distinction des cimetières? On ne vent pas, crie-t-on,
que la dépouille d'un libre-ponseur ou d'un prores-
tant, chrétien d'ailleurs et bonnèie homme, profane
la terre réservée aux dépouilles des chrétiens-caiho-
liques On ne veut pas pour ceux-ci de ce voisinage
infect et honteux Mais un jour, oubliant ces repu
gnances, et donnant k toutes ces declamations un
éclatant démenti, on bénit ie coin des réprouvés lui-
méme et, du mèrae coup, les carcasses maudites
comme dirait le Bien public, qui y sont enfouieson
incorpore cette gémonie moderne dans le champ con-
sacré on y creuse des fosses nouvelles, cóte a cöte
avec les anciennes, dans les anciennes même, et, sans
hésitation ni scrupule, on y enterre, au milieu des ci-
devant. réprouvés et souvent l'un sur l' utre, des en-
fanls, des ft-mmes et des hommes pieusement décédés
daus le sein de l'Eglise et entre les bras du prötre
Nous dira-t-on maintenant comment on fait le
compte Comment on concilie ce fait indéniablè et pa
tent avec toutes ces criail'eries et ces invectives qui,
depuis des mois, remplissent les journaux caiboli-
ques k propos de la question des cimetières? Nous
dira t-on la difference qu'il y a, au point de vue de la
thèse c'éricale, entre l'inhumation d'un libre-penseur
en terre bénite et la bénédiction en bioc d'un ci-
devant coin de réprouvés? La chose en vaal bien la
peine, assurémsnt. Aussi, demandons nous instam-
ment une réponse.
M. Bancr! et !e Pkopagateur.
Le Propagateur n'a pas encore oublié M. Bancel.
Dans son n° du 5 mars, il revient a la charge et,
parlant de «reception oiïieielle et de «decora
tions de despotes et d'éleetions de
vieux et de jeunesil sert a ses lecteurs tin
pot-pourri orthodoxe arrange tont expres pour l'é-
diöcation des fidèles. Mais la base desraisonne-
ments de notre confrère est bien fragile; elle ne
repose que sur des rumeurs. 11 y a «la première
rumeur», puis ia seconde rumeur puisencore
la rumeur pubiique», sans compter les rumeurs
particuüères qui sortent de la sacristie du Propaga-
teur.
La première rumeur, dit-il, s'est levée du
camp des jeunes. Nous ne comprenons pas
irès-bience qu'il entend ici par camp des jeunes.»
Si c'est la redaction de VOpinion qu'il veut desi
gner, nous lui répondons que nous professons ou-
vertement nos principes sans nous inquiéter de
savoir si ces principes plaisentoudéplaisent, n'ayant
d'aulre souci que de poutsuivre partout notre hut:
le triomphö de la justice et de la vérité; que nous
louons sacs arrière-pensee, comme sans calcul, ce
qui nous parait bon que nous critiquons saus mé-
nagement ce qui nous semble maurais. Nous ne
proeédons jamais par rumeurs ni par insinuations;
nous laissons ce soin a cetix qui peuvent y trouver
la satisfaction de leurs intéréts.
Voils sans dottle une declaration catégorique et
qui, si elle ne saiisfait pas le Propagateur, aura du
moins le mérite d'enlever toute equivoque.
Revenons a Particle en question. Nous n'avons
pas a défemlre M. Bancel des attaques du Propa
gateur-, son talent et son caractère l'ont placé trop
haut dans l'estime des hommes intelligents pour
que les calomnies de l'organc clerical puissent l'at-
tf irtdre. Notts vouions seulement rétablir quelques
faits denatures a plaistr et dans un but facile a de-
viner. Get homme, dit le Propagateur en par
lant do M. Bancel, ses enseignements subversifs
et anti-sociaux l'ont fait bannir de sa pa trie.
G'est du neuf en vérité el nous sorions curieux
d'appréndre dans quelle vilie de France et a quelle
époque M. Bancel possédait une chairepour prè-
cher ses doctrines subversives. Nous pensions
nous que, député a l'Assemblée législative, M. Bun
cel avail été enveloppé dans le coup d'Etat qui avail
emprisonné et exilé les plus grandes illustrations
tic France, M. ïhters en lête et qui n'avait pas
roème épargrté le general de Lamorieière, le défen-
seur du Pape k Castellklardoce coup d'Etat qui
faisait luire Bespit ir au cceut' patriote des amis du
Propagateur et que le clergé francais acciamait
hols aas après avoir 16ni les ar bres de liberie de la
IlcpuLlique.
Nous voUilrions bien savuir dans quelle confé
rence litteraire M. Bancel a prèelté 1 abolition dts
t dogmes chrétiens, une guerre eit-rnellea I Eglise
voire même lo nivcllement di s fortunes. Nous
défions en particulier le Propagateur de nou# citer
une parole, ntais une seule, prononcée dans la con
férence du hl décemhre, qui lui de nature# blt-s-
ser li conscience cailioliqtie laplus irascible. II doit
avoir assisté a cette conférence, puisqu il condamtte
avcc tant d'aplomb. Eb bien, qu'il pat le I
II nous refera probablement un de ses precedents
articles et nous renverra a la traduction d'Ausomo
Franchi. Qu'est-ce que cette traduction a de com
mon avee noire conference littéraire?
Eh! messieurs les clericaux, d'habi'ude vous
n'étes pas si scrupuleus. Lorsque vous choisissez
pour vos oandidats les dignitiiires des loges, qui
sicgent dans la Cbarribrc a coté de vos ab hés, vous
ne leur demandez compte ni de leurs opinions, ni
de leurs professions de foi magoiiniquesla seule
chose qui vous intéresse est de savoir continent ils
feront les affaires cl ricales.
Ici de même, ce dont il faille se préoccuper cx-
clusivement, ce sont les paroles prononcées, les
doctrines exposées dans la conference. En pubbant
des outrages, le professeur use de sa liberie, de
son droit et il est loLible an Propagateur ou a ses
amis de réfuter Its doctrines qui leur déplaisent.
Mais vouioir itnposer .-es appréciauous, dicier ses
arrets a l'adnimistratiou communale ei partaut a la
v: I le entière, c est évidemmeut dépas-er les limites
de Is saitie taison. II est iiictue elrai ge qu'il faille
rappeler ces ptcceptes élétuentaires de la tolerance
etdu droit commun a un journal qui se (lit le par
tisan dévoué et le défenseur ardent de toutes nos
libertés
Nous avons déj't, it propo* dc ers eonférences
littéra'res, tappelé ce qui se pratique dans d'autres
loealitéset cités notannnent lVxemple de la ville de
Bruxelles dont ('administration ne se contente pas
de patrormer, mais subsidie les conférences. Nous
n'y reviendrons un instant que pour dire que nous
croyons aux autorités bruxeiloites autaiu d'intelli-
gence et de patriotisme qtt'au Propagateur, une
volontó ferme d'éviter it leur pays toute complica
tion désagréable et un vif désir de répandre ('in
struction pa i'rui leurs ad id i n is t resque, par conse
quent, nous ne vojons pas pourquot 1'on ne pour-
rait pas pratiquer sans danger a Ypres, toutc ques
tion de ressources miso a part, ce qui se fail avec
tant d'uti'.ilé k Bruxelles.
Mais ia n'est pas la v ritable question pour notre
organe clerical. L'acharnemenl qu'il met a aiiaqut r
M. Bancel, il i'einployeia it l'occasion eontre tout
autre car il voit la chose de plus haut. C'est a
i'émaricipation intellectuelle même qu'il en veut et
ch< z lui les conférences littéraires et renseigncineni
olliciel sont enveloppés nans urie égale reproba
tion. 11 ne veut pas que 1'on parle aux populations
d'idées modernes, destruction, de diguité hu-
meine, de droit et ijc liberie.
Les idéés modernes Ne sont-elles pas la con-
damnation la plus llagrartte du.moyen age, berceau
des cléricaux!
L'tnsiruciion I N avons-nous pas les congrega
tions et les petits Fréres pour former I'esprit et le
coeur de nos enfants, leur inculquer les vrats pré-
ceptes de la science et de la morale?
La dignité humaine! Liuile défroque pour ceux
quipréchent la soumission aveugie et condamnent,
comme un crime, ce qu'ils appelicnt, dans leur
laagage orthodoxe, la révolte de la raison
Droit! liberté! Y a t-il un droit en dehors de la
vérité absolue dont les cléricaux possèderit le mo-
riopole? La liberté du mal peut-elle ètre tolérée?
Ce sont la les «doctrines subversives» que nos
cléricaux s'efforcent d'éiouffer et, pour y parvenir,
tous les moyens leur sont bons. Ni le talent, ni ly
caractère, ni le dévouement aux convictions; vertu
si rare de nos jours, ni l'exil, rienne trouvera grace
devant eux. Tous les journaux, depuis les plus
grands jusqu'aux plus obscurs organes de la secte
devote en province, iauceront I'injure et la caiom-
nie a celui qui refuse de se eourber sous leurjoug.
Le Propagaieur n'agit pas au rentent. il suit ia
consigne, il observe l'aligneme u et quand nous
voyotis par quels moyens peilt les, par quels pro
pos malveillants, il essaie de miner dans lë.-pnt
denos concitoyens les conférences 1 litéraire# <|tii
pouvaient devenir pour eux la source d'un grand
plaistr intellectuel, nous ne pouvons neus empè-
cher de lui arracher le masque et de lui co!l«r air
front cette phrase imprimée par lui-mème et que
son audace eynique ne rougit pas d'appbquttr a ses
adversaires
Mensonge greffé sur l'iniquité
Ges observations, nous le répétous, sont présenters
par nous, non darts le but de defendre M. Bancel
qui n'a pas besoin d'etre défendu, mats puur réta
blir ia vérité altérée.
Nous n'avons pas s répondre nou plus aux insi
nuations du Propagateur, nous abandonuous cc soiit
k ceux que cela concerne.
Nuus ne pouvons loutefois laisser passer inaper-
cue la tactique du confrère. A I en eruire, la ieti -
gion de notre collége échevinal avail élé surprise
et il sëtonne, il s'afflige presque le bravo
homme! de ne pas avoir einendu encore un seul
liberal dontter a la question qu'il pose une
réponse qui soit une reparation pour nos autori-
téj. Ge sont les Unites du crocodile.
Depuis quand est-il pris d'un amour si tendre
pour nos autorités qu'il éclaboussait naguére de
ses insultes? Espère-t il peut-ètre si bien et si
beau montrer patte blanche que bel et bien il
croit qu'ott l'écoutera?
Le coiiseil communal a jugé maintenant Bancel
sur ses ccuvres, ajoute-t il naïvement. Ainsi
nos conseillers commurtaux ignorent absolumentce
qui se passe dans leur pays, ils nënteiident rien au
mouvement littéraire, ils ne connaissent pas mérite
l'existence de ees ouvrages que la Belgique entièr
a lus; leur religion a été surprise, et ee sont le
révélations du Propagateur qui out fait la lu-
mière
Avcuglé par Je dé-ir de se brüler un peu d'en-
cens, notre aimable contradicieur n'a pas remar-
qué qu'il assomme ceux qu'il veut louer.Ses éloges,
pour nous servir d'une comparaison prise dans le
règue animal qu'il semble, a ert juger par son ar
ticle, alfectionrier particulièrement, ressentblent
la patte de Lourse quaud ils veulent caresser,
i s étouffent. Pourta it, au milieu de tout cela, se
dégage un point important que nous avons tous ie
plus grand intérct a voir établir d'une tnanière
elaire.
Le Propagateur afllrmeque Bancel estévincé...
t que les portes de l'hóiel de ville sont irrévoca-
blement fermées k lui et a ses pareils et itatu-
relleutént il s'en réjouit.
En face de l'aflirmation si positive du journal
clérical, notre collége échevinal ne snurait rester
silencieuxc'est par des actes et rton par des paroles
que sa dignité lui commande de répondre attjour-
U'bui.
Plus d'une fois nous avons pu le taxer avec rai
son de faiblesse et craindre qu't! rtesubit I'mfluence
des clameurs de nos adversaires, ntais nous le
croyons incapable d'oublier ce qu'il doit au grand
parti du libre examen qu'il représente. Ettcourager
plus longtcntps les espéranees du Propagateur ne
serail plus une situpie faiblesse, ee serait presque
une trahisou! Aussi repoussons nous pour lui les
éloges perfides du Propagateurses piéges sou
eonnus, ses mauceuvres peicées a jour. Croire que
les maudataires de la liberale cité d Ypres puissei t
8'y laisser prendre, c'est D,ur lancer 1'iiisulle a la
face
Nous venous de parier des clameurs cléricale
ce mot, nous le répétons desseiu, quoique le Pn-
pagaleur afiirme (jue ees clameurs ne soul pas
les siennes, at&is bien réeilement le eri de lacoi -
science pubiique indigiiét, ce qui veut dire en
terntcs plus clairs, que ie Propagateur est l'organe
de la conscience pubiique.
- Ift uiS> <ill I iÜÏBÜSV'mrr-