soutenir avec l'appui des Mexicains, c'estchez nous, qui avóns connü Ie despotisme de l'étranger, qu'il vient chercher des soldats pour vaincre la résistance qu'il rencontre. Lui donnerons-nous, lui refuserons- nous les soldats qu'il demande? telle est la question et, nous Ie disons avec une conviclion profonde, ja mais question plus redoutable et plus nationale n'a élé soulevée dans notre jeune patrie. Profanation des einietières. Dans une commune des environs d'Ypres, un curé, tant soit peu né avec une briquedans l'estomac, avait fait beaucoup de travaux, la plupart inutiles, dans l'église de sa paroisse. Ces travaux devaient être payés et la fabrique était sons le sou. Que faire? Recourir a la commune a laquelle la loi enjoint de fournir des supplements lorsque les fabriques ne peu- vent subvenir aux dépenses faites. Oh non, on ne Ie pouvait pas. Le Conseil communal aurait examiné de prés l'opportunite des travaux certains de ses mem bres auraient probablement critiqué la mauvaise gestion des affaires de la fabrique, et blamé énergi- quement une administration qui abandonnait tous ses pouvoirs aux caprices d'undesservant. II y aurait eu du scandale; ce qu'on devait éviter. Notre curé, habile en expédients, comme un curé peut l'être se dit a part lui II y a dans le cimetière des croix sur les tombes et des pierres sé- pulcrales. Ces signes de douleur sont au nombre d'une centaine. Si je pouvais les soumettre a une imposition annuellede 5 francs, cela ferait 500 francs par an dans ma poche, je me trompe, dans la bourse de la fabrique. L'idéeest bonne et bien trou- vée! Oui, faisons ca; assemblons le conseil de fa brique disons-lui que nous désirons, que nous sou- haitons, c'est-a-dire que nous voulons qu'un droit ou impöt soit percu, au profit de la fabrique, sur les croix et aulres signes tumulaires; et mon bon et brave conseil votera l'impót, le receveur percevra les deniers et je pourrai payer les travaux fails etceux qu'il me plaira de faire. Ainsi dit, ainsi fait. Le desservant assemble Ie con seil de fabrique et celui-ci vote un règlement impo sant lout signe tumulaire d'une contribution annuelle de 5 francs. Cet impót était itlégal. D'abordlè conseil de fabrique h'a pas de par la loi mission pour faire pareil règle- taent; ensuite, les revenus extraordinaires du cime tière reviennent a la commune. Mais le clergé s'arrête-t-il a de pareilles considéra- tions quand il s'agit de graisser un gousset? Le règlement illégal voté, il fallait le mettre a éxé- cution. Le fossoyeur dressa une liste de toutes les Croix et se rendit dans les families que la pieuse fné- rooirè de leurs parents défunts avait portées a hono- rer leurs tombes des signes de leur douleur. Le croque-mort, créalure de mauvais augure, exi- geait l'impót sous la menace, en cas de refus, de dé- pouiller les sépultures de leurs ornements funéraires et de faire disparaitre les croix et pierres tumulaires. La conscience publique s'indigna de pareils pro cédés, elle y vit une profanation du culte des morts qu'elle a de tout temps considéré comme un senti ment moral et religieux et tout le monde se refusa a payer un impót injuste exigé sous la menace d'aller violer les sepultures. Pendant quelques années le conseil de fabrique, nous allions dire le curé, n'osa mettre ses me naces a exéculion. II recula devant l'indignation des paroissiens. Plus tard cèpendant, le besoin d'argent se fesant de plus en plus sentir, on marcha résolument en avant. Le fossoyeur alla faire de nouvelles menaces il recut de nouveaux refus. Le lendemain de sa tournée, le cimetière de la Io- calité présentait un afïligeant spectacle les tombes étaient dépouillées de leurs ornementsle sol était jonché de planches et de troncons de croix. Les sépultures avaient éte nuitamment profanées par une main criminelle et sacrilége. Dans la commune on désignait les coupables, cha- cun les connait. Tout le monde sait qu'ils touchent de prés a ces fanatiques qui ontjetéa la voirie les cendres de Rous seau et de Voltaire. Mais il y a entre eux eette différenee c'est que ceux-ci agissaient par haine, tandis que ceux-la n'ont pour toute excuse que leur soif des richesses, leur «upidilé. Non longlemps après l'accomplisseraent de cette ignoble action, deux personnes parcouraient la pa roisse, demandant des signatures pour la pétition contre la profanation des cimelières par le pouvoir civil. Ces deux personnes étaient les coupables dési— gnés. lis allaient, sans rougir, de maison en maison.... Certains hommes osent lout faire. lis profanent le cimetière et crient a Ia profanation. Cléricaux, ils sont des vötres, ces audacieux qui ont brisé les croix, détruit les pierres tumulaires et troublé le repos des morts. Criez tant que vous voudrez a la profanation, nous opposons a vos criailleries les failsque nous publions et dont nous garatitissons l'authenticité. Dans chacune de nos.grandes villes, comme dans les plus humbles villages, l'étranger, visitant la Bel- gique, apercoit des èglises paroissiales nouvellement construites, agrandies ou restaurées. S'il demande qui a pourvu a ces dépenses, la ré- ponse n'est pas difficile. C'est a l'aide de subsides ac- cordés par le gouvernement libéral, que les feuilles vénales d'un parti de factieux ne cessent de représen- ter comme l'ennemi de noire religion c'est a l'aide de ces subsides que cette églisea été restaurée, agran- die ou construite. De quoi se plaignent done ces feuilles? demandera Ie voyageur. Oh vous ne connaissez pas leurs noirs desseins; vous ignorez qu'ils veulent ressusciter un passé impossible; et, pour parvenira leur but funeste, elles sèment la zizanie partoutelles mentent, el les calomnient sanscesse; elles sacrifieront tout, Patrie, Liberté, Constitutionelles compromettront la reli gion même, pourvu que leur ambition soit satisfaite. Mais suivons notre voyageur. Quelques pas plus loin, il rencontrera une autre église, souvent plus somptueuse, plus resplendissante que l'église paroissiale,et, cóté de cette autre église, une splendide maison, avec un vaste et beau jar- din. Si la curiosité pousse ce voyageur a demander par qui, avec l'argent de qui ces églises ont été bèties, meublées, sont entretenues, par qui, avec l'argent de qui ces maisons ont étéachetées, la réponse tantót si facile, devient impossible. Personne n'en sait rien 1 S'il demande quelle est cette église; qui habite cette maison? On lui répondra c'est l'église desjé- suites, c'est Ia maison des jésuites; c'est l'église des dominicains, c'est la maison des dominicains; c'est l'église des carmes, c'est la maison des carmes; c'est l'église des récollets, c'est la maison des récollets. Ces jésuites tiennent une école payante; maris on n'a qu'a voir la position des instituteurs pour se con- vaincre que les bénéfices qu'elle peut donner suffi- raient a peine pour les nourrir. Et, cependant, ils achètent, ils s'arrondissent, ils bótissent comme des millionnaires. Ces récollets, ces carmes, ces dominicains n'exer- cent aucune industrie et ne se livrent a aucun travail manuel. La vie se passe a dire des messes, a prècher des sermons, a chanter des litanies, occupations très- pieuses sansdoute, mais peu lucratives,et, cependant, ne gagnant pas même leur pain quotidien, tout comme les jésuites, ils ont pignon sur rue, ils achètent des hótels sur leurs économies. Jamais ni l'Etat, ni la province, ni la commune n'ont donné uri centime a ces pères. Jamais un particulier n'en a nommé un dans sen testament. La source de leurs richesses est un mystère. La seule chose qu'on sache, c'est qu'a la mort d'une per sonne dévote, ses héritiers ont constaté avec stupé- faction que ses biens imrnobiliers elaient vendus de- puis quelque temps, et que le prix ne s'en retrouve nulle part. C'est qu'un millionnaire, qui laisse des parents pauvres, a léguè toute sa fortune a quelqu'un qu'il connaissait a peine, qu'il n'avait jamais vu. C'est que lelie jeune fille, entrée riche dans les or- dres, est morte sans laisser une obole N'est-ce pas a ce mystère de la multiplication des couvents,de l'aecroissement rapidede leurs richesses, et non pas a un sentiment d'hostilité contre la reli gion, qu'il Caut attnbuer t'antipathie qu'ils inspirent aux populations? L'opinion constate que ces capta tions d'hériiage ne sont pas des fictions, comme quel- ques-uns se plaisent a le dire, mais de la rèalilé, de l'histoire de tous les jours. L'opinion publique cons tate que les héritages sont détournés de leur cours naturel, par une influence cachée, insaisissable, que cette influence pèse comme un cauchemar sur la so- ciété tout entière. Elle s'effraie juste litre de ces fraudes pieuses, que la justice semble impuissanleh alteindre, dont le danger plane constamment sur les families. Elle s'effraie de ces propriétaires qui s'enrichissent constamment sans travailler et méme sans hériter. Elle s'effr ie, lorsqu'elle entend M. de Gerlache, le président du Congrès de Malines, s'écrier II nous faut des couventsl Elle s'effraie, lorsqu'elle Voit un parti impudent et factieux s'évertuer a faire renaitre un passé, un moyen Age, avec toutes ses misères, tout sou abru- tissement, foute son omnipotence sur la classe des travailleurs, Aussi est-ce avec raison que tous les esprits sé- rieux, et amis de la patrie et de la liberté, compren- nent que l'avénement du régime clerical serait un véritable danger pour le pays. Rétablir les couvents.introduire les iésuites,les igno ranties, partout dans Ie domaine de l'instruction pu blique, favoriser les couvents par tous les moyens dont dispose un pouvoir peu scrupuleux, telle est fa- talement la mission première du parti clérical. C'est ce que l'opinion publique comprend distinc- temenl. Dans un article publié dans le Sièclesur le vo lume des harangues de M. Bancel article dü la plumede M. Taxile Delord, nous trouvons les li- gnes suivantes, qui font trop d'honneur a notre pays pour que nous ne nous empressions pas de les repro duce II n'est pas de pays, dit M. Delord oü les réfu giés francais se sentirent moins refugiés qu'en Bel- gique. C'est la que MM. Deschanel et Madier de Mont- jau ont fait ces cours qui ont attiré tant d'auditeurs et dont le succès a franchi la frontière. Nos voisins aiment Ia parole. Ces conférences, que l'on voit sur- gir sur tous les points de Paris, c'est de la Belgique qu'elles viennent en droite ligne. La Belgique n'est pas seulement hospitalière, elle est intelligente, elle aime les lettres, elle leur donnele meilleur encouragement qu'elle puisse rece- voir, la Liberté. L'Etat, les villes, les particuliers, font assaut d'émulation pour fonder des établissements scientifiqueset littéraires: universités ollioielles, uni- versités fibres, cercles, conférences, les moyens des truction sont a la portée de tous dans ce pays, oh I'art de la parole est si fort en honneur. M. Bancel ne pouvait pas être un inconnu: on Ie chargea, a l'uni- versité de Bruxelles, de lectures pubüques destinées a réveiller le goüt de la littèralure francaise du dix- septième et du dix-huitième siècle. Grace a la bien- veillance du public, aux encouragements du recteur, M. Tielemans, gróce surtout aux vieilles franchises communales consacrées par la Constitution beige, et qui sont la racine de tout droit civil et politique, ces lectures se transformèrent peu a peu en conférences; le professeur succéda au lecteur, el le discours per sonnel au commentaire. Que dirait M. Delord s'il connaissait la conduite de l'administration communale d'Ypres? Yille d'Ypres. Coïsbu Covsiiskl. Séance du 21 Sep- tembre 1861. Présents MM. Beke, bourgmestreP. Bourgois et L. Merghelynck, échevins T. Vandenboogaerde, G. Vandebroucke, E. CardinaelA. Deghelcke, P. Boedt, C. Becuwe, C. Lannoy, L. Yanalleynes L. Vanheule, A. Beaucourt, A. Brunfaut, conseillers, et J. Decodt, secrétaire. Absent F. Messiaen. La séance s'ouvre a 4 heures précises, sous la pré- sidence de M. Beke. M. le secrétaire donne lecture du procés-verbal de la dernière séance. Cette lecture est faite au galop et il nous surprendrait qu'un seul des membres de l'assemblée y comprit quelque chose. Néanmoins aucune observation n'a été faite et la rédaction du procés-verbal a été approuvée. Avant de passer a l'ordre du jour, M. Lannoy de mande a soumettre au Conseil une proposition ten- dante a abolir la taxation du pain. Suivant l'hono- rable conseiller, la boulangerie doit jouir de toute la liberté accordée aux autres branches du commerce; la soumettre a des régies extraordinaires, c'est créer une source d'abus et offenser la liberté. Le boulan- ger, pas plus que l'épicier, ne doit avoir sa mar-

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L’Opinion (1863-1873) | 1864 | | pagina 2