tionné et ainsi ne perpètuerait ('influence électorale
de MM. les commissaires d'acrondissement, dont on a
plus besoin qu'on ne veut bien l'avouer.
Le succès a, cette fois encore, couronné l'entreprise
ministérielle La disjonclion a été prononcée, mais
seulement a une voix de majorité. Ai-je eu raison de
vous dire que Ie ministère l'a écliappé belle
Le rejet de la disjonction aurait-il entrainé la chute
du ministère? Evidemment non. Mais le coup n'en eut
pas été moins sensible la diminution de l'iófluence
électorale des commissaires d'arrondissement allait
èbranler la majorité libérale ministérielle, de cette
majorité qui compte pour vaincreses adversaires, non
pas sur les forces viVesde l'opinion, mais sur des in
fluences et des relations personnelles ét c'èst cé que le
ministère, avec sa grande habileté, avait parfaite-
ment compris.
Le vote de jeudi dernier nous apporte un enseigne-
ment de plus sur ce que nous pouvons attendre, en
fait d'indépendance et de dignile, de notre Chambre
des représentants. Quand done une large réforme élec
torale fera-t-elle justice de toutes ces misères parle-
mentaires
La Commission du duel doit présenter son rapport
mardi prochain. Elle fdrmulera, paralt-il, uu projet
de loi sur la rnatière des délits commis par les mi-
nistres hors l'exercice de leurs fonctions, avec Ie voeu
de rigueur sur la nécessité d'une loi réglant tous les
casde responsabililé ministérielle. Sur le fait special
dont elle a a s'occuper, elle conclul a la competence
de la Cour de cassation et émet l'avis que e'est a M. le
Procureur-génèral prés la Cour suprème qu'incombe
le devoir de demander a la Chambre l'autorisation de
poursuivre M. Ghazal.
La Chambre a voté aujourd'hui, après une longue
discussion, ('article 1"' de la loi sur la mendicilé et le
vagabondage. M. Schollaert a réussi a faire adopter
un amendement qui permet au tribunal de renvoyer
de la poursuite le prévenu qui prouvera qu'il a été
forcé de se livrer a la mendicité par suite de circons-
tances exceptionnelles, indépendantes de sa volonté
ét de sa prévoyance. Cet amendement fait plus d'hon-
neur aux sentiments du député de Louvain qu'a son
bon sens pratique. La preuve qu'il met a la charge du
prévenu est tout bonnement impossible et, a supposer
qu'elle ne le soit pas, il est évident que, pour l'éta-
blir, il sera obligé a des dépenses d'argenl que son
état d'indigence lui interdira toujours.
A propos de la loi sur la mendicité, je désirerais
être éclairé sur le point de savoir si i'on est dans l'in-
tention d'appliquer les peines qu'elle comraine aux
ordres religieux mendiants qui pullulent dans notre
libre, mais catholique Belgique. II serait odieux de
penser que des milliers de gros moines pourraient
impunément nous assaillir de leurs supplications do-
lentes tandis qu'un malheureux père de familie serait
l'objet de toutes les sévérilés de la justice pour avoir
mendié un morceau de pain pour des enfants alfa-
més.
l'humanité. Dès lors son joug est devenu intolérable
l'bomme dont l'esprit, affranchi de l'ignorance, aspire
s'élever encore et a conquérir la liberie. La pensée
de combattre cette puissance sacrée surgit et ren
contre dans le people un soutien inattendu.
En effel, le désordre règne dans l'Eglise et la décrie
auprès des masses elles-mêmes. Les murmures s'é-
lèvenlamers et menacants contre les moeurs dépra-
vées du clergé contre les richesses des ordres mo-
nastiques, contre le luxe des moines mendiants, contre
les annates, les dimes, etc... qui amênent dans les
trésors des papes l'or de tous les pays.
A la pensée de la lutte succède la pensée de Ia Ré
forme. Prononcé d'abord tout bas, ce mot se trouve
insensiblementdans toutes les bouches. Alors, du fond
des couvents sort un moine auguslin, homme fou-
gueux et plein d'audace, au earactère rigide, a l'es
prit emporté, la parole triviale et grotesque, mais
ardente, convaincue et comprise par le peuple. Ce
moine, qui devint Luther, élève sa voix puissante et
lance ses justes anathèmes contre l'Eglise romaine
qui, rudement frappée, chancèle sur sa base sans
s'ècrouler encore.
L'heure de sa ruine n'a pas sonné; l'humanité doit
acheter sonèmancipation par des épreuves nouvelles.
Un défenseur puissant descend pour elle dans l'arène
de l'histoire.
La Diète de Francfort vient d'élire sous le nom de
D'après un bruit assez répandu, la session parle
mentaire serait close immédiatement après le vote du
.projet de loi sur les travaux publics et les autres pro
jets, ceux notamment concérnant Ie tempore! du culte
et la répression des fraudes électorales seraient ren-
voyés a la session prochaine. Cette.détermination au-
raitété prise, parait-il, a cause des inquietudes que
donne la santé du Roi.
Le Progrès engage tous ses amis des communes
de l'arroodissemenl d'Ypres a surveiller de prés la
confection des lisles électorales. Nous abondons
entièrement dans le sens de notre confrère. Mais
combien ne serait-il pas impolitique, tandis qu'on
proclame a Ia nécessité de bien surveiller les ma-
nceuvres du clergé et de ses acolytes, qu'on ro-
connait que .des efforts inouïs sont fails pour arri-
ver, par Ia ruse et la fraude, a dominer la société
laïque, i> combien neserait-il pas impolitiquequ'en
ce même moment on s'efforcat de peser sur les admi
nistrations rurales dans le but d'opposer des difficul-
tés a des demandes d'inscriptiou sur les listes électo
rales, faites, non pas en fraude de la loi, nous som
mes ennernis de la fraude d'ou qu'elle vienne, mais
avec toutes les pieces a l'appui. Et que dire lorsque
de plus cet ostracisme électoral atteint des hommes
dont le libéralisme, pour ne pas ramper a plat ventre,
n'eu est pas moins au-dessus de tout soupcon? Pa-
reille contradiction ne peut s'expliquer que par les
vues les plus ótroites. Ah nous Ie comprenons fort
bien, si le corps électoral se composait uniquement
des rédacteurs du Progrès, tout irait beaucoup
mieuxau moins pour le Progrès. Mais nous
n'en sommes pas encore la el, en attendant que
la loi soit modifiée dans ce sens, il faudra bien se
résigner subir ceux que I'on n'aime pas. Nous vou-
lons d'ailleurs ajouter, afin d'aider a prendre patience
autant quecèla dépend de nous, que les personnesen
cause necéderont ni au découragement, ni a l'intimi-
dation et qu'elles sauront poursuivre la revendication
de leurs droits jusqu'aux extremes limites tracées par
la loi.
11 n'en est pas moins évident que pratiquerpareille
politique, c'est se creuser une tombe de ses propres
mains.
La Société concessionnaire du chemin de fer de Po-
peringhe a la frontière de France; (Société anonyme
des chemins de fer de la Flandre occidentale) est en
instance auprès du gouvernement francais pour ob-
tenir la concession d'un prolongement sur son terri-
toire. Pour que le chemin de Poperinghe a la fontière
ait une valeur, une utilité quelconque, il faut que ce
prolongement existe. Sans lui l'aulre troncon devient
inutile. La Société demanderesse de la concession,
ainsi que le ministre des travaux publics, ont re-
connu ce point et, dans la convention passée entre
eux, il était marqué que cette convention serait re~
gardée comme non avenue si le prolongement n'était
pas accordé au concessionnaire dans le délai d'un an,
Charles-Quint, empereur d'Allemagne et roi des Ro-
mains, le fils d'un souverain futile et débauchó, le
fils de Philippe-le-Reaü et de Jeanne-Ia-Folle.
Le prince, a qui les archevêques, dues et rois élec-
teurs de l'AUemagne venaient de décerner la pourpre
impériale, entrait alors dans sa vingtième année. Par
un concours de circonstances bien rares, il se trou-
vait, après avoir reiju l'héritage de Maximilien lHr,
disposer d'une importante partie de l'Europe et de'
ressources assez étendues pour facouner Ie monde a
la mesure de ses conceptions,
Effrayé du développement excessif de l'activité hu-
maine, lorsqu'il s'assit sur le tröne des Césars, il se
promit d'arrêter sa marche el de la briser au besoin.
Froid, raide, taciturne, sans élans de coeur ni mou
vement de passion, il était incapable de comprendre
la liberté. Lorsqu'il la rencontrait, c'était le désordre,
le chaos, ('anarchie qu'il entrevoyait et qu'il se don-
nait pour mission d'extirper.
Un tel homme devait être l'allié naturel de l'Eglise
du moyen-age. II ne faillit point a sa destinée, et ses
actes comme ses pensées entrèrent merveilleusement
dans les plans du catholicisme. o 11 détruit, dit
un jeune historiën distingué, peu connu car la mort l'a
trop töt moissonné, J.-B. Blaes, il détruit les liber-
r tésciviles, enlève les garanties accordées aux peu-
pies, muselle la pensée, alrophie ['intelligence, pro-
mulgue des lois cruelles et sanguinaires, arsenal le
avec cette réserve cependant que le délai pourraitêtre
prorogé.
C'est le 3 avril 1864 que la convention a été ap-
prouvée par arijété. royal, et, par conséquent, c'était
le 3 avri! 1865 qu'expirail le délai. Le concessionnaire
a demandé une prorogation le ministre des travaux
publics a cru devoir l'accorder, el il a soumis, le 27
mars dernier, a la signature du Roi, un arrêté qui
proroge le délai primitif jusqu'au 3 octobre 1865.
Indépendance
Bj'instrnctioa du Peuple, par Pierbe Tempels.
L'ouvrage de M. Tempels est certainement une des
plus remarquables publications qui aient paru sur
['importante question de l'inslruction du peuple.; C'est
une oeuvre forte, inspirée par uu amour ardent du
progrès; la pensée s'y dëveloppe, large et féconde,
dans un ordre méthodique et avec une dialectique
puissante; les apercus nouveaux abondentle style
est nerveux, net et précis comme la pensée, coloré,
très-correctles meilleurs écrivains francais ne le
désavoueraient cerles pas. Que nos leeteurs veuillent
bien relire cette belle page sur ('instruction obliga
toire, reproduite dans notre n° du 19 mars, ils rati-
fieront cet éloge.
Ce livre dénote.un taleuLmCir et sur .de. lui. Nous
ne connaissons cependant d3 son auteur qu'un tra
vail, fort intéressant d'ailleurs, paru a Bruxelles en
1861 {la Loi nationale, son enseignemenl el sa révision,
par P. Tempels. Imprimerie de Decq). Cet écrit
avait également pour objet l'enseignement, mais a un
point de vue spécialil démontrait la nécessite d'en-
seigner a tous la loi, seule force capable d'assurer la
cohesion des éléments sociaux, aujourd'hui que la foi
a perdu son empire.
Le talent de l'écrivain a considérablement grandi
VInstruction du Peuple est une oeuvre qui fait le plus
grand honneur a la littérature nationale.
Pénélré de l'importance capitale de l'inslruction
populaire, voyant avec raison dans son progrès le
progrès huinain tout entier, M. Tempels a fait une
étude approfondie de la matière et il nous offre un
syslème complet d'enseignement primaire. 11 ne s'est
pas borné a l'examen des deux questions qui occupent
exclusivement les publieistes dans notre pays, la
révision de la loi de 1842 et l'inslruction obligatoire,
son attention s'est portée sur l'organisation des écoles
et sur les méthodes; il traite cet important sujet avec
une connaissance parfaite des lacunes et des vices
que présente l'état de choses actuel, a tel point que
I'on s'étonnerail de voir un homme, qui n'est pas
dans l'enseignement, comprendre si bien les condi
tions d'une instruction solide et féconde, et principa-
lement l'importance des methodes ainsi que les nom-
breusesdéfectuosités de celles aujourd'hui en vigueur,
si I'on ne savait que I'habitude, devenue routine, met
un bandeau sur les yeux des gens du métier, ou leur
présente des mirages trompeurs.
Cette partie de l'ouvrage est peut être la plus inté
ressante. II est en cela supérieur a l'Ecole, de Jules
Simon. 11 ne suffit pas de décréter l'inslruction obli-
plus complet d'arbitraire que l'esprit d'un légiste
ait mis aux mains d'un pouvoir, détruit enfin pierre
d par pierre un édifice laborieusement elevé par les
siècles précédents, puis, meurt, calme etsatisfait,
i> espérant inériter le ciel après lui avoir offert en
8 holocauste des milliers d'hérétiques.
C'est la une appreciation tracée de main de maitre.
En effet, pour la postérité qui juge pièces de con
viction en mains, te rêle de Charles-Quint se résumé
en peu de mots Flétrir par la main du bourreau la
raison et le droit de penser, asservir brijtalement des.
peuples qui marchaienl a la conquête de la liberté,
replonger la civilisation, oeuvre de quinze siècles,
dans les ténèbres du despotisme, tels sont les litres
de gloire de cet homme dont les historiens ont trop
longtemps fait un héros, presqu'un demi-dieu.
En présence de ce resultat désastreux, lorsque
nous sondons le sillon de honte et de douleurs qu'a
laissé sur l'humanité le passage de ce despote, véri-
table chatiment de Dieu, nous sentons involontaire-r
ment se glisser dans nos esprits un sentiment de
haine contre ce tyran orgueilleux et sanguinaire.
Haine rétrospective, haine impuissanle, adoucie par
la lecture des mémoires particuliers de nos pères et
des archives venant confirmer ces écrits intimes.
Ad. C.
{La suite au prochain n°.)