JOURNAL D'YPRES ET BE L'ARRONBISSEMENT
Le tout payable ö'a vance.
YPRES, Dimanche
Reuxième aniiée. N° 37.
11 Septembre 1864
l>l&IX O'ABOXMEllEMT
POUR LA BËLGIQUE
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lit.
L'OPINION
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ET DES RECLAMES
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Ifévlslon du reglement de 1'Association
electorale .d'Yprcs;
La session legislative est close, la politique mili
tante chóme; le moment ne saurait mieux s'olTrir
pour reprendre notre travail sur le reglement de
notre Association libérale et les mollifications qu'il
réclame.
Les Associations électorales oftt piiissamment con-
tribué aux progrès du libéralisme en Belgique
personne ne le nie mais, en letlr Éëndant, sous ce
rapport, pleine et entière justice, nous avons con-
staté, nos lecteurs s'en souviendront peut-être,
qu'elles étaient restées en dessous des espératices
qu'elles avaient fait concevoir a leur dèbut. L'e'rreur
des h' inmes dévoués qui slegeaieflt au Congrès li-
béral fut de croire que, pour assurer la prépondé-
rance définitive de leur opinion, il sulüsait d'orga-
nisef, dans les grands centres de population, de
fortes machines électorales capables d'un grand effort
a un moment donne. L'expérience des dii-huit der-
niefes années écoulées a suflisamment démontré,
pensons-nous. que des associations exclusivement
électorales nous condamnent inc'essamment a des
alternatives de succes et de revers, et que rien de
stable ne sera fondó par elles aussi longteinps qu'elles
ne se decideront pas a rompre, une bonne fois, avec
leurs vieux errements et a élargir le cercle de leur
aclivitó.
Ce n'est pas assez, avons-nous dit, que de secouër,
au moment du vote, les populations ignorantes des
campagnes; il est trop tard alors pour faire péné-
trer un peu de lumière dans ces esprits faussés et
prévenus. Ce n'est pas assez que d'envoyer au Par
lement des deputes dévoués au libéralisme; il faut
que, par une etude assidue, les associations prépa-
rent la solution des questions a l'ordre du jour et
fassent sentir, dans la balance des deliberations par-
lementaires, le poids de l'opinion publique. Ce n'est
pas assez, enfin, que de porter au pouvoir un minis
tère liberal, il faut seconder ses efforts s'il marche,
el s'il s'arrête, le contraindre a avancer.
Telle est, disions-nous, fa mission des associations,
celle dont l'accomplissement doit assurer le triomphe
definitif de l'opinion libérale en la mettant pour tou-
jours a l'abri des revirements ou des fluctuations du
scrutin.
Les campagnes, voila le terrain qu'il s'agit tout
d'abord de conquérir. La, tout est a faire, carjusqu'a
présent nous n'avons rien fail pour les disputer a
['influence cléricale qui les domine.
A la veille des élections, il est vrai, nous nous
donnons beaucoup de peine; nous sommes alors
tout feu, toute ardeur. Nous nous hfttons d'orga-
niser, jusque dans les moindres cantons, des comités
électoraux; les circulaires, les journaux, les impri-
més de toute espèce sont distribués avec profusion
on nous voit courir, de porte en porte, sollicitant
,les suffrages de quiconque cultive un coin de terre
appartenant a un propriétaire liberal. Nous allons,
nous venons, nous nous agitons en toussens, comme
si quelques jours d'activité devaient sufïïre pour
regagner le terrain perdu pendant trois ou quatre
années d'indolence. Après quoi, l'élection firiië, tout
notre bead feu s'éteint aussitót. Les comités canto-
naux, formés au hasard, se dissolvent. Ia propagande
se tait, les journaux disparaissent et la domination
öléricale, un moment iriquiè'tée, rëprend son em
pire.
Si l'on nous accorde que ce tableau est fidéle,
faut-il s'étonner que les campagnes nous résistent
et restent indissolublement attachéës au parti Clé-
rical
Les campagnn'rds rfo'us sont Höstiles. Pourquoi?
Paree qu'ils soiit ihtimemënt convaincu s que les li-
béraux en veulent a la religion ét qu'en votant pour
le candidal de leur cure, ils accomplissent un devoir
de conscience. D'oü leur vient cette conviction? Du
Clergé, qui no cesse dé nous représehter comme des
impiés, des athées, fhéditaut la ruino dés croyances
feligieuses et particulièrement des croyances catho-
liques. Dans les campagnes, le p'rêlre parle seul et il
parle en maitre aucune vbïx ne s'élève pour le
eontredire; qui l'oserait? c'est Dieu lui-mêmë qui
parle par sa bouChe.
Ayons done le courage de voir les choses telles que
la réalitó nous les montre. Ce n'est pas par des visites
électorales, ce n'est pas en dépensant, au dernier
moment, quelques milliers de francs en distribution
de jotirnaux, que nous ramènerons a nons les popu
lations agricoles; tous ces vieux moyens n'onl servi
et ne sërviront jamais a rien qu'a marquer plus pro-
fondément leué éloignement pour nous. Les cam
pagnes nous considèrent comme des ennémis de la
religion elles nous repousseront aussi longtempsque
nous ne serons pas parvenus a détruire ce funeste
préjugé, seule èt unique raiSon de l'effroi que leur
inspirent les principes libéraux confondus, dans les
ténèbres de ces intelligences fanatisées, avec tout ce
que leur imagination peut concevoir de plus détes-
table et de plus pervers.
Pour détruire ce préjugé', que faut-il faire? Une
seule chose éclairer les campagnes, opposer a la
calomnie et au mensonge la pure lumière de la vérité
leur montrer le libéralisme tel qu'il est, étranger a
toute religion positive, proclamant la liberté de toutes
les croyances, mais aussi défenseur énergique du pou
voir civil et combattant résolument lesempiétements
d'un parti auquel la liberté ne suflit pas et qui cherche
nous entrainer dans les voies du passé. Le passé,
les campagnes ne l'aiment pas plus que nous; si
inféodées qu'elles soient au clergé, elles ont gardé,
avec un vague souvenir de l'ancien régime, une
secrète horreur du gouvernement des prêtresa
aucun prix, elles n'y voudraient revenir; mais ce
qu'elles ne voiènt pas encore, dominéés qu'elles sont
par le fanatisme religreux, c'est que nous, les libéraux
que l'on calomnie, nous ne sommes, en définitive, si
maltraités par le clergé que précisément paree que
nous fesons échec a ses vues réactionnaires. Appre-
nons a ces hommes simples que nous ne sommes les
ennemis ni de la religion ni du prêlre, faisons justice
de cette vieille calomnie qui consiste a signaler notre
resistance aux prétentions cléricales comme une
atteinte a la liberté des croyances, et les campagnes
désabusées reviendront a nous et, de ce jour, l'opinion
libérale n'aura plus rien a redouter de sesdétracteurS
Nous aussi, nods pourrons dire alors que les! porteS
de l'enfer ne prévaudront pas coritfe elle.
II s'agit de conquérir lest campagnesmais com
ment, par quels moyens?
Cés moyens sont nombreux, plus nombreux qu'on
në Ié pense générale,ment. Bornons-nous, pour ne
pas nous détourner de notre Sujet, a ceux qui Sont
dans la puissance des associations actdelles. Nods en
avonS signalé deux principaux la presse ét uoë
solide organisation des comités cantonaux.
La PresSe.
Notts sommes pröfondémentconvaincusd'unë chose
qui va paraitre peut-être bien paradoxale beaucoup
de nos lecteurs, c'est qu'avec un journal bien fait, Ie
parti clérical est complótëmënt ruiné dënS notre
arrondissement d'ici avant quatre ans.
Nous aflirmons de plus qu'un semblable journal,
distribuó gratuitement a tous les électeurs des cam
pagnes, coüterait a notre association très-peu d'argent
et qu'il nous épargnerait, en temps d'élections, des
frais de publicité qui ont aujourd'hui le double tort
d'être ëönsidérables ét de ne servir absolument èt
rien.
C'est ce que nous nous proposons de démontreë
dans notre prochain numéro.
Qn'est-ce quo le Congres «le Mnlines
Aux yeux de M. Dechamps, le Congrès est une as
semblee scientifique s'occupant de théories qu'on né
cherche pas a réaliser dans la pratique. Le vaincu de
Charleroi ne lui demande qu'une chose au point de
vue pratique, c'est de jeter quelques (leurs sur sa
tombe politique. Grand bien lui fassel
Pour M. Ducpéliaux et pour M. I'arcbevêque de
Malines, le Congrès doit être avant tónt, pratique...
pourtantil n'apas la pretention de tranchér les ques
tions politiques et sodales qui divisérit beaucoup de bons
esprits. Que réalisera-t-il dans la pratique s'il ne
cherche pas la Solution de ces questions?
D'après M. de Gerlnche, toutes les questions sont
politiques, il rfy a pasjusqu'a, la liberté de la charité
qui ne touche aux droits constitutionnels.
Très-bien 1
Le Congrès de Malines est done une assemblée scieh-
lifique oü l'on ne doit pas faire de théorie, mais de la
pratique, le plus de pratique possible, saus chercher
a résoudre les questions politiques et sociales, bièn
que toutes les quéstions intéressant particulïèremeht
les catholiques soient a la fois politiques et sociales.
Voilé qui est Charmant I Que l'on dise encore qu'il®
n'y a rien de plus difficile qu'une bonne définifion 1
Mais aussi quelle clarté, quelle précision dans les'
idéés de nos adversaires, quelle logiquë dans leur
conduite 1
Ëcoütons-Ies
La liberté, dit M. de Gerlache, est un don précieux
que nous tenons de Dieu, sans léquel tous lesaulres
j> ne sont rien et cju'il faut défendre tont prix, per-
sonne ne le sa'it mieux que nous. Et comment
conclut-il? C'est le frein religieux qu'il faut fortifier
avant lout, si l'on ne vent que la liberté dégénéré'
en licence et définitivement en servitude,