieuseinent imposé touie opposi
tion gouvernetaentale, d'accepter la succession de
de ceux qn'e'le a renversé.
Nous nous étions trompés.
Kn vain la droite a t-elle été sommee, depuis un
mois, de prendre la direction des affaires; en vain
lui a-ton reconnu le droit, incontestable d'après
nous, de dissoudre les Cbarnbreset de faire un ap
pel au pays; en vain lui a t on représenté qu'eile
ne pouvail se soustraire a ses obligations, sans
menlir a ses devoirs les plus éiroits, les plus ri
goureus; en vain, dans son propre sein, queiques
voix isolées se sont-elles éievées contre les dangers
d une abstention plus longtemps prolongée la
droite est restée sourde a toules les sommaiions,
toutes les exliortalions, aux conseils de ses prop res
amis. Sa resolution doit done ètre considérée
dé.-ormais comme irrévocable.
Cette resolution étantconstatée aujonrd'hui d'une
manière irrefragable et tout espoir que ia droite
revienne a des seniiments plus conformes a son de
voir et a ses intéréts étant complétement perdu, la
situation devient, selon nous, d'une grande simpli-
cité. Ou biea l opinion libérale, eile aussi, persis-
tera dans sou refus de gouverner et ab»rs, e!le de-
vra accepter sa part de responsabibté dans les évé-
nemems inconnus qui peuvent surgir de la proion-
gation indéfinie de la crise; ou bien, elle ressaisira
le pouveir, nos mioistres relireront leurs demis
sions et reprendront hardirneni, résolüinent le ti-
mon des affaires. Eu dehors de ces deux hypo-
thèses, il est clair qu'il n'y a place ponr aucune
autre, a moins que l'on ne s'obsti.ne a considérer
comme une solution possible la constitution d'un
ministère d'affaires, la eliimère par excellence.
Le ministère aciuel maintenant, quoi qu'il ariive,
sa démission, l'opimon libérale ne serait pas, di-
sons-nous, sans responsabibté vis vis des évèoe-
ments inconnus que la prolongation de l'état de s
crise pourrait provoquer. Sans doute, une grande
pari de cette responsabibté reviemlrait nos adver
saires: mais nous, n'aunofis nous pas a nous repro-
cher d'avoir compromis, par notre obstinaiion, les
intéréts, et qui san.? les -destinée» mènies du
pays? Et a supposer qu'aucune faute ne nous
fut imputable, q ue upus uous n't-üssions fait qu'u-
ser de notre droit en nous tenant éloignés
du pouvoir, en éehapperions-nous mpms aux con
sequences désa.Ureu,-es de noire abstention et des
événements qu'ejla aorbt produits Nuts l'avorts
dit, il y a buit jours, nous le repé prts auj.timl'hui
Le parti libéral en eopstata.nt aux yeux du pavs,
rimpuissance de .-es adve saires tn les metiant,
en quelque serte, au d fi d'oser roeueillir les fruits
de leur tri-te vietoire, a fait ce qu'il était de sen
droit, ce qu'il était de sen devoir de faire. Maiscela
fait, ne lui reste-t il plus qu'a se crotser ie.- bras et
laisser s'aggraver la situation pour le pluisir d'en
accabier plus tard ses ennemis
Cette attitude ne serait digne, ni de sou passé
ni de la haute mission sociale qu'il a l'orgueil d'ac-
complir. Le grand parti libéral a su prouver, en
plus d'une occasion doni le pays a souveitance, que
l'amour de la liberie s'allie en lui au culte des idees
d'ordre et de stab.lité, sans lesquelles Ia liberie
elie mème n'est qu'un vain mo\ Que le parti cléri-
cal fasse de la revolution, soitnous, libc-raux,
fesons de la conservation
Y pensez vous? nous dira-t on. Le cabinet libé
ral, retirant sa démission, n'aurait pas vingt qua-
tre heures vivre. Au premier vote politique, il
serail iminanquablament renversé
C'est également notre avis mais le ministère, j
succombant sous un vote parlementaire, la situa
tion serait cltangée, et crux qui l'auraienl renversé
ne pourraietn plus échapper a l'obbgation de Ie
remplacer. Quel préiexte le parti clerical donne t il
aujourd hui a son rtfus de prendre le pouvoir? II
dit qu'il n'a pas renversé le cabinet acluel, que ce
lui ci est tombé de lui-méme, sous le poids de ses
propres fautes, et que, par conséquent, i! n'a pas
a aeeepter la responsabibté de sa chiite. Bonne
ou mauvaise, c'esl ia seule r.tison qu'il donne,
il n'en aliègué pas d'auire. Or, le cabinet li
béral, venant aètte renversé par un vote des Cham-
bres, ce prétexte disparaitrait, ct nos adversaires,
bon gré mal gré, se trouveraient bien obliges de
faire face aux necessités d'une situation dont ils ne
pourraient plusdésormaisdécliner la responsabibté.
Nous serions ren trés ainsi dans un ordre de choses
normal, régulier, entièrement conforme a la saine
pratique du gouvernement représentatif; le parti
cléricel, acculé dans ses dernters retranchements,
naurait plus de chancé de saint que dans une dis
solution qui fixerait définitivement les incertitudes
alarnlan'tes qui nous ballottent aujourd'hui.
Piusiéurs journaux orit annoncé que les cbambres
seraient trés proehainement convoquées. Ces jour
naux ajeutent, i! est vrai, que cette convocation n'a
d'autre objet que la discussion des budgets de la
justice et de la guerre mais il no nous parait pas
doüteux que la chambre ne s'ea tiendra pas la et
que le débat sur la crise actueüe sera série'ó'semertt
engagé. Ce débat peut araëner, amènera trè.-'-prO-
bablement un vote de confiance. Favorable au mi
nistère, il lui permettra de retenir provisoirement
le pouvoir; dél'avorable, il imposera a nos adver
saires ('includable néoessité de le remplacer.
EtRtressi."» cit:riciile.<i.
Les journaux clérieaux, nous en exc.pt-ono la
jPct/ar qui fail bande apart, s'ob'stmelit 6 recfaïritT
a cor et cri un ministère d'affaires.Cest leur droit
et nous n'y trouvons rien it dire.Les ministères d'af
faires ont toujours fait admirablement les iiffaircs
du parti cathoüque il est tout simple qu'ils les
portent dans leur cceur; mais la ou tl- d passent la
permission, e'est quartd ils veulent nous cot t aindre,
nous, les libéraux, fourttir notre conti, gent dans
la composition d'un semblable ministère, qui ne
nous inspire aucune confiance et ce, pnur une foule
de bons motifs que ces journaux. qui font les m.ïfs
aujourd'hui, connaissent aussi bien que nou». A
nous seuls, disent-ils, nous ne pouvoos cbiistituer
tin ministère d'affaires; voyons, aide* n uts un pru,
eédez nous quelques-uns de vos ho itrri s, ne fut ce
qu'un ou deux avec deux hommes a vous et
trois ou quatre que nous prendrons dans nos rartgs,
nous composerons un bon petit ministère que nous
vous prometloos, foi de jésuite, d'appuyer de toutes
nos forcesVous ne voulez pas? Eb bien, vous
ètes des despotes, des brouilions, des révolution-
naires, des itrtpies, des solidaires ct de mauvais ci-
toyeris vous ètes pis que tout cela, vous ètes... ties
laïques!
Ne voilé t-il qas une plaisante colère? Depuis six
ans, l'opinion libérale oecupe le pouvoir; pendant
ces six ans, elle n'a pas cessé un seul instant d'étre
barcelce par l'op; osition la plus acharnée, la pit s
systéinat.que qu'on ait jamais vtte. Ou lui a tepro-
ché tous les vices, toutes les turpitude-, toutes les
iofamies imagtnables on lui a fait une guerre
atroce, une véntabie guerre de sauvages, au nom,
bien entendu, de la religion caiholique dont elle
était accusée,cbaque jour,de réverl'anéantissemenl;
EN NtlMÉllO 23 CENTIMES.
L'OPINION
EE TOUT EATABLE AT AN CE.
a erisc ministcrleltc.