mortel. Mais les Hospices ont change tout cela ils ont
trouvéle moyen de laisser dorrnir jusqu'en 1865 des
plans approuvés en 1856. Nous avons entendu par-
lerparfpisde gens con.struisant une magnifique mai-
son, plusieurs étages, et, la maison aehevée, se ré-
veillant tout-a-coup en sursaut paree qu'ils se sont
aperous qu'il y manquait l'escalier. Nous n'affirme-
rions pas que les Hospices soient de celte force-lè
toujours est-il qu'entre la cuisine et l'escalier il y a
plus d'un lien de parepté.
Certes un honorable membre de I'adminislra-
tion l'a dit au Conseilon ne peut pas tout faire a
la fois et voilé sans doute pourquoi, brages gens,
vous avez enfoui vos plans pendant neuf ans. Soyez
tyanquilles, nul ne vous accusera de trop de précipi-
tation.
Mais tout-è-coup il faut l'urgence. Eh! quelle
mouehe vous pique? Prudence, de gréce I Et ne
compromettons pas dans des transports irréfléchis
le résultat de neuf années de patientes méditations.
M. Beaucourt s'étonne qu'on demande l'urgence
poqr une chose qui a tralné si longtemps. Cet éton-
nement semble partagé par la plupart des conseil-
lers, et, lorsque M. Yanheule, affirmant le droit du
Conseil de s'occuper des travaux des Hospices, eüt
demandé le renvoi des plans a la commission, l'ur
gence, qui doit d'après le règlement réunir les deux
tiers des voix, n'én obtint pas une seule, les hono-
rables administrateurs des Hospices présents la
réunion s'étant abslenus par un sentiment de délica
tesse qui les honore.
Ainsi l'administration des Hospices essuya une se
conde défaite dans cette séance dont elle se souvien-
dra longtemps.
Ne terminons pas eet article sans exprimer le vif
plaisir que cause l'intérèt constant qui s'attache aux
deliberations de notre Conseil communal. La progres
sion toujours croissante de l'auditoire doit causer
une douce satisfaction a nos édiles et exciter en eux
une noble émulation qui tournera, en définitive, au
profit de l'intérèt général. Nous sommes convaincu
que cet auditoire s'accroitra encore.
Conférences de M. BiüCEL.
La méthode de Socrate comprenait deux parties
elle conduisait au doute par la refutation et a la con-
naissance par ['induction. Cette méthode a été appe-
lée la maieutique.
Les jeunes gens d'Athènes avaient le tort assez
commun a la jeunesse de s'imaginer qu'ils avaient la
science infuse. Socrate leur démontrait tout d'abord
leur ignorance il pensait avec raison qu'il est im
possible d'acquérir des notions exactes si on ne les
cherche et qu'on ne les cherche pas quand on pense
tout savoir. Confesser son ignorance, c'est le com
mencement de la sagesse; c'est a bon droit qu'on
loue la formule qui resume cette première parliede
l'enseignement socratique Ce que je sais, c'est
que je ne sais rien.
Celte mer.veilleuse puissance d'induction qu'on
connatt a Socrate achevait l'oeuvre. Sa pbilosophie
avait pour base le précepte devenu célèbre Con-
nais-loi loi-même. Quel est, en effet, le but auquel
l'éme humaine doit tendre? A devenir meilleure.
L'homme ne peut se perfectionner s'il ignore ce qu'il
est, ni développer sa nature, s'il ne sait quelle est sa
nature. Socrate pensait que l'ame humaine peut ap-
prendre a se connaitre et que son énergie propre
suffit a son développement.
C'est ainsi que Socrate fut le Christophe Colomb
d'un nouveau monde de l'esprit et le créateur de la
philosophic rationaliste, qui proclame que la voix
intérieure ne trahit point l'hopime et que Dieu s'ap-
plaudit dans son ceuvre. Cette doctrine devait agran-
dir Ia rhétorique aussi Socrate professe-t-il que la
parole ne doit servir que la vérité et la justice. L'ora-
teur, pour lui, ne devrait même plus s'appeler ora-
teur; il souhaiterait presque qu'il s'appelét philo-
sophe, a en juger par les^ paroles que Platon lui prêle
dans le Phèdre
Avant de connaitre la vraie nature de l'objet
sur lequel on parle ou on écrit, avant d'etre en élat
d'en donner une définition générale et d'en distinguer
les differents éléments, il est impossible de manier
l'art de |a parole ni poqr enseigner, ni pour persua
der.
Va-t'en dire Lysi^s qu'étant descendus vers
la source des Nymphes et dans le sanctuaire des
Muses, nous avons entendu des discours qui annon-
caient Lysias et a tons les discoureurs, Homère
et a tous les poëtes, qu'ils s'accompagnent ou non de
la lyreSolon et tous ceux qui, sous le nom de
löis, composentdes écrits politiques, que si, en com-
posant ces ouvrages, ils sont assurés de posséder la
vérité, et capables de défendre ce qu'ils auront
avancé dans une discussion sérieuse, s'ils peuvent,
par leur parole, surpasser encore leurs écrits, ils ne
devront point s'appeler faiseurs de discours, mais
tirer leur nom de la science a laquelle ils se sont don
nés tout entiers. Quel nom veux-tu done
leur donner? dit Phèdre. Le nom de sages,
mon cher Phèdre, me paralt trop grand et ne convient
qu'aDieu; celui d'amis de la sagesse leur convien-
drait mieux.
fpoórale ne confond cependant point l'orateur et le
philosophe; il entend seulement marquer que l'élo-
quence et la philosophic sont inséparables. En effet,
Démosthènes n'est-il pas l'élève de Platon, Bossuet, Ie
fills de Ia Bible, Mirabeau, le disciple de Montesquieu
et de Beccaria?
L'orateur doit avoir trois émes, dit M. Bancel
l'ame philosophique, l'éme oratoire, l'éme artistique
tres imbris torti radios: l'orateur doit participer de
Socrate, de Démosthènes et de Phidias.
L'éloquence doit briller de toutes les splendeurs de
la beauté. Socrate avait sur la beauté des idéés pre
cises il pensait que le beau procédé tout entier de
l'ame humaine. II n'appelle ni peintre, ni sculpteur
celui qui ne reproduit que des modèles; il veut qu'a
l'imitation de Paction des corps, l'arliste joigne ['ex
pression des actions de l'éme. II était allé un
jour chez Cliton le statuaire, dit Xenophon il s'en-
tretenait ainsi avec lui Je vois bien que vous ne
représentez pas de la méme mamière l'athlète a la
course, lelulteur, Ie pugile, le pancratiastemais le
caractère de vie qui charme surtout les spectateurs,
comment l'imprimez-vous a vos statues? Comme
Cliton hésitait a répondre C'est peut-être, lui dit
Socrate, en conformant vos statues a vos modèles
vivants que vous les montrez plus animées? -Voilé
tout mon secret. Suivant les differentes postures
du corps, certaines parties s'élèvent tandis que d'au-
tres s'abaissentquand celles-ci sont pressées, celles-
la fléchissentlorsque les unes se tendent, les autres
se relachent, n'est-ce pas en imitant cela que vous
donnez a l'art la ressemblance de la vérité? Préci-
sément. Cette imitation de Paction des corps ne
cause-t-elle pas de plaisir aux spectateurs? Cela
doit être. II faut done éxprimer la menace dans
les yeux des combattants, Ia joie dans le regard des
vainqueurs? Assurément. II faut done aussi
que le statuaire exprime par les formes les actions
de l'éme.
Socrate voulaitque l'artiste réalisét dans son oeuvre
la conception du beau qui surgit dans son ame et ne
cherchét dans la représentation des objets que la ma
nifestation d'un type qu'il s'est créé. Ainsi Raphaël,
a qui Pon demandait oü il avait pris le type de ses
madones, répondita Dans une certaine idée. d
Ce type, c'est le beau. Mais qu'est-ce que le beau
Question toujours posée et jamais résolue. Le beau,
c'est le sourire d'une créature mortelle, c'est une
fleur; c'est... l'énumératioa sera infinie,car la beauté
est dans toute chose; mais en toute chose elle est
périssable. Oü se trouve, dit M. Bancel, cette splen-
deur sans aurore el sans coucher? Oü la trouverons-
nous impérissable et immortelle?
La beauté se trouve dans l'idée même qu'on se fait
de Dieu, répond M. Bancel. C'est-a-dire que la beauté
suprème réside en Dieu mais qu'est-ce que le beau?
il ne se définït pas a il est plus facile, dit Winkel
man, de dire ce qu'il n'est pas que de dire ce qu'il
est la faculté esthétique nous le fait sentir, mais
l'esprit en revient toujours a la question qui couronne
le dialogue du premier Hippias de Platon Qu'est-
ce le beau
L'art, qui est la langue du beau, a pour but, dit
M. Bancel, d'exprimer Péternel dans l'épbémère. Vic
tor Hugo disait un jour M. Bancel Oq peut rue-
surer une oeuvre a la quantité d'immuable et d'infini
qu'elle contient.
Hamlet, c'est Ie doute; Ophelia, l'amour; Job, sur
son fumier, Promethée sur son Caucase, c'est la con
science humaineTartufe, c'est l'hypocrisie. Tous,
types immuables dans une ceuvre humaine!
Appliquée a l'éloquence, cette loi est la eonsécra-
tion de la doctrine de Socrate; elle enseigne aussi
que l'homme n'est véritablement éloquent que s'il
poursuit le triomqhe du vrai et du juste, ces principes
immuables et éternels.
C'est avec un sentiment de respect, mêlé d'une
sorte de joie sereine que nous nous sommes arrété
devant cette belle éme qui a fourni Ml Bancel l'oc-
casion d'un si charmant entretien. L'humanité lout
entière s'est plu a reconnaitre la grandeur de So
crate; les Pères de l'Eglise, pas plus que l'oracle de
Delphes, n'ont échappéla séduction qu'il exerce;
on nous pardonnera done notre vénération, qui,
quelque grande qu'elle soit, ne va pas jusqu'è nous
faire dire avecErasme Saint Socrate, priez pour
nous car nous nous garderons bien de le mettre hors
l'humanité. Non, Socrate n'est point un saint, c'est
un homme. Sa vie nous apprend que la qualité
d'homme n'est point un péché originel qui nous con-
damne a une chüte nécessaire, que l'éme humaine
renferme en soi les éléments de son salut et que la
raison n'est point une voix perfide qui a besoin d'une
gréce spéciale pour conduire l'humanité dans le che-
min de la vérité.
La Société pour l'encouragement des beaux-arts èt
Courtrai, présidée par M. H. Conscience, ouvrira le
6 aoüt prochain, une exposition de tableaux et d'ob-
jets d'art, suivie d'une tombola.
La dernière grande exposition eut lieu en cette
ville en 1859.
La direction de la Société a déja fait connaitre son
programme, qui de toute part recoit le plus favorable
accueil.
II y a six mois, nous faisant l'interprête des vceux
du public, nous exprimions Ie désir de voir nos édiles
porter au programme des fêles communales de 1865
une exposition artistique et industrielle, aucune ex
position de ce genre n'ayant eu lieu a Ypres depuis
1855,
Dans la séance du Conseil communal du 17 dé-
cembre dernier, a I'occasion d'une demande de I'As-
soeiation agricole, a 1'effet d'obtenir un subside pour
ouvrir une exposition de produits agricoles lors des
fêtes du mois d'aoüt, M. le conseiller Becuwe insista
sur la nécessité d'une exposition d'ouvrages de pein-
ture, architecture, sculpture, etc., comme offrant un
plus grand intérêl pour notre ville, tant sous le rap
port des nombreox étrangers que ces expositions at-
tirent, qu'au point de vue scientifique et artistique.
La question fut reuvoyée a L'examen de la section des
beaux-arts, qui n'a plus donné de ses nouvelles de
puis. Ce retard pourrait bien être cause qu'aux fêtes
communales prochaines 1'exposition de tableaux et
d'objets d'art n'ait pas lieumais en tout cas le public
yprois sera gralifié d'une exposition de produits de la
familie des ombellifères et des solanées. Ce sera beau,
il y en aura pour 2,000 francs
Nous avons vu notre Collége des bourgmestre et
échevinsrefuser les salons de l'Hótel-de-Ville a l'usage
des conférences. Dans une ville voisine, a Courtrai,
on vient de refuser la salie de spectacle aux représen-
talions pendant le ca.rême. Nos magistrals ont trouvé
plus fort qu'eux I
Pends-toi, brave Crillon...
Garde-Civique d'Ypres.
Le Chef de la Garde-Civique, président du Conseil
de recensement, a l'honneur de porter a la connpis-
sance des membres de la garde que la chose concerne,
que le susdit conseil se réunira en session annuelle le
mardi 28 février 1865, a 9 heures du matin, en l'HÓ-
tel-de-Ville, salie du rez de-chaussée, afin de slatuer
sur les réclamations qui pourraient lui être soumises
pour cas de maladie, infirmités et défauts corporels.
Ypres, le 23 février 1865.
Le Major-Commandant,
(Signé:) A. Hynderick.
ACTES OFF1CIEES.
Ont été admis au serment les instituteurs ci-après désignés,
dont la nomination a été reconnue régulièrement fajte, aux
termes des deuxième et troisième alinéas de f'article 10 de la
loi du 25 septembre 1842
Le sieur Van Mareke, élève diplömé de l'école normale de
Tbp.urout, nommé le 28octobre 1864, aux fonclions de sous-
instituteur S l'école communale de Warneton, en remplace
ment du sieur Vandelamville, démissionnaire.
Le sieur Van Haute, élève diplömé de l'école normale de
Thourout, nommé, Ie 15 noverabre 1864, aux fonctions de
sous-instituteur 5 l'école communale de Gheluwe.
Par arrété royal du 14 février, Ia commission administra
tive des hospices civils de Poperinghe est autorisée accepter
le capita! de 14,000 fr. légué par le sieur Femeryck.
(SüITE.
I