adulée, oil lui élève un beau tröne, ou lui taille un su
perbe habit. Toules les administrations a l'envi ad-
mirent l'oeuvre el nos esprits les plus distingués ne
tarissenl pas d'éloge sur l'idée heureuse et féconde
qui promet de faire servir les magasins des Halles a
la plus grande splendeur de nos promenades publi-
ques. Mais
Que les destins et les flots sont changeants!
La voila tout d'un coup condamnée, vierge infortu-
née! a être replongée dans une nouvelle obscurité 1
Et pour la punir d'avoir eu l'audace d'en être jamais
sortie, ses bourreaux lui interdiront dósormais l'en-
trée de l'Hótel-de-VilleEnievéesecrètement, pendant
la nuit, de crainte peut-être que la foule, dans son
admiration enthousiaste, ne l'arrache a ses ravisseurs
pour la replacer triomphalement sur son piëdestal,
on la mène, escortée de quatre portefaix et d'un agent
de policedevinez oü, lecleur indigné au
magasin des fourrages et la, ou la place, la face tour
nee contre le mur.
Que vousa done fait, hommes zélés, cette malheu-
reuse statue pour que vous lui icfligiez cej, excès
d'ignominieVous l'avez exhumée de son tombeau
dont elle ne demandait pas sortir elle vous a suivi
sans observations partout oü il vous a plu de la con-
duire, même jusqu'au Rond-Point dont vous avez fait
son Galvaire. Elle s'est prêtée a vos moindres capri
ces, elle a satisfait vos fantaisies les plus carnavales-
ques, et ce n'est pas a elle que vous pourriez appliquer
l'épithète de brouillonspuis, quand vous êtès suflï-
samment rassasié de sa vue, quand elle a servi assez
longtemps d'instrument a votre gloire, vous la sacri-
fiez, comme fait un enfant d'un Polichinelle, vous la
mettez en penitence, la face contré le mur. Ah I pre-
nez-y garde I si un jour les statues se metient a par
iet-, vous subirez de terribles représailles. A votre
tour condamnés a l'oubii, vous sêrez relégués dans
quelque coin du magasin a fourrages, la face égale-
ment collée a la muraille et il y a fort a parier que
personne ne sera tenté de vous délivrer de cette hu-
miliante position.
Parions sérieusement.
L'histoire de cette statue n'a pas laissé que de don-
ner de fameuses insomnies aux plus fortes têtes de
l'endroit, et le Sénat a discuté plus d'une fois a quelle
sauce on accommoderait le turbot. Nos plus grands
libéraux nous voulons dire ceux qui crient le plus
fort quand il n'y a rien a craindre, opinaient pour
son mainlien aux boulevards, de peur ils ont tou-
jours peur, ces trembleurs! que, par son enlève-
ment, l'administration ne s'aliénêt leS catholiques I
Charmant raisonnément 1 Ainsi done, l'administra
tion communale sera tenüe d'exêcüler les choses les
plus sottes, de raaintenir lés plus grandes horreurs
pour ne pas déplaire a ses adversaires En véritè,
ceux qui tiennent pareil langage ne manquent pas
d'audace.
Constatons-le de suite son honneur, notre bourg
mestre ne s'est laissé ni intimider par ces vues pusil-
lanimes, ni attendrir par les supplications touchantes
do M. Bourgois plaidant pour son oeuvre. M. le bourg-
tneslre n'a pas voulu qu'une malencontreuse idee ex-
posüt notre ville aux quolibets des étrangers que la
Kermesse allait altirer et il a fait preuve d'autorité en
ordonnant d'enlever la statue de Notre-Dame de
Thuyne, cet ordre düt-il tomber sur les épaules de
M. Bourgois de tout le poids d'un désaveu public.
II fut en outre décidé dans la réunion que nous ve
nons de mentionner et qui ne resseinblait nullement
a une deliberation de ('autorité communale, mais
plutót a un conseil de familie, il fut décide, pour
éviter tout trouble a l'avenir, que dósormais aucun
travail, de quelque nature qu'il fut, ne serail exécuté
en I'absencede M. Leopold Merghelynck, dónt la sol-
licitude paternelle et l'oeil vigilant s'etendent depuis
longtemps sur les intéréts de ia ville. C'est fort bien
imaginé. Nous prions seulemenlM. I'échevin de ne pas
s'absenter trop fréquemment, afin que, nos maisons
venant a s'écrouler ou nos conduits d'eau a crever,
nous ne soyions pas trop longtemps privés d'eau po
table ou forcés de coucher a la belle étoile.
Désavoué par ses collègues, le Progrès emploie-
rait un mot plus énergique. Que va faire M. Bour
gois? Sera ce la Discorde pénétrant dans le camp
d'Agramante? Ou bien l'honorable échevin, trouvant
l'habil brodé de plus en plus lourd, a-t-il, comme le
bruit en court, déposé sa démission entre les mains
du Roi Cette détermination serait facheuse plus
d'un titre.
Sans doute, nous comprenons que l'amour-propre
soit blessé lorsqu'on se trouve ainsi arrêté au début
d'un vaste plan dont on espérait a bon droit les plus
grandes merveilles. Mais cela se voit tous les jours
c'est un des nombreax revers de la médaille des hon
neurs.
Faut-il pour si peu, et toute question d'amour-
propre a part, briser une carrière a son beau milieu
et priver ses concitayens des signalés services qu'on
peul leur réndre encoreNous ne le croyons pas;
nous conservons l'espoir que M. Bourgois y réfléchira
et qu'il ne prendra pas, dans un moment de dépit, une
résolution que tout Ie monde regretterail. Quant a
ceux auxquels les statues ne portent pas bonheur,
nous leur dirons sagement .- Renoncez aux statues;
n'en a pas qui veut, et cherchez autre chose. Peut-
être un jour, en cherchant bien, meltrez-vous la main
sur un trésor de gloire et de bénédictions 1
Ville d'Ypres.
Coxsiui. Commusai.. Séance publigue du Samedi
29 Juillet 1865.
Après une interruption de plus de six semaines, le
Conseil a repris ses travaux, Ses vacances finissent
au moment oü celles des tribunaux, des académies et
des colléges commencent. Beaucoup de nos édiles ont
ulilisé leurs loisirs pour visiter les grands centres et
on dit même que les divers systèmes d'éclairage, de
pavage et de distribution des eaux ont été de leur
part l'objet de préoccupations toutes particulières.
Nous n'en savons rien nous espérons pourtant que
nos conseiilers auront puisé dans le repos un redou-
blement de forces el d'activitó et qu'ils nous revien-
nent, nous ne dirons pas animés des meilleures in
tentions, leurs excellentes intentions nous sont
connues mais résolus a pousser vigoureusement
leurs travaux et a aonner une solution definitive a
tant d'utiles projets qui, sous prétexte d'études, sont
depuis des mois et des mois étouffés dans les cartons
de l'Hótel-de-Ville.
Cet espoir centuplè pour nous le plaisir que nous
éprouvons de retrouver tous nos magistrats en bonne
santé. Hélas t il en est deux que nous n'avons pas re-
vüs, MM. P. Bourgois et Aug. Deghelcke 1 Seraient-
ils égarés Bonne recompense a qui les retrouvera.
La séance s'ouvre par la lecture de quatre ou cinq
procès-verbaux qui sont adoptés sans observations.
Les pieces communiquées au Conseil, sont
1° Le budget 1866 de la Garde-civique.
2° Le compte 1864 et le budget 1866 de la fabrique
de l'église S. Pierre.
3° Le compte 1864 et le budget 1866 de la fabrique
de l'église S. Nicolas.
Ces trois objets sont renvoyés a 1'examen de la lre
commission.
Lecture est donnée des procés-verbaux de Ia ven te
des herbages croissant sur diverses propriétés com-
munales. Voici les prix
Pour 14 mesures, 1,331 francs. La même própriété
produisait l'année dernière 953 francs.
Pour 3 lunettes, S85 francs. Ces trois lunettes don-
naient en 1864, 215 francs et 145 francs en 1863.
Pour l'étang de Zillebeke, après distraction de quel-
ques parcelles, 2,057 francs. 1,600 francs est la
moyenne des années antérieures.
Pour l'efang de Dickebusch, 6,157 francs au lieu
de 2,000, 2,400, 2,600 francs les années précé-
dentes.
M. Vanalleynnes demande quelle est la contenance
totale des parties distraites de l'étang de Zillebeke?
M. le bourgmestre lit un compte flamand et trouve
qu'il y a 2 mesures, du prix de 217 francs.
M. I'échevin Merghelynck fait observer qu'il doit y
avoir erreur, puisque la vente des herbages a produit
30 p. c. de plus que la moyenne des ventes depuis
10 ans.
M. le bourgmestre relit le compte et trouve que les
217 francs sont le prix de l'année passée 282 francs
est celui de cette année.
Nos lecteurs remarqueront que la vente des her
bages a donné cette année une augmentation consi
derable mais ils auraient tort d'en conclure a une
amelioration de própriété. La raison de cette plus-
value est que l'herbe est trés-rare et, par conséquent,
très-chère en ce mpment. C'est ce que fait très-judi-
cieusement observer M. Vanalleynnes; il est d'ailleurs
a notre connaissance que des herbages ont donné
cette année une augmentation plus considerable en
core que celle signalée pour les propriétés commu-
nales par M. le bourgmestre qui aurait pu facilement
nous donner un élément d'appréciation de plus, en
faisant connaltre la contenance des parcelles des 3
lunettes el des 2 étangs oü se récoltent les herbes.
Et puisque nous parions des étangs, nous ajoute-
rons une observation. Afin de ne pas endommager les
herbes et d'en retirer le plus de profit possible, on a
l'habitude, dit-on, de baisser l'eau des étangs a cer-
taines époques de l'année, au point de risquer de
priver d'eau, pendant les sócheresses de l'été, une
bonne partie de la ville. Cela est-il exact? Certes,
nous ne pouvons qu'approuver l'administration de
veiller aux revenus publics jusqu'au dernier centime,
c'est de première nécessité; mais les eaux potables
ne sont pas moins nécessaires aux habitants et mieux
vaudrait, pensons-nous, sacrifier quelques francs sur
le produit des herbages que de nous priver d'eau, ne
füt-ce même que pendant quelques jours Entre deux
maux, il faut savoir choisir résolument Ie moindre.
M. Vanalleynnes s'occupe encore de Ia possibilité
d'améliorer les propriétés communales, et notamment
les 14 mesures, au moyen des engrais provenant de
('abattoir. II conseille aussi de ne pas couper le re
gain, mais plutót d'y faire paitre les.vaches.
M. Merghelynck répond qu'on emploie les engrais
provenant du marché au poisson qui, d'après lui,
valent mieux que ceux de l'abattoir.
M. Vanalleynnes revient néanmoins sur ses obser
vations qu'il développe encore. II cite sa propre expe
rience. Adonné a cette spécialité depuis 50 ans, l'ho
norable conseiller est certainement, dans cette partie,
l'une des personnes les plus compétentes de la ville.
Telle n'est pas ('opinion de M. Merghelynck qui
prétend sans doute s'y connaltre mieux. II est des
gens qui ont les connaissances innéesl A la vérile,
l'honorable échevin ne répond rien, il se contente de
signes de dónégation. Que voulez-vous C'est la son
éloquence lui
Un échange d'observations sur le prix de transport
des engrais a enöore lieu entre MM. Vanalleynnes et
Merghelynck. Ce dernier est obligé de se rendre aux
preuves fournieS par son contradicteur. Puis le Con
seil approuve les procès-verbaux de la vente des her
bages.
II renvoiè a sa 1re commission le cahier des charges
pour Ia location de biens-fonds appartenant a la fa
brique de l'église S. Pierre, toutes les pièces exigées
par leS lois et règlements n'étant pas parvenues au
Conseil.
M. Vanheule présente le rapport au nom da la 1r«
commission sur les libéralités testamentaires de Mlla
Delmotte. La testatrice lègue tous ses biens-fonds aux
Hospices, avec usufruit au profit de son frère Désiré,
a 1'exception toutefois de la maison habitée par lui et
d'une autre attenante, qui lui sont léguées en pleine
própriété. Cependant le legs deviendra caduc si son
frère laisse des descendants en ligne directe. L'admi
nistration des Hospices a décidé de solliciter l'autori-
sation d'accepter ce legs et le rapport émet un avis
favorable, en exprimant l'espoir que ces nouveaux
biens trouveront un utile emploi. Nous nous joignons
a l'honorable rapporteur en cette circonstance et,
d'accord avec tous nos concitoyens, nous formulons a
notre tour le voeu que les Hospices dépensent un peu
moins en constructions luxueuses et inutiles et qu'ils
consacrent plutót leurs immenses revenus a améliorer
le régime de leurs établi'Ssements et a secourir plus
efficacement les pauvres gens.
Les conclusions du rapport sont adoptées a l'una-
nimilé des membres présents.
Le Conseil avait préccdemment fixé 23,000 francs
Ie taux du cautionnement de M. le receveur commu
nal. Aujourd'hui il est donné lecture de l'acte passé
par M. le notaire Vandermeersch, règlant définitive-
ment cet objet. Ace propos, M, Vanalleynnes demande
s'il a été satisfait aux clauses concernant ('assurance
des propriétés donnees en garantie
Nous sommes péniblement surpris d'entendre M. Ie
bourgmestre répondre d'un ton bref et sec, d'un ton
qui ne devrait jamais être employé vis-a-vis d'un
collègue, que son intention n'est pas d'induire le
Conseil en erreur.
II ne s'agit pas de cela et personne ne l'a prélendu
mais M. Vanalleynnes croit qu'avant d'approuver un
contrat, il faut que les conditions en soienl remplies.
Nousavons déja plus d'une fois remarqué les répon-
ses brèves de M. le bourgmestre aux questions qui ne
lui plaisent pas. Elles sont sans doute le résultatd'un
mouvement involontaire nous ne lui en conseillons
pas moins d'abandonner le monopole de cette irrita-
bilité nerveuse des collègues célèbres par cette spé
cialité.
M. I'échevin Merghelynck renchérit encore sur la