ment son appréciation, et que vidant ensemble le
fond du sac, nuus aurons occasion de reconnaitre que
réellement il n'a pas deux poids et deux mesures.
Quant a l'affaire personnelle qu'il nous suscite,
nous la traiterons, s'il le veut, concurremment ou
immédiatement après; nous l'avertissons cependant
que l'intérêt. de la cause nécessitera la mise en scène
de so" vüai re-rédacteur, auquel depuis longtemps
nousavons a adresser plusieurs questions piquantes
et de bon goüt. Nous n'avons rien fait pour provoquer
cette lutte personnelle, mais nous ne ferons rien pour
l'éviter.
FAIT» BMA'EKS.
La Ghambre du conseil du tribunal de Charleroi
vient de renvoyer devant le tribunal correctionnel,
le frère de la doctrine chrétienne de Jumet dont nous
avons eu occasion de parler, sous prevention de sé-
vices graves sur un jeune enfant de Goyssart.
II parait que pour ce cher frère les charges onl élé
jugées suffisantes. Jde Charleroi.)
Tout le monde a entendu parler de Worth, le cé-
lèbre tailleur pour dames de la rue de la Paix. li
expose depuis quelques jours dans ses salons des toi
lettes destinées a l'impératrice du Mexique et que
l'on est admis a contempler sur lettres d'invitation.
Ce sont des toilettes tout a fait splendides et capables
d'éblouir les dames rnexicaines. II y a surtout une
robe en satin cérise, brodée de fleurs et recouverle
du haut du corsage jusqu'a l'extrémitê de la jnpe en
point d'Alenconqui est sans prix. Heureux Mexi-
cains I
On lit dans le Siècle
La protection accordée au clergé par le nouveau
gouvernement du Mexique porie delristes fruits. Un
ancien envoyé beige, le baron Alexandre de Grox,
achète une maison a Mexico; néanrnoins il continue a
payer,comme par le passé, la rente qu'il servait pour
son loyer a une reiigieuse, a laquelle eet immeuble
avail èté constitué en dot.
Malgré cette libéralité, pour le punir d'avoir acquis
l'immeuble, l'archevèque défend a tous les prèlres de
lui donner i'absolution et mêine de le cpnfesser. Un
moine italien n'est autorisè a lui donner l'extrême
onclion qu'a la condition que le m >ribond signera
prealablemerit un acte de renunciation pure et simple
a la |)roprielé de la maison. II cède, et meurt en ètat
de gréce.
Ou dit que les héritiers vont attaquer la vaiidilé de
eet acte; mais trouveront-ils des juges pour condam-
ner la pression exercee sur un homme a l'agonie au
nom des intéréts religieux?
Les chasseurs de rats. Depuis que la mode est
aux chiens bull-terriers, ces ennemis-nés des ron
geurs, gros et petits, le métier de chasseurs de rats
est devenu une spécialité qui a ses adeptes et ses fa-
natiques, comme toute autre branche de l'art cynégé-
tique. Mais ici 1'essenliel est de prendre le gibier vi-
vanl, afin de pouvoir l'appliquer avec fruit a l'éduca-
tiondes chiens dont il s'agit dedévelopper les instincts
naturels par un entrainement préalable, dans des en-
droits parfaitement clos.
Lorsqu'on circule la nuit dans les rues de Paris, a
l'heure ou elles deviennent solitaires, on est souvent
fort intriguéde rencontrer des individus qui marchent
en observant le plus grand silence, armés de lanternes
sourdes dont ils dirigent la luraière dans le caniveau
qui longe chaque trottoir. Ces mystérieux individus
sont des chasseurs de rats, et voici comment ils s'y
prennent pour réussir dans leurs expéditions noc
turnes
C'est dans les petits exutoires en fonle ou gar-
gouille, qui amènent dans ie ruisseau les eaux des
maisons, que les rats qui viennent chercher leur pa
ture sur la voie publique se réfugient au moindre
bruit; il n'est personne qui n'ait été a même de faire
cette observation.
Dès que nos chasseurs, a la luraière de leur lan-
terne sourde, ont vu un rat s'introduire dans une
gargouille, ils s'approchent et coupent tout de suite
la retraite au fuyard a l'aide d'une pelle en fer qui,
introduite par la fente longitudinale de la gargouille,
en ferme exnciement l'une des extrémités, tandis
qu'une cage en fer est appliquée a l'autre extrémité,
laquelle ellc s adapte de tout point. A l'aide d'une
petite tringle, qu'on promène dans la gargouille, on
force le rat a déguerpir et a se réfugier dans la cage
qui l'attend au sortir de son réduit.
On cite un habile chasseur, qui prend de cette ma-
nière, chnque nuit, des quantités considérables de
rats, destines a succomber sous la dent des chiens
terriers. Depuis dix-huit mois, plus de 2,500 rats
auraient été captures par lui.
Te marchê de ISellingsgate.
A l'heure oü presque tout le monde dort du plus
profond sommeil, il y a dans Londres tout un quar-
tier oü règne déja une grande agitation. En effet,
l'horloge de la cathédrale de Siint-Paul vient d'an-
noncer de sa voix enrouée qu'il est quatre heures du
matin ceux qui veulent acheter du poisson a meil-
leur compte, se rendent a Bellingsgate. Mais, avant
de faire la description de ce marché, nous demandons
d'en retracer en quelques mots l'histoire.
Bellingsgate. comme son nom l'indique. est une des
plus anciennes portes de la Cité Geoffrey de Mon
mouth nous apprend que, quatre cents ans après la
naissance du Christ, un roi brelon, nommé Belin, fit
construire un port, et en protégea l'entrée par une
grille. II lui donna son nom Belin's gate. Telle est la
légende, que nous ne recommandons a nos lecteurs
que sous bénéfice d'inventaire. II n'en est pas
moins vrai que, dans les temps les plus reculés,
Bellingsgate étail déjè un port fort renommé, oü les
vaisseaux et les barques venaient apporter du pois
son d'eau douce et d'eau salée, des huitres, du sel,
des oranges, des fruits, des légumes, du blé, du sei-
gle, et autres approvisionnements pour le service de
la Cité. (Stowe.)
C'était done la que se vendait tout le poisson, et a
meilleur marché qu'aujourd'hui. Sous le règne d'E-
douard I" un règlement rigoureux fixait le prix
d'une douzaine de soles a trois pence (six sous), d'un
magnifique lurbot a six pence (douze sous)! On pou-
vait manger quatre douzaines d'huitres pour deux
pence! et vingl-oinq anguilles pour la mèmesomme!
Comparez cette intéressante statistique aux addi
tions qu'au quart d'heure de Rabelais on vous pré
sente chez Verry, ou a l'hólel du Star and Garter de
Richmond 1
Tous les jours nous nous plaignons du poisson
qu'achètent nos cuisinières tantót il est trop cher,
tantót il est trop avancé (mais non moins cher). Eh
bien cela ne pouvait pas se passer ainsi du temps
d'Edouard lor témoin cette ordonnance qui interdi-
sait, sous peine de la prison, de vendre comme pois
son frais celui qui était resté sur le marché pendant
deux jours. Voila des précaulions salubres, ou nous
n'y entendons rien. Decidément ce roi d'Angleterre
savait aussi bien régler Ie marché au poisson que la
Ghambre des Communes (I). Je ne parle pas de l'uti-
lité de cette dernière institution; mais personne ne
songera a non tester '.'importance de Ia première.
En 1609, un acte du Parlement declara qu'on ne
vendrait plus, a Bellingsgate, que du poisson. Les
choses continuèrent ainsi pendant de longues annèes;
c'était toujours ce même marché, sale, infect, pesli-
lenliel; enfin l'idée vint de l'embellir un peu. On y
construisit une assez belle fonlaine et des comptoirs
plus spacieux pour étaler le poisson nouvellement
débarqué.
C'est done a quatre heures du matin qu'on voit
arriver une foule innombrable de lougres, de barques
surchargées de poisson. Ces barques arrivent des
cótes de la Hollands, de Whitstable, Harwich, Great
Grunsby.
Déja, dans les tavernes d'alentour, les acaeteurs,
out en buvant un verre de gin, divisent enlre eux
du prix des soles, du saumon, des anguilles, du tur-
bot et du hareng. On croirait assister a Couverture
du Stock-Exchange. Les discussions s'engagenlOn
dit que la pêche a été bonne cette nuit, croyez-vous,
John?Non, rèpond celui-ci en allumant sa pipe;
ah, de mon temps, Ie poisson était bon marché, mais
aujourd'hui
Mais voici cinq heures du matin, Toute cette foule
se précipite dans le marché la, huit individus mon-
tent dans des espèces de tribunes qui rappetient les
chaires de nos lycées et, munis d'un immense livre
de comptes, ils s'en servent comme des maillets pour
adjuger les enchères. Alors se passé une scène indes-
criptible portefaix, pêcbeurs, acheteurs, spécula-
teurs, rangés aulour d'ennrmes tas de poisson, se
poussent, se bousculent pour prendre part la vente.
(1) En 1282, le roi Edouard Ie', de la dynastie normande,
constitua définitivement la Chambre des communes.
C'est un bruit inimaginableles commissaires pri-
seurs seuls restent calmes ils comprennent qu'ils
ne doivent point déroger a leur dignité. Ce n'est ni
M. C.... ni M. P... de la salie Drouot qui pourraient
rivaliser de solennité avec ces graves personnages.
C'est la encore qu'on retrouve le paysan venu pour
faire une bonne affaire, tandis que la marchande an-
glaise de sa voix glapissante, se mêle de la partie. Dès
que son achat est terminé, elle se retire dans un coin,
et ordinairement accoudée aux rebords de la fontaine,
elle prend, pour trois pence, une infusion qui a la
pretention d'êtredu thé.
Enfin, le marché est finiil faut voir alors tout ce
monde encombrer les fameuses tavernes de Simpson,
de Bacon et de Bowles les plus gourmets comman
ded un plat de dix-huit pence de poisson et le sa
voured en buvant du brandy; c'est la aussi que
vous voyez quelques femmes, la pipe a la bouche,
chercher a obtenir, par charité, du hareng cruet un
verre de porter.
Puis tous'ces immenses approvisionnements sont
transportés chez les fameux marchands de poisson
de la Cité et du West-End; et quand vous mangez a
votre table ce beau saumon, si succulent et si bon
marché en Angleterre (2), ou ce magnifique turbot,
ou ces soles appétissanles, vous ne peusez peut-être
pas qu'au moment oil vous faisiez de doux rêves, que
vos rideaux bien fermés empêchaient les premiers
rayons du soleil d'éclairer votre tète endormie, il y
avait, a deux pas de London-Bridge, tout un inonde
qui achetait, vendait, criait et buvait, et qu'une des
plus grandes originalités de ce Londres oü cependant
elles abondent, s'élalait aux yeux des curieux assez
hardis pour secouer la torpeur du sommeil, et assis
ter, au moins une fois, a la criée du marché de Bel
lingsgate. International
Une terrible histoire.
C'est véridique, on peut tn'en croire.
Aux portes de Paris, dans 1'arrondissement deS...,
un colonel acquit, il y a quelque vingt ans, une mai
son bourgeoise dont la construction peut remonter
au règne de Louis 111. Dernièrement, se trouvant a
l'étroit dans son immeuble, M. X... voulut l'élever
d'un étage et y faire d'urgentes reparations.
A peine a l'ceuvre, les macons, en démolissant un
pavilion latéral, rencontrèrent un réduit ténébreux
caché dans l'épaisseur des murs. Les enfants de la
Creuse sont habitués a ces sortes de découvertes et
mangent assez de soupe pour ne s'épouvanter qu'a
bon escient. Aussi bien Yidalenc (Jean), natif d'Au-
bus^on, curieux et sceptique, muni d'une lon
gue échelle, se mit-il en devoir de reconnaitre la
cachetle mystérieuse. II y descendit, la pipe a la
bouche, et y resta dix secondes soudain on l'entendit
pousser un grand criquand il reparut, les yeux lui
sortaient de la têtesa pipe était cassée.
Qu'as-tu done, Jean?
Allez-y voir! dit-il en grelottant.
On n'en put tirer autre chose, si bien que, macons
et gècheurs, ayant lenu conseil, opinèrent pour la
prudence, et voyant Vidalenc assis sur un moëllon,
l'oeil fixe et dans l'attitude d'un idiot, résolurent d'en
réferer au propriétaire.
Allons, allons! dit la vieille moustache, quand
on l'avertit de ce qui se passait, quelque sortilége,
des sottises I J'y vais...
II y vint, mit le nez a l'ouverture, ne vit que les
ténèbres, n'entendit que le silence et flaira une vague
odeur de moisissure
Abattez-moi ce murl dit-il. Je veux en avoir Ie
cceur net.
Le mur abattu, il entra par la brèche, suivant la
coutume de ses pareils, mèche allumée, j'entends
celle de sa bougie! Les macons le suivaient bouche
closeVidalenc seul, immobile a l'écart sur son moël
lon, hochail de la nuque, a la facon des crétins pré-
occupés. Or, que vit le colonel? qu'apercurent les
macons
Voici ce que vit le colonel, voici ce que virent les
macons.
Sur un fauteuil d'un vieux style, contre une table
vermoulue, un squelette était assis a demi-renversé,
dans une position commode, les pieds sur une chaise
faisant office de tabouret; les loques dont ce non
chalant squelette élaient couvert semblaient quelque
robe de chambre a grands ramages, telle qu'on l'eüt
(2) II y a des saisons oü le saumon est lellement commun,
que les domestiques posent 3 leurs maitres,comme condition,
qu'on ne leur en donnera que deux fois par semaine.