noine, couvert du masque de l'anonyme, va puiser a tout propos dans le vocabulaire nauséabond do la presse cléricale quelque article furibond, qu'il sert avec orgueil aux bienheureux lecleurs de la Gazette II est done bien vrai que pour arriver au décanat, au chanoinat ou a l'épiscopat, le prêtre d'aujourd'hui doit savoir semer la discorde entre ses concitoyens, diviser les families en inspirant a la femme et a la fille une profonde aversion pour les idéés de son mari ou de son père, prêcher le mépris et la haine des hommes les plus honorables dés qu'ils professent un amour sincère pour l'indépendance de leur pays, et défendre avec l'hypocrisie du Journal de Bruxelles, ou avec le cynisme du Monde ét de la Civilta Catto- lica les doctrines anli-sociales de rultramontanisme? Mais ce róle odieux est-il digne du veritable prêtre? Non, disait M. de Montpellier, dans son célèbre mandement du II février 4844. Oui, répond M. Brunon Vanhove. D'oü vient done chez les prêtres du même Christ cette diversité d'opinions sur une question aussi importante? Elle rèsulte uniquement, croyonS-nous, de la manière diverse de comprendre la doctrine même du Christ. Déja dés ie commence ment de l'Egiise il y eut de véritabes disciples, imi- tant l'lmuiilité du fils de l'homme, son mépris pour les richesses et les grandeurs du monde, donnant comme lui l'exemple de la charité qu'il enseignait aux autres. Gomme le maitre ils attiraient a eux les hommes par la douceur de leurs paroles, par la pureté de leur vie., par la sublimité de leur abnega tion. Exempts d'ambitions terrestes ils se souvenaient que le fils de Dieu, qui avail droit a toutes les cou- ronnes, ne porta jamais qu'une couronne d'ópines. Mais a cóté d'eux se trouvaient des disciples, trafi- quant de l'Evangile et du Christ au profit de leur ambition, de leur soif des richesses, et se servant des choses saintes et de leur caractère.sacré, tantöt comme d'un vöile pour couvrir leurs passions ambitieuses, tantót comme d'un moyen sCtr de satisfaire surabon- damment leurs désirs mondains. La majoritédu clergé beige se range résolument du,cóté des derniers. Voyez partout en Belgique nós prêtres catholiques, cour tiers électoraux ou légataires universels, et dites s'ils appartiennent a la véritable école du Christ, ou si pour adorer lè veau d'or ils ont abjuré en masse Ie Dieu de l'Evangile? Qu'ils s'appellent Samyn, Van hove, Debeyer oü Vandergothe, nous dénions les vertus évaögéliques a ces prêtres qui, en moins de deux ans, saVent diviser entr'eux tous les habitants d'une vitle; qui écrivent dans d'ignobles journaux des articles insultants ou calomnieux, qui répandeht de repoussants pamphlets intitules Hoe kult men Frederick ou autres. En présence de ces fails, pour lesquels l'épiscopat beige n'a que des éloges et des recompenses, ne serait-on pas portó a douter de la doctrine même du Christ, prêchée par de tels apó- tres? Quoiqu'il en soit, M. Brunon Vanhove éprouve aujourd'hui les ennuis d'un excès de zèle. II a écrit trop légèrement quelques mauvaises phrases dans la Gazette van Thielt. Car, après l'avoir fréquemmént rappelé a la logique, la loyauté dans la discussion, après lui avoir démontrè ses accointances avec un franc-rnagon, candidal blérical au Conseil communal de Routers, Karei de Brouckere donne au supérieur du Petit-Séminaire le charitable conseil que nous copions par respect pour Ie texte flamand a Hoort, eerweerde heer 'K heb u de opinie voor i) oogen geleid van eenen grooten kerkvoogd, nopens de politieke priesters. Tracht deze waerheden te mediteren peist wat meèr opzedelyke en wat min op wereldsche zaken. De politieke en de religie komen toch zoo slecht overeen 1 De priester die de menschen verzoent, in plaets van haét en twee- dragt te zaeijen, de arme troost, wiens leven aen zyne dagelyksche predicatie niet tegendrydig is, die noch wetens noch willens liegt, die voor 't lot van weesjes zorgt, eerweerde heer, die zynen naesten gelyk zich zeiven bemind om God, en nimmier ver- geet het word van Christus men ryk is van deze wereld nietdeze is de ware dienaer Gods, en dezen zullen de Jiberalpn ten allen tyde eerbiedigen en u hoogst aenprysen. Aenweerd, eerweerde heer, 'al de achting die gy verdient. Nous avpns publié ces jours derniers, une lettre par iaquelle M. Neut, rédacteur de la Patrie, de Bru ges, réciamait une somipe de deux cents francs pour payer le diner de quelques bons jeunes gens qui etaient venus, donner un coup de main aux frères et amis Ie jour des elections. Le correspondant de M. Neut transmettait a une tierce personne cette lettre avec cette observation flatteuse qui prouve non-seulement la noblesse du style clérical familier, mais aussi la touchante con- fiance qui règne entre les membres du partiQu'est- ce que c'est que cette carotte. Le Bien public revient sur cette affaire avec ses airs les plus poissards. D'après lui, cette annotation n'est qu'une PLAISANTERIE INOFFENSIVE qui ne peut atteindre en rien. I'honor abilité et le désintéresse- menl de if. Neut; uwe parole:échappée dans l'intimilé, sans aucune intention blessante. Ma foi I nous l'avouons sans peine, le Bien public est trés fort. M. le doyen de Bastogne est distancé de pluSietïrs longueurs, lui qui mettail sur lè compte de la distraction et de l'inadvertance le gigofque le car nivore Van Hoorde dévorait un jour de vendredi. Dorénavant dire de quelqu'un qu'il est un carottier sera considéré comme une plaisanterie inoffensive. Cette explication du Bien public nous remet fort involontairement en rnémoire les paroles de Jacques Latour, I'assassin de La Bastide. Ses sceurs étaient venues le voir après le verdict du jury Vous„.eroyez que je suis condamné a mort, leur dit-il? Vous croyez que je suis un assassin? Allons done! ne savez-vous pas que ce n'est qu'une PLAI SANTERIE 1 Dócidément les beaux esprits se rencontrent tou- jours. [Echo du Luxembourg.) On nous écrit do Poperinghe On nous signale un fait qui mérite les honneurs d'une insertion. Chose inouïe dans les fastes de la cité, foyer de lumière et d'intelligence, (lisez, de crétinisme), ou naquit Vancoppernolle, le bourgmestre de cette ville a donné la semaine dernière un banquet I Inutile d'ajouter que c'était un diner de remérciment, offert par ce magistrat distingue aux personnages qui se sont dévoués a sa cause politique, et lui ont permis d'occuper encore pendant quatre ans certain siége qu'il a iilustré par son mutisme proverbial. II a voulu reodre eet hommage a ceux qui, par des intrigues inavouables, ont contribué a son récent succès, et lui fournissent ainsi le moyen de continuer a palper le traitement qu'il inscrit, depuis 18 ans, au budget de soa ménage. Comme on s'en doute bien, la presque totalité des convives se composait d'individus en soutane. Au premier rang de ces superbes Pharisiens, bril- lait un homme superbe, dont l'obésité indiscrète trahit une vie austère et les pratiques rigoureuses du jeftne et de la pénitenced'aucuns prétendent cependant que ce savant, bien connu par son humilité chrè- tienne, mène de front les talents culinaires et les connaissances théologiques et archéologiques, et que le même gros sel, de cuisine dont il assaisonne ses mets, lui sert a saupoudrer ses. sermons clérieo- politiques comme aussi ses discours sclents ti— fiques. Au dessert, alors que les révérends avaient vidé le calice jusqu'a la lie, l'illustre hóte, après s'être re- cueilli quelques... heures, demanda la parole. Dans une chaleureuse improvisation,. méditée pendant huit jours, il porta la santé du Pape, de ce sage sou- verain, dont les bienheureux sujets jouissent d'un régime paternel que tout Beige devrait envier (sic). Jetant ensuite quelques fleurs.... de rhétorique avariée sur la tombe politique de son coréligionnaire M. Dechamps, il exprima le regret que les électeurs eussent fait prendre a ce dernier la clef des champs (il cultive le calembourg aussi bien que la carotte) au lieu de lui remettre celle du cabinet ministériel. II promit le concours effioace de sonvote a toutes les mesures qui tendraient a fixer la suprématie du pouvoir clérical, qui est de droit divin, sur le pouvoir civil, qui ne représente que l'émeute et ['anar chie. Ce magnifique discours, fréquemment interrompu par les applaudissements frénétiques de I'assemblóe, suscita un enthousiasme indescriptible. (Style Congrès de Malines). Debonheur, Pitje Pek se jeta dans les bras de Jet lui donna l'accolade fraternelle. (Ne pas confondre avec Ie baiser des petits-frères et autres j congréganistes). Lorsque le calme fut un peu rétabli, I'archéologue- gastronome proposa un toast au héros de la fête, a celui qui, depuis dix-huit ans, se dévoue avec un zèle infatigable aux intéréts du clergé, au pantin docile qui obóit avec une souplesse et une bonne grêpe sans égale aux mouvements que lui imprime la ficelle épiscopalepassant au reproche que les libé- ratres lui adressent de ne pas faire retentir plus souvent a Ia tribune les accents de sa male éloquence, il répond que Ie silence est bien souvent plus éloquent que les paroles et déclare a celui dont ti fait le pané- gyrique que, pourvu qu'il vote toujours dans le bon sens, il aura l'estime des fidèles, l'absolution de son confesseur et la clef du paradis. A ces mots notre héros ne se sent plus de joie, II ouvre une large bouche et s'écrie Vive le... D...» Ainsi finit la comédie... Ainsi finit ce festin qui laissera les meilleurs souvenirs parmi ceux qui ont eu l'honneur insigne d'y assister. Nous recevons la lettre suivante dont nous re- commandons la lecture Monsieur I'éditeur, Permettez-moi de venir vous demander l'insertion de ces quelques lignes, qui ont pour objet les plaisirs cynégétiques qu'un port d'armes est censé garantir a tous ceux qui ont trente-deux francs et quelques loisirs a leur consacrer. Muis dans l'état actuel des choses qu'arrive-t-il a ceux qui ont acheté a l'Etat le droit de tuer du gibier? Je parle ici du plus grand nombre, et non de cette infitne minorité qui, grace a leur fortune se créent des réserves giboyeuses a grand renfort de gardes particuiiers? Les chasseurs qui n'ont ni le goüt ni les moyens de leurs fortunés collègues, ont acquis le simple droit dé se promener mélancoliquement avec leur chien dans des champs annuellement dévastés par le bra- connage... Dans telle commune que nous pourrions citer, le perdreau et le lièvre sont aussi rares que le merle blanc. Ce résultat aussi fructueux pour les braconniers que désastreux pour les chasseurs, d'oü provient-il? De trois causes, dont la première est le perfectionne- ment des engins qui servent a prendre le gibier, le second l'associalion des braconniers entr'eux, et la dernière cause, Ia plus grave, l'abstention compléte- de la part des autorités compétentes faire sévir. contre les coupables par leurs agents. Dans beaucoup de communes des sociétés de bra conniers se sont formées pour la capture du gibier, Chez eux le coup de fusil classique, au lever ou au coucher du soleil, dans une compagnie de perdreaux qui picotent le grain, est abolic'est compromettant, paree que cela fait du bruit et est peu lucralif d'ail- leurs. lis ontmieux que cela, ilsont de grands filets, qui couvrent tout un champ, et avec lesquels des- compagnies entières de perdreaux se trouvent prises.. Ces filets sont employés par de solides gaillards (une douzaine au moins) experts dans leur art et armés non-seulement de gros batons, mais encore de pisto lets chargés a balie pour en faire usage contre ceux qui seraient assez mal avisés pour venir troubler leurs lucratifs exploits. On voit que l'audace vient avec 1'impunité. Aussi quelques nuits sufïïsent-elles pour dépeupler un village de ses perdreaux. II ne reste souvent que quelques couples, espoir chanceux de reproduction pour l'avenir. Quant aux lièvres, ils se prennent au lacet d'une manière tout aussi süre. Ce n'est qu'une question d'un peu plus de temps, alors surtout que le garde- champêtre et le gendarme qui devraient faire obser ver les prescriptions de la loi sur la chasse, ne le font pas. Et pourquoi au surplus se donneraient-ils ce sur- croit dé besogne quand ceux qui devraient leur en donner l'ordre ne le font pas et agissent comme si la loi était abrogée ou du moins suspendue en vertu de leur bon plaisir. Quand le contraire a lieu, c'est que le plus souvent le bourgmestre est chasseur. O dans ce cas, la loi n'est plus un mythe et le garde-champêtre devient le défenseur zèlé des plaisirs cynégétiques de son supé rieur. La surveillance de la chasse qui comporte un ser vice si actif de jour el parfois de nuit, n'est-elle pas un excellent préservatif en même temps contre les vols et les méfaits de toute nature qui se commettent, surtout pendant que les honnêtes gens sont au lit? Espérons que l'abus grave que nous signalons a l'opinion publique, par la voie de votre estimable journal ne durera pas toujours. Pour atteindre ce résultat désiré par tous les chas seurs victimes de l'état actuel des choses, et surtout pour que la légalité reprenne son empire la oü elle-, est méconnue, ne sufiirait-il pas d'une simple circu-

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L’Opinion (1863-1873) | 1864 | | pagina 2