gatoire, de multiplier lesécoles, de faire appel a l'Etat, ètJa province, la commune et a la liberté pour étouffer l'ignorance. C'est beaucoup d'avoir de nom breux étabüssements d'inslruction, ce n'est rien si l'enfant sort de l'école sachant a peine lire et s'il ar rive a dix-neuf ans ayant oublié le peu qu'il a appris. II importe surtout d'empêcher le peuple desubir l'a- trophie de l'esprit jusqu'a desapprendre a lire et pour cela il est nécessaire d'èveiller dans l'enfant la curio- sité, cette veritable source de l'instruction, de l'entre- tenir et de la raviver toujours. C'est ce que M. Tempels a parfaitement compris et exposé. Aussi la question de l'intervention du clergé dans l'enseignement primaire, n'a-t-elle pas ses yeux ^importance qu'on lui donne généralement et repro- che-t-il au parti liberal de s'en occuper presqu'exclu- sivement. Tout en admettant que le système le plus rationnel serait de faire donner l'enseignement scien- tifique dans l'école par l'instituteur et l'enseignement religieux dans l'église par les ministres du culte, il considère cette réforme comme inopportune, la majo- rité de la nation y étant hostile; dans l'intérêt même du développement de ['instruction, afin que le clergé n'entr.ave pas l'enseignement public, il maintient pro- visoireinent l'intervention du prêtre, coinme n'étant contraire ni au texte ni a l'esprit de la Constitution. Nous ne pouvons nous rallier completement a cette manière de voir. L'intervention du prêtre n'est pas contraire a la liberté de conscience, nous le recon- naissons, s'd s'agit uniquement de donner dans les écoles l'enseignement religieux en même temps que l'enseignement seïéntifique. Que les ministres des cultes viennentdans les écoles enseigner leur doctrine aux élèves appartenant a leurs sectes respectives, a litre de professeurs, sur le même pied que tout autre professeur, nous y consentons nous cro.yons avec l'auteur que dans l'état actuel de la société, il serait dangereux, en matière d'inslruction primaire,de sépa- rer complétement l'enseignement religieux de l'ensei gnement scientifique,paree que celui-ci,suspecté d'ir- réligion, succomberait peut-être dans la lutte achar- née que lui ferait le clergé. Mais l'intervention du prêtre telle qu'elle est réglèe par la loi de 4842 nous paratt contraire a l'esprit de nos institutions le prêtre est admis dans l'école a titre d'autorité, c'est violer le principe de la séparalion de l'Eglise et de l'Etat, un des principes fondamentaux de notre or ganisation sociale et du libéralisme le catéchisme est une des matières principales des concours généraux provinciaux, c'est blesser la liberté de conscience, car c'est exclure les non-catholiques des concours, les priver de ce moyen d'émulation, et les placer dés lors sur un pied d'inégalité a raisou de leurs convictions religieuses. Ce grief disparaitrait si, des écoles fibres exislant en suffisancej ceux-ci ne devaient pas avoir recours a l'école communale, mais il n'en est pas ainsior, la société doit a lous l'enseignement dans les mêmes conditions, alors surtout que 1'instruction sera obligatoire. Quoi qu'il en soit, il faut reeonnaltre qu'il y a des motifs sérieux pour demandor l'ajournement d'une réforme radicale sur ce point. Se montrer favorable a l'intervention du clergé dans l'instruction primaire, c'était s'exposer au re- proche d'être hostile au libéralisme. Pour nous, qui n'avons jamais pensè que Ie libéralisme consiste a manger du prêtre, nous affirmons qu'il est peu d'ou- vrages ou respire un esprit plus franchemeDt libéral et démocratique. II est certain qu'exelure le prêtre de l'école et le renvoyer a son èglise ce n'est pas faire grand'chose pour le développement de l'instruction. C'est lè une question politique bien plus qu'une question d'ensei- gnement. Or, l'essentiel c'est d'instruire le peuple, de faire de lous les citoyens des hommes capables de comprendre et d'aimer les institutions qu'ils auront peut-être a défendre un jour, capables de se guider par le bon sens et la raison. II faut qu'il fasse clair dans les esprits, comme le dit fort juslement M. Tempels. Telle est la pen- sée dominante de son livre. Avec ou sans intervention, le progrès de l'en- seignement dépendra 1° de ce que seront les écoles normales; 2° de ce que sera la profes- sion d'instituteur3* de ce que seront les pro- cédés destruction. a Qu'on maintienne l'intervention ou qu'on la supprimela question ullérieure et essentielle spra toujours d'imaginer des moyens d'inslruction plus efficaces que ceux que l'on emploie. Yoila le programme de l'auteurnous verrons dans un prochain article quels moyens il préconise pour le réaliser. Chroniqne warnêtomoise. Tandis que Ia Société d'archéologie de la West- Flandre devient un Ordre d'Agiograpbes, defendant les Bo'landistes et publiant des Vies de Marguerites de toute sorte, il ne peut paraitre surprenant qu'un chroniqueur de Opinion ne s'occupe pas toujours du temps présent et jette parfois un curieux regard vers le passé. L'odeur des vieux bouquins tout chargés d'anlique poussière nous réjouit et nous delecte (presque) au- tant qu'une bonne bouteille de Chambertin. Dans une de nos visites aux vieux registres de l'Hötel-de-Ville de Warnêton, nous avons trouvó une page curieuse que nous voulons mettce sous les yeux de nos lecteurs. Eite nous apprend combien on était heureux il y a un bon siècle et quelle était la galan terie des rois de France I Voici cette page, mot mot, d'après le Registre du Grefïe, de l'année 1744 Annotant ici que les troupes de Sa Majesté très- Chrétienne aiant pris possession de La ville de War nêton le 17emai 1744, [.'inauguration de Sa Majesté LaReyne d'hongrie n'a point ru lieu et que l.es grands troubles de guerre, les sièges de Menin, Ypres, fort deCnocque, et furnes, Les nouvelles fortifications de la ville de Warnêton, Les livrais ms de pallisades, fa- sines et piquets, Les passages, cantonnemens et cam- pemens des troupes, Les livraisons conlinueUes de foin, paille, avoine, bois a brüier, les fournitures de pion- niers et chariots de convois, Les logements successifs des troupes en cette ville de Warnêton, Les ordres supérieurs également pressaos, et menacans, Les députations et absences, tantót de L'un et tantöt de L'autre, joint aux Expéditions continuelles qui ne souffroient pas un moment de retardement et aux- quelles on devoit 'travaiüer presque autant de nuit que de jour, n'ont pas Laissé Le Loisir d'annoter les réso- Iutions qu'on devoit prendre et exécuter sur le champ pour éviler les fouragemens ét exécutions militaires dont la Ville et Chalelenie étaient menacés de jour en jour et d'heure en heure, ainsi qu'il se vérifie par le nombre considérable des ordres originaux reposans au Greffe, et dont L'exécution d'iceux vérifie ce qui a été fait a eet égard, en telle sorte que pendant Lesdits troubles tout fait extraord"' il a été impossible d'emploier le temps a Ecrire ce qui était Résolu de faire, sans par l'emploi de ce temps exposer la géné- ralité de cette Ville el Chêtelenie a des inconveniens, pertes, dommages, intéréts, fouragemens, et exécu tions militaires inevitables, faisant cependant a Reflé- chirque la plus grande partie des résolutions prises, peuvent se verifier tant par Ie Registre de toutes les Lettres Circulaires écrites pendant ce temps La que par Les pieces originales et Les copies retenues des Lettres Ecriles durant Lesdits troubles, ainsi que par d'autres documens, reposans es archives de Ladite Ville et Chalelenie. Annotant ici aussi pour memoire que Sa Majesté tres Chretienne passant par Cette Ville Le l 7 juin 1744 Lorsqu'il venoit de Lille et alloit au camp devant ipre, et Sade Majesté y étant repassé Le 30c dito allant de flamertinghe a Lille, Messieurs du Magistral se sont a chacquefoispresentés en Corps un peu hors de la porte pour Le faire harranguer par le Soussigné Greffier et pour lui rendre Leurs hommages, mais a chacque fois, il a passé outre sans Recevoir compliment. Annoltant encore pour quelque chose remarquable que les ambassadeurs, ministres pJenipolentiaires et envoiés extraord"" ci après nommés out été Logés en Cette Ville de Warnêton avec loules Leurs suites de Secretaires d'ambassade, gentilshommes, aumoniers, pages, intendantsEcuiers, Valleis de Chambre, et tout leur Equipage et suite de mai.tres d'hótels. Cuisi niers, chefs d'office, etc etc. Lequel Logement a dure Respectivement Le 21e, 22°, 23* et 24e juin 1744 jus- ques au 30" dito jour que Le Roy a repassé par ici retournant de flimertinghe a Lille. Etc., etc. En voila un bon vieux temps! Que de monde a héberger Combien les geus devaient être heureux durant ces époques de guerre et de domination étrangère Toute cette page se ressent de la tourmente qui régnait alors. Jamais de tranquillité, ni de repos, et au-dessusde tout cè la fierté impolie d'un souverain refusant, a deux reprises differentes, d'écouter la ha rangue d'un greffier parlant au nom de Messieurs du Magistrat, bons bourgeois (out fiers de leur position et jaloux de leurs priviléges, mais n'ayant pas capa- cité d'haranguer comme le greffier Seghers (tel est le nom du harangueur dont la double déconvenue est digne d'être notée.) La conduite de Monsieur Pompadour a dfi sur- prendre les Hauts, Grands et Petits Baillis accourus pour lui rendre hommage. Le Francais, né modeste, se dit ie peuple le plus poli de ia terre; voulant par la faire entendre qu'a pa' t lui tout un chacun est rustre et lourdau i. Louis XV cependant n'a été guère moins devant les hommes du Magistrat de Warnêton il s'est montré arrogant l'extrême, et s'est conduit a l'égard de ses nou- veaux sujets, dont il était, a vrai 'lire, en droit de suspecter la fidélité, avec l'impertinenee d'un valet enrichi. De nos jours encore, certains hommes estiment le reste de l'homanité comme une grossière valetaille devant servir au bon plaisir et aux ébats des maitres. lis suivent en cela les errements de Louis XV, eet amoureux monarque. Une histoire, qui n'est pas vieille et qui servira de seconde partie a notre chronique, nous montre que Ie despotisme existe encore dans notre libre Belgique et que certaines administrations donnent la main aux malhonnêtes actions de petits - maiires travaillant comme la taupe, faute de franchise et de Iovauté. En l'an 186., dans la petite ville de Xvivait un bon brigadier de gendarmerie, ayant non Mouchon. Alors les paisibles habitants de cette ville n'étaient pas iuquiétés par la méticuleuse rigidité qui d'ordi- naire distingue les brigadiers, car Mouchon était très- sociable et connaissait son devoir. II savait qu'on gagne plus par la douceur que par la sévérité; c'est pour- quoi il n'étaitsévèreque par exception et par charge. Aussi Mouchon était-il aimé. Mais dans la petite ville de X...., il v avail un nommé Lambert qui était l'arni du brigadier et de certain M. Henriow, d'une ville voisine. Un jour, M. Henrion fit nommer son ami Lambert bourgmestre de XAussitót celui-ci prit des airs de maitre et de puissant seigneur tout le monde de- vait lui obéir. II poussa même l'audace jusqu'a or- donner a son ancien ami, le brigadier Mouchon, de fréquenter tel et tel estaminet et cabaret au lieu de tel et tel autre. Pourquoi cela? nous direz-vous. Paree que telle bière convient mieux au bourg mestre que telle autre. Question digesto-électo- rale Mouchon, plus raisonnabb que Lambert, comme on le pense bien, ne suivit pas I'ordonnancedubourg mestre. C'était lè de sa part de l'audace inouïe dont il dut bientöt se repentir, car on le fit décamper avec armes et bagages de la petite ville de X Voici comment cela se passa Lambert, furieux de la désobéissance du brigadier, alia trouver son ami Henrion, eet homme si puissant dont le regard trouble les plus courageux et fascine les moins timides. Lambert, le vrai Lambert, lui fit le discours suivant O loi, par qui je suis tout, qui me guides dans les dédales administratifs et me donnés toutes sortes de conseils, sois mon aide et ma protection. Tu sais queje te suis pas a pas et que je n'oublie jamais de me trouver au Cercle, le jour du marché, a midi, pour te faire la cour et des courbettes et t'acclamer sur ton passage. Je m'humilie devant ta toule-puissance et me prosterne devant ta personne l Simple mortel, n'ayant de force pi d'esprit que ce que tu me donnés, je vais succomber devant le brigadier Mouchon, que tu connais. II fomente des discordes en buvant de la bière bazarienne que je ne puis aimer. Aies pitié de moi, tout-puissant. Daigne déplacer I'audacieux qui ne veut pas marcher comme je marche, qui se refuse a manger ce que je lui dis de manger, qui enfreint mes ordonnances en buvant ailleurs qu'oü je lui or- donne de boire. Viens a mon secours, sinon je pe ris. Henrion dit Que faut-il faire, mon cher Lam bert Lambert réponiit Déplacer, oui, déplacer le bri gadier. Henrion ajouta Fiat; ca se fera. Lambert. Merci, mille et mille fois merci, conso- lateur et protecteur des bourgmestres. Sans toi que serions-nous avec toi nous sommes tout. Devant nous tout le monde doit plier, fut-il brigadier des gendarmes ou receveur des contributions. Les brouil- lons doivent tomber devant ta puissance, général des bourgmestres I

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L’Opinion (1863-1873) | 1865 | | pagina 3