JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDiSSEMENT YPRES, Dimanche üeuxième année. N° 23. 5 Juin 1864. PARAISSAET LE DIMANCHE DE CHAÜÜE SEMAINE. PHIX DABOWKXIEXT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an 4 fr. 50 par semeslre. Pour I'Etrangor, lo port cn sus. Un Numéro 25 Centimes. I'RIX DES AHIOXCES Eï DES RECLAMES 10 centimes la petite ligne. Corps du journal, 30 centimes. Le tout payable d'avakcp. Laissez dire, laissez-vous blèmcr, mais publiez voire pensée. On s'abonne a Ypresau bureau du journalchez Félix Lambin, imp.-lib., On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres rue de Dixmude, 55. I ou envois d'argent doivent ëtre adressés franco au bureau du journal. Le programme «Ie SS. Do champs. Si nous parlions un peu du programme de M. De- champs? Un fort beau programme, sur ma foi, et tout farci, de Ia têtea la queue, des choses les plus appetissantes du monde. Père de familie, vous haïssez Ia conscription mili taire? Réjouissez-vous, père de familie, le fameus programme vous promet la révision de la loi sur la milice désormais votre enfant vous apparliendra tout enlier. M. Coomans vous en doune sa parole d'honneur. Mais vous n'avez pas d'enfants. Jeune encore, vous vous êies épris d'un fol amour pour nos vieilles li beries communales; vous regrettez le temps oü les bons bourgeois de la cilé élisaient librement leur bourgmestre et leurs échevins. M. Dechamps et ses auiis partagent vos regrets Jeunes gens, soyez heu- reux on vous rendra du passé beaucoup plus que vous n'eu désirez vous élirez vos bourgmestres, vos échevins vous èlirez mêmo vos gardes-champétres, si cela peut vous êire agréablevous élirez tout ce qu'il vous plaira, sauf voire cure, bien entendu, qui ne relève que de Mgr l'évêque de votre diocèse. Yous voulez plus encore, jeunes gens vous récla- nioz le suffrage universe!? Très-bien. Vous avez eu la une excellente idée. II est plus que temps d'enrayer le gouvernement de l'intelligence, qui n'est, après lout, qu'une oligarchie. Vive la démocratie 1 Seule- ment, il y a un obstacle dans la Constitution, qui fait du paiemenl d'un certain eens la condition de l'élec- torat. Comment faire? Bah, nous commencerons par abaisser aulant que possible le eens exigé pour la commune et la province. L'avenir fera le reste. Êtes-vous contents, démocrates? Moi, dit eet autre, je ne suis pas démocrale, je suis économiste. Que m'importent le clérical et Ie liberal? Le salut de la sociélé,pour moi, git tout entier dans Ia liberté commerciale et industrielle je me moque du reste comme d'une noix sèehe. Bravo, s'écrient en chceur MM. Dechamps, Royer de Behr et Thonissen c'est tout-a-fait notre sentimentIisez done notre pro- gramme, cher économiste nous y proclamons lout au long le principe de la liberté des échanges. La liberté des échanges, hurlent les Gantoisl Vous voulez done nous ruiner? Chut, dit le programme, et parions bas Je proclame, il est vrai, le principe de la liberté commerciale, mais j'ai soin de dire tout en haut que je ne l'appliquerai que dans de cerlaines limites a délerminer ultérieurementVous voyez bien, Gantois de mon cceur, qu'il n'y a pas Ia de quoi vous alarmer. La liberté des échanges, Ie suffrage universel, la loi de milice, le libéral, le clérical, le bourgmestre et le curé, tout cela nous est parfaitement égal, disent les Anversois. II n'y a qu'une question au monde, celle de savoir si l'on nous débarrassera de nos cita- delles, qui nous effraient beaucoup plus qu'elles n'ef- fraieront l'ennemi. Si je vous débarrasserai de vos ciladelles, répond le programme, pouvez-vous en douter, Anversois bien-aimésl oui, certes, que je vous eu débarrasserai. Lisez-moi done, mes bons amis, et voyez s'il est possible de donner plus ample satisfaction a vos griefs legitimes Vient enfin la foule des coutribuables qui se plaint, comme loujours, de i'excèsdes impels etdes dépenses publiques. Tous demandent des chemins de for, des canaux, des routes, des subsides pour leurs écoles, pour la reparation des monuments publics, des em- plois bien rétribués pour leurs enfants, etc., le tout, bien entendu, combine avec un système d'impóts qui permelte de satisfaire a leurs exigences sans qu'ils soient obliges de dégainer un sou. Rien de plus sim ple, dil le programme. Je suis inventeur d'un pro cédé qui vous donnera lout ce que vous me deman- derez, sans qu'il vous en coute un liard de plus que du temps des libéraux. Non-seulement je n'augmen- terai pas les impóts, mais je les dégréverai en peu de temps d'une manière élonnante. J'espère, contri- buables, que vous voila satisfaits, lout comme les Anversois, les Gantois, les économistes, les démo crates, les chevaliers de la liberté communale et les ennemis de Ia conscription militaire. Eh bien, non. II se trouve que ce programme, rédigé avec un soin minutieux dans le but d'associer aux efforts du parli clérical les intéréts les plus di vers, les plus discordants, il se trouve que ce pro- gramme ne salisfail personne. Pourquoi? Paree qu'il est l'oeuvre du mensonge et de l'astuce, paree que les mots de démocratie, de progrès, de liberté, dans la bouehe des hommes de l'épiscopat, sonnent faux ot font mal aux oreilles. Us out cru, ces pieux disciples de Loyola, qu'il leur suflirait de se dcpouiller pour un instant de leurs vieilles défroques du moyen-age et de revêtir les idéés et Ie langage du siècle,pour que le pays, qui les connait depuis trenle ans, fit leur dupe. lis ont considéré comme une chose possible, de faire oublier, a force de protestations libérales, leur passé lout frais encore dans la mémoire de tous et de don ner le change a ['opinion publique. Lis doivent s'aper- cevoir aujourd'hui qu'ils se sont cruellemenl trompés. Le parti clérical n'a qu'une chance de revenir au pouvoir, c'est de maintenir Ia lutte sur le terrain ex- clusivement religieux. Aussi longtemps qu'il criera a la perséculion, il trouvera des imbéciles pour le croiraet, comme le nombre en est grand, il viendra peut-être un moment ou ils seront assez forts pour porter les cléricaux aux affaires mais que MM. de la sacristie y reviennent jamais, sous les auspices de la liberté démocratique, c'est un espoir auquel ils feront bien de renoncer. Sous le bonnet phrygien dont ils s'affublent aujourd'hui, la démocratie apercoit leur tonsure et rit a plein gosier de ces bons pelits Pères déguisés cn soldats de la liberté. L'Eglise ct la morale. M. Soenens, Ie député-instrument que feu Mgr Ma- lou a envoyé a la Chambre remplacer l'honorable M. Devaux, a fait, dans son discours de débul, un aveu prècieux dont il importe de prendre acte. Les interpositions de personnes, a dit le jeune espoir de la vieille église calholique, sont devenues nécessaires depuis que la législation a interdit aux corporations religieuses la faculté de recevoir directement les libé— ralités dont la piélé des fidèles veut les gratifier. L'oraleur n'a pas oséajouter, maisceci était évidem- ment dans sa pensée, que les interpositions de per sonnes sont on ne pout plus légitimes. Bien que toute fraude a la loi, quelque but que I'on poursuive d'ailleurs, nous paraisse inconciliable avec les devoirs de la probité, fesons a M. Soenens cette concession que le röle de personne inlerposée peut, dans certaines circonstaaces, être honorablement ac- cepté. Mais il arrive fréquemment que ces person nes interposées sont appelées devant la justice, et que la, le serment leur est déferó sur la sincérité de la li- béralité nominalement faite a leur profit. Placées enlre I'allernative, ou bien de trahir la confiance de l'auteur de la libéralité ou bien de faire un faux serment, a quelchoix doivent-elles s'arrêter? Pour nous, la ques tion n'est pas douteuse rien ne peut les dispenser de dire la vérité, au risque même de compromettre, par leur aveu, les intéréts les plus graves, les plus légitimes. Nous croyons volontiers que telle est également I'opinion du jeune instrument, mais il conviendra sans doute avec nous que, dans la pratique, les choses se passent tout différemment. Les personnes inter posées ne se font en général aucun scrupule de prêter le serment qu'on leur demande et nous ne croyons même pas qu'il y ait d'exemple d'une conduite diffé rente. Si l'on considère cependantque ces libéralités dégui- sées sont toutes ou presque toutes faites au profit des congrégations religieuses; si l'on rélléchit que les in- aividus inveslis de la confiance des donateurs sont Ie plus souvent des membres du clergé ou lout au moins des personnes notoirement connues pour leur piété, on ne peut s'empêcher de faire de trisles réy flexions sur la singuliere morale qui gouverne la conscience de nos dévots et l'on se demande sérieuse- menl si la voix de la conscience n'est pas, en matière de probité, un guide plus sfir et plus infaillible, que celle d'un clergé chez qui une avidité proverbiale semble avoir étouff; toutes les notions du devoir. Un mot au VOLKXVRIEXD. Dans le comple-rendu des élections provinciates publié par le Volksvriend dans son numéro du 29 mai, ce journal déplorc amèrement la chute de M. Floor. Cela ne nous étonne pas. Chacun connait les liaisons intimes et I'étroite solidarity qui existent entre les serviteurs, grands et petits, d'une coterie ambilieuse et tous les polichinelles politiques de notre arrondissement. II appartenait au Volksvriend de dire son mot dans l'affaire, Toutefois il se garde bien cette fois de nous vanter le libéralisme de son protégé ou même d'ex- pliquer le vérilable sens de l'élection d'Haringhe mais, exploitant sa position et espérant, grêce a son obscurité, faire passer inapercues les plus grosses bourdes, il procédé par insinuations. A quoi bon d'ailleurs raisouner? II est des gens que nous con- naissous tous el qui ne raisonnent jamais. Lorsqu'on prend la liberté grande de les eonlredire, ils se fêchent et vous injurient; s'ils ne réussissent pas a vous faire peur, ils ont recours a la calomnie. Le Volksvriend est de cette école. A quoi lui servirait d'ailleurs le

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L’Opinion (1863-1873) | 1864 | | pagina 1