Jes terreurs de quelques esprits timorés, il est da
devoir d'ane administration prévoyante de prendre
dès maintenant les mesures les plus efficaces, dans
l'intérêt de I'hygiène et de la salubrité publique.
Voici, a ce sujet, les lignes que publie la Liberie, de
Bruxelles, et qui peuvent parfailement s'apphquer a
notre ville, oü une grande partie de 1 'Yperlée se trouve
encore a ciel ouvert dans un des quartiers les plus
pauvres, malgré les fréquentes reclamations dont
nous nous sommes fait l'echo.
II marche le lugubre flèau, spectre a la face ver-
datre. Ses pas sont marqués par les eadavres que
déja il a laissès derrière lui. Son haleine empestée
vomit la mort. II enfonce ses. griffes dans les entrailles
des hommes et les jette sur le sol, livides, privés de
vie.
Les campagnes sont rianles etembaumées, leruis-
seau murmure, la brise agite les arbres, la futnée des
toits monte en volules bleues vers le ciel, les labou-
reurs chantent joyeusement Ie spectre passe et les
chants se taisent, et les foyers s'éteignent et une at-
mosphère de mort remplil l'air. II passé et les
chaumières se vident et les cimetières s'emplissent et
les fossoyeurs s'arrêlent épuisés.
Et Ie voila qui planesur lescités bruyantes, actives,
tumuitueuses, jetant au ciel les chants de fêtes et le
bruit des ateliers, et voila que les villes joyeuses de-
viennent mornes et silencieuses et se couvrent de
deuil. Les rues désertes sont sillonnées nar des cor
teges funèbres, par de longues files de tombereaux
chargés de cadaves livides, convulsionnés, hideux
la tristesse, la terreur, la mort sont dans l'air, le tra
vail s'arrète, les amis s'évitent, les families se dis-
persent les riches fuient la cité maudite el vont cher-
cher au loin des retraites paisibies et salubres, mais
le pauvre rivé a son foyer indigent altend avec resi
gnation l'atteinle du üeau dont it eSt ('inevitable
proie.
Satisfait de sa moisson, l'affreux travailleur s'ar
rète parfois dans.sa course homicide el le monde res
pire, Mais bientót il reprend son voyage, il fran
chit les montagnes, les fleuves, les mers. Hier il
dépeuplait l'Egyptè, aüjourd'hui il décime l'Italie et
voila que les prêtres romains en font l'auxiliaire de
leurs passions et le désignent a la terreur des peuples
comme le vengeur dépêché par Dieu pour chètier lés
rébellions.
II marche,"vous dis-je, il parcourt les étapes de sa
route historique, demain peut-être il ravagera les
villes et les campagnes de la France et alors il sera
temps de l'attendre, car les centaines de lieues ne
sont rien pour ce terrible voyageur.
Ah puisse-t-il dédaigner noire petit coin de terre,
puisse son vol capricieux l'emporter loin de nous t
Mais il connalt la route, mais demain peut-être il
frappera a nos portes et nous vous demanderons
alors, édiles de notre ville, mandataires du peuple,
protecteurs du pauvre, qu'avez-vous fait pour le re-
cevoir?
Avez vous oppose a l'assaut de l'épidémie les mu~
railles de I'hygiène et de la salubrité. Voire regard
a-t-il sondé l'humide tannière de l'ouvrier? A-t-il pè-
nétré ces quartiers malsains. ces ruelles infectes oü
des populations entières grouillent el croupissent en-
tassées
Quiltez un instant vos commodes et riches de-
meures des quartiers élevés. Duscendez dans les
de l'architecture civile du inoyen-êge, le respect des
vieux monuments de l'histoire et des coutumes natio-
nales.
Surtout, hêtez-vous! II eüt mieux valu sans doute
commencer hier cette oeuvre d'un immense intérêt.
Aujourd'hui, il est temps encore. Demain peut être il
sera trop tard. Les croquis sont prêts ils n'attendent
qu'un interprète intelligent, un éditeur actif; le suc-
cès est certain, maintenant que le bon sens public
fait enfin justice de son aveugle dédain pour les re-
liques du passé.
Un examen rapide des principales pages de cette
oeuvre nous permettra d'en bien faire ressortir le
prix, de démontrer aussi que sans parler de leur va-
leur artistique, elles ont une trés-grande importance
au point de vue de l'archéologie, des coutumes locales
et de l'histoire nationale.
D'abord voici l'architecture militaire représentée
depuis le xv° siècle jusqu'au xvm"; les remparls de
Vauban cótoient la vieille tour de Philippe-le-Bon.
Les archives d'Ypres ontconservé quatre vues prin
cipales des portes de la ville dessinées par un artiste
basses régions de la cité. Comptez les méandres ca
pricieux de ce ruisseau infect qui roule ses eaux
noires et sales, chargées de miasmes pestilentiels,
entre de hautes rangées de sombres et humides habi
tations. Quel véhicule pour le fléau que eet amas
d'eaux bourbeuses, charrianl des résidus, des pour-
ritures sans nombre et dont les vapeurs mortelles
font depuis si longlemps de ces quartiers, un foyer
d'insalub^itó et de maladie Quelle trouée l'épidémie
ne fera-t-elle pas dans cette population agglomérée,
appartenant a cette classe indigente et laborieuse oü
toujours elle a fait ses plus nombreuses victimes!
Dès longlemps cette source d'infection aurait dü
être tarie, mais des soins plus importants ont absorbé
sans doute la sollicitude et l'activité de nos manda
taires. Ge n'estque lorsque le danger est la, pres
sant, terrible, qu'on songe a prendre les mesures qui
auraient pu le prévenir.
Ediles de cette cité une lourde responsabilité pèse
sur vous, il en est temps encore, efforcez-vous de la
détourner. Oubliez un instant vos rêves d'embei-
lissements et les mille projets bizarres que votre mal-
adroite activité a concus. A l'étude, au travail.
II est temps de prendre votre mandat au sérieux.
A demain les édifices somptueux, les préoccupalions
monumentales. Le présent vous réclame, la cir—
Constance est grave et pressante et mérite d'absorber
tous vos loisirs. Tout pour la salubrité! L'assainis-
sementl L'assainissement
Conseil provincial de la Flandre-Occidentale.
(Séance du 14 juillet 186S.)
L'appel nominal constate la présence de 36 mem
bres.
La discussion du rapport sur la caisse des fonds
communaux est renvoyóe a la prochaine séance.
L'aflfaire d'un local pour le tribunal de Courtrai est
renvoyée a la 4° commission.
Le budget provincial pour l'exercice 1866 est
adopté, apres des observations présentées par plu-
sieurs membres sur divers articles du budget.
L'ordre du jour appel Ie la discussion sur les affaires
suivantes
1° Discussion du rapport sur la demande de crédit
pour l'exposition a Ypres, en 1866, d'instruments
aratoires et un concours de bétail, ayant un carac-
tère international.
Les conclusions d'allocation sont adoptées.
2° Discussion du rapport sur la demande de sub
side pour l'agrandissement de la maison d'aliènés a
Ypres,
Le Conseil rejette la demande.
3° Discussion du rapport sur ('intervention de la
province dans les frais relatifs aux archives de l'Etat
a Bruges. Le rapport est vote.
4° Discussion du rapport concernant la route pavée
de Vaesenaere a Houtbave avec un pont sur le canal
de Bruges a Ostende.
Le rapport de la commission est approuvé. Le pont
sera rempiacé par un ponton.
5° Le Conseil adopte le rapport sur la demande de
subside pour construction d'une route de Damme a la
ehaussée de Bruges Ooslkerke.
M. Brasseur est charge pour un an de la verifica
tion des comptes de la Caisse générale de retraite.
du xvn® siècle. Un même dessin nous donne la facade,
l'épaisseur et la perspective de la porte et des mu-
railles. Nous Irouvons dans ces croquis un spècimen
précieux du style militaire flamand pendant l'occupa-
tion espagnole. Sur chacune des quatre portes se
trouve une date, on y lit 1591, 1595, 1609, 1615.
A cóté d'une copie de ces précieux dessins, nous
voyons l'état actuel des fortifications. Les armes espa-
gnoles, les guérites des guetteurs, les herses et les
pont-slevis ont disparua peine reste-l-il vestige de la
solide tour de Philippe-le-Bon. Mais voici les travaux
de Vauban, les dèfenses faites a l'eatrée et a la sortie
de l'Yperlée, la rivière yproise, les voütes construites
avec des boulets de pierre. Ne croyez pas que ces
dessins ressemblent a un plan de génie militaire; en
explorant des souterrains, des voütes humides, des
décombres inierdits au public, M. Boehm a découvert
des constructions inexplorées lout aussi piitoresques
que les rues irrègulières de la vieille commune.
Avant de quitter l'architecture militaire, donnons
un coup-d'ceil aux vestiges informes du fort Farnèse,
et remarquons surtout cette curieuse borne portant
(Séance du 15 juillet.)
L'appel nominal constate la présence de 51 mem
bres.
Le procés-verbal est adopté.
Le Conseil adopte la proposition d'émettre le vaeu
de voir exécuter bientót les travaux du canal de
Bergues a Furnes.
L'ordre du jour appelle la discussion des affaires
suivantes
Emprunt de 250,000 francs. Conclusions du rap
port adoptées.
Demande de subside pour l'établissement d'un che-
min vicinal de Knocke a Ia mer et de deux autres sur
le territoire de Couckelaere.
Les conclusions de la Deputation permanente sont
adoptéesil en est de même des demandes en faveur
1° de la route d'Oostcamp a Moerbrugge; 2° des tra
vaux d'amélioration du chemin conduisant de Her-
seaux au hameau les Ballons 3° de la route de Lap-
scheure Damme4° de la construction d'une route
empiérée de Aertrycke a Thourout; 5° de la construc
tion d'une route de Landvoorde a Oudenbourg et au
canal de Nieuport6° du projet de route de Steen-
kerke a la ehaussée de Furnes a Ypres 7° d'un pavé
de Ploegsteert a Houpelines; 8" d'un projet de pavé
d'Adinkerke au canal et au gravier de Furnes a Dun-
kerke,
Discussion du rapport concernant les travaux ordi-
naires et extraordinaires de la province pour 1866.
Un débat s'engage au sujet du canal de Lisseweghe
et du canal de Moerdyk.
Le Conseil adopte le rapport des travaux pour
1866.
Les 3® et 4® commissions demandent ensuite que le
Conseil autorise la Deputation de prendre toutes les
mesures nécessaires pour terminer l'affaire relative a
l'achat et la location de locaux pour le tribunal de 1r®
instance de Courtrai.
Les conclusions sont adoptées.
M. Ie gouverneur, au nom du, Roi, déclare close la
session du Conseil provincial de 1865, et l'assemblee
se sépare aux cris de Vive le Roi!
La librairie Baillère vient de publier un curieux
ouvrage de M. Wilfrid de Fonvielle, sur l'Homme fos-
sile. L'auteur, entralné sans doute par son sujet, es-
saie de démontrer que nous descendons du singe, et
que peut-être ne sommes-nous pas assez éloignés de
notre origine pour qu'il soit difficile de retrouver des
traces de notre parente avec des gorilles, qu'on exibe
en ce moment a l'IIippodrome.
M. de Fonvielle, dans son trés-intéressant volume,
développe cette idéé que la race humaine a dure sur
la terre un nombre considérable de siècles, et que la
Bible a supprimé de longs cycles qui sont comme les
mois de nourrice de la civilisation. Si M. de Fonvielle
a roison, cerlaines grimaces et singeries nous étonne-
ront moins dorénavantet nous serons moins surpris
de voir l'homme aussi inconsistant et aussi misérable
que le quadrumane qui, dans la Genèse de M. de Fon
vielle, joue le róle d'Adam.
Garde-Civiqne.
Le Major-Commandant la Garde-Civique d'Vpres,
informe les membres de la garde que le Tir national
de l'année 1865 commencera le 24 septembre et sera
clóturé le 3 octobre.
les armes de la ville profondément gravées dans la
pierre. Placés a une lieue des limites actuelles, ces
monuments grossiers fixent l'étendue de l'ancienne
commune au xn° siècle, époque a laquelle on fait re-
monter leur établissement.
On le voit, la seule publication de ces croquis sou-
lèverait une foule de questions des plus intèressantes,
Elle fournirait aux historiens des Flandres de nom-
breux matériaux et leur poseraient plus d'une énigmei
Elle eurichirait aussi l'histoire de l'art au moyen-êge
et ouvrirait maint aperg.u nouveau sur des industries,
des métiers peu étudies et presque inconnus jusqu'ici.
Le travail du fer, par exemple, donnerait lieu a d'in-
téressantes recherches, a propos de ces ancres aux
dessins variés, dont nous aurons plus loin l'occasiou
d'examiner l'utilité et la signification. Nous ne vou-
lons pas nous appesantir sur ces questions; nous
nous contentons de les signaler a l'observalion des
curieux et des archéologues.
(La suite au prochain numéro.)