saura qu'il ne lui reste plus, pour fausser le scru-
lin, qu'un seul moyen régaler les électeurs, nous
la verrons porter sur ce point unique toutes les
ressources de sa féconde imagination et arriver a
des combinaisons, a des ralïinements de corruption
dont il serait impossible de calculer, dès aujour-
d'hui, la portée. Et qu'aurons-nous obtenu, en fin
de compte C'est que les petites infirmités dont
nous nous plaignons aujourd'hui auront disparu,
il est vrai, mais pour faire place un chancre ron
geur qui nous dévorera tout entiers, lentement,
mais sürement.
lie Traité de Commerce avec ia Prusse.
2mo Article.)
Dans notre précédent article (voir n° du 9 juillet),
nous avocs élabli quels étaient, avant et après le
1" juillet 1865, les droits d'entrée sur les houblons
et les huiles, en Belgique et dans les pays limi-
trophes.
Avant le juillet dernier, c'est-a-dire avant ['ap
plication du traité avec la Prusse, une véritable réci-
procité douanière existait entre la Belgique et ses
voisins, pour les droits sur ces matières. La Hollande,
la Prusse, Ia France et l'Angleterre avaient établi des
droits sur le houblon et sur l'huile la Belgique
voyant ces pays fermer, par ['établissement de ces
droits, leurs barrières aux huiles et aux houblons
beiges, et interdire par conséquent ceux-ci la con
currence sur leurs marchés, prélevaitde son cóté un
droit et empêchait le houblon et les huiles étrangères
de faire une concurrence ruineuse sur notre marché
a nos produits du même genre. G'était la une ré-
ciprocité garantissant le commerce et l'industrie na-
tionales. Le gouvernement suivait en cela la règle
économique qu'en matière de douane on se sert de
l'impöt comme d'un rempart contre la concurrence
étrangère.
Grace a eet état de choses nos cultivateurs et nos
marchands de houblons ainsi que nos fabricants
d'huile, étaient assurés du marché beige. Ils n'avaient
cependant pas un monopolel'étranger pouvait ve-
nir, venait même, leur faire concurrence, mais il ne
le pouvait qu'aux mêmes conditions, ou a peu prés,
qu'il imposaitaux Beiges allant sur son marché. Ceux-
ci auraient préféré un autre état de choses tout a
l'avantage de la libertél'abolition compléte des droits,
chez toutes les nations.
Malheureusement, cette aspiration libre-échangiste,
si généreuse et si libérale, n'a pas été écoutée. Le
gouvernement, mü nous ne savons par quelles idéés,
a inauguré, par son Traité avec la Prusse, un système
mortel pour la prospérité de la culture du houblon et
la fabrication des huiles il a sacrifié ces deux sources
de richesses pour notre arrondissement a l'intérêt du
houblon allemand et des huiles de toutes les contrées
voisines.
Comme nous l'avons dit, une des suites du nouveau
traité c'est que les huiles et le houblon étrangers en-
treront francs de droits dans notre pays, tandis que
ces produits, cultivés ou fabriqués en Belgique, ne
pourront enlrer chez nos voisins qu'avec des droits
élevés.
Ainsi un fermier do Boeschepe viendra avec
son houblon au marché de Poperinghe, sans payer
aucun droit et fera concurrence a nos cultivateurs
beiges, lorsqu'il trouvera benéfice a agir de la sorle.
Le marchand de houblon bavarois fera la même chose.
L'un et l'autre pourront gratuitement inonder nos
marchés, tandis que leurs pays mainliennent des
droits réellement prohibitifs.
II en est de même pour les huiles
La Prusse, la Hollande et la France pouvent venir
prendre nos graines et aller les travailler chez e'les
aux mêmes conditions que nous les travaillerions chez
nous et nous envoyer les huiles exemptes de lous
frais au passage de notre frontière. Les fabricants de
ces pays possèdent un énorme avantage sur ceux de
la Belgique ils ont leur marché et le nótre. Les fa
bricants beiges, au contraire, n'ont qu'Mn marché, le
leur, sur lequel tout le monde peut venir leur faire
concurrenceils ne peuvent vendre que dans leur
pays, nous en exceptons touteföis l'Angleterre avec
laquelle nous échangeons librement,et dans ce pe
tit pays, de si peu d'étendue et de si minime consom-
malion, ils trouvent la concurrence étrangère a la
quelle oï a ouvert les barrières toutes grandes, non
pas une concurreuce loyale qui serait réciproque,
mais une concurrence désastreuse paree qu'elle est
tout au bénéfice des uns et au détriment des autres.
Nos traités de commerce doivent avoir un but, ce
lui de marcher au libre-échange, a l'égalité. Le traité
avec la Prusse fait tout I'opposé pour les houblons et
les huiles au lieu de chercher l'égalité entre les pro-
ducteurs, il crée des avantages au profit de l'é
tranger.
Voyez ce cultivateur des environs de Bailleul il
plante du houblon dans un sol de même nature que
celui de Poperingheson loyer, son travail et les en-
grais qu'il emploie exigent desdépenses égales a celles
auxquelles nos cultivateurs sont astreints il récolte
de la même manière que dans notre arrondissement,
et ses produits ne valent pas plus en qualité que ceux
des communes limitrophes de Poperinghe aussitót
son houblon préparé, il cherche a le vendre, soit en
France, soit en Belgique, la oü le prix est le plus
élevé. II le vend toujours en France, nous dira-t-on.
C'est vrai, mais pourquoi Paree que la France, pru
dente, empêche par un droit de 20 francs que les
étrangers aillent sur son marché aux mêmes condi
tions que ses producteurs et force nos cultivateurs,
se rendant chez elle avec leur houblon, a vendre leur
marchandise 20 francs de moins que le fermier de
Boeschepe, car celui-ci n'ayant aucun droit a payer,
vend au même prix que l'étranger payant le droit.
II n'y a pas égalité sur le marché francais. Pour
quoi créer l'égalité sur le marché beige? N'est-ce pas
une duperie, toute au désavantage de nos nationaux
Ce que nous disons de la France, nous pouvons
le dire de la Prusse, de la Hollande, etc.
Pour les huiles de graines, une inégalité flagrante
est créée par le traité, inégalité telle que nos graines
s'écouleront vers les fabriqués francaises paree que
nos industriels, grace a la position précaire qu'on leur
fait, ne pourront en donner un prix aussi élevé que
l'étranger. L'usinier francais possède aujourd'hui un
marché étendu maitre du sien, il ledevient du nótre.
Les huiles payant a la frontière de France un droit
protecteur, l'étranger ne peut lui faire concurrence
les huiles francaises atteignent par la même Ie plus
souvent des prix supérieurs a celles de Belgique et
dès lors, comme il ne paie aucun droit d'entrée pour
sa matière première, c'est-a-dire pour les graines, le
fabricant francais peut enlever nos graines avec avan
tage sur nos fabricants nationaux.
Si les huiles francaises sont a plus bas prix que les
huiles beiges, alors le fabricant francais inonde notre
pays de ses produits et provoqueune baisse toujours
néfaste pour nos fabricants. Mais ceux-ci auront-ils
encore, dans les conditions actuelles, le moyen de fa-
briquer? Oü chercheront-ils des graines? Ce n'est
pas dans notre pays puisque le Francais aussi bien
que le Hollandais viendront s'y pourvoir avec avan
tage ce sera encore moins en France, en Hollande,
en Prusse, puisque ces contrées pourront. se trouvant
toutes dans les mêmes conditions que la France, nous
enlever avantageusement nos propres graines.
A quoi servirait d'ailleurs de se pourvoir de graines
pour placer les huiles dans des conditions désas-
treusee
La situation Ia plus difficile est réservée a notre in
dustrie huilière. L'étranger est favorisé, le fabricant
beige sacrifié par la suppression, sans compensation,
sans réciprocité, des droits protecteurs a l'entrée de
notre territoire.
Le traité avec la Prusse est néfaste a la culture du
houblon, mortel pour l'industrie huilière.
l'rotestation des curés d'Ypres.
Le Propagateur reproduit dans son numéro du 8
juillet, le texte d'une protestation adressée au bourg-
mestre de notre ville, de la part des curés des quatre
paroisses, contre l'inhumation qui a eu lieu en terre
sainte du nommé Jean-Antoine Defiouw, dont nous
avons raconté la mort tragique dans notre numéro du
24 juin dernier.
Cette pièce est curieuse plus d'un titre, et ne se
rait que ridicule, si elle n'avait un but odieux d'into-
lérance et de fanatisme et ne tendait jeter dans les
esprits timorés une inquiélude que rien ne justifie,
mais dont les auteurs se promettent bien de tirer leur
bénéfice.
D'abord, MM. les curés exposent avec un luxe de
détails qu'on ne trouve que sous des plumes bénites,
la vie déréglée de Defiouw, et font en même temps la
chronique scandaleuse des filles yproises, qu'ils sem-
blent cunnaltre mieux que pas un. Mais laissons la ces
saints détails.
Defiouw s'est suicidé et la mort comme on le pense
bien, disent nos doctes curés, a-été instantanée. II
n'a done pu réciter son confiteor et son ame est mau-
dite 1
Dès lors, il aurait fallu laisser le clergé parfaitement
libre d'agir comme il l'entend, et celui-ci, d'après les
saints préceptes de l'Eglise, aurait enfoui le défunt
dans un coin servant de dépöt aux décombres et aux
immondices oü la fosse était déja creusée.
La justice humaine respecte l'homme après sa mort
et la justice divine, quelles que soient les peines
qu'elle lui inflige, ne descend pas jusqu'a torturer Ie
cadavre, l'Eglise seule ne le respecte pas.
Mais notre honorable bourgmestre n'a pas permis
cette violation flagrante de Ia loi et il a ordonné de
creuser une fosse avoisinant la dernière qui avait été
corablée. De la ces imprécations sans fin de toute la
gent cléricale.
Mais ce qu'il y a surtout de dróle dans ce factum,
c'est que MM. les curés se^rétendent maltres et sei
gneurs du cimetière catholique et dénient a qui que
ce soit le droit d'y être enterré sans leur agrément.
Cette inhumation est contraire, disent-ils, au décret
du 23 prairial an XIImais ils se gardent bien de ci
ter le prétendu article qu'ils invoquent. Iln'existe
dans tout le décret de l'an XII aucun article relatif a
l'interdiction dont parient les pétitionnaires, et ce qui
le prouve c'est l'amendement présenté en séance du
27 juin dernier par MM. d'Anethan, Malouet consorts,
dont on ne suspectera certainement pas les opinions
religieuses, et ayant pour objet d'établir dans chaque
commune un lieu spécialement destinè a l'inhumation
des habitants qui ne seraient réclamés par aucune
communauté religieuse ou qui auraient manifesté
l'intention d'être inhumées par les soins exclusifsde
l'autoritécivile. Si, comme le prétendent- MM. les cu
rés, ce lieu spécial existe, MM. d'Anethan et Malou
ne saventce qu'ils veulent,
Mais la loi sur les sépultures existe depuis plus de
60 ans et personne ne pourra la changer contre I'es-
prit de nos institutions constitutionnelles. Les cime-
tières appartiennent au domaine public et la police en
appartient a l'autorité civile seule.
Enfin, ce qua MM. les curés ont réservé pour le
bouquet, n'est certes pas ce qu'il y a de moins amu
sant. Xoici comment ils terminent leur lettre Nous
défendrons tous les droits et toutes les libertés de
l'Eglise au prix même de notre sang.
Les temps sont passés oü ils versaient leur sang
aujourd'hui ils ne versent plus que leur encre. On ne
peut être martyr a meilleur marché.
Si seulement la familie avait offert de payer une
messe de première classe pour l'ême de Defiouw, nul
doute que le clergé n'auraii été disposé a tolérer son
inhumation en terre bénite et même d'y assister.
De tels faits ne sont pas rares, et pour ne pas re-
monter bien ha ut, il y a quelques semaines une per
sonne de cette ville, qui s'était suicidée aussi, a été
enterrée avec les prières et les cérémonies de l'église.
11 y a quelques jours encore, a Haerlebeke, on a en
terré avec Ie concours ordinaire du clergé un individu
qui s'était fait sauter la cervellemaisces sui-
cidés n'étaient pas de pauvres diables.
On voit que c'est encore et toujours la même ques
tion les intéréts de boutique\
Voici un extrail du rapport du commissaire d'ar-
rondissement de Bruxelles a M. le gouverneur du Bra
bant, le passage auquel M. Jones a fait allusion, en de
mandant qu'il soit formellement interdit aux gardes
champêtres de s'occuper de toute autre besogne que
celle pour 1 aquelle ils sont institués. (Séance du Con-
seil provincial du 5 juillet.)
<x II portent la correspondance de l'administration,
font l'office de porteurs de contraintes et divertisse
ment pour les contributions, souvent ils manceuvrent
comme courtiers électoraux dans les elections commu-
nales; on m'en a signalé qui avaient colporté, pour la
faire revêtir par le plus grand nombre de signatures
possibles, la pêtition dite des cimetières. Les chefs des
administrations auxquels j'ai demandé des explications
sur ce point, m'ont répondu les uns, que le fait était
vrai, qu'ils l'avaient autorisé croyant agir dans l'in
térêt de l'entente avec les chefs spirituels, ce qui leur
est recommandéles autres, qu'ils ignoraient le fait,
que le garde avait agi spontanément ou a la sollicita-
tlon de M. le curè ou de l'un de ses vicaires.
Si M. Carton sait ou veut y voir clair, il ne lui sera
pas difficile de découvrir dans notre arrondissement
aussi les abus signalès ci-dessus et beaucoup d'autres