de l'autorilé civile, en tenues tellement clairs et im- pératifs, qu'aucune fuiblesse de sa part ue soit plus désormais possible, sans une violation flagrante de la loi Duns tout ce qui coneerne les rapporls des adini- nislraiions co.mrnunales avee Ie clergé, la loi doit être claire, precise, imperative. C'est Ie seul moyen de sauvegarder l'indépendance du pouvoir civil, presque toujours chancelanle quand elle se trouve en face du prêtre, qui ne chancel'e jamais, lui, et qui marche hardiment en avant, dés que l'on recule devoot lui. tiall et .13. Carton. La discussion de lundi dernier, trés animée du resle, a élé curieuse a plus d'un tilre. H y avail longtemps qu'on n'avait aussi ouvertement démasqué les intrigues qui s'agitent dans l'ombre et exposé les inenées l'aide desquelles 011 s'efforce d'assujetiir la génèraliló aux voiontés de quelques-uns. C'ótait Ie fer rouge appliqué sur la plaie. Aussi eüt il fa 11 u voir les colères et les grincemenls de dents du ban et de l'arrière-ban de tous ceux qui, de prés ou de loin, appartiennent a-la coterie. La séance fut ouverte par une série d'observations, appuyées sur des faits, ayant pour but d'exposer la manière donl se fabriquent les candidatures et les abus qui se sont commis et se commetlent encore ehaque jour dans l'Association. C'est M. Carton père qui a pris la parole ensuite. lit, a ce propos, nous ne pouvons nous empêcher de faire une remarque qui a bien sa valeur ici. C'est M. Carton, père, l'homme prudent et réservé qui, la personnalité a la bouche, se jette dans la mêlee, tandis que M. Ie commissaire d'arrondissement, l'oraleur fougeux que chacun connait, se renferme dans un silence prudent. Les róles étaient intervertis. M. Carton a un genre d'éloquence qui lui est par ticulier. Lorsqu'il demande la parole et même lors- qu'il prononce ses premières phrases, vous le diriez tout bourrè d'arguments au service de sa cause et armé de pied en cap conlre ses adversaires. II a d'ail- leurs un avantage naturel qu'il exploite largement. Son extérieur, son port, son geste, et jusqu'a son débit mielleux, quoiqu'un peu nasillard, provoquent la confiance. C'est Ia glu avec laquelle M. Carton at- trape beaucoup de moineaux et il faut lui rendre cette justice qu'il s'eri sert adroitement. Cependant, malgré ces précieux avantages, malgré un auditoire toujours bien disposé, son succès a été médiocre lundi dernier. Au lieu d'aborder de front le fond de la question, il l'a prudemment esquivée. De la manière dont la candidature de M. Titeca avait été préparée et des fails cités, du genre d'influence exer- cée sur l'Association et du mode de votation en usage de la singulière conduite électorale, pour ne rien dire de plus, tenue par quelques-uns de ses amis au mois de juin de l'année dernière, M. Carton n'a soufflé mot. II ne s'était pas fait faute cependant d'inlerrom- pre, contestant, nianl les faits les plus péremptoires. Dès lors ne devaitil pas a l'assemblée qui i'écoutait et a lui-même une rèfutation en règle, ou bien jouit-il du privilége de produire les assertions les plus ha- sardées sans être tenu a les prouver? II n'a pas es- sa yé la moindre démonstration et nous avons le droit de lui dire aujourd'hui que ses dénégations ne sont qu'une simple mise en scène et qu'elles n'ont rien de sérieux. Lorsque la guerre, Ia peste ou la famine fond sur la pauvre humanité, ou que les pommes de terre sont malades, c'est la faute a Voltaire, orient les cagots. Cette accusation, M. Carton se l'est faite sienne et il l'arrange a son usage particulier. Si quelques per- sonnes, soucieuses de leur indépendance, refusent d'obéir au mot d'ordre, s'il y a des reclamations, des resistances quelque part, si nolre arrondissement n'emboite pas unanimement et en silence le pas der rière M. Carton, la faute en est a. M. Capron. Pour l'oraleur, il n'existe aucun abus, done pas de sujets de plainle. Tout est parfait et ceux qui font de ['op position y sont fatalement poussès par leur nature. C'est Gall qui a dit tout cela. lit M. Carton a éludié son systèmeil connait a fond toutes ies protuberances et les coneavités cranieuses. Ah I si nous osions prier M. Carton de nousconfier sa têlel Nous sommes bien certain que nous trouverions la bosse de la domina tion 1 En soumie, le discours de M. Carton a roulé tout entier sur deux thèmes un tissu de personnalités et une revue retrospective, veritable cours d'histoire ancienne. De lout ce qui lui est arrive de désagréable, il n'est rien qu'il n'attribue a l'opposition. Si M. Carton a fail nommer son petit-fils de la commission de l'Académie et si l'on a déclaré dans une lettre adressée a 1 'Opinion, qu'en présence d'une candidature appuyée par une certaine influenceloute autre candidature doit nécessairement échouer, c'est la faute a l'opposition, comme si celte-ci dictait leurs acles et leurs paroles aux homines dont la franchise et l'indépendance sont connus. En vérité, M. Carton se fait de singulières illusions! C'est encore la faute de l'opposition s'il a quitté la prèsidence de l'Association. II n'y a pas jusqu'au bil- lard de la Concorde que l'oraleur n'a pas encore di - géré et qu'il a fait inlervenir dans la politique, on ne sait trop pourquoi, oubliant sans doule que, parmi les amis qui l'écoutaient, plusieurs avaient combaltu ses prélentions dans cette circonstance. Pour compléter le tableau, il ne manquait que de faire défiler encore toutes les accusations qui ont trainé partout. Mais, comme on I'a fait observer, il est des calomnies qii'orfrépand dans l'ombre, mais qu'on n'oserait pas produire au jour de la discussion publique. Au milieu des épithètes d'ambitieux, de démocratesde républicains que vous avez lanl a prodigués, une seule vous a échappé, a-t-on dit, celle de socialistes. Nous espérons que vous vous a en souviendrez un jour, car cette accusation ferail d bien dans la bouche des défenseurs incarnés de la propriélé et de la familie. Enfin, faisant allusion au mot brouillon si généreusement prodigué, l'oppo sition a défini en deux mots sa raison d'être. Loin de rejeter ce qualificatif commc une injure, elle le re- vendique et s'en glorifie. Nous sommes ici, a t-elle ajouté en terminant, pour brouiller vos cartes el vous empêcher de tri- cher. Nous n'avons donné jusqu'a présent qu'une appré- ciation Irès-restreinte de la séance de l'Association. Nous y reviendrons, car la chose en vaut la peine. L'espace dont nous d'sposons ne nous permet pas d'en dire davantaue aujourd'huinous avons héte d'arriver aux incidents de la fin. La discussion était épuisée. M. Beke, qui présidait, a cru devoir ajouter quelques mots. II a protesté du désintéressement de M. Carton, désintéressement que nul n'avait révoqué en doute. Nous nous imaginons cependant que ce désinteressement doit être facile, lorsque l'on voil tous ses parents oocuper les plus belles fonctions administratives ou électives. M. Beke s'est souvenu de ce qu'il devait aux tout- puissants et il a eu a coeur de faire du zèle. Espérons qu'on lui en sera reconnaissant. Mais ce qui est plus grave que toutes les paroles de l'honorable vice-président, c'est le petit coup-d'Etat par lequel il a procédé au vote. Quelques uns deman- daient l'appel nominal. L'appel nominal est toujours de droit et. il y a peu d'années, l'honorable M. Alph. Vanden Peereboom, dont personne ne révoquera en doule l'impartialité, s'est etnpressé d'appuver sem- Llable demande. M. Beke n'en a pas moins passé outre. II a consulté l'assemblée par assis et lever. C'é- tait décider d'avance la question. On cite parmi ceux qui se sont fait le plus remarquer par leur resistance outrée a la légalité MM. Arthur Merghelynck et le se crétaire Decodt. Ce dernier trouve qu'accorder ce qui est de droit, c'est subir une pression. Nous nousèton- nons que M. Decodt, qui a l'épiderme si sensible, ait atlendu jusqu'aujourd'hui pour s'apercevoir qu'il y avait pression a l'Association. A M. l'éditeur du journal l'OPINION. Monsieur, Dans la dernière réunion de l'Association libérale, on est revenu sur un thême qu'on avait déjè cherché a exploiter en I860, je veux parler de la candidature au Conseil communal qui m'aurait été offerte. Je n'ai pas cru devoir entrer dans des détails circonstanciés a eet égard, paree que j'avais donné une première fois des'explications completes et que je ne desirais pas fatiguer l'assemblée par de continuelles redites sur un sujet qui me semblait peu important. Mais ou a abusé de ma réserve, interprêtant erro- nément le sens de mes paroles, tronquant la vérité, allant même jusqu'a dire que j'avais nié avoir recu des propositions, tandis que j'ai dit, au contraire, que je m'en référais a mes précédentes déclara- tions. Je crois le moment venu de m'expliquer. J'affirme catégoriquemenl Que jamais aucune démarche n'a éte faite auprès de moi pour m'offrir une candidature quelconque et dans les conditions dans lesquelles elle était offerte a d'autres personnes. Qu'une proposition lout-a-fait incidente m'a été faite a brüle-pourpoint, dans le sein du comité, après beaucoup de refus essuyés et lorsqu'iY n'y avail plus méme le temps nécessaire pour réfléchir. J'ajoute, pour Ia moralité de l'histoire, que, tandis qu'on me fait un reproche de ma résolution, d'autres personnes, qui avaient égalemenl déclinées la candi dature, ont été sollicilées depuis et sont aujourd'hui conseillers communaux. Si, dans tout ceci, il ne s'agissait que de ma per sonne, je ne m'occuperais pas de ces accusations, je les dédaignerais. Mais on vise plus loin. On veul frapper les idéés que l'opposition défend. La persis- lance avec laquelle on revient sur Ie même sujet, le parti qu'on essaie d'en tirer, ('interpellation faite en 1860, tout le pronve. Mais la manoeuvre est percée a jour, elle est appréciée, elle ne réussira pas. II n'en était pas mains de mon devoir de m'expliquer publi que m e n t el je porte le défi a qui que ce soit de prouver ('inexactitude de ce que je viens d'avancer. Je vous prie, M. I'édileur, d'insérer cette lettre dans Ie prochain numéro de voire journal el vous offre l'assurance de rnes sentiments distingués. J. Camon. Ypres, 24 juin 186-i. Nous croyons utile de donner le teste des observa tions présenlées par M. Capron, dans la séance de l'Association libérale du 20 juin. Nous empêcherons par la qu'on en falsifie le sens, dans un but facile a comprendre Messieurs, I! nous aurait élé faeile de vous présenter un can- didat pour le 80 juin. La candidature dont un journal a fait mention était sèrieuse, elle réunissait de nom- breux éléments de succès. Mise aujour par des per sonnes influentes, elle avait été accueillie par d'una- nimes sympathies, paree qu'elle était franehement libérale et qu'elle répondait aux vaeux de nombreu- ses populations qu'il serait maladroit de négliger. Je regretle beaucoup, quant a moi, que, tandis que la ville d'Ypres compte trois représenlants au Conseil provincial, Langhemarck, la commune la plus popu- leuse du canton, n'en aura plus un seul. Nóanmoins, malgré ces diverses consider tions, nous avons préféré nous abstenir. En effet, nous n'avons pas voulu prendre sur nous de scinder le parti liberal et de le diviser, a propos d'un nom, la veille d'nne dissolution des Chambres et d'une élec- tion générale. Je souhaite que la scission ne se pro- duise jamais sur le terrain des principes. Nous espé- rions que notre prudente réserve serail appréciée et qu'on y répondrait par un scrupuleux respect de la légalité. Malheureusement, je dois bien le dire, il n'en a rien été. Cette fois encore, comme bien souvent déja, on semble n'avóir eu d'autre préoccupation quo d'as- surer le succès du candidat privilégié, sans se soucier des prescriptions de notre reglement et sans avoir égard aux droits de l'assemblée générale qui, pour l'adoption des candidatures, décide d'une manière souveraine. Je sais bien qu'en droit absolu nous pouvons reje ter les propositions du comité et porter nos votes sur un autre candidatmais cela ne change rien aux actes qui ont. été posés et, pour ma part, je blame sévèrement les membres de cette Association qui ont travaillé a répandre une candidature sur laquelle l'assemblée n'avait pas stalué. On nous dit Mais, avant de lancer un nom propre, il faut bien s'assurer que ce nom sera agréé, tout au moins faut-il être certain de l'adhésion de celui qu'on présente; done il faut se concerter. D'accord; mais se concerter n'est pas faire de la pro- pagande, et pour obtenir l'acceptation du candidat, il suffit d'une simple conversation entre lui et celui qui Ie présente. Ce n'est pas du tout ce qui a été fait. Dès le 11, c'est-a-dire cinq jours après Ia mort du regrettable M. Comyn, j'entendais dire que M. Titeca était le candidat appuyé par nos conseillers provin- ciaux. J'eus quelque peine, je l'avoue, a croire a l'exac- titude de cette nouvelle, malgré la position de son auteur, position qui lui permettait d'être bien in- formè. Je me disais qu'il serait étrange de voir des hom mes qui relèvent eux-mêmes du corps électoral ve- nir imposer a celui-ci leurs préférences. Bientól je vis commencer les démarches et les courses. Pourlant, je ne voulus pas encore me prononcer dèfinitivement etj'altendis la réunion du comité, qu'on jugea utile de retarder jusqu'au 15. La fut lue une lettre par la quelle un membre de ce comité, bourgmestre d'une

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L’Opinion (1863-1873) | 1864 | | pagina 2