JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMEN
YPRES, Dimanche
Deuxième année. N° 24.
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PARAISSANT LS DIMANCHE DE CHAÜÜE SEMAINE.
I'D IX DES llHO^fFS
I T DES RECLAMES
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YPBSBSs», a« Juin.
Le parii clérical ne désirait pas Ie pouvoir. II I'a
refusé, au contraire, quand c'élait pour lui un devoir
de le prendre; mais en dèclinant pour lui-même la
mission de gouverner le pays, il espérait amener la
formation d'un ministère mixtetransiloire, dont
l'administralion, nécessairement hésitante, lui aurait
permis de preparer en peu de lemps>son avénement,
dans des conditions de stabilité que l'état douteux de
l'opinion ne lui offre pas aujourd'hui. Des éleclions
générales devaient avoir lieu au mois de juin pro-
chain nul doute que ces éleclions, sous le régime
énervanl d'un cabinet d'affaires, ne tournassent au
profit du parti clérical. Dés lors, armé d'une majorité
compacte et résolue, il n'aurail pas eu de peine a
renverser ce ministère d'attente, et la possession du
pouvoir lui élait assurée pour loogtemps. Tel était Ie
calcul de nos cléricaux et vraiment nous devons re-
connaitre qu'il n'était pas maladroit. Par malheur, il
s'est trouvé que les libéraux ont apercu le piégeils
ont repoussé obstinémenl toutes les combinaisons
tnixtes auxquelles on les conjurait, les larmes aux
yeux, de prêter les mains. Aussi nous accuse-t-on
aujourd'hui, et c'est le thème favori des journaux de
l'épiscopat, d'avoir rendu lout impossible pour nous
rendre nous-mémes indispensables
En vérité, cette accusation est plaisante. Qui done
a empêché M. Decbamps, au mois de janvier, de
prendre le pouvoir, qui lui était offert a cette époque
sans réserve, sans condition aucune? Le ministère
était vacant, M. Dechamps n'avail qu'a élendre la
main pour s'en empareraucune condition ne lui était
faite, sa liberté d'aclion élait entière el M. Dechamps
refusa sous prélexle que l'état de sa santé lui in ter dit
de prendre une part trop active aux affairer publi-
ques. M. De Theux est appelé au Palais immédia-
temenl après M. Dechamps et, lui aussi, décline la
mission de composer un cabinet.
Et quand de pareils faits sont connus, avoués par
ceux-la meme qui y ont pris part, on viendra nous
reprocher, a nous, d'avoir rendu impossible la consti
tution d'un ministère clérical, dans le temps même oil
tous les organes de l'opinion libérale sommaient
chaque jour la droite de prendre le pouvoir? A quels
imbéciles s'adresse-t-on done pour espérer qu'une
pareille accusation trouvera crédit en Belgique
La droite voulait, nous dira-t-on, un ministère li-
béral modéré. C'est le ministère démissionnaire qui a
empêché MM. de Brouckère el Pirmez de prendre le
pouvoir. Cette accusation est plus ridicule encore.
Ces deux hor.orables membres s'étaient associés a
tous les actes politiques du cabinet démissionnaire,
ils ne pouvaient évidemment pas prendre sa place
sans se condamner eux-mêmes. Comment, un minis
tère tombe, paree que, d'après vous, il a gouverné
d'une manière violente, paree qu'il a, par des actes
nombreux, persistants, froissè les sentiments reli-
gieux du pays; et vous voulez que des homines qui
ont soutenu, pendant sept années, cette politique vio
lente, oppressive, qui Font appuyée, dans toutes les
circonslances, de leur parole et de leur vote, vous
voulez que ces hommes, au moment oü ce ministère
succombe sous le poids de ses fautes qui sont les
leurs, renient, abandonnent leurs complices et les
chassent du pouvoir? Cherchez, messieurs les cléri
caux, cherchez ces hommes dans vos rangsnous
n'en complons pas dans les nölres.
Tout au moins, continuant les journaux de l'épis
copat, nous nccorderez-vous que l'opinion libérale
s'est montrée ouverlement hostile a l'idée d'un mi
nistère d'affaires. Oh, pour cela, oui. Sur ce point,
il y a eu chez nous unanimité parfaite. Nous n'avons
voulu de votre ministère d'affaires a aucun prix. Si
c'est un crime a vos yeux, nous sommes prêts a nous
en confesser, mais sans aucune espèce de contrition.
Chaque fois que vous proposerez un ministère d'af
faires ou bien un ministère mixte, vous pouvez comp
ter que vous ne rencontrerez pas une seule adhésion
dans l'opinion libérale. Que voulez-vous? nous avons
taté de la mixture et elle nous a coüté trop cher pour
que nous avons de longtemps l'envie d'en recommen-
cer I'epreuve.
En dehors des ministères d'affaires, qu'avons-nous
done rendu impossible? L'avénement du dernier ca
binet formé par M. Dechamps Si nous étions aussi
peu soucieux que nos adversaires des principes cons-
titutionnels, noire réponse serail bien simple nous
dirions que l'échec de ce cabinet ne vient pas de nous,
mais du Roi et du Roi seulque, par conséquent,
aucun reproche ne peut peser sur l'opinion libérale
de ce chef. Mais nous avons trop de respect pour les
principes de notre pacte fondamental, alors même
que ces principes ne reposent que sur une pure fic
tion, pour Lnir un pareil langage. Le parti libéral
doit accepter la responsabilitè du refus qui a écarté
M. Dechamps du pouvoir et cette responsabilitè,
il I'accepte tout entière devant le pays. Nous
avons foi dans le jugement du pays; les discussions
auxquelles il assiste depuis huit jours Font éclairé sur
la porlée réelle du programme fallacieux de M. De
champs. II en a touché du doigt les mensonges, il en
a sondé les dangers a lui de prononcer enlre nos
adversaires et nous.
Simple rapprochement.
Ce qui est mis en question aujourd'hui, dans les
x> éleclions générales, c'est la liberté de conscience,
c'est l'existence du culte catholique. Les électeurs
qui votercnt pour les candidats catholiques ou con -
servateurs voteront pour I'Eglise catholique, ses
droits el sa libertéceux qui voteront contre ces
candidats, voteront contre I'Eglise, ses droits et sa
O liberté. Aucune equivoque n'est possible. Tout le
MONDE ENTEND LES CHOSES AINSI.
Qui disait cela? Mgr Malou, évêqne de Bruges,
dans son célèbre mandement publié a l'occasion des
•éleclions générales du mois de juin dernier. Le prélat
posait done neltement la lulte sur le terrain religieux.
C'est au nom des intéréts religieux menaces qu'il
conviait, qu'il adjurail les électeurs de prendre part
au scrutin.
Les électeurs de l'arrondissement de Bruges répon-
aent avec enthousiasme au cri poussé par leur évêque.
M. Soenens est nominé par deux fois, en remplace
ment de M. Devaux.
Lisons maintenanl le discours prononcé par ce
meme M. Soenens, dans Ia séance de la Chambre
des représentants du t" juin dernier Le terrain
s de nos anciennes lultes politiques est abandonné,
dit-il, par le corps electoralLe maintien de
la lutte politique en Itelgique sur le terrain des opi-
nions religieuses est un danger pour le pays. C'est
un danger pour la patrieun danger pour la dynas-
tie; les luttes les plus violentes sont celles qui ont
leur source dans les intéréts religieux; par la même
qu'elles sont les plus violentes, ce sont celles oü
les partis commettent les plus grandes injustices
vis-a-vis de leurs adversaires.... II est temps d'ar-
rëter les luttes politiques dans cette voie funeste
nous le vuulons
Ces deux citations en disent plus que les plus longs
discours. Pour vaincre le parti libéral, il fallait fana-
tiser les populations, leur montrer Ia religion en dan
ger et fesant appel a leur dévouement. C'est l'idée du
mandement. Mais la victoire remportée, a la veille de
prendre possession du pouvoir, le parti clérical ne se
sent pas assez fort pour mettre bonne fin I'oeuvre
de réaction dont il a fait son drapeau électoralil a
beau avoir la majorité dans les campagnes, il com-
prend que, pour gouverner, il lui faut autre chose
que Ia force numérique au sein des Chambres,et c'est
alors que nous le voyons déserter en masse l'idée au
nom de laquelle il a soulevé les campagnes et arborer
un drapoau de haute fantaisie autourduquel il cherche
a grouper les intéréts les plus divergents. Alors on
voit les cléricaux les plus acharnés s'écrier que le
temps des lultes clérico libérales est passé, que le
pays est fatigué de ces querelles stériles et qu'il de-
mande autre chose. Passe encore que des hommes
comme MM. Dedecker et Vilain XIIII tiennent un pa
reil langage; dans leur bouche, il peut élre sincère;
mais quand un homme qui est, comme M. Soenens,
l'incarnation vivanle du mandement de Mgr Malou,
ose proclamer, en plein parlement, que le corps élec
toral a abandonné le sterile et dangereux terrain des
luttes religieuses, en vérité, c'est par trop fort et il ne
nous reste plus qu'a siffler une aussi pitoyable co-
médie.
Vindépendance termine l'analyse du discours de
M. Dechamps par les lignes suivantes que nous pre-
nons la liberté de mettre sous les yeux de quelques
hommes politiques bien connus ici
Soyons francs avant tout, soyons avanl tout
nous-mêmes, et, a ce propos, nous dóclarons de
très-bonne guerre le reproche adressé par M. De
champs a certains libéraux qui orient contre les
couvents et qui confient leurs fils aux jésuites et
leurs filles aux dames du Sacré-Coeur. Nous plai-
gnons sincèrement les hommes qu'a pu atteindre un
pareil reproche.
Est-ce clair
Ville d'Ypres.
Conseil communal. Séance du samedi 4 juin.
Présents MM. P. Bourgois et L. Merghelynck,
échevins; C. Vandebroucke, P. Boedt, A. Degheicke,
C. Lannoy. T. Vandenboogaerde, E. Cardinael,C. Be-
cuwe, L. Van Alley nes, A. Beaucourt, L. Van Ueule,