Nous devons toutefois a la vérité de déclarer qu'une lecture attentive de la pièce poperinghoise ne nous a rien fait o respirer du style suave et parfumé deFré- dene, d qui semble picoter si vivement les na- rines du Progrès. La discussion, au Sénat, du traité avec la Prusse a fourni a M. Ie sénateur baron Mazeman l'occasion de prendre la défense de ['industrie huilière el de la cul ture du houblon si importantes dans notre arrondisse ment. L'honorable sénateur combattant dans l'interêt de ses mandants, a développé dans un discours pré cis tous les motifs qui s'opposaient a ce qu'il donnèt un vote approbatif au traité avec la Prusse. II a mon- tré la position précaire des huiles et du houblon bei ges vis-a-vis de ce x de I'étranger; ces derniers pour- ront entrer litres en Belgique, tandis que les autres continueront d'êlre aslreints a des droits a leur entrée dans les pays limitrophes. Le discours et Ie vole de M. Mazeman de Couthove monlreront a l'arrondissement d'Ypres que leur sé nateur a dignement rempli son devoir dans la journée du 28 juin 1865. II n'a pas voulu laisser passer sans protestation une oeuvre ruineuse pour notre contrée; il a désavoué par son vote une convention malheu- reuse et digne de reprobation. II nous eut 'été heureux d'étendre ces éloges et de féliciter en même temps nos représentants MM. Van- denpeereboom et Deflorissonne. Nous regreltons de ne pouvoir le faire. II n'y a pas de notre faute. Nous avons, dans notre numéro du 18 juin der nier, entretenu nos lecteurs d'un fait odieus qui s'é- tait passé a Poperinghe, oü l'autorité avait laissé ouvertement violer la loi qui règle Ia police des inhu mations et fouler aux pieds les lois sacrées de la fa milie. II résulle de renseignements ultérieurs et puisés a bonne source, que non-seulement eet acte a eté coriimis nuitamment et a l'insu de la familie, mais qu'on a transporté le cercueil sans même I'avoir re- couvert d'un simple drap mortuaire, et qu'au cime- tière on l'a, non pas descendu dans une fosse, mais jeté pour ainsi dire au charnier. Et cependaut la Constitution ne reconnait que des citoyens et ne fait aucune distinction entre les cultes qu'ils professent, mais les confond dans tous les actes de la vie civile. Aucune loi n'établit de démarcation pour les vivants dans les communes, ni ne prescrit de quartier spécial pour tel ou tel cuite. De quel droit done M. Vanre- nynghe laisse-t il établir de distinction dans le champ des morts? Un bourgmestre ne connait et ne doit connaltre que des citoyens égaux devant la loi; et cependant M. Vanrenynghe a laissé enfouir un pauvre malheureux dans cette partie du cimetière flétrie du nom de coin des réprouvésl Les lois sacrées de la familie ordonnent aux parents d'accompagner la dé- pouille mortelle d'un père; de quel droit a-t-on re- fusé a la familie cette dernière consolation De tels faits, autorisés par un homme qui est a Ia fois représentant et bourgmestre, ne sauraient être plus longtemps tolérés et nous espérons qu'il aura sufïi de les signaler pour que l'autorité supérieure prenne les mesures exigées par lés circonstances. Voici maintenant une nouvelle lettre qui nous a élé adressée de Poperinghe et que nous nous empressons de publier Monsieur l'éditeur, L'émotion produile en notre ville par la manière scandaleuse dont on a procédé l'enterrement ou plutót a I'enfouissement du malheureux facteur de la Station, est loin de se calmer. On continue a se demander si l'administration su périeure restera indifferente en présence d'un sem- blable fait, et permettra ainsi de violer a l'occasion Ia loi, en laissant s'établir un aussi fócheux précédent en matière d'inhumation civile. L'on comprend que la familie du défunt, composée de personnes dont la position est aux mains de ceux qui ont ordonne ou tolere ce scandale, n'ose pas éle- ver la voix et étouflfe ses plaintes et son indignation, de peur que ses intéréts matériels n'en soient lésés. Mais sufïira-t-il qu'on tienne sous sa dependance les personnes envers lesquelles on se rend coupable des actes les plus répréhensibles, pour que l'impunité soit assurée a leurs auteurs J'ose done espérer, Monsieur, qu'une enquête, ou- verte par qui de droit, viendra bientót éclaircir cette ténébreuse affaire et douner une legitime satisfaction a l'opinion publique si indignement outragée. Agréez, etc. X. La collecte faite en faveur de la veuve, a atteint jusqu'a ce jour la somme de 870 francs. Baisse des Eaux. Ou sait lout ce que le commerce a eu a souffrir j depuis bien des annees par suite des longues et fré- quentes interruptions de la navigation sur les canaux i d'Ypres et de l'Yser. Cette année encore une semblable calamité se pré- parait, puisqu'en vertu d'un arrête ministeriel en date du 5 mai dernier, les eaux devaient être baissées sur le canal d'Ypres a l'Yser (bief inférieur^ et sur l'Yser pendant 60 jours, du 5 aoüt au 4 oclobre 1865. Un grand nombre de commercants et d'industriels de l'arrondissement d'Ypres se sont emus a juste litre de ce deplorable élat des choses et a la suite de cet arrêlé, ils ont envoyé une petition a la Chambre des représentants pour lui signaler Ie préjudice conside rable qu'uu aussi long ehömage de la navigation ne pouvait manquer de causer a 1'agriculture, au com merce et a I'industrie. Cette petition, dont l'abondauce des matières nous a empêché de publier le texte, a été très-favorable- ment accueillie par M. Ie ministre des travaux publics et aujourd'hui nous pouvons assurer que la naviga tion ne sera pas fermée pendant cette plus belle sai- son de I'anuee. Cette baisse d'eau n'était en effet nécessaire que dans la partie de l'Yser comprise entre Nieuport et le pont de Knocke, oil Ie département des travaux pu blics fait exécuter des travaux dans le lit de la rivière et pour permettre la continuation des travaux de re construction du dit pontmais elle ne l'etait nulle- ment ni dans le canal d'Ypres ni dans le lit de la par- tie superieure de l'Yser, oh il n'y a aucun travail k exécuter. La direction des ponts-et-chaussées fera done éta blir un batardeau, en aval du point de jonction du canal d'Ypres et destine a maintenir le niveau des eaux de l'Yser; ce qui permettra de conserver la na vigation entre Ypres et Rousbrugge d'une part et d'autre part Furnes, Dunkerque, Nieuport, Ostende et Bruges. Ce travail, aussi simple que peu cofiteux, présen tera les plus grands avantages pour le commerce de notre arrondissement dont l'état d'infériorité est des plus déplorables. Ville d'Ypres. Cokseii. C«H»ra.u, Séance publique du Samedi 17 Juin 1865. Présents MM. P. Beke, bourgmestre; P.Bourgois, échevin; Ch. Yandebroucke, Ed. Cardinael, Aug. De- ghelcke, P. Boedt, Ch. Becuwe, Ch. Lannoy, L. Va- nalleynnes, L. Yanheule, Aug. Beaucourt, Aug. Brun- faut, conseillers. Absents MM. L. Merghelynck, échevin; Th.Van- denboogaerde, F. Messiaen, conseillers. Le procés-verbal est lu. Par exception a ce qui s'est toujours pratiqué, il n'y est fait aucune mention de la délibération a huis-clos qui a eu lieu a la fin de la précédente séance et dans laquelle il s'est agi de la réception a faire a l'evêque de Bruges. M. Vanalleynes se plaint que ses observations ne soient pas consignées au procés-verbal. M. le bourgmestre rectifie ce qu'il a dit dans la precedente seance, de l'escalier du couvent des Car- mes, situé au Marché-au-Poisson. Trop préoccupé d'une idéé, M. le bourgmestre, en parlantde l'escalier, voulait parler de I'issue el le premier sera réduit con- formement au règlement dont il est I'auteur. Nous n'avons pas 1'outrecuidance de croire que les ré- flexions de I 'Opinion aient eu pour effet d'arracher M. le bourgmestre a ses distractions, néanmoins nous sommes heureux d'apprendre que désormais les r§- glements seront appliqués indistinctement a tous. M. Beaucourt dit qu'il a parle des batiments sans gouttières et non pas de ceux qui deversent I'eau par leurs gouttières, comme l'éerit Ie procés-verbal. M. le bourgmestre ajoute que la ville va donner l'exemple pour ces sortes de bêliments, mais il fau- dra voter une allocation spéciale. Le procés-verbal est adopté avec ces diverses ob servations. Une seule pièce est communiquée au Conseil, e'est une lettre de M. le doyen qui invite le Conseil a suivre la procession de la Féle-Dieu. L'assemblée se pro- nonce pour la négative. Elle adopte ensuite, sur les conclusions conformes présentées par M. Beke, le compte de la fabrique de 1'égliseS. Martin, pendant 1'exercice 1864. RecettesFr. 32,757 93 Dépenses30,339 96 ExcédantFr. 2,417 97 Cet excédant était en 1863 de fr. 3,222 90. Parmi les d 'penses on remarque une somme de fr. 14,500 con.sacree aux travaux de restauration de l'église. Est également approuvé l'état des dépenses impré- vues pour 1864. Uncréditde 2 000 francsaété affecté a cette destination par l'art. 85 du budget de 1864; il a été dépensé jusqu'a concurrence defr. 1,994 81. Les principales dépenses ont éte occasionnées Par l'invasion de la variole. Nous ferons remar- quer a ce propos que la commission d'hygiène qui, a l'apparition de la maladie, n'avait plus été réunie de puis un grand nombre d'années, ne l'est pas non plus aujourd'hui. II est déplorable que l'expérience du passe ne profile pas davantage. Après la cruelle le- §on infligée a la ville, perpétuer la négligence serait pour l'administration une double faute. Par le ballon Glorieux, dont l'ascension n'a été rien moins que glorieuse. Par un subside accorde au corps des poissonniers. M. Beke fait l'historique de ce corps depuis l'abo- iition de ses priviléges et apprend au Conseil que le nouveau règlement sur Ia vente du poisson aura pour etfet de faire supprimer cette allocation. Enfin, par une somme de 225 francs allouée k M. Schoutteeten qui a dressé les arbres généalogiques d'un grand nombre de families de la ville. Sur une observation de M. Vanheule, M. le bourgmestre ajoute que cette somme n'a eté accordée qu'a la condition de joindre une table's ce travail. Le Conseil approuve les nos 5 et 6 de son ordre du jour, la location de proprietés rurales de l'administra tion des Hospices, raontant a la somme de 28,238 fr., soit une moyenne d'environ 45 francs 50 c. la mesure, et celle des herbages croissant sur une partie du che- min de ronde intérieur et extérieur M lots out été adjugés au prix global de 571 francs, c'est-a-dire avec une diminution de 245 francs sur l'année dernière. II avait réservé pour le dessert Ie programme de la fête communale de 1865. Maigre dessert, ma foi, dont les enfants d'Ypres ne se lécheront guère les doigts! Pour le premier dimanche, un festival de chant d'en- semble et d'harmonie organisé par la Sociélé des Chceurs. Un subside de 1,800 francs est accordé qui, joint aux frais d'organisation, portera la somme 2,000 francs. Pour le second dimanche, un concours de declamation et de chant sera donné par la société De Vlaemsche Ster a l'occasion de l'inauguration de son drapeau. Cette sociélé recevra pour cette fête 600 francs du gouvernement, de la ville 400 francs. Ce même jour il y aura un feu d'artifice 600 francs. Des subsides jusqu'a concurrence de 500 francs se ront accordés aux differentes sociétés de tir a la perche 400 francs pour les jeux populaires. II y a en outre distribution des prix aux élèves de l'Académie de dessin et un grand nombre de fêtes données par les sociétés particulières, fêtes qui ne cofitent pas une obole a la ville et n'en sont pas moins comptées parmi les rejouissances publiques. M. Becuwe, appuyé par M. Vanheule, propose de voter un nouveau credit de 1,200 francs qui, avec les 3,500 francs inscrits au budget, porteront a 4,700 francs le total des dépenses de la fête communale. Ainsi cette année encore se passera sans expositions industrielle, artistique ou agricole. Et cependant il faut louer le Conseil d'etre sorti de la vieille ornière et d'avoir majoré Ie crédit. Espérons que nous progresserons dans cette voie et qu'on donnera l'an prochain de plus belles fêtes que cette année. M. Vanheule demande un subside de 30 a 40 francs pour procurer une récreatiou aux enfants de l'EcoIe gardienue. Nous approuvons saus réserve cette idéé, tuut en regreltant qu'elle n'ait pas été completée par une demande analogue en faveur des elèves de l'Ecole primaire. Ceux-ci aussi sont des enfants pauvres et de plus les élèves de la commune. La séance est levée a quatre heures trois quarts. Conférence littéraire de III. Madier-ftlontjau. Suite et fin. Pour qui va au fond des choses et écoute atlentive- ment, c'est l'ême et la vie mêmes de Molière qui ap- paraissent dans le Misanthrope. En 1662, Molière

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L’Opinion (1863-1873) | 1865 | | pagina 3