JOURNAL D'VPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, Diinanche
Beuxième année. N° 36.
4 Septembre 1364.
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POUR LA BELG1QUE
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PItlX DES ANNONCES
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rue de Dixmude, 5"
On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres
ou envois d'argent doivent être adressés franco au bureau'du journal.
La Chambre des Représentants a été saisie, avant-
hier, par une interpellation de M. Cooraans, de la
question mexicaino dont nous avons, a plusieurs re
prises, entretenu nos lecteurs. Invité a s'expliquer
sur la part d'intervention qui lui revient dans la for
mation de la légion beige, le gouvernement, par l'or-
gane de MM. les ministresdela Guerre et des Finances,
a osé affirmer, devant le pays, qu'il était resté entiè-
rement étranger a l'organisation de cette légion et
qu'il n'avait rien fait pour favoriser le recrutement
des volontaires mexicains dans Ie sein de notre armée.
La gauche tout enlière, sauf MM. Guillery et Grosfils,
s'est hatée de prendre acte de cette déclaration du
gouvernement et l'ordre du jour proposé par M. Coo-
mans impliquant un blóme pour le ministère, s'est
vu repoussé par 53 voix contre 39.
Cette solution nous afllige elle ne nous étonne
pas. Dans l'état actuel des partis parlementaires, on
ne pouvait attendee de la majorité qu'elle se séparat
du ministère sur une question de cette nature. M. Le
Hardy de Beaulieu, qui a pris la parole dans le débat
pour accuser le ministère d'auotr violé la Constitu
tion, M. Le Hardy, mis en demeure de conformer son
vole a son langage, s'est cru oblige, dans l'intérêt de
son parti, de batlre en retraite et de sanctionner de
son approbation des actes qu'il venait de condamner
au nom de la Constitution et de Ia sécurité nationale.
Le secret de nos misères est tout enlier dans eet acte
de déplorablo faiblesse, dont la réputation d'indépen-
dance du député de Nivelles aura peine a se relever.
Malgré les protestations et les assurances contraires
du gouvernement, la gauche, en présence des faits
qui lui ont été signalés et que nul n'a osé contester, la
gauche, disons-nous, n'a pas pu se faire illusion sur
l'appui manifeste que ['expedition mexicaine a ren
contré dans les sphères gouvernementalesmais elle
avait a opter entre la chute du cabinet ou le sacrifice
de ses convictions personnelles, el plutót que d'aban-
donner le cabinet, elle a abandonné, avec ses convic
tions, les plus graves, les plus considérables intéréts
du pays. Fasse le ciel que l'avenir démente nos pré-
visions et que nous n'ayons pas un jour a expier
eruellement le crime que nous commettons aujour
d'hui contre une nation amie qui, luttant puur son
indépendance et pour la liberté, avait a attendre d'un
peuple libre autre chose que de froids dédains et des
coups de fusil.
Le ministère, nous ne craignons pas de le dire, est
sorti de cette discussion, abaissé, amoindri aux yeux
de la majorité parlementaire et du pays. Pour échap-
per a la logique impitoyable de ses adversaires/ il n'a
trouvé d'autre refuge que dans le mensonge. II a nié,
audacieusement nié, en face d'uneécrasante évidence,
qu'il efit favorisé directemeut ou indirectement le
recrutement inexicain, et a la faveur de cette dénéga-
tion, contraire a tous les faits connus, il est parvenu
a se dérober au chêtiment dont il se voyait menacé.
Mais, au-dessus de Ia majorité, qui lui a donné un
bill d'indemnité, il y a le pays, il y a l'opinion pu-
blique, qui ne se paie pas de mensonges et qui jugera
sévèrement ces hommes qui, pour complaire a des
exigences que nous ne voulons pas désigner ici, mais
que tout le monde connait, n'ont pas hésité a violer
les principes essentiels sur lesquels repose notre
chère nationalité. Le ministère triomphe, mais sa
victoire lui coüte cher il ne s'est sauvé de la mort
que pour tomber dans Ie mépris.
Le Congrès de Malines a repris Ie cours de ses
travaux. Nous nous proposons d'apprécier prochaine-
ment les résolutions prises par cette nouvelle assem
ble qui ne paraït pas devoir en rien rester inférieure
la précédenlemais nous croyons, dès a présent,
pouvoir attirer l'attention de nos amis politiques sur
la situation faite la presse libérale des provinces,
par suite de la concurrence qu'elle rencontre chez
les journaux cléricaux, largement subsidiés par Ies
inépuisables ressources du parti ultramontain. Per-
sonne n'ignore que, dans la première réunion du
Congrès catholique, il a été décidé que la création de
nouveaux journaux et l'extension des journaux exis-
tanls serait favorisée par tous les moyens possibles et
notamment par l'allocation de nombreux et puissants
subsides. Cette décision n'est pas restée stérile De-
puis un an, plusieurs journaux cléricaux ont été
fondés dans les provinces et a ceux qui existaient
antérieurement, des allocations ont été accordées qui
leur ont permis d'agrandir leur format, de renforcer
leur personnel de rédaction, tout en diminuant leur
prix d'abonnement. En présence d'une concurrence
de cette nature, il est indubitable que si la presse
libérale dans la province est abandonnée a elle-même,
eile ne tardera pas disparaitre. II faut voir les
choses telles qu'elles sont et se garer de toute illu
sion La plupart des journaux, dans les provinces,
sont moins recherchés a cause de leur couleur poli
tique que pour l'intérêt qu'ils offrent au point de vue
de la variété et de l'abondance de leurs nouvelles
diverses. Un journal d'un grand format, quelle que
soit l'opinion dont il est l'organe, obtiendra toujours
la préférence sur un journal moindre, surtout si ce
dernier coüte plus cher. Cela est incontestable. II est
done urgent que l'opinion libérale avise aux moyens
d'égaliser la concurrence entre ses journaux et ceux
du parti clérical, si elle ne veut pas que, dans un
avenir prochain, un grand nombre de journaux libé-
raux disparaissent.
On voudra bien nous croire, lorsque nous disons
qu'en appelant l'attention de nos amis politiques sur
cette question, nous n'avons pas cherché a en tirer
profit pour nous-mêmes. VOpinion ne demande ni
subsides ni souscriptions elle se suffit pleinement
elle-même. Mais on ne peut nier que tous nos con
frères de la presse libérale ne sont pas dans le même
cas el que beaucoup, au contraire, se voient a la veille,
fauted'appui, de devoir cesser de paraitre.
Le programme de M. Dechamps, ce passeport de
la politique cléricale, élaboré par Ie chef éminent
de la droite, a été rejeté par la grande majorité des
Beiges. 11 lui manquait le visê de l'opinion pu-
blique et ce visa il ne l'a point recu. Le corps éleclo-
ral, en repoussant le manifeste de l'opposition et en
donnant de nouveau la majorité au parti libéral, a
fait justice des idéés de fanatisme et d'intolérance, qui
nous aurait fait revenir bientót aux abus d'un autre
age. Est-ce a dire qu'avec la chute du chef de ['oppo
sition et de son oouvre, la dernière barrière du cléri-
calisme soit tombée? Non, bien loin de la. Nous avons
a combattre un ennemi astucieux et perfide, toujours
prêta la lutteet travaillantau lendemain d'une défaite
comme a la veille d'une victoire ses adversaires, il
les surveille dans l'ombre; il étudie leurs faiblesses
et ne cesse de forger des armes nouvelles pour un
combat prochain.
Si la victoire du <1 aoüt est grande pour le parti
libéral, il faut aujourd'hui consolider ce triomphe et
assurer l'avenir. II est plusieurs moyens indiqués par
les circonstances pour atteindre ce but, mais il en est
un surtout sur lequel nous appelons aujourd'hui
l'attention de nos amis, nous voulons parler de la
presse. Elle est, sans contredit, un des grands phares
qui illuminent les questions et les actes politiques
son influence est immense. Placée l'avant-garde,
elle est la sentinelle vigilante qui épie les manoeuvres
de l'ennemi et déjoue ses calculs. En répandant ses
lumières civilisatriees, elle arrachera l'humanité aux
dangers qu'accumule autour d'elle la féodalité unie a
Ia théocratie. A elle appartient la direction des intel
ligences. Aussi nous posons en principe que Ia
création d'organes libéraux dans les localités oü il
n'en existe pas, est devenue de nos jours une néees-
sité sociale. C'est chez les populations rurales que les
catholiques ont établi leur deruier boulevard, c'est
sur eux qu'ils s'appuient.
Ehbienl il faut faire tomber les préjugés,les erreurs,
il faut détruire les turpitudes, les hypocrisies et
élever le niveau intellecluel de ces populations qui,
a notre avis, sont plus a plaindre qu'a blamer. Fai-
sons pénétrer la lumière dans les profondeurs de ces
masses, aveuglées par les sophismes et les déclama-
lions mensongères de ceux qui s'inspirent beaucoup
plus des idéés du moyen-age que des grands prin
cipes de 89.
En résumé, voici ce que nous voulons
Créer pour les communes, sur un fonds social, un
organe flamand, qui soit a la fois, agricole, commer
cial, industriel et politique. Intéresser le campagnard
par la publication hebdomadaire des prineipaux mar-
chés de Belgique et deFranee; exciter son amour-
propre par les inventions et les progrès de l'industrie
agricolel'initier aux grandes questions qui se dé-
roulent sur la scène politique de son pays, ce sont la
trois éléments qui réunis assureraient le triomphe de
Ia vérité sur l'erreur. L'avenir serait perdu tout
jamais pour le parti catholique et l'année A 868 en
verrait plus d'un mourir poliliquement.
Nous aurions vraiment été surpris si le parti clé
rical n'avait employé la médisanee et la calomnie,
pour rejeter sur le parti libéral tout le scandale der-
nièrement produit en notre ville par Ie blanchisseur
Pitte, un des dignitaires de la Gongrégation.
Pitte, au dire de quelques fervents et de certaines
bonnes ames, serait innocent de tout ce qu'on lui a
reproché; il n'a rien perdu de sa pureté. Ce saint
homme, toujours en correspondance spirituelle avec
Dieu, ne vivant que par l'ame sans s'inquiéter du
Ln TOUT PAYABLE d'avANCF.