Voyons quel esi no re crime. Nous faisant l'éeho d'un bruit fort répandu dans r.otre arrondissement, nous uvonsécrit qu'nn fonc tionnaire anrait l'intention, en cas de dissolution des Chambres, de se présenter au corps électoral comme candidal mixte; nous trouvions dans cette intention 1'explicatiori raisonuable de la conduite que quelques uns liennent ici, conduite favorable peut-êire k l'intérèt privé, mais que réprouvenl a coup sür la saine politique et les convictions franches. Aussitötle Procésrépond lecaractère et le passé de M. Carton le niettent k l'abri d'un semblable soupijon. En vérité, l'excès de zèle emporte no- tre confrère. Comment! dans le portrait que nous avons tracé, ïl a reconnu M. le commissaire d'arrondissement.? Comment! ces avances et ces caresses au parti ciérical, c'est M. le commissaire qui lesprodigue? Ces réconciiiations avec des hommes trai'.res i'opinion libérale, c'est lui qui les a scellées? Cet appui qu'ont rencontré pour les fonctions échevinales certains candidats chers a M. le cuté,» c'est i M. le commissaire qp'ils le doivent i Tout ces passe-droits, toutes ces injustices que j nous voyons chaque jour ei qui révoltent la con- science publique, est-ce encore lui qui en porte la responsabiliié Est-ce M. Carton qui tend une main humble et suppliante pour mendièr des votes Jamais nous n'aurions osé le supposer et il ne faut rien moms que les aveux préeicux du Progrès pour nous convamcre. Au reste, bien loin de méii'er des reproches, ces aveux nap's sont dignes d'une profonde admirat:ou. Quoi de plus grand, de plus noble, en effet, que de pousser 1'aroour de ia vérité jusqu'h lancer des tuiles sur la teto de ceux que l'on a mission de defend re! Pareille abnégation est trop rare de nos jours pour lie pas provoquer des éloges rnthousiastes Quê signifient, apiès tout cela, la malveülance ct les calomnies s> quo le Progrès fait intervenir dans chacun de ses articles. Quoi que fosse 1 'Opinion, tous les plus mauvais sentiments réunis ne sauraiènt at- t indre k !a franchise du confrère. R'ais, puisqu'il est en veine de révélations, nous nous permettrons 'de lui adresser une petite quesiion qui intéresse fort notre arrondissement. Nous espé- roiis qu'il daignera nous répondre. M. Carton, qui ne veut pas ètre candidat m'xte, sera -t il au moiiis candidat de quelqn'un ou de quel que chose Représentera t il la politique de transac tion ou la politique du progrès ho Propagateur du 5 mars, parlant de M. Bancel et de ce qu'ii a ppe'ait son exclusion de I'Hotel de Ville, •.'flirtaait que les ailusions de l'orateur pouvaient com- proniPitre la distinction que M. Carton avail méritée a Proposition da Lillef t que c'était le motif qui avail déiermine celui ci a coercer sapression- sur le collége cclievinal, it l'cffet d'en obtenir la résolution qui ré- jouit si fort le Propagateur. C'rst attribaer a».x actes le mob.de le plus me qniri. Nous p'agant k un point de vuegénéral, nous avons déja répoudu au journal ciérical; nous iaissions a ceux qu'tlies concernaient ie-soin de rectifier les assertions patticulièrè's, carles affaires ne sent jamais mieux faiies que par les inté ressés. Grande fut notre surprise, péniblc notre impres sion. én voyant le mutisme obstiné du Progrès. Ces sentiments, nous en avons la conviction, nos lecteurs ics partagent avec rtous. Est-il done si difficile de later M. Carton des re proehes du Propagateur N'était-ce pas le eas, oü ja mais, d'exhumer ie caractère el le passé de M. Car ton Qui ne sail quo l'honp'rsble commissaire a aban- donné une position brillame dans la capitale pour se dévooor uu bien-être do son pays natal, qu'il n'a sccepté les difficiles fonctions qu'il remplit que pour régénérer son arrondissement lgnore-t-on que, ma'gré son sincere attachenmnt aux principes du libéralisme, il a néanmoins con sent), sous le ministère clerical de M. De Decker, k mitre un voile sur ses ardentos convictions, cédant en cela aux instances de ses amis Et en 1857, lorsque IVxplosion de la symathie pu blique voulaitle porter aux phis hautes positions, ne r;pondait-il pas avec une modestie charmante qu'il croyait pouvöir rendre de p'us grands sm vices h ton parti, comuie commissaire d arrondissement Ces traits pris au basard car il y a 1 embarras dn choix dans la carrière si bien rcmalie de l'honorable M. Garten et baan coup d'autresque nous n'avons pas le loisir de rappeler ici fournissaient au Progrès line ample matière pour répondre avec éloquence, ct d'une manière victorieuse, aux accusations d'égoïsme dirrfées par l'organe clerical contre notre commis saire d'arrondissement. Nous n'en regrettons que plus vivement le silence maladroit du Progrès; mais ce n'est pas une raison pour que nous ne rendions pas hommage an mérite. Que conciure rnaintenant de l'étrange situation qui fait de YOpinion, un journal si peu recommandabie aux yeux de certains libéraux, ledéfcnseur des amis du ProgrèsQue conciure des procédés inconséquents de notre confrère qui, dans l'espace de quelques jours, comoromèjj, d'un cóté, ses patrons par une défense irréfl chie et, xl'autre part, les abandonne sans défense aux attaqués des cléricaux, si ce n'est que ce journal est plus soncieux d'accuser les rédac teurs de 1'Opinion que ds répondre i» ses adversaires? ®e Sa réctuiatSoB ssaagSsta'&ts. Nous pubiions quelques extraits d'un opuscule des avoués de Liége sur la recusation des magistrals pour cause de p i renté ou d'alliance. Nos lecteurs en feront leur profil. <i Pour que la justice soit admioisfrée comme file do;t 1 ètre, il ne faut pus que Ie juge donue prise au plus léger soupcon; ii ue faut pas qu'on puisse dire qu il p.rèie l'oreitle a des suggestions tl el les qu't lies soient ft d oü qu'elbs viennent; il ne faut pas, surtout, qu'il seïuble avoir dos favoris et des protégés. Ces conditions si impérieu-emcrit requises, exis tent ei 'es, pcuverit-elies exister, quand une parente étroite lie ent re eux le juge et les représentant» légaux des parties en procés devant ce juge Le public, au contraire, n'a t-d pas une excuse toüte prèie pour ses 'mauvaises suppositions et ses arrières-peiisées, quand le présul; nt d'une cour d'appe! consent a écouler les déhats animus d'une alïiire oü son fiis figure ostensibleiiient comme avocat; quand le président d'un tribunal de pre mière instance s'habitue a statucr sur les causes oü son gendre a étc employé comme a urne? Nous avons, quant a nous, pleine eonfiaiice dans l'intégrité de nos magistrals, et rious les savoris iri- capables d'obéir sciemment a tout autre conseii que celui de leur conscience. Mais, pennant, qui peut empêéher le douie de naïtre dans Gesprit des plai- deurs, de 1'aiulitóire, et mème de i'avoué ou de l'avoial concurrents? Le magistral dors les juridictions civile» a un róle militant et aetif i! es? juge dans i'acception sacrée du motil tient la balance dans la main, i! dit a haute voix pour qui elle pencheil déübère, il absout, il condamue; son opinion, c'est une sen tence. Mais ce juge, mais ce président de tribunal ou de cour, qui a un fiis avocat ou un gendre avoué, n'a-t il pas, avec des parents qui Ie touchent de si prés, des rélauons de familie fréquentes, journa- lières, intimes? Sou intérêt n'esl-il pas le leur? son sort n'est ii pas solidaire de leur sort? Ne profile t il pas, dans sa fortune et dans son bien-étre, de i'accroissenient de leur fortune et de leisr bmn étre Ne leur est-il pas lié, dans le présent et dans l'avenir, par une indissoluble communauté Et, assailli de tant de eötés a ia fois, n'est-il irré- sistibiement, fatalement voué avoir pour eux de ces attentions, de ces fatbhsses, de ces complai sances qui sont trés inriocentes et très-permtses dans la vie ordinaire, mais qu'on ne peut pardoVtner dans la vie du magistral?... Nous ne passerons pas puérilement en revue tou tes les occasions oü le fiis peut se trouver en contact avec son pêre: on comprend qu'il n'va jamais pour lui ni oreille fermée ni porte close. Or, c'est la ce qui blesse la pudeur pubüqne et ce qui remplit d'effroi Ie plaideur. Que cette faeiiité d'appro lier a toute beure un membre important du tribunal ou de la cour, ne procure au visiteur d'autre avantage que c» lui d'une agréabfe conversation qu'entre cujc l'eiuretien roste toujours dans les généralités de la science du droitqu'ii n'y soit jamais question de la cause plaidée la vei 11e ou de la requéie présentée le matin nous le pensons, quant a nous, on ne peut plus fermement. Mais la erovance qui nous aoime est elle partagée par tout le monde? L'iodividu condamné et sigri n'attribue t il pas son échec a d'odieuses influences, et pour maudire sou juge u'a- t-il pas un prétexte tout trouvé? Enfin le public, si avide de scandale, ne se complait-il pas a redire, a répandre, grossir ces plaintes.et n'en vient-i! pas, avec sa malignitó habituelle, a s'écrier sur le ton des axiornes etablis au Palais, que pour gagncr sa cause ii suflit de prendre M. tel pour avocat et M. tel pour avoué Calomnie et mensonge! va t on nous répondre avec autant de fierté que de raison. Mais prenoos garde. De quoi s'agit-ii? II s'agit de savoir, non pas si ces imputations sont ealomnieuses et mensorigères el les le sont mais si el les se colporlent, si el les se propag'ent, si el les s'accréditerit dans la ferule'des justiciable». Quelque pénib!e que soit cet aveu, il faut bien convenir qu'il en est ainsi. Oui, la justice est suspeetée, oui, des doutes in jnrieux poursuivent la magistrature, oui son aute- rtté en souffre et en patit. Qu'on ne nous demande pas des preuves a 1'ap- pui de ce que nous avaneons. E>t ee qu'une pa- reille calamité judicial re se dérnonlre par des faits?... Qu'est-ce done que la notoriété publique? Voila la plaie. Pour montrer cornbien eile est viveet profonde, ii faut la faire toucher au doigt partout. On connait la nature la fois défiante et credule du plaideur. L'homme dont la fortune depend, en tout ou en partie, du gain d'un procés, ne rêvepas seulement a s'assurcr Its bonncsgraces de sonjuge: il eraint toujours que son adversairene lesobtienne a son détriment. La moindre demarche de Fun pi ovoque nécCssairement, de la part de l'autre, une démarche ideutique. Tout cómpie pour un avantage, et tout avantage rompt 1'égalitó des chances. De la, des transes in- diciDies. Les gens les plus sérieux ont peine a se défendre de ces préjugés; la masse en est imbue. Avoir pour eonseil ou pour avoué lefilsdu prési dent, passe pour un des plus stirs moyens de se rendre le président favorable On ne manque pas de recourir au moyen. Tant pis si Ie président n'a qu'un fiis avocat ou un gendre avoué, car s ii en avail deux, l'autre seraitinfailliblemeat, et en route hate, pris pour la partie adverse, déja toute pleine de terreurs et de trepidations. Mais, a défaut de fiis de président, cel le-ci se résigne s'adresser a un simple fits de juge; a défaut de fiis de jugeU[t gendre de juge on ne va ailleurs que lorsque la bonne parenlé est épuisée, cela est triste a dire oui, un avocat qui est fiis d'un conseiüer a la cour un avoué qui est gendre da président du tribunal, c'est chose demaiidée, recherchée, courue. Tel est i'abus. II est proforid et déjè invétéré. 11 appellc un remède prompt et énergique. Quel sera-t il. Et plus loin Pour Pavenir, et en ce qui concerne les avoués I il n'est pas a redoujter qu'il s'eu fasse denouvell-s j nominations dans les cours et les tribunauxoü siége quelqu'tin de leurs parents ou de ieurs allies. A cet égard, le gouvernement a déja posé des préeé- dent dont il ne lui est plus permis de revenir.

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1864 | | pagina 2