sur la geslion des affaires de Ia province. Cette idéé
erronée, fruit du peu de développement de la vie po
litique, a été la cause de la grande indifférence avec
laquelle jusques dans ces derniers temps, se sunt
faites les Elections provinciales. Elle a produit des
résultats désastreux, en laissant parvenir certaines
nullités, au lieu et place d'hommes instruils et capa-
bles dont les conseils, l'expérience et l'amour du pro-
grès auraient été une source d'ajuvres sageset utiles.
Les provinces s'administrent elles-mêmes. iËlies
règlent leurs dépenses, forment leurs budgets, exe-
cutent leurs frais des travaux d'utililé publique,
fondent des établissements d',instruction moyenne ét
autres, font des règlements, surveillent les communes,
nomment et présentenl des candidats a certaines
places, émettent des voeux sur toutes espèces de
questions, etc., etc. Mais toutes ces choses ne peu-
vent être exécutées par tous les citoyens composanl
la province; ils nomment des mandataires les con-
-seillers provinciaux. Ces conseillers ont des pouvoirs
très-élendus. Les électeurs en les nommant leur tran-
sfèrent toutes les attributions que nous avons énu-
mérèes et leur donnent une autorité excessiveinent
grande.
Les conseillers se serviront de cette autorité et de
ces pouvoirs au profit de l'opinion politique a laquelle
ils appartiennent. Sont-ils libéraux, les idéés libe
rates en feront leur bénéfice. Sont-ils cléricaux, Ie
cléricalisme verra ses principes appliques dans tous
les actes des conseils provinciaux.
Qu'on ne vienne pas nous dire que les conseils pro
vinciaux, étant des corps purement admin istratifs,
il ne peut y avoir des luttes d'opinion.
Les actes administratifs quels qu'ils soient con-
tiennent toujours, au fond, soit direetement, soit
indirectement, des questions politiques.
Prenons, par exemple, l'instruction. La province
accorde des subsides et batit des écoles. Si 1e Conseil
est composé de cléricaux, ceux-ci n'accorderont-ils
pas une préférence marquée aux établissements des
petits-frères sur les établissements laïques?N'enlève-
ront-ils pas tout moyen de vitalité ceux-ci pour
faire prospérer ceux-la.
Un Conseil clérical ne favorisera-t-il pas la con
struction d'églises, la oü le besoin ne s'en fait pas
sentir, au détriment de bonnes routes de communi
cation, si nécessaires a l'agriculture?
Que dirons-nous des nominations et présentations
des candidats a diverses places? lei surtout l'intérêt
est en jeu. Qu'il s'agisse d'une place dans l'ordreju-
diciaire, 1e clérical sera prèféré. Et ce clérical, dans
l'administration de la justice, se depouillerat-il de ses
idéés intimes qu'il croit bonnes et justes? Ou appli-
quera-t-il a sesjugements des idéés libérales? Certes
nous ne suspectons pas la magistraturemais nous
ne pouvons croire que jamais il ne se présente de ces
questions oü, dans le silence ou l'obscurité de la loi, il
faille recourir a des principes que les uns comprennent
d'une manière, les autres d'une autre.
Et les vceux V
Les Conseils provinciaux sont a même et ont 1e
droit de manifester des voeux a la legislature et au
gouvernement. Le Conseil provincial de Brabant a
demandé la revision de la loi de 1842, dans un sens
plus liberalcelui ,dé Liége celle de la loi sur les ci-
metièrescelui de la Flandre-Occidentale celle de la
loi sur les fabriques d'église.
Tous ces voeux, tous ces désirs de corps constitués,
contepant dans leur sein beaucoup d'hommes capa-
bles, exercent une grande influence sur la presenta
tion des lois. lis éveillent l'attention du législateur el
lui font connaitre les besoins réels.
Ici surtout la question de parti se présente. Nous
avons vu 1e Conseil provincial de la Flandre-Occiden
tale divisé en deux camps quand il s'est agi de cette
question des fabriques. II y avait bien lutte entre te
clérical et le liberal.
Nous pourrions citer encore d'autres occasions, et
elles sont nombreuses, oü les Conseils provinciaux se
trouvpnten préseace de ces questions, politiques au
fond, sur lesquelles les cléricaux pensent autremenl
que leurs adversaires. Mais nous bornons la nos
exemples.
Nous avons seulement pour but de faire comprendre
que le Conseil provincial n'est pas un corps inerte.
II pense et agit. De sa manière de penser et d'agir
depend souvent le bien-être de la province.
Que les électeurs Ie saehent bienl S'ils nomment
des personnes pensant autrement qu'eux, elles a.gi-
ront contre leur opinion. S'ils élisent des candidats
de leur parti, les idéés de ce parti prevaudront.
Les elections provinciales sont importantes. Veut-
on 1e progrès, qu'on èüse les candidats sincèrement
libéraux. Veut-on la stagnation, le reeul, qu'ou vote
a deux mains pour les conservaleurs, les -indepen
dants, les administratifs et tutti quanti.
Nouvelles electorates.
Nous reeevons encore une série de nouvelles des
differentes localités de notre arrondissement oü une
lutte aura lieu. Nous en donnons 1e résumé et nous
avons la satisfaction de pouvoir annoncer que, plus
approche le jour décisif, et plus les candidatures li
bérales prennent faveur auprès du corps élecloral.
Partout se produit un revireinent marqué qui vient
heureusement contraster avec l'apathie et l'indécision
des premiers jours.
Nous sommes heureux d'apprendre que les nou
velles peu favorables a la candidature de M. Iweins
que nous avions recues et insérées dans notre der
nier numéro, exactes alors, ne reflêtent plus que
d'une manière incomplête la situation présente. Notre
correspondant nous mande qu'a huit jours d'inter-
valle les dispositions des électeurs du canton de
Passchendaele se sont modifiées de tout point.
La candidature de M. Eugène Iweins y serait mieux
accueillie de jour en jour et tout semblerait présager
que les candidats libéraux triompheront de concei t,
a moins qu'aux derniers moments, ajoute la
lettre, 1e clergé ne par vienne a jeter la panique
dans les rangs des électeurs, aujourd'hui bien dis-
posés. Espérons que cette crainte ne se réalisera
pas.
A Poperinghe aussi nos amis sont pleins d'espoir
ils se croient assures du succès et il n'est pas plus
question aujourd'hui de M. Charles Davos que s'il
n'avait jamais existé. Tant mieux. Mais que les libé
raux se défient de cette retraite simulee. Plus les
cléricaux se cachent, plus ils sont dangereux. lis ne
s'effacent un instant que pour reparaitre plus süre-
ment a l'heure propice et reraporter plus aisément la
victoire.
Hommes noirs, d'oü sortez-vous
Nous sortons de dessous lerre;
Moitié renards, moilié loups,
Notre règle est un myslère.
Dans le canton de Rousbrugge-Haringhe, le terrain
se déblaie des équivoques et des nuages dont on avait
tentéde l'obscurcir. La position s'éclaire a un double
point de vue. D'abord, la candidature de M. Edouard
Biesmael fait des progrès rapides sur celle de son
concurrent et il y a un très-sérieux espoir de la voir
triompher. Ensuite M. Floor lui-même, sentant \'ad-
ministratif se dérober sous ses pas et honteux sans
doutedu róle qu'on voulait lui faire jouer, M. Floor a
pris une décision.
Le 13 de ce mois avait lieu chez M. Clep, l'éme du
parti rètrograde dans l'arrondissement de Furnes,
une réunion électorale. M. Visart s'y trouvait natu-
rellementau milieu de toutes les sommités cléricales
de I'endroit; M. Floor s'y rendit également.
A la bonne heurel Voila qui est bienPlus de mé-
prise possible maintenant 1 Ceux qui voteront pour
M. Floor ou ceux qui appuieront sa candidature
pourronl rendre a l'homme un service personnel ou
agir dans un bul de spéculation égoïste, mais ils sau-
ront désormais que l'intérêt du parti n'a rien a voir
dans leurs votes ni dans leurs actes et ils seront mal
venusa vanter leurs prouesses libérales, après avoir
soutenu de leur influence une candidature marquée
au coin du plus pur cléricalisme.
La démarche faite par M. Floor dans la journée du
13, démarche qui ouvrira les yeux des moins clair
voyants, n'empèche pas les attaques du Propagateur.
Celui-ci semble n'attacher qu'une médiocre impor
tance a la brebis égarée qui rentre au bercail. O in
gratitude humaine 1
P.-S. Depuis que ces lignes sont écrites, des
nouvelles plus récentes nous sont parvenues du
canton d'Haringhe. Mardi soir a eu lieu une réu
nion a Ia Société littéraire de Rousbruggeon y a traité
du choix des candidats. M. Bieswal était présent.
L'assemblée l'a de prime abord adopté pour son
candidal. Puis deux honorables secrétaires commu-
naux prirent la parole a tour de róle pour dire que,
puisqu'il n'y avait pas un second candidat, ils trou-
vaient bon de prendre il. Floor. C'est probablement
aussi l'opinion de M. le commissaire d'arrondissement
et nous soupconnons fort les deux orateurs d'avoir
été ses organes en cette circonstance.
Malheureusement tous ces messieurs comptent
sans le bon sens du public. A peine eurent-ils fini
qu'un vrai libéral, sincère el honnêteprit la pa
role. II fit observer que, M. Floor conservant sa posi
tion meutre et acceptant, soit la candidature de M. Vi-
sort, soit celle de M. Bieswal, au choix de ses interlo-
cuteurs, c'était se jouer de cette dernière candidature
qpe de ivoter pour M. Floor, et qu'au cas de ballottage,
célui.-ci aurait de cette facon les deux partis pour
lui.
II fut décidé alors que dans ce cas l'on voterait
pour M. Edouard Bieswal. On prit également la réso-
Iution de faire une dernière démarche auprès de
M. Floor. MM. le bourgmestre de Rousbrugge, le
secrétaire communal et Aimé Viane furent désignés a
eet effet. Ces Messieurs se sont acquittés de leur
mission mercredi et la réponse de M. Floor est qu'if
reste définitivement neutre et qu'il travaille pour lui
seul. Ces paroles sufïisent pour éclairer tous ceux qui
prennent a coeur les véritables intéréts de leur parti
et M. Bieswal lui-même fera bien de prendre de sé-
rieuses précautions. Qu'il veille et qu'il agisse s'il ne
veut pas, comme tant d'autres, apprendre a ses dé-
pens de quelles ressources dispose une coterie intri
gante.
Une quatrième candidature se produit dans le
canton et te Propagateur l'annonce celle de M. Peel-
Carton. II paralt qu'elle n'est pas sérieuse, que c'est
une simpte candidature de poille, destinée a sauver
les apparences en faveur de M. Floor qui obtiendra,
dit-on, un très-grand nombre de voix catholiques.
Grand bien lui fasse
II. Floor et le I'IIOGISÉS.
Le Progrès revient sur la candidature de M. Floor;
il ne comprend pas pourquoi M. Floor ne mériterait
pas la confiance de ses électeurs. Nous, au contraire,
nous necomprenons pas pourquoi il la mériterait.
On ne cesse de nous dire, et avec raison, que la
guerre acharnée faite par nos adversaires a déplacé
le terrain élecloral et que d'adininistratives qu'elles
étaient, les élections provinciales sont devenues poli
tiques. La première condition a exiger du candidat,
son principal litre, c'est done la fermeté des convic
tions. M. Floor possède-t-il cette qualilé? Clérical
autrefois, nous l'avons vu devenir libéral lorsqu'il se
porta pour la première fois candidat au Conseil pro
vincial. Le parti libéral était tout puissant alors et
M. Floor, en fin renard électoral, Qairait que de ce
cóté vieudrait 1e succès. II fit une profession de foi
ultra-libérale et n'en combattit pas moins une can
didature amie qui, sous le rapport politique, offrait a
notre parti mille fois plus de garanties que la sienne.
II fut élu, Dieu sait avec quelles assistances
Aujourd'hui son mandat est expiré et M. Floor en
sollicite 1e renouvellement. Mais a-t-il toujours les
mêmes sentiments politiques? Est-il toujours 1e libé
ral convaincu de 1860 ou s'est-il transformé sous
l'empire des circonstances? Oü est sa profession de
foi? Confirme-t-il celle de 1860 ou bien la renie-t-il?
Voila ce que les défenseurs de la candidature de
M. Floor ne disent pas. El ils se garderont bien de Ie
dire, paree qu'ils savent que leur protégé a changé
ses allures et qu'il brüle ses dieux d'autrefois paree
qu'ils savent que toute promesse, tout engagement,
tout acte de vrai libéralisme serait impossible a obte-
nir de lui, paree qu'ils savent comme nous que l'ap-
pui qu'il rencontre chez quelques libéraux n'empèche
pas M. Floor de solliciter les suffrages et d'assister
aux réunions des catholiques.
Toute la conduite électorale de M. Floor est une
mystification. Clérical auprès des üns, libéral auprès
des autres, M. 1e secrétaire de Crombeke n'a qu'un
butaccaparer tous les suffrages.
Voila pourquoi les défenseurs de cette candidature
restent dans le vague, pourquoi ils ne nous appren-
nent rien, ne précisent rien. Voila pourquoi aussi Ie
Progrès a soin de se lair'e. II n'a pas répondu a notre
article du 8 maiil ne répondra pas davantage
celui-ci, au moins avant l'éleclion l'élection passée,
il endossera tout son courage.
Mais, nous demandera-t-on, pourquoi des hommes
qui se disent libéraux, un journal qui défend le libé
ralisme depuis vingt-trois ans, appuienl-ils cette
candidature-caméléon Nous l'avons déja ditéchange
de bons procédés. L'accord, l'entente cordiale de
M. Floor el des hommes du Progrès constitue un vaste
maquignonnage politique dont quelques fauteuils élec-
tifs seront la prime et 1e corps électoral, la béte de
somme.