presse et se disposent a faire tant de sacrifices pour la mettre a la hauteur de la mission qu'ils luirecon- naissent, Ie parti liberal serait coupable envers lui- même et mériterait tous les désastres s'il tardait plus longtemps a s'em purer de ce puissant levier de la presse qui doit arracher les campagnes a la domina tion du clergé Le discours du Tróne. Nous n'aurons pas de discours du Tróne. Les journaux ministériels constatent que cette nouvelle a été accueillie par toute la presse libérale avec un sentiment d'allégresjse inexprimable. Dussions-n-ous troubler la satisfaction que cette prétendue unani- mité de la presse libérale cause aux journaux minis tériels, nous nous voyons bien obligés de leur faire observer qu'ils se hé tent extrêmement a prejuger ainsi les dispositions favorables de leurs confrères de la presse libérale indcpendante. La nouvelle dont nous sommes censés nous réjouir si fort, n'est connue officiellement que depuis très-peu de jours el hormis deux ou trois journaux plus ou moins attachés a la glèbe minislérielle, tous les autres se sont abstenus, jusqu'a présent, d'en dire leur avis. Pour ce qui nous concerne, sans prétendre faire un crime au ministère de sa resolution, nous ne pouvons nous empêcher d'avouer qu'elle nous a causé une fócheuse impression et que nous l'aurions vu avec plaisir ouvrir la session prochaine par une nouvelle et écla tante déclaration de ses principes politiques. Cela nous paraissait surtout nécessaire comrne réponse au programme de M. Dechamps et a celui du dernier Congrès de Malines. On nous fait remarquer, il est est vrai, que les principes politiques du ministère sont connus, qu'il les a exposés, sinon appliqués, daus une foule de circonstances et notamment dans Tavant-dernier discours de la ceuronne; mais on l'a dit souvent les bonnes choses ne sauraient être rèpétées trop souventa force de les répéter, on est amené a les faire et le parti liberal n'a pas, pour le moment, d'autre ligne de conduite a suivre que de pousser incessamment le cabinet a réaliser dans la pratique les principes dont il se montre si prodigue en théorie. Quoi qu'il en soit, si l'absence du discours du Tróne doit nous épargner une longue et fastidieuse discus sion politique, si le temps qu'elle aurait absorbé doit être employé a nous débarrasser de l'arriéré législa- tif qui encombre les cartons de la Chambre, nous sommes tout disposés a unir notre faible voix au concert d'allégresse entonné par la presse ministé- rielle. Assez parlé, disait dernièrement VEtoile beige, il est temps d'agir. Si c'est pour agir que le cabinet se dispense de parler, il ne nous reste qu'a le féliciter de sa résolution et a veiller a ce qu'il ne s'en laisse pas détourner. Mais, faut-il le dire nous n'envisa- geons pas la session prochaine sans une certaine apprèhensionce n'est pas la première fois que la presse ministèrielle nous fait de ces belles promesses et toujours nous les avons vu ajournées sous diffe rents prétextes. Pour peu que cela continue, nous en arriverons a dire comme Oronte Belle Philison désespère, Alois qu'on espère toujours. Force k la Loi. M. l'évêque de Gand étant mort, un chanoine quel- conque de son chapitre demanda a M. le bourgmestre de Kerckove-Delimon l'autorisation de déposer pro- visoirement le corps du defunt dans la crypte de la cathédrale, en attendant que la familie ait pris une résolution sur le lieu de ia sepulture definitive. M. le bourgmestre accede a cette requête. Puis voila que les jours et les semaines s'écoulent sans que la familie prenne aucune résolution. Quelle résolution aurail- elle eu a prendre? L'évêque était enterrédans l'église. N'est-ce pas tout ce qui lui fallait? Mais un conseiller communal de Gand, M. Voituron, n'entend pas les choses de cette faconce conseiller interpelle M. le bourgmestre et, la loi de Prairial a la main, demande que les restes mortels de feu M. Delebecque soient déposés dans le cimetière commun. M. De Kerexove explique comme quoi l'on a abusé de sa bonne foi et promet de lenir la main ferme a la stride observation de la loi. Sur ce, grand émoi dans la presse cléricale, la Patrie de Bruges nous traite de chacals, de déter- reurs de cadavres et va jusqu'a engager I'autorité ec- clésiastique a ne pas livrer a la police les clefs de la crypte, afin, dit Ie pieux journal, que celle-ci soit obligée de donner au public Ie scandale d une viola tion, a force ouverte, du temple de Dieu 1 La conscience publique fera justice de ces clameurs clérieales. II n'y a pas, grace a Dieu, que des cha- noines en Belgique et les honnêles gens de tous Ie;? partis sauront apprécier a leur juste valeur, les ma noeuvres auxqueHes on n'a pas craint d'avoir recours pour surprendre en cette circunstance la bonne foi de M. le bourgmestre de Gand. Mais, quoi qu'il en soit. force doit resler a la loi, et nous avons trop de confiance dansda fermetéde M. de Kerckove-Delimon, pour douter un seul instant qu'il se laisse fiéchir ou intimider par les criailleries de ceux-la même dont l'insigne- astuce a préparé la situation pénibl'e ou il se trouve aujourd'hui. M. le bourgmestre de,.Gand aurait autorisé l'inhumalion définitive de feu M. Delebecque dans la crypte de la cathédrale de Saint-Bavon que la Belgique ne nous aurait pas sembló perdue pour cela mais, après ce qui s'est passé, après les menaces et les défis de la presse cléricale, il y va de la dignité du pouvoir civil de faire respecter la loi et nous consi- dérerions comme une honteuse défaite pour l'opinion libérale qu'un magistral tel que M. deKerckhove re- culat devant l'accomplissement de son devoir, si pé- nible qu'il puisse paraitre. La liberie des affiches. G'est une tlièse assez singulière que soutien! VEs- caut en matière d'afïichage, une thèse que l'on est tout surpris de voir dèfendue par un journal qui fait métier de détester le pouvoir fort et d'exalter en toutes circonstances les droits de la libre-pensée. VEs- caut, qui s'élève avec nous et avec plus d'énergie encore que nous, contre les restrictions que la liberté de la presse a subies en Belgique depuis une quin- zaine d'années, VEscaut applaudit de toutes ses forces a la disposition d'un projet de règlement soumis en ce moment aux délibérations du Gonseil communal d'Anvers. par laquelle les agents de la force publique seraient autorisés a lacérer d'office et de leur autorité privée les affiches qu'ilsjugeraient contraires a l'ordre public, aux bonnes moeurs ou a l'honneur privé des citoyens. Nous jugeons inutile de discuter ici les ar guments que fait valoir le journal anversois en faveur de cette disposition exorbitante, qui rappelle les plus mauvais souvenirs du régime hollandais. En décré- tant la liberté de la presse, en proscrivant, d'une manière générale et absolue, les mesures préventives dont elle avait tant souffert sous le roi Guillaume, il est clair que la Constitution n'a pas seulement en- tendu garantir la liberté du journaliste, mais qu'elle a voulu assurer la libre manifestation de la pensee, sous quelque forme que celle-ci se produise, journal, livre ou affiche. Que la liberté de l'affiche puisse donner lieu a certains inconvénients, nul ne songe a le contester; mais la liberté du journal n'est-elle pas, elle aussi, sujette a bien des dangers? VEscaut allègue en vain qu'en ce qui concerne le journal, les particuliers trouvent une sauvegarde suffisante dans le droit de réponse. II ne serait pas difficile de prouver que, trés-souvent, ce droit de réponse est insuflisanl et ne protégé que d'une manière fort imparfaite ceux qui y ont recours. Est-ce une raison pour soumettre le journal a la censure de la police et donner ii celle-ci le droit de lacérer les journaux dans lesquels elle croira avoir découvert l'une ou l'aulre atteinte aux loisou a l'honneur des particuliers? A coup sür, s'il prenait fantaisie a quelque représentant de proposer a la Chambre un projet de loi dans ce sens, VEscaut n'aurait pas trop de toute son éloquence pour flétrir une semblable proposition... a moins cependant que ce représentant ne s'appelat M. Delaet ou M. d'Hane de Steenhuyse. Et dire que, depuis deux ans, VEscaut ne laisse pas passer un seul jour sans reprocher a VEcho du Par lement son servilisme ministeriel! La question da transport des eharbons. La pétition, dont nous avons parlé dans notre avant-dernier numéro, a circulé dans les communes les plus importantes de notre arrondissement et s'y est couverte de nombreuses signatures. Le système de taxation du transport, proné par la Societé du Chemin de Fer de la Flandre Occidentale, a justement indigné nos populations qui attendent avec impatience d'être avantagées au même litre que les autres con- trees de la Belgique. Nous apprenons que l'arrondissement de Roulers s'est ému de nos révelations et qu'après un examen sérieux qui a corroboré sa confiance en nos affirma tions, il a entrepris un pétitionnement général. BSilletg de banque porlant intérèt. La plupart des hommes d'affaires et même des particuliers sont obligés de conserver dans leurs coffres forts, pour des besoins, éventuels, des valeurs considerables en espèces et en billets de banque ne produisant aucun intérèt. Ge sont pour eux des va leurs mortes. M. Em. de Girardin a depuis longtemps exprimé l'heureuse idéé de faire produire ces valeurs en les con.vertissant en billets de banque de cent francs portant intérèt d'un centime par jour, soit 3 fr. 65 c, annuellement. A l'exemple d'un grand nombre d'établissements financiers de l'étranger, la banqne industrielle et commerciale de Liége vient de s'approprier ce moyen avantageux pour tous d'attirer dans ses caisses les capitaux cherchant un mode de placement facile liquider dans un court delai. Elle vient done d'éinettre, avec un plein succès, des obligations de cent francs portant intérèt de 3 fr. 65 cent, par an, lesquelles circuleront comme billets de banque et augmenteront de valeur d'un centime par jour. G'est la une heureuse initiative qui, nous l'espé- rons bien, sera avant peu imitpe par nos principaux établiss.em.ents financiers. Seulement, il serait a désirer, pour que le succès de cette opération ne tCit pas douteux, que les billets de cette nature fussent remboursables a bureau ou- vert et a présentation sur les principales places du pays, ce qui serait trés—réalisable par l'entente des maisons les plus considérables étabiies dans toutes nas provinces. Bulletin du Dimanche). C'est avec une joie profonde que nous signalons Ie progrès de l'enseignement communal en notre ville. M. Wagener a fait au conseil un rapport sur la nou velle école établie pour les fiiles adultes a la rue aux Barres, qui est la preuve de la faveur obtenue dans le public par cette école. La commission de l'instruction publique propose au conseil de porter de trois a sept le nombre des sous-maitresses attachées a cette institution et de créer deux autres écoles semblables, l'une a la rue du Laurier el l'autre a la chaussée de Bruges. Elle motive ces propositions par l'exposé de faits bien intéressants a connaitre, et qui témoignent a la fois de l'ardeur avec laquelle les femmes, si long temps laissées dans l'ignorance, recherchent l'in struction, et de ['importance des lacunes qui exis- taient encore dans l'enseignement. L'école pour laquelle la commission réclame l'ad- jonction de quatre sous-maitresses n'est ouverte que depuis le 2 de ce mois, c'est ce jour-la seulement qu'on recevait des élèves cependant (nous appelons l'atttnlion sur ces chiffres croissants) avant cette date 121 élèves avaient sollicile l'admission; le jour de l'ouverture il s'en présenta S50, et le dimanche suivant le chiffre de 450 était atleint. Nous ne savons quel sentiment éprouveront nos lecteurs a la vue de ces résultats officiellement cons- talés; pour nous, nous ne dissimulons pas que nous en avons éte profondement touché. Le voila done ce peuple dedaigné, le voila, ce sexe calomnié par les partisans de l'ignorance! Le voila accourant en foule pour s'instruire, affamé d'enseignement, emplissant les écoles a peine ouvertes et protestant avec éclat contre un long abandon! Ii fallut envoyer provisoire- ment ailleurs toutes les nouvelles elèves que ne pouvait contenir l'instilution de la rue aux Barres; a toutes les classes, dit le rapport, étaient littérale- d ment encombrées. Desjeunes ftlles, des femmes de n trente a quarante ans s'étaient, faute de place, rangées le long des murs. II faut done encore des écolesil faut augmenter le nombre des institutricesce qui manque d'abord, c'est le personnel enseignant, qui manque aussi pour les écoles ordinaires. Qu'on s'attache done a le créer, ce personnel; il y a dans la société tant de femmes de bonne familie, de bonne éducation et de bonnes moeurs qui cherchent un utile emploi de leurs fa- cultésl Que l'enseignement le leur offrequ'on fasse appel a toutes les intelligences, a tous les dévoue- ments, qu'on donne surtout aux instituteurs, aux institutrices, une position qui leur permelte de gar- der dignement leur rang. Nous l'avons dit cent fois il y a une disproportion choquante entre le traitement

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L’Opinion (1863-1873) | 1864 | | pagina 2