chandise taxèe. M. Lannoy, dont nous louons la gé- néreuse initiative, propose au Gonseil de développer sa proposition dans la prochaine seance. Gette proposition sera renvoyée a une commis sion, M. Vandebroucke combat les idéés de M. Lannoy. II repousse l'abolition de la taxe parce que Ie nou veau reglement sur la taxation du pain existe depuis trés-peu de temps. La mesure proposée est préma- turée. L'honorable conseiller se garde bien d'alléguer aucune preuve. Suivant M. Brunfaut, la mesure soutenue par M. Lannoy est inutile; personne ne se plaint de I'abus auquel on veut porter remède, done personne ne souffre. M. l'échevin Merghelynck demande Ie développe- ment de la proposition. M. Ie président prie M. Lannoy de développer sa proposition, a la réunion de la commission. Celui-ci accepte. Sont a l'ordre du jour 1° Communication de pièces. A. Projet de changement a opérer a la maison des aliénés. Cette maison est devenue trop exiguë. Batie pour 145 pensionnaires, elle en a actuellement 150 et ce nombre tend a augmenter. Sur ce nombre de pen sionnaires, seulement vingt appartiennent h la ville. II est done constaté que eet établissement est plus que suffisanl pour la ville d'Ypres. Les changements a introduire sontexigès par les nombreux étrangers qui viennent s'y faire traiter. II n'est ni juste, ni convenable que la ville supporte les dépenses de- mandées. M. le conseiller Yanheule fait observer que M. le directeur a intérêt a avoir son établissement comble. Plus il a de pensionnaires, plus ses bénéfices sont importants. II serait temps, pense-t-il, de modifier le reglement de la maison de santé. C'est pourquoi il propose de joindre au dossier qui sera renvoyè a la 1,e commission, le règlement actuellement en vi- gueur. Gette proposition est admise. B. Lettre de l'éditeur de VHistoire de la ville d'Yprespar Warnkoning, traduit de I'allemand par Gheldof. Chaque exemplaire coCitera 5 francs. Le Collége a souscrit pour 50 exemplaires. C. Compte de l'Académie. Renvoi a la première commission. M. le bourgmestre demande ensuite l'urgence pour autoriser le bureau de bienfaisance a emprunter a la commune de Vlamertinghe une somme de 6,000 fr. L'urgence est acceptée et le bureau de oienfaisance autorisé. 2° Arrëter les conditions du bail pour I'occupation du terrain destine a I'usine du sieur Lapierre (Henri). La location du terrain est faile pour un terme de 50 ans, au loyer annuel de 190 francs. Le sieur Lapierre doit conserver un chemin d'ex- ploitation le long des fosses et il lui est défendu de planter en quelque partie que ce soit du terrain loué. 3° Plan de nouveaux trottoirs a construire dans le prolongement de la rue au Beurre, depuis la rue du Temple jusqu'a la porte de la Station. Le College propose d'accepter ce travail parce que 1'hiver approche et que la rue du Temple est tres- défectueuse. Ce plan est approuvé. La séance du Conseil est levée a 5 heures. Bibliographie. La publication de l'ceuvre si importante de M. King- lake, 1'Invasion de la Crimée, vient d'être terminée; le troisième et dernier volume a étó mis en vente par MM. Lacroix, Verboeckhoven et C*, libraires-éditeurs Bruxellesce volume contient l'histoire des origines de la guerre de Crimée, parmi lesquelles figure le coup-d'Etat du Deux-Décembre, car sans eet événe ment déplorable, la question de la paix ou de la guerre et par conséquent de la tranquillité et de la sécurité de l'Europe n'aurait pas été a la discrétion d'une poignée d'hommes, qui ont substitué leur in térêt personnel a celui de la France, et pris le premier pour seul mobile de leur conduite politique. II était done de toute utililé ou de toute nécessité, pour l'au- teur de 1 'Invasion de la Crimée, de bien préciser les événements qui occasionnèrent la conflagration qu'il raconte, afin d'éludier a fond et de faire connaltre le caractère et le mobile des hommes qui les monopo- lisent, pour bien pouvoir en juger toute la portée. Aussi M. Kinglake se montre-t-il habile analyste. Aucunes des causes, aucuns des détails des événe ments qu'il étudie ne lui échappent, il trouve dans toutes les actions de sesliéros et dans leurs paroles des données certaines, qui lui font déterminer d'une manière précise leur caractère, leurs inclinations, leurs besoins et expliqueut loute leur conduite. Louis-Napoléon Bonaparte est surtout savamment disséqué sous son scalpelle héros de Strasbourg, de Boulogne et du Deux-Décembre est mis a nu par lui, il le inontre dans toute sa réalité. Yoici le portrait qu'il en fait Louis Bonaparte avait ouvertement révélé l'am- bition que le hasard de sa naissance avait pour i> ainsi dire fait éclore tout naturellement, il avait réussi comtne le premier Brutus a passer pour un 8 homme d'une intelligence étroile. En France comme en Angleterre, on le regardait générale- ment comtne un être borné. Lorsqu'ii parlait, ses idees découlaient avec lenteur et avec peine, ses traits étaient impénétrables. Les écrits que son a esprit conlemplatif avait produits, après des an- nées d'études solitaires, n'avaient guère éclairé le monde. Même les tentatives étranges dans les- quelles il s'était engagé ne lui avaient pas valu l'intérêt qui d'habitude s'attache aux enlreprises avenlureuses Une étude longue et continue du caractère du premier Napoléon, l'avait amené acontracter l'ha- bitude impériale de regarder le peuple francais de haut, et de traiter la puissante nation comme une substance qu'il appartenait a une autre cervelle v d'analyser et de contróler. Vraiment, durant son emprisonnement et son exil, les relations entre lui et la France de ses expé- riences, étaient a peu de chose prés, celles qui s existent entre l'anatomisle et le cadavre. II faisait son cours sur le sujet, il en disséquait les fibres il en expliquait les fonctions; il montrait avec quelle x belle harmonie la nature, dans sa sagesse infinie, l'avait adapté au service des Bonaparte; il expli- quait comment sans les soins paternels de ces mêmes Bonaparte, la pauvre créature était deslinée v a s'abatardir et a disparaitre graduellement de ce x monde. En réalité, c'est le caractère repoussant de la science qu'il cultivait qui pendant tant d'années avait jetè un voile épais sur son talentbien des s hommes avant lui s'étaient laissé aller a faire de la politique astucieuse. Un plus grand nombre tra il vaiHant dans les spheres plus humbles, avaient employé l'artifice et la ruse dans les combats qui se livrent devant les cours de justice. Mais aucun homme de notre temps, si ce n'est le prince Louis Bonaparte, n'avait passé les heures d'une jeunesse studieuse, et la fleur de l'êge viril, a combiner les moyens d'appliquer le stratagème a la science de x la jurisprudence. Peut-être n'est-ce pas par suite d'une bassesse originelle que son ame prit ce pli. a Le penchant a rester assis pendant des heures entières pour {'acquisition de l'objfet de sa convoi- x tise, ce penchant était dans sa naturemais d ^inclination de travailler a faire de la loi un agent de déception n'était pas forcément dans son sang. Neanmoins il la lenait de sa familie; il aurait pu, il est vrai, rejeter les suggestions dues au hasard de sa naissance et se décider a rester simple ci- toyen. Mais une fois résolu a paraitre sur la scène comme pretendant au tróne impérial, il devait trouver les moyens de poser sans résistance au beau milieu de ce siècle, le rude joug des Bonaparte de 1804, sur les épaules de la France. Or, la France étant une nation européenne et le joug étant en réalité de la nature de ceux que les Tartares in- s ventent pour les Ghinois, il s'ensuivait qu'on ne s pouvait l'adapter qu'au moyen de la fourberie. Altendre du prince Louis qu'il se montrêt loyal x envers la France, sans renoncer en même temps ses prétentions, serait aussi inconséquent que de déclarer que l'héritier du dernier Perkin pour- rait entreprendre de faire revivre les gloires de la maison Warbeck, tout en s'abstenant de l'impos- ture. d Pendant des années le prince suivit cette étrange vocation et quand ses études furent terminées il a était devenu très-adroit; longtemps avant de pou- s voir appliquer sa science tortueuse, il avait appris a rédiger une Constitution qui paraitrait décréter x une chose et en fait en donnerait une autre; il b s'entendait a mettre le mot jury b dans des lois qui volaient aux hommes leur liberté, il était versé dans l'art de tendre Ie piége qu'il appelait suf- b frage universel. II savait comment on étrangle d une nation dans l'ombre de la nuit avec un instru- ment nommé plébiscite b De même qu'un homme indolent devient adroit quand il s'agit d'excuser ses retards, de même le b prince Louis avait si souvent hésité entre Ia droite a et Ia gauche qu'il avait atteint une habileté extraor- dinaire a combiner, non-seulement des phrases i) ambiguës, mais aussi des desseins équivoques. En partie par suite des habitudes contraotées b dans les sociétés secrètes des Carbonari italiens, en partie par suite des longues annees passées dans les prisons, en grande partie aussi d'après ce qu'il a dit par suite de ses relations avec les hommes du i> Twr/'anglais, remarquables par leur sang-froid et leur aplomb. II avait appris a se taire, mais il 8 n'était pas par sa nature un homme réservé. Vis- a-vis des étrangers et surtout vis-a-vis des Anglais, a il se montrait généralement plein de franchise. Avec les Francais il était retiré et se tenait sur ses b gardes, d'après le principe qui pousse le chasseur a garder le silence quand il guette les cerfs et les 8 perdrix. Sans nul doute, il savait dissimuler et s dissimuler longtemps, mais probablement la fa- culté de cacher ses intentions était servie par la 8 circonstance, que fort souvent son jugement était a réellement en suspens et qu'il n'avait pas de se- 8 cret a dévoiler son penchant pour les masques et les déguisements venait de la manie théêtrale qui r lui était propre. II est certain que le mystère dont il aimait a s'envelopper avait souvent pour but de 8 de causer une surprise mélodramatique. b On croit que ceux qui parient de lui, comme b d'un homme dépourvu de toute idéé sur la nature b de la vérite, sont injustes. II comprenait la vérité a et dans la conversation il la préférait au mensonge. b Mais sa véracité, quoiqu'elle n'ait souvent pas ce a but, devenait un moyen de déception, car après a avoir fait naitre la confiance, elle s'évanouissait a subilement sous I'impulsion d'un motif puissant. II pouvait conserver des relations amicales avec s un homme et lui parler en toute franchise et en b toute sincérité pendant sept ans, et néanmoins il 8 le trompait a l'improviste. Geux qui se trouvaient 8 attrapés par ce semblant d'honnêteté, étaient na- turollement portés croire que toute apparence b d'uue bonne qualité était un masque. Mais il est 8 plus conforme aux principes de Ia nature humaine 8 d'admettre qu'une véracité qui se maintient pen- 8 daut des années est un reste de vertu plutót qu'une préparation au mensonge. Sa nature indécise et o hésitante lui aidait a cacher ses penséeson se 8 fatiguait tellement de poursuivre les oscillations de 8 son esprit, que les soupcons finissaient par s'en- 8 dormir, ensuite quand il s'apercevait que le public s'ennuyait de prédire qu'il allait faire quelque b chose, il sedérobait sans bruit et le faisait. 8 II aimait a combiner et a couver des complots et il était très-versé dans l'art de faire des arrange- 8 ments préparatoires pour mürir ses desseins, mais 8 ses labeurs tendaient a l'entrainer dans des scènes 8 pour lesquelles la nature l'avait peu formé, car de 8 même que le commun des hommes, il n'avait pas a 8 sa disposition Ia présence d'esprit et l'excitation 8 animale qui sont requises dans les moments cri- 8 tiques des aventures audacieuses; bref, c'était un o homme pensif et littéraire, qui s'imposait de propos b dèlibérè la tache de suivre une route désespèrée et 8 qui s'y avancait même assez loin, mais il était re- tenu a l'heure de l'épreuve decisive par le retour subit et calmant de tout bon sens. 8 Soit comme étude, soit par curiosité, sinon 8 pour trouver un guide, il était habitué a écouter b parfois la voix de sa conscienceil est certain, dans tous les cas, que la plume a la main et lors- b qu'il avait le temps de se preparer, il savait assez 8 convenablement imiter le langage scrupuleux d'un b homme d'honneur. Telle est en résumé l'analyse que fait M. de King lake du caractère de Louis-Napoléon Bonaparte et nous le croyons assez fidéle. On peut juger par eet exentple du caractère particulier de l'ceuvre dont nous parions, de son cachet remarquable d'origina- lité qui lui donne un grand mérite. De tous les au teurs qui jusqu'a ce jour se sont occupés de la per- sonnalitè du héros du Deux-Decembre, M. Kinglake est certainemenl celui qui l'a fait avec Ie plus d'étude,

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L’Opinion (1863-1873) | 1864 | | pagina 3