JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, Dimanche
Deuxième année. N° 45.
6 Novembre 1864.
Les Comités cantonaux.
PARAISSANT LE DIMANCHE DE CHAQUE SEMAINE.
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Itévlsion du Reglement de ('Association
electorale d'Ypres.
VI.
A cóté des associations donl il décrètait l'établisse-
ment dans tous les chefs-lieux d'arrondissement du
royaume, Ie Congres libéral avail reconnu la nécessité
d'organiser, dans les differents cantons de chaque
arrondissement, des comités libèraux chargés de cor
responds avec l'associalion-mère. L'article 2, I"
du plan de confedération génerale adoplé par cette
assemblée porte a Dans tout chef-lieu de canton il
sera, par les soins de la commission administrative
a de la socièté d'arrondissement, établi un comité
électoral qui corresponds avec la commission
administrative de celle société, et dans lequel les
communes du canton seront suffisainment repré-
sentées.
A l'époque oü le Congrès libéral formulait cette
prescription, l'organisation des comités cantonaux
présentait des difficultés sérieuses que beaucoup dis
sociations considérèrent même comme insurmonta-
bles. A Ypres, l'Associa/ion electorale se borna a dé-
clarer, dans l'article 4 de son règlement, que son
comité, composé de 21 membres, pourrait étre porté
a 27, en leur adjoignant six membres choisis dans les
cantons ruraux de l'arrondissement.
Nous voulons croire et nous croyons très-sincère-
ment que si notre association ne donna pas, sous ce
rapport, plus ample sastisfaction au voeu exprimé par
le Congrès libéral, c'est que ses efforts pourconsti-
tuer des comités cantonaux rencontrèrent, dans les
préventions et les préjugés que les campagnes nour-
rissaient alors contre l'opinion libérale, une résistance
difficile et peut-être impossible a vaincre. En 1846,
il fallait, dans les villages surtout, une certaine dose
de courage pour s'avouer libéral et nous comprenons
sans peine qu'a l'idee d'enirer en lutte avec les pré
jugés qui pesaient sur le libéralisme, un grand nombre
de nos amis des campagnes ait décliné le périlleux
honneur de faire partie des comités cantonaux. Qu'en
présence d'un semblable état de choses, qu'il n'était
pas en son pouvoir de modifier instantanément,
l'association électorale d'Ypres n'ait pas trouvé mieux
a faire que d'adjoindre a son comité un certain nom
bre de libéraux résolus, choisis dans les cantons
ruraux de l'arrondissement, nul ne peut songer a lui
en faire un reproche et, quant a nous, telle n'esl point
notre intention. Mais si nous savons tenir compte des
difficultés qui s'opposèrent, a cette époque, a l'orga-
nisatiou de comités libéraux dans les campagnes, nous
n'en sommes pas moins convaincus que ces difficultés
ont disparu depuis et que le moment est venu d'orga
niser fortement ces comités, que Ie Congrès libéral
recommandait, a juste titre, comme un de nos plus
puissants moyens d'action. Nous pouvons le dire avec
quelque fierte, car ce progrès est notre oeuvre, le
temps n'est plus oü les populations rurales nous con-
sidéraient comme une sorte de pestiférès dont il fallait
se tenir eloignés le plus possible l'opinion libérale,
depuis dix-huit ans, a donné des preuves de patrio-
lisme, d'honnêtetè et de modèration qui ont fini par
déraciner, en grande partie du moins, les préjugés
qu'un clergé avide de pouvoir entretenait contre elle
dans les campagnes. Le titre de libéral ne fait plus
honte aujourd'hui, ou en est fier, au village comme
dans la ville. Sans doute, il nous reste, sous ce rap
port, bien des progrès a réaliser; malgré tout ce que
nous avons pu dire et faire, beaucoup de bonnes
gens continuent a nous regarder comme des croque-
milaines, comme des ennemis de la religion et des
fauteurs de désordre; mais il n'en est pas moins con
stant que ce sot préjugé perd chaque jour du terrain
et que lacrainle de s'exposer a l'animadversion publi-
que n'est plus, dans les chefs-lieux de canton, un
obstacle a l'organisation des comités prèconisès par
le Congrès libéral.
Supposons ces comités organisés dans chacun des
cantons de ('arrondissement d'Ypres. Quel puissant
instrument de progrès libéral I quelle arme redou-
table dans les temps d'élections! Tantót nous appe-
lions la presse notre secours pour faire justice des
accusationsdont le clergé des campagnes nous ar -ah'.-;
nous demandions la création d'un journal dcsiine a
éclairer les populations rurales sur les verilables
doctrines du libéralisme mais combien eet enseigne-
ment sera plus puissant sur leur esprit, s'il trouve
en quelque sorte sa caution dans l'honorabilité de
quelques hommes hautement dévoués a l'opinion li
bérale et dont l'honnêteté commande le respect
tons 1 Nous aurons beau attester dans notre journal
que nous ne sommes pas des ennemis de la reli
gion, que le libéralisme n'est pas une doctrine reli-
gieuse, nous ne ferons que très-difficilement pé-
netrer cette conviction chez nos paysans, obsédés,
circonvenus de longue main par les calomnies du
prêtre. Mais, qu'a l'appui de ces protestations, nous
leur montrions, dans leurs villages mêmes, habitant
au milieu d'eux, des libéraux, des membres d'un co
mité libéral, bons catholiques, remplissant tous leurs
devoirs religieux et, néanmoins, adversaires déc'.a-
rés du cléricalisme, il est certain que l'enseigne-
ment du journal s'en trouvera puissamment for-
tifié et que nous aurons porté un coup terrible a celui
du prêtre. Qu'ils apprennent done, ces paysans, non
pas seulement par les gazettes, dont ils se défient,
mais par eux-mêmes, par l'effort de leur propre rai-
sonnement, qu'on peut être a la fois bon cathotique
et ennemi des prétentions cléricales. C'en sera fait
de la puissance politique du clergé dans les cam
pagnes le jour oü elles seront convaincues de cette
vérité, qui nous semble évidente, a nous, et dont
l'obscurissement est cependant la principale source
des defiances que les paysans nourrissent contre
l'opinion libérale.
L'organisation des comités cantonaux n'est pas
seulement dèsirable au point de vue de la propagande
des idéés libéraleselle rendrait, en temps d'élections,
des services considérables, sur lesquels il est inutile
d'insister, tellement ils sautent aux yeux de quiconque
a pris une part un peu active aux luttes éleclorales.
Qui ne comprend, en effet, qu'avec des comités fonc-
tionnant dans tous les chefs-lieux de canton, choisis
parmi les hommes les plus estimés dans les cam
pagnes, l'association centrale acquerrait promptement
une influence infiniment supérieure a celle dont elle
jouit actuellement 1
II serait superflu de nous étendre plus longuement
sur ce sujet. L'expérience, partout oü elle a été ten-
tée, a dèrnontré la haute utilité des comités cantonaux
et nous ne doutons pas que notre association ne s'em-
presse d'en tirer profit pour elle-même en réalisant,
sur ce point comme sur tous les autres, le voeu si
énergiquement exprimé par Ie Congrès libéral de
1846.
Comme complément aux considérations que nous
avons fait valoir, dans notre dernier numéro, en fa
veur de la création d'un journal a distribuer graluite-
ment dans les campagnes, nous publions ci-dessous
les résolutions prises par le Congrès de Malines, en ce
qui concerne l'organisation de la presse cléricale.
Voici ces résolutions.
L'assemblée générale des catholiques estime
1° Qu'il est indispensable de recourir aux moyens
de publicité les plus larges, en créant des journaux,
des revues, ou en les soutenant la oü ils existent, et
en propageant les bonnes publications partout oü le
besoin s'en fait sentir
2" Qu'il convient de fonder en Belgique, avec
l'aide et le concours des catholiques de toutes les na-
tionalites, un organe international des intéréts catho
liques qui fasse concurrence aux feuilles anti-catholi-
ques les plus répandues a l'étranger, ou tout au moins
de charger de cette mission un ou plusieurs des jour
naux existants, en recourant aux moyens nécessaires
pour les faire connaltre et circuler dans les divers
pays;
i) 3° Que tout journal catholique doit offrir de la
première page a la dernière, un tout complet, un en
semble de doctrines homogènes, et qu'il importe d'en
exclure, même sous forme d'annonces, tout ce qui
pourrait blesser les sentiments moraux et religieux
de ses lecteurs
d 4° Que les prix d'abonnement doivent être fixés
de manière a faire pénétrer les bons journaux dans
toutes les classes de la société, et particulièrement
dans les lieux de réunion, les sociétès, les cafés, les
estaminets, etc. Qu'tl importe, subsidiairement, de
créer des feuilles et autres publications qui soient dis-
tribuées gratuitement, Ié oü il n'y aurait pas d'au-
tres moyens de leur procurer des lecteurs, et qu'il
faut recourir a toutes les combinaisons de colportage,
la vente dans les lieux publics et les stations des che-
mins de fer, etc., pour activer leur circulation.
5° Qu'il est du devoir des catholiques de contri-
buer de tous leurs efforts, moralement et pécunière-
ment, a la création, au soutien et a la diffusion des
journaux et des publications dont il s'agit, et de s'ab-
stenir d'encourager, même indirectement par leurs
abonnements, la presse anti-catholique.
N'est-il pas vrai qu'alors que nos adversaires atta-
chent tant de prix a une forte organisation de leur