Sociétés chorales.
sécheresse de son chef et soutient que l'acte doit etre
approuvé d'abord par l'une des parties, sauf a l'autre
a en exécuter plus tard les stipulations. C'est ('anti
thése de tous les usages, mais rien n'arrête M. Leo
pold Merghelynck dans ses prétentions. Comme Sga-
narelle, il est d'ailleurs de force a changer tout
cela I
Le Conseil approuve l'acte de cautionnement. Nous
n'en restons pas moins bien convaincu que ni M. Ya-
nalleynnes, ni aucun autre conseiller, ayant des ob
servations a présenter, ne se laissera jamais intimider
par l'accueil plus ou moins bienveillant qui pourrait
leur être fait.
L'assemblée autorise encore Ie transfert d'un cré
dit de 200 francs, pris au chapitre du budget scolaire
de l'instruction primaire Ameublement et mobilier
classique, v pour ètre porté celui du traitement
des instituteurs. A 4 h: 45 m., elle se retire a huis-
clos pour s'occuper de la nomination d'un instituteur
en remplacement de M. Balmaeker, pensionné.
Fète communale.
En coinmengant aujourd'hui le compte-rendu tie notre fête
communale, <]ui depnis environ cinq siècles a conservé le
nom de Thuyndagil eüt peut-être élé intéressant pour nos
lecteurs. de voir reproduire ici une des pages les plus glo-
rietises de i'histoire de la ville d'Ypres.
Mais le cadre restreint de notre journal ne nous perrnettant
pas de narrer dans tons ses détails l'événement que cette fète
consacre, nous nous contenlerons d'en indiquer seulement
l'origine
Des auteurs ont écrit du reste, et cela dans différentes lan-
gues, sur cette partie de notre histoire, des cliapitres entiers
avec plus de développements qu'il nous serait possible de le
faire.
On sait que le xiv® siècle fut fécond en Inttes intestines,
principalement dans nos Flandres. A Gand,a Bruges,Ypres,
des émeutes populaires, a la têle desquelles se trouvait le fa-
meux capitaine Jacques Van Artevelde,avaient. mis sans cesse
les métiers aux prises avec la noblesse et la haute bourgeoi
sie. Sous le gouvernement de l.ouis de Mèle, les vieilles lultes
reeommencèrent, conduites par un nouveau champion du
peuple, Philippe Van Artevelde, fils de Jacques. Mais sa mort
fut le signal d'une grande réaction. L'aristocratie prit de
nouveau le dessus dans notre commune, et en ferma les por-
tes aux Gantois qui persistaient dans la révolte. Ceux-ci, avec
une armée composée en grande partie d'auxiliaires anglais,
parurent alors devant la ville et l'assiégèrent Ie 8 juin 1583.
Malgré ses faibles moyens de déferise, la ville sut résisler aux
attaques de ses ennetnis, grace a la bravoure des milices
bourgeoises, des ghildes et des gens du métier Au bout de
deux mois d'efforts multipliés mais toujours inutiles, l'armée
ennemie leva enfin le siége.
Aprèssa délivrance, les infirmes, les vieillards, les femmes
et les enfants qui s'étaient retirés dans les églises, pendant la
durée du siége, pour prier, conslrUtèrenl une confrérie et
prirent pour patronne une Vierge fentourée d'une haie palis-
sadée (Thuyn), par allusion sans doute aux faihles défenses
de la ville. On lui donna le nom de Notre-Dame de Thuyne.
En l'année 1584, une fète fut insliluée par le magislrat,
pour célébrer l'anniversaire du siége. Cette fête fut appelée
Thuyndaget s'ou vrit par une procession solenuelle qui par-
courut les remparts de la cité et dans laquelle l'image de
N.-D. de Thuyne était portée par les frères mineurs. Pendant
plusieurs jours des lirs, des réjouissances et des fêles, dus
aux libéralités de la commune, furentofferts aux milices, aux
ghildes et aux gens du métier, qui avaient si courageuseinent
défendu la ville.
Depuis lors, chaque année. a ('époque du mnis d'Aoüt, des
fêtes viennent rappeler-aux Yprois le souvenir de ce siége cé-
lèbre et réveiller leur amour patridtique.
Malheureusement elles ont perdu leur cachet traditionnel.
Instituées,comme nous l'avons dit, dans le butdetransmettre
la postérité le souvenir des grandes actions d'éclat de ces
anciennes milices bourgeoises, les descendants de ces mêmes
milices, par leur glorieuse origine, ont le plus de droits de
prétendre au respect et a Ia consideration du reste du pays,
sontlaissés aujourd'hui dans un impardonnable abandon.
L'exercice du lir a la cible se trouve élevé de nos jours a la
hauteur d'une institution nationale et il n'est pas de ville qui
ne se soit montrée jalouse de posséder son champ de tir. Ne
serait-il pas aussi du devoir de nös magistrals, avec un peu
moins d'indifférence pour une institution aussi éminemment
libérale et plus d'orgueil patriotique, de venir en aide a notre
milice, composée d'enfants de la cité, pour Ia doter enfin d'un
champ de tirconvenable.
Depuis dix ans, on réclame contre l'emplacemenl actuel
qui offre, sous tous les rapports, les plus grands dangers
pour Ia sécurilé publique, et depuis dix ans l'administration
fait la sourde oreille.
Cependant, on croyait généralement que l'aulorilé s'occu-
pait maintenant de cette grave question avec tóute la sollici-
tude qu'elle mérite, mais que l'impossiblllté de trouver un
terrain plus convenable, paraissail èlre Ie seul obstacle a ses
projets.
C'est alors que, dans notre numéro du 30 avril dernier,
nous avons appelé Pattention de l'autorilé sur un terrain ap-
partenant a la ville et présentanl, au dire des hommes les
plus compétents, toutes les conditions d'appropriation el de
sécurité. L'admtnislration elle-même ne dédaignüt pas les dé
marches qui furent faites dans ce sens. Nous apprenons ce
pendant aujourd'hui que l'emplacement a été abandonné.
Paree que nous avons voulu apporter notre part de con-
seils a l'exécution de ce projet, scrions-nous la cause invo-
lontaire de eet abandon Si cela était, nous laissons le publie
juge de l'esprit de partialité qui anime nos édiles.
Cette observation et plusieurs autres encore, relatives a la
Kermess'e, nous conduiraient plus loin que nous ne désirons
aller aujourd'hui.
Entrons done de plein pied dans Ie programme des fêtes,
mais comme notre intention n'est pas d'en analyser toutes
les parties, nous abandonnons volontiers au chantre officiel
des hauls fails de l'administration, le concours de pinsons,
les jeux dè cartes et Schaertje Knip.
A voir le temps indécis qu'il faisait la veille, on crovait
généralement a un commencement de Kermesse assez maus-
sade. Mais le beau temps est venu dissiper les craintes que la
pluie des jours précédents avait fait naitre et la fête a été
inaugurée dimanche par un beau rayon de soleil.
Dès le matin, une foule considerable d'étrangers avait
envahi nolre ville. A toute lieUre des Sociétés de Chant,d'IIar-
monie et de Fanfares arrivaient de tous cötés en faisant en
tendre, qui une marche, qui un pas redoublé. Après l'arrivée
des trains spéciaux, la circulation était rendue presqu'impos-
sible a la Station et dans les principales rues.
Nous n'essayerons pas de nous livrer a ce sujet a une éva-
luation assez difficile, mais nous pouvons dire que la popula
tion s'est trouvée ce jour-la presque doublée.
La réception a la Station par la commission organisatrice
des Sociétés étrangères qui venaient prendre part au Festi
val, a donné lieu aux plus hospitalières et fraternelles ova
tions. Vers une heure, les présidents, directeurs et secré
taires des différentes Sociétés se sont rendus a l'Hötel-de-Ville
oü le Collége des bourgmestre et échevins leur a souhaité la
bienvenue et offert le vin d'honneur.
Immédiatement après a eu lieu le tirage au sort de l'ordre
du Festival.
A deux heures et demie toutes les sociétés se sont réunies a
l'Esplanade oü elles ont été passées en revue par une commis
sion spéciale, composée de MM. Stroobant, commandant Ia
Place; A. Vandenbogaerde, major honoraire de la garde-ci-
vique; E. Cardinaél. capitaine; F. Ligny, lieut.-adjudant
major; P. Ramoen, commandant le corps des Sapeurs-pom-
piers ;Valcke, sous-lieutenantA. Brunfaut, président de la
Sociétéde Choeurs; et A. Froidure, vice-président.
Cette commission était présidée par M. l'échevin P. Bour-
gois.
Vers les quatre heures l'interminable cortége s'est mis en
marche, accompagrié et suivi d'une énorme foule de curieux,
pour conduire les Sociétés leurs locaux respectifs, en pas
sant par la rue au Beurre, la rue de Lille,le marché aux vieux
habits, la rue des Chiens et la Grand'Place. Durant ce par
cours, les 2fi sociétés d'harmonie et de fanfares, attirées par
le festival, se sont fait entendre et ont salué le peuple de mtt-
sique plus ou moins harmonieuse.
A raison de cinq morceaux par société, exécutés depuis leur
arrivée en ville jusqu'après le festival, ce qui n'est cerlaine-
menl pas trop, voilé 150 morceaux qu'elles ont jeté, pendant
cette partie de la journée, a tous les vents du ciel. II y a de
quoi assourdir tous les canonniefs de la marine militaire
beige, quelqu'habitués qu'ils soient aü bruit des pièces de
nos vaisseaux plus au moins cüirassés. En y ajoutant les mor
ceaux exécutés au départ, dont les sociétés des petites local i-
tés se sont montrées on ne peut plus prodigue, paree que
dans les campagnes on a les poumons robustes et qu'on ne
craint pas de s'essouffier, on arrivera un chiffre de plus de
150 morceaux. C'est une misère, et il faut être mtisicien,
Ignorant par bitnol ainsi que par bécarre,
pour se priver d'une pareille jouissance!
Au festival de chant d'ensemble, pour lequel 22 sociétés
étaient inscrites, vingt ont répondu a l'appel. Les sociétés
chorales des villes se sont fait entendre dans la grande salie
du premier des Hallos et celles des communes rurales dans le
local du rez-de-chaussée, qui avaient été déeorés avec beau-
coupde goüt pour la solennilé.
C'est toujours un attrayant spectacle qu'une fête musicale,
surlout un festival de chant, et comme nous l'avons dit déjé
c'était le principal charme de la fête de cette année.
Aussi S l'hëure fixée une société nombreuse et choisie se
pressait dans les locaux, surtout dans la grande Salie des
Halles. Analyser tout le programme du festival serait fasli-
dieux et pour juger le mérite de ces différentes sociétés, i|
nous aurait fallu assister a l'exécution de tous les morceaux
et cela était impossible, aussi ce serail sortir de notre lAehe.
Mais la brillanle exécution de la Société de Chceurs d'Ypres,
qui a ouvei't le festival par le choeur le Combat navalpas
plus que le succès de la Société Orphéonique de Roubaix,
voilé ce qu'on ne pourrait passer sous silence. Cette dernière
a chanlé les deux chceurs de L. de Rillé la Révolte a Memphis
et la Noce au villageavec un talent bien supérieur celui
des autres sociétés concurrentes, entre autres de la Société
royale des Mélomanes, qui passe pour un des premiers cercles
du pays, et dont l'exécution, nous devons le dire, a été Irès-
faible. La Société Orphéonique instituée depuis" cette année
seulement, peut eonsidérer ce premier succès comme une
victoire, et ce ne sera pas la moins brillante parmi toutes
celles qui altendent encore cette jeune association.
Les autres sociétés ont eu aussi leur part des chaleureux
applaudissemenls de 1'auditoire. Tous ces chants, exécutés
par ces masses chorales et résonnants sous ces voules im-
menses, émeuveul, électnsent et présentent quelque chose de
grandiose qui échappe ('analyse. Le jury chargé d'apprécier
l'exécution des divers morceaux était composé comme suit
MM. A. Froidure, vice-président de la Société de Choeurs
d'Ypres, Ie baron Durutte et Baralto, directeur de Ia même
société.
Des remerciments sont düs notre vaillante cohorte pour
avoir offert cette fête au public, dans des conditions qui n'ont
rien laissé désirer sous Ie triple rapport de l'organisation,
de l'exécution et du plaisir qu'elle a procuré. Disons aussi que
Ia Commission organisatrice avait pris d'intelligentes mesures
pour éviter l'encombremenl el maintenir l'ordre, et que grace
au zèle et la courtoisie de MM. les commissaires, ces mesures
ont été efficaces.
Tandis qu'avait lieu Ie festival de chant, la Grand'Place et
le Pare recevaient des milliers d'auditeurs pour le festival
des sociétés d'harmonie et de fanfares. A la Grand'Place sur
tout et dans les rues avoisinantes il y avait foule, cohue, en-
combrement et prise d'assautde tous les élablissements.
Cette partie de la fête a été ouverte par la musique du 10®
régiment de ligne, qui sous l'habile direction de M. Walhain;
se faisait entendre pour la première fois en public. La bonne
exécution de Roland 5 Roncevau (pot-pourri arrangé pat'
M. Walhain) a été accueilli par des applaudissemenls juste-
ment mérités.
Pendant l'exécution des morceaux des diverses sociétés,
dont un grand nombre de frangaises, des applaudissements
ont souvent et longtemps retenti du sein de la foule qui se
pressait autour du kiosque.
Vers les dix heures, la fête musicale allait se terminer,
lorsque la Société des Mélomanes s'ést présentée pour exécu
ter la cantate en l'honneur de Ia princesse d'Espinoy, com
posée il y a deux ans a l'occasion de l'inauguration de la sta
tue de l'héroïne lournaisienne, par M. Dubois. C'est une
oeuvre aussi recommandable par sa simplicité d'orcbestration
que par ses ravissantes mélodies et la Société des Mélomanesj
sous la conduite de M. Blandeel, parfaitement secondée aussi
par les musiciens du corps des Sapeurs-Pompiers de notre
ville, l'a .interprêté a la grande satisfaction du public.
A minuit a eu lieu, au local de la Société de Chceurs, Ia dis
tribution solennelle des médailles eommémoratives et des
médailles d'honneur, ainsi que la répartition, par la voie du
sort, des primes entre les diverses sociétés de chant, d'har
monie et fanfares. Cette cérémonie, présidée par le Collége
des bourgmestre et échevins, a été l'occasion de nouvelles et
vives manifestations.
Voici le résullat général du festival
A. A chacune des sociétés présentes, une médaille de grand
module, en vermeil, aux armes de la ville et a l'effigie du
Roi.
B. Primes réparlies par la voie du sort.
Sociétés d'IJarmonie et de Fanfares.
Entre les villes de la 1" catégorie.
1" Prime 200 francs.
8" Prime 159
Dunkerque et Malines, les deux villes présentes,se sont par-
tagé les 350 francs-
n. Entre les villes de Ia 2» catégorie.
1re Prime 150 francs, échue 5 Ia société les Amis réu-
nis (fanfares) de Roulers.
2» Prime 100 francs, a la musique du corps des Sapeurs-
Pompiers de Poperinghe.
c. Entre les villes de Ia 3® catégorie.
I™ Prime 100 francs a I'Harmonie de Westoutre.
2e Prime 75 francs I'Harmonie de St-Clénois.
Sociétés chorales.
a. Entre les yilles de la 1" catégorie,
Ir® Prime 200 francs, a la société la lyre roubaisienne,
de Roubaix.
2« Prime 150 franes, la société Lei en Scheldegalm, de
Gand.
b. Entre les villes de la 2e catégorie.
1re Prime 150 francs, 5 l'Bcho de la Lys, d'Halluin.
2e Prime 100 francs, a Ia Société chorale philharmonique
de Bergues.
c. Entre villes de la 3® catégorie.
1'® Prime 100 francs, a I'Union chorale d'lïellemmes,
(Lille).
2® Prime 73 francs, a la Société Concordia, de Moorseele.
C. Médailles spéciales.
Sociétés d'Harmonie el1, Fanfares.
(l'our les Sociétés étrangères.)
1o Une médaille la Musique communale de Dunkerque
(France), comme arrivant du point In plus éloigné.
2® Une id. aux Harmonies d'Armentières, Comines et
Dunkerque, pour la plus belle tenue militaire.
(Une médaille de plus petit module a été, sur la demande
du jury, accordée aux Sapeurs-Pompiers d'Houplines.)
3<> U110 id. 5 la Société philharmonique d'Hellemmes
(Lille) pour la plus belle tenue civile
4® Une id. I'Harmonie d'lrmenlières, pour le plus
grand nombre d'exécutants.
(Pour les Sociétés du pays).
3® Une médaille la Société Ste-Oécile, de Malines, comme
arrivant du point le plus éloigné.
6® Une id. A la Société royale philharmonique de Mc-
nin, pour la plus belle tenue militaire.
(Une médaille de plus petit module a été décernée aux Fan
fares de Gentbrugghe.)
7" Une id. a Ia Société philharmonique de Nienporf,
pour la plus belle tenue civile.
8° Une id. 5 la Musique des Sapeurs-Pompiers de Po
peringhe, pour le plus grand nombre d'exécutants.
(Pour les Sociétés étrangères.)
1° Une médaille a l'Orphéon, do Bergues, comme arrivant
du point le plus éloigné.
2o Une id. 5 la Société Orphéonique de Roubaix, pour
la plus belle tenue civile.
50 une id. a la Lyre roubaisienne, de Roubaix, pour
Ie plus grand nombre d'exéeutants.
(Pour les Sociétés du pays.)
40 une médaille a l'Echo de l'Escaut, de Zele, comme arri
vant du point le plus éloigné
5® Une id. au Vrindenkring, de Bruges, pour Ia plus
belle tenue civile.
0® Une id. 9 la Sociélé royale des Mélomanes, de Gand,
pour le plus grand nombre d'exécutants.
D. Prix d'honneur.
1® Pour les Harmonies ou Fanfares frangaises une mé
daille a la Musique communale deDnnkerque.