garantie de leur triomphe définitif. Cette pensee sou-
tient notre espoir. Oui, le libéralisme triomphera,
même dans notre arrondissement, en dépit d'un rè-
glement suranné et d'un fantóme d'Association, en
dépit de toutes les intrigues et de tous les abus, en
dépit des fautes journalières de M. Carton et de
ses acolytes.
lies amis de #1. Ernest Merghelynck.
En confianta des commissions provinoiales ('admi
nistration des bourses d'étu les. la législature a fait
une juste application des principes du droit public
moderne, mais elle a voulu garantir avanl tout la li-
berté du boursier en l'arraehant a l'intolérance des
administrateurs cléricaux. Ceux-ci considéraut les
fondations comme des biens d'Eglise imposaient aux
boursiers la fréquentation de l'Uaiversité de Louvain
et pesaient lourdement sur les convictions, tant des
jeunes gens que de leurs parents; les fondations
étaient entre leurs mains un puissant levier politique.
De ce que les fondateurs n'avaienl institué qu'en fa
veur des études nos évêques avaient fait une arme
contre le développemenl de la sociétó moderne.
Comme toulce qui leur est confiè, les bourses étaient
devenues un instrument de leur domination tempo
rede. Aujourd'hui évinoés de leur usurpation, ils
cherchent a sauver leur influence en introduisant
dans les commissions provinciales des hommes de-
voués a la suprématie de la sociélé cléricale et a son
intolérance.
C'est assez dire combien était importante, au point
de vue des principes de la iogique des partis, la desi
gnation des membres de ces commissions. Dus iors,
comprend-on que les députés de la Flandre-Occiden-
tale, parmi lesquels trois prétendus bbéraux, aient
nommé a l'unanimité une commission, mixte par le
nombre, catholique par la force et par l'influence
De la part de M. Vanelslande et des deux autres
membres cléricaux, cela se comprend a merveille.
Minorité, ils ont vaincu la majorité. Ce qui est tripot
pour cel le - ci est suprème adresse pour celle-lè. Mais
ce qui ne se comprend pas, c'est que les trois libé-
raux, qui formaient avec M. le Gouverneur la majorité
du Collége, aient trahi les intéréts du libéralisme au-
quel ils prétendent appartenir. II leur suflisait de
vouloir pournommer une commission d'bommes dont
l'honorabilité, les capacités et les convictions inébran-
lables eussent été le gage certain d'une administration
juste et vraiment libérale.
Quelle est done leur excuse 7
En tripotant avec M. Vanelslande et consorts, nos
libéranx prétendront-ils qu'ils ont voulu échapper au
reproche d'être exclusifs? Mais ne se souviennent-ils
pas que leurs adversaires ont poussé l'exclusivisme,
en dehors du Gonseil, jusqu'a combattre sans distinc
tion toutes les candidatures libérales, qu'ils ont ren-
versé toute la députatiön brugeoise et que, dans le
Conscil,.grêce a une seule voix de majorité, ils ont
fait table rase de toutes les positions acquises, depuis
celle de M. le secrétaire Vansieleghem jusqu'a celle de
M, le député Merghelynck?
Quelle poignante humiliation pour M. Merghelynck
de voir ses trois amis intimes, MM. Vandromme, Goe-
thals et Carpentier, tripoter dans le plus cordial
abandon avec ceux qui l'ont si impitovablement ex-
pulsé de son siégel Comme il doit ragir d'indignation
ce lion du libéralisme yprois en recevant ce triple
coup de pied de
M. Jacques Carpentier et sa moralité
politique.
Quel est ce M. Jacques Carpentier et pourquoi
YOpinion le fait-elle sortir de l'obscurité?
Parmi les hommes mêlés a la vie politique de notre
pays, on compte trois catégories nettement distinc-
tives les libéraux, qui poursuivent 1'afFranchisSê-
ment de la société civile les cléricaux, qui luttent
pour la suprématie et les anciens privileges de l'E-
glise, et lesComment les nommer? Nous vou-
lons parler de ces hommes sans patriotisme et saus
convictions qui, n'osant s'euröler sous aucune ban-
nière et indifférents a l'issue du combat, suivent les
deux armées, dans le seul espoir de butiner avec les
vainqueurs, quels qu'ils soient. En guerre, on les
appelle transfuges ou traltres en politique, est-ce
assez de les taxer d'égoïsme
Le nom de ces parasites condamués par la presse
et réprouvés par la conscience publique doit passer
aux jeunes générations des pays libres. C'est ainsi
qu'a Sparte, pour détourner la jeunesse de l'ivrogne-
rie, on lui offrait certains spectacles repoussanls.
Et voila pourquoi nous écrivons l'histoire de notre
héros.
En mai 1862, M. Carpentier, candidal de l'Asso-
ciation libérale, fut élu conseiller provincial par les
libéraux de Messines. Deux mois plus tard, il était
nommé, a l'unanimilé des cléricauxmembre de la
Deputation permanente. Et, chose incroyable, il ac
cepts cette nomination sans courber la tête, ni sous
l'indignalion de ses anciens amis, ni sous le mépris
de ses nouveaux patrons!
Pendant trois ans il remplit sa place a la Deputa
tion, mais
Ce qu'il y fit, je ne puis vous le dire.
Le 6 mai 1865, il est réélu membre du Comité de
I'Association libérale et le 11 du même mois, il nornme
membre de la commission administrative des bourses
d'eludes M. Gbesquière, chef du parti clerical a Cour-
trai I
Déplorables palinodies, dii a-t-on. Soit; mais qu'im-
portea M. Carpentier pourvu qu'en 1866, après avoir
été réélu conseiller provincial par les libéraux de
Messines, il soit maintenu a la Députatiön par les
cléricaux de Courtrai 1
Malgré les rodomontades de ses patrons qui vantent
tout venaal leur libéralisme recliliyne, le Progrês
ne trouvera pas un mot sèvère pour M. Carpentier.
Mais il éerira que nous, qui proteslons au nom de
la conscience publique revoilée, nous t< avons les
rnêmes aspirations que la sacristie
Voila dans quel abime certains hommes sont tom
bés I
Travaux commnuaux.
Nous avons deja eu l'occasion de constater que l'on
commence tout a Ypres et qu'on y achève rarement
quelque chose.
Les travaux de voutement de l'Yperlée, commences
l'année dernière, sont restés inaehevés en depit de
toutes les iois de l'hygiène el malgré les nombreuses
plaintes des riverains. Les trottoirs a l'extrémité de la
rue au Beurre et de la rue de la Station ne sont pas
encore entièrement terminés. Dans d'autres ruesim-
portantes et sur nos places publiques, les trottoirs
sont condamnés a rester encore longtemps a l'ótat de
casse-cou. Ce n'est pas tont. II y a quelques semaines,
on a commence la construction d'un trottoir le long
de la route qui conduit au Bassin de Commerce, au
jourd'hui ce travail est également interrompu. Quels
motifs ont porté le bureau des travaux publics a mu-
nir de trottoirs l'une moitié de la route et a laisser
l'autre inacbevée Ces solutions de continuité ne
s'expliquent pas. Du moment qu'une oeuvre est en-
tamée, elle doit être poursuivie jusqu'a complet achè-
vement et il n'y a pas de raison ponr agir d'une raa-
nière differente. Ce n'est pas seulement au point de
vue de l'embellissement ou dé l'agrément que ce tra
vail est nécessaire, mais il revêt tous les caractères
d'ulilité publique.
Et l'éclairage de la route qu'on réclame depuis
longtemps? Songera-t-on a ce puissant intérêt de la
sécurite publique? Ou bien les riverains et passanls
seront-ils obiigès encore l'hiver prochain de s'en tirer
comme ils pourront
Ce n'est point la de la justice distributive.
Les habitants des faubourgs comme ceux de ia ville
sont égaux devant le fisc et pour être plus mal servis
ils n'en devront pas moins, croyons-nous, payer leurs
charges avec régu'arilé.
l'insl ruction (ill Peuple, par Pierre Tempees,
Suite.
Les méthodes ont aitiré particulièrement l'attenlion
de M Tempels. II a étudié l'homme et s'inspirant de
cette étude psychologique, il n'hésile pas a déclarer
que les méthodes sont antinaturelles et rendent le
travail sterile. II ne sufïit pas en eflfet d'employer de
bons procédés pour enseigner la lecture et l'écriture,
il s'agit de trouver des procédés pour améliorer ('in
telligence d'une manière générale, pour élargir l'ho-
rizon des idéés et rectifier le jugement. Avec une re-
marquable justesse de vue, M. Tempels nous montre
la raison de la difference immense entre l'enfant riche
et l'enfant pauvre; celui-ci est élevé dans un milieu
vide d'idées, il ne voit rien et vit dans l'isolemenl
comment la pensee se développerait-elle dans ce cer-
veau 7
Notre auteur aime et comprend les enfants. Aussi,
comme il plaint ces pauvres êtres passant sept an-
nées a allonger des a et des b dans une école, sorte de
prison oü leur spontanéité s'étouffe,et avec quelle in-
sistance il réclame pour eux la vie, la lumière, la
promenade, le dépiacementII les conduit, grêceau
chemin de fer, visiter le pays; il crée des fêtes de
l'enfance oü règnera la gaieté par ses soins, l'école
est ornée el prend un aspect riant; il organise des
collections qui éveilleront et satisferont lacuriosité;
enfin il institué des professeurs extraordinaires char
gés de donner des conférences. Tout cela est juste
et profond et d'une rèalisation facile. II suflit de vou
loir le pays est riche, et, qu'on ne l'oublie pas, l'in-
struction du peuple est peut-être le premier des de
voirs sociauS.
Tout le système de M. Tempels, systems parfaite-
ment rationnel, se résumé en ces mots fournir des
idéés Aussi donne-t-il pour bases a l'enseignement
primaire le dessin et la musique, si propres a déve-
lopper harmonieusement les facultés intellectuelles 1
Voila pour les methodes. L'écrivain présente alors
une organisation compléte des écoles. Nous devons
abrèger une analyse déja bien longue. Nous nous bor-
nerons a signaler surtout comme excellente l'idée
d'instituer des lavoirs-écoles pour les filies de douze
quinze ans. Ces lavoirs comprendraient dans les
grandes communes un atelier de blanchissage, ua
atelier de raccommodage et un atelier de repassage.
II importegrandement de rendre la femme de l'ouvrier
honnête et décente, capable de bien entretenir la
maison. Que nous sommes loin de la! M. Tempels
nous donne de la situation un tableau dont la réalité
navrante n'est malheureusetnent que trop vraie. C'est
une des plus belles pages du livre, elle est écrite de
main de maitre.
Tout est a faire pour l'enseignement des filles, et
tout d'abord il faut créer des écoles normales, il n'y
a pas d'institutrices.
Comme complément indispensable de l'école M. Tem
pels voudrait voir instituer dans chaque canton une
académie dans le genre de celles qui sont déja éta-
blies dans la plupart des villes seulement il demande
avec raison que ces académies aient le caractère ex-
clusif d'établissements d'instruction primaire et ne
prétendent point former des artistes, les jeunes gens
sortis de l'école primaire y conserveraient et déve-
lopperaieut ['instruction acquise.
II préconise enfin l'organisation d'un vaste système
d'enseignement dans l'armée. L'Etat a l'eniière dis
position de générations entières qu'il peut instruire
facilement et a peu de frais. Si l'on ne veut pas de
l'instruclion obligatoire, que l'on nous donue au moins
cela. La France y songe, nous laisserons-nous de-
va neer
M. Tempels consacre le dernier titre de son ouvrage
a la loi de 1842. II examine ses résultats et en pre
sence des faits déplorables que constate la statistique
il conjure le libéralisme de ne pas ajourner une ré-
forme urgente et considérable jusqu'au jour de la so
lution des questions relatives au clergé, de poursuivre
au principal l'énergique organisation de l'enseigne
ment scientifique et de ne pas concentrer tous ses
efforts sur l'unique question de intervention du
prètre. Nous avons dit notre manière de voir a eet
égard; c'est, il va sans dire, une opinion personnelle
n'engageant en rien la redaction du journal. Nous
pensons que si, comme le croit M. Tempels, il est
inopporlun de réviser en ce moment la loi de 1842,
s'il est prudent de maintenir provisoirement le prêtre
dans l'école, l'enseignement primaire n'en doit pas
moins être réorganiséau plus tót sur des bases solides
et fecondes. Cela est possible sans toucher a la loi de
1842 et sans que l'on doive consacrer dans une nou
velle loi organique intervention du clergé, ce que le
libéralisme tie saurait accepter. II ne faut pas sacrifier
quelques générations encore. La situation est déplo-
rable on a beaucoup fait, mais ce n'est rien a cóté
de ce qu'il reste a faire.
Nous disons avec M. Tempels II faut créer les
centimes additionnels de l'enseignement primaire,
a il y aurait lacheté et folie ii le refuser lêchetè,
paree que l'amour de nos semblables n'est pas un
a mot creux; folie, paree que l'ignorance populaire
entrave notre prospèrité a tous.
A l'cBuvre doncl Que l'Etat, la province et la com
mune unissent leurs efforts a ceux de la liberté On
admet intervention de l'Etat, mais on a l'habitude
de considérer l'obligation de instruction primaire
comme incombant avant tout la Commune. C'est
une grave erreur, eombattue victorieusement par
l'auteur de l'Instruction du Peuple Etat, Province et
Commune sont intéressés et obliges au même titre