Thrasymaque de Chalcédoine, Protagoras d'Abdère, Prodicus da Ceos et Hippias d'Elis. Gorgias enseigne qu'il n'y a rien de réel, que rien ne peut être connu, que les mots ne répondent point des chosës it aura pour élève le docteur Marphu- rius du Mariage forcé, de Molière, a qui Sganarelle prétend n'administrer qu'une apparence de coups de béton. Protagoras professe qu'il n'y a point de difference entre la vérité et l'erreur, entre le juste et l'injuste Qui loue la justice, dit-il? Ceux qui sont dans l'im- puissance de nuire aux autres et de se venger des in-, jures qu'ils souffrent. La vérité et la justice sont pour lui toutes relativesellesdépendent uniquement de l'intérêt particulier. II trouvera un jour des dis ciples dans les Sanchez et les Escobar, et sa morale marchera de pair avec la doctrine des opinions pro bables. Mais, mon père, dit l'auteur des Provinciales, on doit être bien embarrassé a choisir entre deux opi nions probqjales. Point du tout, dit-il, il n'y a qu'a suivre l'avis qui agrée le plus. Ehquoi, si l'autre est plus probable? II n'importe, me dit-il. Et 'si l'autre est plus sür? 11 n'importe, me dit encore le père. Tout de bon, mon père, votre doctrine est bien commode. Gela est vrai, dit-il, et ainsi nous pouvons toujours dire avec Diana, qui trouva le P. Bauny pour lui, lorsque le P. Lugo lui était contraire Soepe Premente Deo, ferl Deus alter opem. Si quelqueDieu nous presse, un autre nous délivre. Entratnés par le mépris du droit, les sophistes af- fichent les théoriesles plusaudacieuses; ilsenseignent ,comment la cause la plus faible peut, a l'aide de la parole,devenir la plus forte; ils détrönentl'éloquence au profit de l'art de dire élégamment des bagatelles harmonieuses les équilibristes de la parole supplan- tent les orateurs. Ce fut une maladie Athènes fut peuplée de jeunes citoyens, Pies de la Mirandole au petit pied, prêts a parler de omni re scibili et aspirant a égaler Gorgias improvisant sur toute matière au gré de la multi tude. Lalibertédisparutaüx applaudissements del'école; la raison du plus fort fut divinisée le bon sens fit place aux subtilitès et aux tours de force de i'esprit; l'art oratoire descendit au rang d'institution gymnas- tique et, ainsi que le dit Michelet, l'école immuable du Rien fut fondée.Ecoleimmuablecar ce n'est point seulement dans l'antiquité que se rencontre cette soif u'argumentersur le néantAu moyen-êge l'éducatiou de la scolastique déforma bien autrement encore les intelligences. Le sot, dit Michelet, est une création essentielle- ment moderne, ne des ecoles du vide et de la suffi- sanee scolastique il a fleuri, multiplië dans les classes, si uombreuses oü la vanité prctenlieuse se gonfle de mots, se nourrit du vent. Si l'on veut inarquer le venerable berceau de ce grand people, l'histoire aussi bien que la logique ne peut en donner l'honneur qu'a un age essentiellement verbal, l'êge qui adora les mots, qui imposa a I'esprit le culle des enlites creu- ses, des abstractions réaliseesqui partit de ce prin cipe que toute idee (la plus fantasque, la plus arbi traire) a nécessairement un objet correspondant dans la nature. a Tout mot répond a une idéé et toute idéé est un être. Done la grammaire est la logique et la logique est la science. Pourquoi étudier la nature,pourquoi ob server, s'informer? II faut regarder le monde dans sa pensée creuse on verra le vrai, le réel, au miroir de sa fanlaisie. Cette scolastique l'emporte, en effet, de beaucoup sur la sophistique; aussi retarde-t-elle de trois siècles la Renaissance; elle créa un grand people de raison neurs contre la raison et fut la vaccine de cette mala die qu'on appelle le bon sens. Rabelais c'est Michelet qui le rappelle d'une haute formule résumé lasottise savante et le génie de l'Ecole, en posant l'horrifique question On de- mande si la chimère bourdonnant dans le vide ne powrait pas dévorer les secondes intentions? Ques tion débattue a fond pendant douze quinze semaines au Concilei Bêcon est le héros qui terrasse cette hydreil pro- clame la haute loi des sciences et de l'homme, la per- fectibililé indéfinie cinq cents ans avant Condorcet. Ln réponse a la dènonciation des moines, ses con frères, qui l'accusent de magie, il envoie au Pape son Opus majus. La magie n'est rien, disait-ii. Bien, dit l'Eglisemais pourquoi? Paree que I'esprit humain peut tout en se servant de la nature. C'est un ancêtre de Bacon, Socrate, qui arrête 1 en- vahissement de la doctrine des sophistes. 11 déclare que la parole n'a point pour mission unique de sé- duire, qu'elle doit avant tout civiliser. La beauté et la pureté de l'ame sont pour lui inséparables de ia beauté du discours. L'orateur doit être honnête homme. Vir bonus, dira Cicéron. L'éloquence se mesure aux effets qu'elle produit; on peut lui appliquer ces mots deLabruyère: Quand une lecture vous élève I'esprit ét qu'elle vous inspire des sentiments nobles et courageux.ne cherchez point une autre régie pour juger de l'ouvrage, il est bon et fait de main d'ouvrier. Qui, telle est la loi, la source de l'éloquence est dans l'ême humaine. Tout ce qui anoblit, tout ce qui fortifie l'ame, tout ce qui trempe la pcusée rend la parole plus splendide- Lè sont les origines de l'éloquence, la sont ses éternelles origines. L'éloquence ést antérieure aux catégorieselle échappe aux précepteselle a toujours eu, elle aura toujours pour berceau une ême avide du vrai, du beau et du juste. On nous écrit de Furnes Le corps des sous-officiers et la musique du 6* de ligne, en garnison Ypres, donneront, dans notre ville, le dimanche li février, un concert-spectacle au profit des malheureux de Dour. a Nonobstant quelques autres listes de souscrip- tion en circulation ici, cette oeuvre philanthropique promet les plus beaux résultats, grêce a la persévé- rante activité de M. le lieutenant Couvreur du 6°, un de nos enfants, aimé a plus d'un titre. Dans celle-ci, comme dans toutes les circons- tances analogues passées, on doit les plus beaux éloges au noble caractère de notre généreux démo- phile M. Edouard Bieswal, qui, malgré une indispo sition, malgré ses nombreuses occupations, malgré l'impossibilité, dirai-je, a bien voulu pourtant s'ad- joindre a M. Couvreur, au nom de la Société royale de Sainte-Cécile dont il est le capitaine. L'élèment militaire et l'élément civil, si bien re- présentés par ces deux messieurs, parviendront, nous en sommes persuadés, a faire ouvrir largement toutes les sources de la charité furnoise en faveur des malheureuses families dont le sort inspire a tous une si touchante sollicitude. Houneur au 6" régiment de ligne! Pnissent ses nobles efforts être couronnés partoul des plus bril- lants succès. X. Y. On lit dans YOrgane de Courtrai Le concert organisé par MM. les Officiers du 6e de ligne a eu lieu lundi avec le succès le plus complet. Nous n'avons pas besoin de dire que la partie instru mentale était irréprochable sous tous les rapports. Le.corps de musique du 5°, dirigé par M. Painparé, jouit d'une réputation hors ligne et il l'a de nouveau justifie hier. L'ouverture de Guillaume Tell a été exécutée d'une manière supérieure. M"° Vancauw- berg a une voix charmante et une excellente méthode de chant. Quant a MM. C. S. et P., ils se sont ac- quittés de leur têche comme des chanteurs de pro- fession. M. le lieutenant H. a été applaudi a outrance et les honneurs du bis lui ont été décernés. La très- originale Polka les Ours A servi de clóture a ce con cert qui avail attiré une foule énorme a l'Hötel-de- Ville. Jamais le grand salon n'avait contenu autant de mondetout était plein, jubé, estrade, salles ad- jacentes, escaliers, la foule stationnait jusque dans le vestibule. La recette aura été bonne, on pariait de prés de 4,000 francs. Ce résultat fait le plus grand honneur a MM. les Officiers de notre garnison et les families des malheureux mineurs de Dour devront les compter au nombre de leurs bienfaiteurs les plus zélés et les plus dévoués. ACTES ©EFUCIEES. Par arrêté royal du 30 janvier, sont nommés mem bres du conseil de milice pour la levée de 1865 Province Flandre-Occidentale.Arrondissement d'Ypres. Présidentle sieur Beke (Pierre), membre du Con seil provincial a Ypres. Suppléant.- le sieur Boedt (Pierre-Léopold), mem bre du Conseil provincial a Ypres. Membre le sieur Keingiaert, de Geluvelt, (Fran cois), membre de ['Administration communale de Ge luvelt. Suppléantle sieur Demade(Jean-Francois) mem bre de l'administration communale de Comines. Par arrêté royal du 29 janvier, sont nommés mem bres de la Chambre de commerce d'Ypres MM. Rabau, brasseur, a Ypres. Leleup, négociant en vins, a Ypres. De Grendel, marchand de houblons, a Pope- ringhe. La prochaine Conférence de M. Bancel est fixée au jeudi 23 févrierelle aura pour sujet l'Ecole Pla- tonicienne. EASTS B5IWËB6S. II est question d'un nouveau projet de chemin de fer reliant d'un cótó Nieuport au chemin de fer de l'Etat a Ostende et de l'autre se dirigeant le long des Dunes vers Dunkerque avec embranchement au ha- meau la Panne surPoperinghe et passant par Furnes, Alveringhem, Loo et Rousbrugghe. Une demande en concession serait déja faite au ministre des travaux publics. Le parquet de notre ville a fait le 3 de ce mois une descente judiciaire a Zandvoorde, et ouvert une en quête sur une tentative criminelle commise a l'égard d'un paysan de cette commune. A la suite d'une que- relle d'estaminet ce dernier aurait recu traitreuse- mentuncoup de couteau dans la région du bas-ven- tre. La blessure heureusement n'est pas mortelle. On croit que la jalousie n'est pas étrangère a eet acte de cruauté et le prévenu, un jeune hommede 47 ans, est aujourd'hui entre les mains de la justice. Samedi prochain 18 février, la princesse Louise- Marie-Amélie, fille du due de Brabant, aura atteint sa septième année. Théatre. Nous ne pouvons mieux commencer cette etironique hebdomadaire que par la representa tion flamande de lundi, qui nous a permis d'apprécier le talent de la Société anversoise, sous l'intelligente direction de M. YanDoeselaer. Ces excellents artistes qui, l'hiver dernier, avaient obtenu un grand succès sur notre scène, ont recu de nouveau un accueil des plus flatteurs du public yprois. Les banquettes suffi- saient a peine a l'énorme envergure de la plus belle moitié du public, la plus laide s'était arrangée comme elle pouvait. Ajoutons que le public qui fréquente le spectacle flamand diffère beaucoup de celui qu'attire le spectacle francais; c'est qu'il y a lè des pièces qui touchent la fibre populaire et dites dans un langage qu'ici tout le monde comprend. Devant un auditoire d'une telle compacité les ar tistes ont fait merveille et ont tellement réussi a in- téresser le public que pas une phrase n'a échappé a son attention et il l'a, du reste, parfaitement prouvé par son approbation intelligente. L'espace nous man que pour entrer dans tous les détails des différents róles des artistes. Les honneurs de la soirée reviennent a Mme Vers- traeten, qui dans le róle de Leentje de Mejuffer Rosa aussi bien que dans celui de Magdaleen de Een ap peltje tegen den Dorst, a fait preuve d'une simplicité toute villageoise et d'un naturel remarquable. C'est, du reste, une très-gentille personne. On ne joue pas avec plus de sensibilité, plus de chaleur d'ame qu'elle ne le fait, le röle de Cesarine dans la comédie Moe van bemindt té worden. C'est, en un mot, une véri- table Dejazet flamande. Parfaitement secondée par Ml,e Klei, cette dernière s'est montrée aussi artiste de grand mérite. Elle a donné aux röles de Rosa et de Felicita un caractère de distinction et de naturel parfaits, et montré beau coup de souplesse de jeu et de sentimentque dire de M. Van Doeselaer? Quel artiste consommé; quel ex cellent comédien I Avec quelle verve et quel entrain naturel il a rempli ses quatre différents róles 1II réu- nit tout ce qui conslitue le vrai talent, Une mention particulière est due a M. Herremans qui, dans des röles de moindre importance, s'est mon tré tout-a-fait a la hauteur de sa tache. Constatons aussi que Ia diction de la troupe ne laisse rien a dési- rer.' Le spectacle a été charmant et s'est on ne peut plus joyeusement terminè par l'opérelte De 3 reizende muzikantenAucune représentation flamande n'a mi*.

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1865 | | pagina 3