JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT Paraissant le dimanche de ehaque semaine. SOCIÉTÉ HISTORIQÜE DE LA VILLE D'YPRES. YPRES, Dimanche Troisième année. J\'° 10. 5 Mars 18ö5. PHIX ü'ilMtt.IEMEST POUR LA BELG1QUE .- 8 francs par an 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etrauger, Ie port en sus. Un Numéro 25 Centimes. PlilX l>ES ANNONCES ET DES RECLAMES 10 centimes la petite ligne. Corps du journal, 30 centimes. Le tout payable b'avance. Laissez dire, laissez-vous blèmer, mais publiez votre pensée. On s'abonne a Ypres, au bureau du journal, chez Félix Lambin, imp.-lib., rue de Dixmude, 55. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites.Toutes lettres ou envois d'argent doivent étre adressés franco au bureau du journal. Ea femme libérale. Depuis quelques années surtout, ie ministère libé- rals'occupe avec une louable sollicitude du dévelop- pement de ['instruction et de l'éducation populaires. La plupart des administrations commuuales le secon- dent activement dans cette tache. II semble que de toule part on se soit enfin bien pénétré de cette idéé, si vieille pourtant, que l'avenir de la société dépend tout entier de ^education que l'on donnera A la géné- ralion qui s'élève. Mais si le libéralisme travaille avec zèle a l'emancipation de la raison humaine, le parti clerical ne reste pas inactif et nous devons le dire a sa louange, il met dans l'accomplissement de son oeuvre plus d'babileté que nous n'en dóployons dans l'exécution de la nótre. Tout en disputant, pied a pied, le terrain au parti liberal dans toutes les questions relatives a I'inslruc- tion des gai cous, il s'est, peu a peu, mis en posses sion de 1'euseignemenl des lilies, si bien que les cor porations ivligieuses ont, en quelque sqrte acquis, aujourd'hui, le monopole de I'inslruction des jeunes personues du sexe. Le libéralisme s est raoutre, sous ce rapport, d'une rare imprévoyaüceil a meconnu aveuglemenl le role que la femme est appelee a jouer dans la societe regeneréeil a oublie que la femme, puissance de bien et de mal, est peut-être la cause premiere de tous les vices couime de toutes les ver- tus, de l'hérqïsme et de 1'opprobre, de toutes les qua- lités de l'esprit et du coeur. Nature impressionnable a l'excès, la femme s'imprègüe facilement de toutes les idéés, de toutes les doctrines, de tous les principes qu'on veut lui inculquer; nature expansive, elle re- flète autour d'elle tous les sentiments qu'elle éprouve en leur prêtant cette grace et cette vivacité qui lui apparlienuent. La femme, infeodée au parti clérical qui l'a modelée dès son jeune Age, est sans contredit le plus grand obstacle que la cause du progres puisse rencontrer. Beaucoup de personnes sont dans l'idée que la so ciété fondée il ya trois ans sous le nom de Société historique, archéologique et littéraire de la ville d'Ypres et de l'ancienne West-Flandre est morle et enterrée. C'est une profonde erreur dont nous .sommes heureux de pouvoir les tirer. La société en question vit toujours, et elle vient méme de donner un signe certain d'existence en publiant un demi volume de ses annales, comprenant les deux pre mières livraisons pour l'année 4864. II y a bien la un petit retard, mais il s'explique et se justifie faci lement par l'importance particulière des matières publiées, et c'est vraiment le cas ou jamais de dire que Ton n'a rien perdu pour avoir attendu, Le demi- volume nouvellement paru contient, entr'autres, uue curieuse monographie de l'ancien couvent des Frères-Précheurs a Ypres (4267 a 1797) que tout le monde voudra lire.On apercoit de suite l'intérêt considérable de cette étude au point de vue de l'his- toire tant civile que militaire de notre bonne ville. Ajoutons que cette étude, qui occupe les trois quarts Elevée dans ces institutions religicuses oü l'on cherche lui fausser le jugement, oü on la dissuade de se .servir de sa raison et oü on lui présente toutes les institutions modernes comme l'ceuvre de Satan, la jeune fille, devenue plus tard épouse et mère, con serve les impressions de son jeune Age et au lieu de vivre en communauté d'idées avec son mari, instruit a une autre école qu'elle, elle voiten lui l'adversaire de tout ce qu'elle a appris vénérer. Enflammée de l'esprit de prosélytisme, elle veut conquérir son mari a ses principes de la des discussions qui ne.troublent que trop souvent la paix du foyer domestique. Educatrice par excellence, la mère meuble l'ima- gination de ses enfants des idéés et des principes les plus faux, que ceux-ci auront, devenus hommes, la plus grande peine a extirper, car ce sont les impres sions recues dans notre jeune Age qui poussent dans notre esprit et dans notre coeur les plus profondes racines. Le cléricalisme Ie sait, la femme est la véritable clef de voüte de la société a venir. Tant vaut la femme, tant vaut la société. Dès que la femme s'élève au rang de l'homme par le développement desa rai son et par son instruction, la société grandit, se per- fectionne et la civilisation progresse. Au point de vue de l'avenir de la société, Ia femme partage avec l'homme la direction de la familie c'est a elle qu'esl confiée l'éducation première des genera tions futures et suivant que la femme sera instruite, intelligente, morale, exempte de préjugés, tolérante et raisonnable, la société sera instruite, intelligente, morale, exempte de préjugés, tolérante et raison nable. Le parti liberal a done fait fausse route lorsqu'il s'est occupó presque exclusivement de l'instruction de l'homme, car il a laissé dans les mains du clérica lisme un instrument puissant de propagande et de resistance au progrès, l'éducation de la femme. Le mal, nous le reconuaissons, a déja pris de grands dé- du volume, révèle, en même temps qu'une patience infatigable de recherches, un esprit de critique tout a fait supérieur. Elle abonde enjudicieuses remarques et fines observations; la méthode en est savante et le style de main de maitre. L'auteur étant un jeune re- ligieux de l'Ordre même, nous ne le nommerons point ici, afin de ne pas blesser une modeslie qui doit éga ler ses talents et qui, de plus, est de règle tnonas- tique, comme chacun sait. Nous ne résisterons pas loutefoisaudésir de reproduire unexlraitde l'oeuvre, et ce pour la satisfaction de ceux de nos abonnés et lecteurs qui, n'étant pas membres de la Société his torique, n'ont pas eu le bonheur de lire l'oeuvre en- tière. Cela les engagera peut-être a se faire inscrire au plus vite parmi un corps qui se distingue par d'aussi utiles et d'aussi brillantes publications. Avouons-le, ce serait pour nous une douce récom- pense. Nous dégageant de l'embarras du choix, nous pren- drons la merveilleuse histoire de la Bienheureuse Marguerite d'Ypres, qui forme tout un chapitre a part, (le 6mo) et constitue a nos yeux la partie ma gistrale de l'oeuvre. Cette histoire, comme on le veloppements et ce n'est pas en un jour que nous parviendrons en atténuer les conséquences. N'im- porte. Encouragé par la grandeur du but a atteindre, le libéralisme doit entrer courageusement dans la lutte el opposer partout l'enseignement malsain des corporations religieuses, un enseignement laïque oü l'on apprendra a nos filles a devenir de bonnes et vertueuses mères de familie, exemptes de tous ces préjugés, de toutes ces idéés qu'on ne leur enseigne que trop souvent aujourd'huide braves et honnêtes jeunes filles qui, devenues épouses, auront les mêmes idéés, les mêmes aspirations que leur mari et qui ne formerontavec lui qu'un coeur, qu'un esprit et qu'une Ame. Correspondancc particuliere de l'OPINION. Bruxelles, 5 Mars 1865. Les journaux ont annoncé que M. le ministre des affaires étrangères, mandé au chAteau de Laeken par message exprès de S. M., y avait été recu, dimanche dernier, en audience par.iculière. Cette nouvelle n'a pas été sans produire ici quelque sensation. Depuis quelque temps déja, les rapports du Rui avec son ca binet se sont ressentis d'une certaine froideur dont la presse a eu, plus d'une fois, l'occasion de noter les indices non equivoques. On est done assez facilement disposé a penser que si l'initiative d'une semblable démarche a été prise par S. M., c'est qu'elle était impérieusement commandée par quelque événement politique important. Sur l'objet même de l'entrevue, le champ est ou- vert aux conjectures et celles qui se produisent sont plus hasardées les unes que les autres. La vérité est que rien, jusqu'a présent, n'en a transpiré au dehors. Toutefois, on croit savoir que, dans le cours de la conversation, il a été question du discours prononcé, l'avant-veille, par le ministre dans la discussion sur l'expédition mexicaine,et que le Roi s'est montré très- verra, est d'un intérêt palpitant d'un bout a I'autre. Après avoir renseigné ses sources, parmi lesquelles le manuscrit biographique de certain Thomas de Ca- limpré, frère de l'Ordre, homme grave et sérieux a ce qui parait et qualifiè lui-mème de Bienheureux i> par plusieurs, l'auteur fait remarquer, avec grand fondement ce nous semble, que peu de vies de saints ont une histoire aussi certaine que celle de Margue rite; puis il continue en ces termes La B. Marguerite d'Ypres naquil en cette ville, l'an 4218 d'une familie illuslre par sa noblesse, r elle y mourut en 1237 a l'Age de 21 ans. (1) Selon Ia coutume de l'époque, on la pla9a dès l'Age de quatre ans dans un monastère. (2) La jeune Marguerite ne tarda pas a donner bien- tót des indices certains de la haute sainteté a la- quelle Dieu l'appelait; un seul fait suffit pour le (1) De 1218 5 1237 il n'y a, tout compte fait, que 19 ans. Peut-être que Marguerite avail deux ans en venant au monde? Outre que cela ne présenterait rien d'étonnant chez une Bien heureuse, ce phénomène expliquerait très-bien la précoee maturilé de Marguerite Nous préférons cette explication 5 l'hypolhèse d'une erreur peu probable. (2) Louable coutume que nos pères out eu tort de ne pas conserver.

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L’Opinion (1863-1873) | 1865 | | pagina 1