l'estaminet St-Laurentrue des Chiens, n°1 7, en cette
ville.
Agréez, Monsieur, l'assurance de notre parfaite
considération.
Le Secrétaire, Le Président,
(SignéCVan Ackere, a v'. (SignéVte GDu Parc.
A l'beure dite, j'allai au rendez-vous j'y étais bien
avant l'ouverture des portes. Successivement arri-
vèrent des jeunes gens alerles et rayonnants, des
hommes au pas grave ét cadencé, dont le regard fixe
révèle une pensee concentrée, des campagnards por-
tant sur leur face illuminée et béate le signe précur-
seur de la gloire eéleste.
Tout ce monde s'entremêla bientöt, des groupes se
formèrent auxquels je me joignis moi-même; on s'at-
tabla et j'ai vu, horreurde mes yeux vu, des
grands seigneurs buvant de la bière comme de simples
prolétaires, en attendant que le corps electoral les
gorge d'honneurs et de popularité.
Enfin, la séance s'ouvrit et l'on put se compter. II
parait que les invitations n'avaient pasété épargnées,
mes voisins parlaient de plusieurs centaines; mais il
en est de ['Association cléricale comme du ciel, beau-
coup E appelen et peu d'élus soixante-douze seule-
ment avaient répondu a la convocation.
Ge désappointement jeta du froid sur l'assemblée et
un honorable formula des plaintes amères sur les
tièdes sympathies des électeurs pöur les catholiques.
Cette sortie imprudente, inspirée par un zèle outré,
pouvait tout compromettre. Yienne, en cffet, Ia ré-
fiexion a tant de gens simples que l'entraïnement avait
poussés la et l'on verrait les rangs de la phalange clé
ricale, dèja si clairsemés, s'éclaircir encore! I! fallait
payer d'audace dans ce moment suprème et suppléer
par la suffisance du ton a l'insuffisance du nombre.
Avant peu de temps, la plus grande salie de la ville
sera trop petite pour vous contenir, s'écria l'o-
rateur le plus fougueux dé Ia bande. Ce monsieur,
que je ne connais pas, doit être né sur les bords de
la Garonne.
Le premier acte dé l'assemblée fut la formation du
comité; les deux signataires de la circulaire furent
coufirmés dans leurs fonctions respectives.
Je vous ai dit, Monsieur, que la réunion se com-
posait de soixante douze membres, probablement en
mémoire des soixante-douze disciples; douze apötres
prirent place au bureau.
Ces chiffres ont-ils réellement une signification
symbolique ou bien sont-ils un simple efifet du ha-
sard? Quoiqu'il en soit, cette singuliere coincidence
m'a frappé, et cependant je ne suis pas superstitieux.
Que vous dirai-je des discours. Je dis discours
par condescendance pour mes coréligionnaires polili-
ques. lis roulaient invariablement sur le même
thème la confiscation des libertés, la violation de la
Constitution, l'ardent amour des cléricaux pour les
idéés modernes et tant d'autres choses connues de-
puis longteinps. Tout cela, débité d'une voix lar-
movante ou d'un ton sec, bref, saccadé, selon le tem
pérament des divers.oratêurs qui se succédèrent,
dura plus de deux heures. Quelle cruelle déception
j'éprouvai en sortant de la La curiosité m'avait
excité l'espoir de voir des cléricaux chez eux, de les
surprendre en dèshabillé, m'avait alléché. Hélas! il
y avait de tout dans cette réunion des conservateurs,
des indépendants, des catholiques libéraux, mais des
cléricaux, point. Fi done!- ces braves gens avaient
retourné leur froc pour la circonstance, ils avaient
fait peau neuve el il n'est pas un d'entr'eux qui ne
repoussèt cette qualification comme une injure
Mundus vult decipi.
Oh 1 les enfarineurs 1
Maintenant quelle conclusion faut-il lirer de la con
duite du parti clérical et des colères qu'éveillèrent
chéz lui la réunion du Congres libéral de 1846 et la
création des Associations qui en furent la conse
quence? A en croire ses organes d'alors, ce Congres
était une assembléè extra-légale qui aurait pour ré-
sultat de peser d'une manière illicite sur les Cham-
bres et le gouvernement.
Pourtant les cléricaux ont eu depuis lors leur Con-
grès de Malines.
Les assemblées libérales étaient des clubs de révo-
lutionnaires, des foyers d'anarchie.
Cependant les cléricaux créent leur tour des as
sociations dans tout le pays.
Que conclure doncl
Que les cléricaux, comme l'a dit M. de Montalem-
bert, ont deux poids et deux mesures, qu'ils out
un masque de rechange et que toutes les accu
sations qu'ils lancent a la tête de leurs adversaires ne
sont que de vaines declamations dont ils ne croient
pas eux-mêmes le premier mot.
Si un second Concile a lieu, je vous tiendrai au
courant des fails et gestes des Pères de l'Ëglise mo
derne. IsCARlOTE.
Qu'en pense Ie P R OGRÈ S
Nous extravons de la Chronique brugeoise du Bul
letin du Dimanche du 10 avril, le passage suivant
Je suis heureux de pouvoir dire que l'association li
bérale de Bruges se montre enfin disposée a faire droit
a la demande de réorganisation dont je vous ai parlé
dans une de mes précèdentes correspondances. Le
poll réclamé est accordé, et on m'assure que le comité
directeur sera réduit a douze membres. Reste sa-
voir maintenant si ces douze places serontde nouveau
remplies par les hommes qui siégent a l'hötel de ville
etaiileurs. Aussi longtemps qu'il en sera ainsi, on
aura le droit d'appeler la direction du libéralisme bru-
geois une coterie.
En effet, pourquoi faut-il que ceux qui occupent
le pouvoir soient aussi ceux qui désignent les hommes
pour le former De cette facon les mandataires des
electeurs resteront toujours juges et parties dans leur
cause ilscontinueront, ainsi que par le passé, a être
leur propre contróleur, a proclamer le précepte in-
juste nul n'aura d'esprit que nous et nos amis,
et a ne pas comprendre qu'étanta la fois la voiture et
les chevaux, ils constituent un ridicule pleonasme
politique.
Le mouvement général, en faveur de la réorgani
sation des associations libérales, se propage dans tout
Ie pays flamand. 11 est question a Courtrai d'organiser
des conferences publiques dans le genre de celles de
voire Meeting libéral. Yoyez done comme il est bon
quelquefois pour un parti de subir un echec il re-
nait iransformé.
Dans la Flandre Occidentale, Ypres seule, la
ville dont l'administration se dit progressiste pa
ralt prendre goüt a la lethargie politique. Les vérita-
bles libéraux commencent pourtant a s'y remuer.
Un jeune journal de la bonne trempe, 1 'Opinion, de-
mandait dans un de ses derniers numéros, a ceux qui
sont a la tête de l'association d'Ypres, s'ils ne jugent
pas le moment venu de reuuir le comité d'abord, l'as
semblée generale ensuite,s'ils ne croient pas que leur
plus imperieux devoir commande d'agir, ou bien s'il
preferent assoupir de plus en plus l'association pour
l'elouffer plus facilement aU premier moment favora
ble leur conduite nous dira bientöt ce qu'il faut en
penser.
Au moment oü la réorganisation dé l'Académie
d'Ypres est a l'étude, nous croyons pouvoir utile-
ment appeler l'attention de l'autorité sur la nomina
tion d'un membre du Conseil en remplacement de
M. Polydore Boedt, désèdé. La mort a laissé dans
notre Academie un grand vide M. Boedt était artiste
et connaisseur. On Ie remplacera difïicilement, sinon
aucunement, si l'on élève aux fonctions d'adminis-
trateur un candidat a toutes les places vacantes, se
présentant pour amasser des titres qu'il fera valoir
au moment donné póur sa nomination a une place
occupée par un sien proche parent. Dans la colla
tion des places, il faut plus considérer l'intérêt de la
ville et du public, que celui de quelque jeune ambi-
tieux qu'on tóche de bien affubler pour qu'il brille au
moment de la parade.
II nous semble qu'il conviendrait d'appeler a cette
place quelque industriel Yprois, connaissant Ia pra
tique de l'art appliqué a I'industrie.
II y a dans notre ville d'honorables fabricants de
dentelles, dont l'habileté dans le dessin a fait leur re-
nommée a l'étranger des industriels aussi adroits et
ingénieux qu'humbles et modestes, livrant au com
merce leurs produits remarquables par leurs con
tours gracieux et la finesse du travail, etc. Toutes
ces personnes rendraient d'imporiants services a la
nouvelle école a adjoindre a l'Académie, certainement
beaucoup plus importants que ceux rendus par des
personnes se croyant expertes dans les arts paree
que quelques croutes achetées a bon compte ornent
leurs salons.
On lit dans une correspondance
Le parti catholique se donne aujourd'hui pour
un grand ami de toutes les libertés, et celle de la
presse n'a pas, on le sait, de partisan plus résolu
témoin le projet de loi informe, impossible, déposé
par MM. Debaets, Delaet, Coomans et consorts.
Avec tant de sollicitude pour la liberté d'écrire,
il ne serait pas mal de venir un peu au secours,
comme le disait récemmeut M. Rogier, de la liberté de
lire, de plus en plus opprimée par les vrais chefs du
pariipar nos seigneurs les évèques C'est dans les
Flandres, notamment, que la chasse aux journaux
libéraux se poursuit avec un acharnement croissant.
Voici, sur la facon dont procèdent lespieux traqueurs,
quelques détails qui me viennent de bonne source
Dans les communes rurales, Ie curé connait lous
les abonnés aux journaux libéraux; au besoin, il suil
ou fait suivre dans ses tournees le facteur de la poste.
Muni de ces renseignements, le révérend visile un a
un les lecteurs des feuilles anathématisées.
Vous êtes abonné, leur dit-il, a I'Etoile Beige?
Mauvais petit journal. Voici la Belgique, qui a des
nou velles bien plus fraiches, qui est bien plus amu
sante, ei qui coüte 8 fr. de moins par an, etc., etc.
Bref, a force d'arguments et d'importunités, on
réussit a faire signer une renonciation au journal
pour l'expiration du trimestre. L'officieux curé a bien
soin de transmettre lui-même, en temps utile, le
bienheureux papier an prochain bureau de poste. Au
bout de trois mois, le campagnard, qui a oublie l'en-
trevue, est tout ètonné de ne plus recevoir VEtoile
Beige; mais en revanche, la Belgique lui arrive très-
reguliérement. Que faire Moilié crainte, moitié apa
thie, il se résigne, et le tour est joué.
Nos amis des Flandres feront bien de ne négliger
aucun effort pour dejouer ces manoeuvres de l'obscu-
ranlismeet neutraliser ('influence delétère du clergé
sur la population des campagnes.
La chasse cléricale dont parle ici la correspondance
n'est pas organisée seulement contre VEtoile Beige,
mais contre tous les journaux libéraux en général.
Elle a eté entreprise contre 1 'Opinion dés son appari
tion. Nous en remercions, pour notre part, MM. les
cures, car elle nous a valu une progression constante
dans le nombre de nos abonnés.
Vendredi, a 10 heures, un service solennel, pour
le repos de l'ame de M. J.-B. Malou, a élé célébré en
l'église St-Martin, a Ypres. Le Tribunal et le Con
seil communal y assistaient en corps.
De la part de notre Tribunal, cette démarche ne
nous étonne pas ses bons sentiments nous sont
connus depuis longtemps. Quant au Conseil com
munal, nous le voyons avec plaisir pratiquer l'ou-
bli des injures. Malgré les attaques virulentes dont
il a été si fréquemment l'objet de la part de l'or-
gane de Monseigneur, il n'a pas voulu se laisser
dépasser par Ie Tribunal en témoignage de respec-
et de piété filiale. C'est sans doute le premier acte
de Ia politique bienveillanteappliquée aux ad
versaires que nous vantait dernièrement le Pro-
grès.
On demande un bon inédecin.
Nous avons remarqué avec peine que, dans les
premiers jours de la semaine qui vient de se termi
ner, notre antique carillon était assez gravement ma
lade pour avoir perdu la voix. Malgré les fréquentes
dépenses faites par l'administration et les nouvelles
cloches posées il n'y a pas longtemps, la maladie sem
ble de venir chronique, sans doute paree qu'un remède
efïicace n'aura pas été appliqué.
Faisons des vceux pour qu'on découvre bientót un
bon médecin, nous vouluns dire un artiste habile, qui
rende enfin a notre beffroi sa première splendeuret
mette une bonne fois un terme a des sacrifices qui,
toujours renouvelés et toujours inutiles, menaeent de
devenir aussi chro niques que la maladie du carillon
elle-même.
ICTUS OFFIC1ELS.
Des arrêtés royaux en dale du 4 avril autorisent
La fabrique de l'église de St-Bertin a Poperingbe
accepter la donation qui lui est faite par Mlle Rosalie
Platevoet.
La commission des hospices civils de Watou ac
cepter la donation qui lui est faite par P. Biervlet,
domestique en cette commune.
Par arrêté royal du 8 avril, la société anonyme des
chemins de fer de la Flandre occidentale est déclarée
concessionnaire d'un chemin de fer de Poperinghe
la frontière francaise dans la direction de Hazebrouck
ou d'un point intermédiaire entre cette ville et Dun-
kerque, aux clauses et condition de la convention du
30 mars 1864.
FAITS DIVERS.
Lundi, mardi et mercredi derniers, nous avons eu
a Ypres de brillantes manoeuvres militaires exécutées
par le 6"e de ligne devant le général-inspecteur Van-
derlinden. Le régiment s'est vraiment surpassé.
La semaine passée, on a retiré des fossés des forti-