Un homme terrible, c'est M. Bouvier. Que d'autres
allèguent les devoirs internationaux, les nécessités de
la sécurité interieurs, lui, M. Bouvier, n'est pas homme
a se payer de semblables prétextes il a voté la loi
pour la bonne raison, c'est qu'il a peur et il a eonfessé
sa peur avec courage. II faut voir les choses, telles
qu'elles sont, s'est écrié le depute de Yirtou; nous
sommes courageux, extrêmement courageux, mais
nous sommes faibles et nous devons prendre garde
d'éveiller les susceptibililés de gouvernements plus
puissants que nous.Voila ce qui s'appelle mettre
les pieds dans le plat; mais a Yirton, on n'est pas
bégueule et Von dit les choses cornme elles sont.
-1 9
Vous vous plaignez, dans votre dernier numéro, que
l'on enlève I 'Opinion dans les cafés d'Ypres. Ce n'est
pas seulement a Ypres que l'on pratique cette petite
manoeuvre. Samedi, 17 de ce mois, vers huit heures
du soir, au moment mêrne de sa distribution, l'Opi-
nion a été emportée au Café des Milles Colonnes par
quelqu'un de chez vous a qui je ne veux pas faire le
chagrin de le désigner et que je tiens oomme suffisam-
ment puni par l'avertissement que je lui donne ici. Je
comprends que votre journal ne plaise pas tout Ie
monde, mais le déplaisir qu'on en peut éprouver ne
devrait pas faire oublier ce que l'on doit a la liberté
des opinions, sans compter ce que l'on doit au droit
de propriété de l'abonné.
Le geai qui se pare des plumes du paou.
Depuis la publication de nos dernières réflexions,
quelques nouvelies scènes sont venues s'ajouter a la
comédie catholico-libérale jouée ici a l'occasion de l'en-
trée de l'évêque de Bruges, scènes du plus haut co-
mique, mais qui ne projettent jusqu'è présent qu'une
faible lumière sur le dénouement de la pièce. II y a eu
d'abord la réponse ou la justification commeon
voudra 1'appeller du Propagateurpuis les pre
miers commentaires du Progrès, délayés en trois ar
ticles, puis une seconde édition des mêmes commen
taires et il n'y a pasjusqu'a la Patrie de Bruges qui,
furieuse de son désaveu, ne conleste au Propagateur
Ie droit de parler au nom des catholiques. Cais
sons ces gens d'Eglise se disputer le lutrin et voyons
ce que nous pouvons démêler des explications prolixes
du Progrès. Ah, l'aimable confrère 1 il est en verve
aujourd'hui. Et quels doux plaisirs il nous procure 1
Le voila prenant sa revanche d'un long mutisme qui
inquiétail fort ses amis. Neuf colonnes sufïisenla peine
son humeur expansive. Puisse eet effort surhumain,
en excédant ses forces, ne pas le replonger dans une
nouvelle crise. Mais voyez le coquel. il s'est dit qu'un
grain de sel faciliterait peut-être la digestion de ses
ceuvres et Ie voici accusant ses amis de complicité
dans ses faits et gestes. Nous recevons de toute part
des réponses au dernier article du Propagateur
b dit-ilnous croyons devoir en publier une, paree
qu'elle contient quelques appreciations nouvelies.
Ces reponses que vous recevez de toute partconfrère,
ne viennent pas de plus loin que de votre écritoire
tournures de phrases, pensées, style et apprécia-
tionspeu nouvelies, tout l'indique.
Pourquoi d'ailleurs vous soustraire a une ovation
méritée.
de corps el raide dans ses mouvements, prouvait son
infériorité manifeste. II eut le sang tellement échauffe
de ce mécomple, qu'oubliant que c'était un jeu, il
assomma son pauvre diable d'adversaire et lui asséna
sur ia tête un coup tellement violent qu'il ne remua
plus.
Ces fêles brillanles oü plusieurs, dit Martin du
Bellay, portèrent leurs forêts et lours prés sur leurs
epaules, b se terminèrent après huit jours consécutifs
de divertissements et de repas homériques. Les deux
rois, qui n'avaient cessè de se donner les plus grands
témoignages de tendresse, se separerent apres s'être
mutuellement comblés de presents, el s'être frater-
nellement embrassés.
a Sur la foi d'un pareil baiser, dit un personnage
de comédie, je poignarderai mon ennemi. o Les deux
rois pensèrent comme lui et agirenl en consequence.
Henri VIII était mecontent de Francois 1"; il l'avail
trouvè trop courtois, trop riche, et trop chevale-
resque, le luxe francais avail surpassé celui de ses
seigneurs.
Tout occupé d'èblouir son voisin d'Oulre-Mer par
le faste qu'ii deployail, le roi chevalier oublia de ma
nager sa susceptibilité et de gagner son ami.tié en
Faut de la modestie,
Pas trop n'en faut.
Vos chansons sont charmantes et n'ont qu'un tout
petit défautPareilles aux orgues de Barbarie, elles
sérinent loutes la même ritournelle. Question d'hrbi-
lude, du resteil faut esperer qu'on finira par s'y
faire.
Toute cette querelle du Progrès et du Propagateur
rou'e sur deux points et les lutteurs se renvoienl la
balie avec le même acharnement et la même monoto
nie. Le public se demande aujourd'hui, écrit le
b Propagateur, quelle influence ou quelle autorité
ètrangère a pu changer les excellentes dispositions
de plusieurs de nos magistrats et de nos chefs de
corps? Les vrais motifs ne seront jamais avoués
peut-être, paree qu'ils ne sont pas avouables. Et
le Progrès de répliquer aussilöt a Mais il serait cu-
b rieux de connattre les véritables causes qui ont mo-
tivé l'abstention des aulres membres du clergé lors
de la réception officielle de M. leminislrede l'inté-
rieur. Nous croyonspouvoir prèdire qu'onn'avouera
d pas celles-ci, car elles doivent étre inavouables. b
Ne dirait-on pas que les acteurs se communiquent
leurs róles dans la coulisse?
L'abstention du clergé a la réception du ministre et
|a Patrie, organe de l'évêché, voila ce qui préoccupe
exclusivemenl le Progrès comme le Propagateur, le
Propagateur comme le Progrès. Fort heureusement,
M. le doyen Welvaert est la ou plulót n'est pas la et
c'est sur lui que pieuvent les accusations, les expli
cations, lesdésaveux. La mort l'a moissonné, il ne re-
viendra pas s'expliquer et cette certitude donne du
cceur a ceux qui, en face de la contradiction, en ont
si peu. Quoiqu'il en soit, on commente, on interprête
et chacun des deux combattanls cherche dans la con
duite, dans les lettres et jusque dans les pensées les
plus secrètes du défunt doyen de quoi se le rendre
favorable. On dirait les Grecs et les Troyens se dis
putant le corps de Patroele.
Ce plaisir de croque-mort n'a aucun attrait pour
nous et nous trouvons même de fort mauvais goüt
toute cette polémique sur une tombe.
Le second point lui-même n'est pas plus important
nos yeux que le premier. Qu'importe que Ie Propa
gateur écrive La Patrie n'est nullement l'organe
de l'évêché, et que Ia Patrie elle-même ajoule
après lui l'évêché est étranger a noire journal
qu'importe que le communiqué du Propagateur ait
revêtu un caractère quasi-officiel Ces désaveux va-
lent les conversions in extremis auxquelles personne
ne croit.
La n'est done pas le véritable intérêt du débat. II
est dans les efforts impuissants du Progrès pour ten-
dre une plasche de salut a ses amis qui se noyent.
Hélasl la planche est une soupape qui consomme la
noyade.
Revenant sur la lettre de M. le major de la garde-
civique, qu'il qualifie a bon droit de langage a Ia
fois digne et ferme, ce journal s'efforce d'y rat-
tacher ses amis par quelque bout, a Les raisonsqui
empêchaient M. Ie chevalier Auguste Hynderick
B d'assister a aucune partie de cette cérémonie nous
paraissent péremptoires, dit-il elles ont décidê
d'ailleurs un grand nombre de nos amis a s'abste-
b nir. Fort bien. Mais puisque vos amis avaient
les mêmes motifs que M. Hynderick, pourquoi ne les
faisaient-ils pas connaltre comme lui Ou sont leurs
flatlant ses faiblesses. Faute plus grande encore, il
n'avait pas songé a se faire un ami du cardinal
d'Yorck, l'ambitieux et vindicatif Wolsey.
L'entrevue du Camp du Drap d'or fut done aussi
inutile que brillante. Par suite de la frivolité du roi
de France, au lieu des résultats sérieux qu'elle devait
produire, au lieu d'être le premier anneau d'une al
liance formidable contre le nouvel empereur, cette
pompeuse rencontre de deux rois riches et puissants
ne fut, en réalité, qu'une visite vulgaire de souverain
a souverain, sans conséquencas et que l'hisloire n'en-
registre que pour mémoire, comme un insigne monu
ment de folie vanité et surtout, comme la preuve vi-
vante des immenses trésors que la civilisation avait
amassés pendant le Moyen-êge.
A peine rentré dans son royaume, Henri VIII, pe-
sant ses intéréts et ses sennents, ne tarda point
a oublier les amitiés qu'il avait prodiguées au roi de
France sous l'impulsion de Wolsey, il tendit une
main allióe son oncle Charles-Quint. Ses pensées
hostiles n'échappèrent pas longtemps a Francois ler
qui, de son cóte, se prèparait a soulenir, contre la
I majeure partie de l'Europe, une lutte désormais ine
vitable. II fit plus, sachant, par expérience, que
lettres de refus? Pourquoi ne les publient-ils pas?
L'accusation de céder a de ridicules prétextes était
bien lancé contre eux, oü sont leurs protestations?
Jusqu'en ce moment nous en sommes toujours a les
attendre. Pas un n'a eu jusqu'ici le courage d'ouvrir
la bouche ou de prendre une plume, a Nos autorités
civiles se sont abstenues, dites-vous. Oui, les
unes ont demandé un congé de dix jours pour pouvoir
s'abscnter, les autres, n'osant paraitre comme conseil-
lers cotnmunaux, se sont dédoublées et ont figurées,
qui comme marguiller, qui comme autre chose, d'au
tres encore ont couru Ie lendemain implorer le pardon
de leur audacieuse abstention de la veille. Tous y ont
mis le zèie de bons catholiquesune seule chose leur
a maoqué la franchise dans la dévotion.
Et vous osez vous vanter de voire conduite'
Comment I après avoir tenté de recueillir seerè-
tement les bénéfices de votre soumission catho-
lique, vous voudriez aujourd'hui vous targuer d'une
abstention hypocrite! Non, non; votre démonstra-
tion vous le dites fort biena produit un grand
b effet. La population yproise ne se laissera pastrom-
b per par vos vaines déclamations. Elle a pu appré-
cier, cela lui suffitt> un jour elle vous apprendra
que le geai ne se pare pas impunément des plumes du
paon.
lie manifeste poperinghois et le journal
Ie l'RUUKËS.
Le Progrès annonce dans son numéro de jeudi que
l'on a répandu, a Poperinghe, un factum propos
de notre traité de commerce avec la Prusse. Mais
la forme dubitative que revêt sa communication
prouve qu'il en parle d'après de simples rumeurs et
sans en avoir pris connaissance i! tachera cepen-
dant de se procurer un de ces écrits, afin de pou-
voir s'en occuper dans un prcchain numéro.
Nous qui avons la pièce sous les yeux, nous pou
vons immédiatement satisfaire la curiosité du con
frère. La circulaire a été bien réellement distribuée
dimanche et lundi matin c'est un imprimé d'une de-
mie-feuille, deux colonnes, portant en tête Hom
melkweekers, leest en oordeelt! II y est question effec-
tivement du traité de commerce que le ministère vient
de conclure avec la Prusse et par lequel, dit-on, un
droit de 20 francs par 100 kilogrammes est maintenu
l'entrée des houblons beiges en Altemagne. On y
rappelle, a l'occasion de la discussion a laquelle cette
convention diplomatique a donné lieu au sein de Ia
Chambre des représentants, que MM. Alph. Vanden-
peereboom et de Florisonne ont émis un vote favo
rable, tandis que M. Van Renynghe s'est opposé par
la parole el par le geste et probablement plus par
le geste que par la parole aux conséquences désas-
treuses de ce traité pour la production houblonnière
en Belgique.
Nous ne voulons pas nous occuper aujourd'hui de
cette circulaire, ni examiner a ce propos le nouveau
traité de commerce dans ses rapports avec l'agricul-
ture dans notre arrondissement.Nous attendrons d'a-
bord les réflexions que le Progrès nous promet a dans
un prochain numéro. Ge serait mal a nous de cou-
per l'herbe sous les pieds d'un si bon confrère I Et
qui d'ailleurs mieux que lui pourrait traiter ce sujet
délicat avec la profondeur de vues, le calme, la di-
gnité et ce cachet de haute distinction qui dénote
l'écrivain maitre de son sujet et de lui-même.
l'avantage reste toujours au premier attaquant, il
prit l'offensive et lanca dans la Navarre et contre
Pampelume, André de Foix, sire de Lesparre.
Cette invasion fut le signal des guerres sanglantes
qui désolèrent l'Europe pendant le seizièrae siècle, et
qui aidèrent si puissamment Charles-Quint dans son
oeuvre de ténèbres.
Un autre danger menacait la civilisation. Tandis
que tous les pays résonnaient du cliquetis des armes,
que, de son tröne, Ie petit - fils de Maximilien étendait
sur la civilisation naissante, son manteau de despo
tisme, un coup d'arquebuse, parti d'une main ob
scure, suscitait. a la liberté de conscience et au pro
grès de l'humauité un ennemi plus redoutable encore
que le puissant empereur.
Au siége de Pampelune fut blessé grièvement un
homme qui, dès lors, dógoüté de la vie militaire, ra-
massa dans les orties le froc que Luther venait d'y
jeter el deviut le crèateur d'un nouvel ordre religieux.
Get homme, dont le nom redoute a droit a toutes nos
exécrations, se nommait Ignace de Loyola, fondateur
de l'-ordre des Jésuites.
Au. G.