dans des détails précis au lieu de se renfermer dans de
vagues et nuageuses généralités, ou1 il n'en a pas con-
naissance et alors de quel droit vient-il nous jeter ses
dénégations a la face? Malgré l'abnégation et le dévoue-
nient bien connus des experts du gouvernement, celui-
Ia du moins ne s'est pas conformé aux lois et règlc-
ments qui concernent la profession,qui a posé l'acte
que nous avons signalé.
M. Criem affirme encore que t notre art iele est em-
preint d'une extréme malveillance.
La fréquence même de ces sortes d'accusations
prouve combien elles sont aisées.
Convaincre de malveillance ceux qui signalent les
abus, n'est-cepasdémontrerimplicitementque ces abus
n'existent pas?
Malheureuseraent les inventeurs de ces accusations
viennent chaque jour éehouer pitoyablement devant Ie
bon sens public; M. Criem ne sera pas plus heureux
que ses prédécesseurs. Au surplus qu'il se tranquillise,
nous ne voulons jetter la déconsidération sur per-
sonne, mais seulement, fidèles a notre Habitude de pla
cer l'intérêt général au-dessus des intéréts privés, faire
déterminer clairement par les autorités compétentesles
droits et les devoirs des experts du gouvernement,
d'une part, des détenteurs de bêtes bovines, de l'autre.
Qu'après cela, M. le vétérinaire nous disemajestueu-
sement qu'il n'a pas besoin de nos lef.ons, nous le
croyons sans peine et, bien loin d'avoir la prétention de
lui en donner, nous poussons Ia déférence jusqu'a res
pecter, dans la reproduction de son épitre, ses distrac
tions ortliograpliiques et grammaticales. Espérons que
cette fois il sera satisfait.
On nous demande l'insertion de la lettre suivante
A M. l'éditeur du journal VOpinion.
Monsieur,
Dans le mandement que M. Victor Dechamps,nouvel
évêque de Namur, vient d'adresser a son clergé, il est
dit Que ce clergé est inspiré de l'amour de la prière
et de l'étude, de laferveur intérieur#, du zèle ve'ritable
qui fait le bien tans bruitmais avec constance, qu'il
sait unir la douceur a la fermetéla moderation au cou
rageetc., etc
Voila certainement un clergé modèle, et dont mes
sieurs les Namurois doivent être contentsnous vou-
drions que notre clergé s'inspirat des mêmes belles cho-
ses, mais il parait qu'il ne 1'entend pas de la même nia-
nière tenez, vous allez en juger.
II y a dans notre localité, dont deux tiers appar-
tiennent a la France et un tiers a la Belgique il y a,
surle cöté beige, un Monsieur L., commis chez Mes
sieurs X.., grands industriels sur le cöté francais,
avant des relations et des affaires en Belgique, qui
regoit tous les jours pour sesfiatrons. afin de simplilier
les rapports et de gagner du temps, des paquets et des
lettres a leur adresse II n'y a la encore rien d'extraor-
dinaire et vous n'y voyez aucun mal, j'en suis certain:
mais notre Monsieur L. est un de ces hommes qui aiment
a s'instrnire et qui se permettent de lire de mauvaises
gazettes et de mauvais livres.tels que ceux de MM. Re-
nan et l'abbé Trois-Etoiles, par exemple voila le mal
et voila la mouche qui a piqué quelques Messieurs du
clergé d'icieh bienen presence de ce scandale et de
ce malheur,car c'est un scandale et un malheur que
d'avoir dans sa localité des hommes qui lisent des abo
minations comme celles que ces coqtiins de Renan et
d'abbé se permettent d'écrire, que pensez-vous
que ces bons Messieurs du clergé vont faire Croyez-
vous qu'ils vont tacherde ramener notre malheureux L.
a de meilleurs sentiments, d'éclairer sa conscience et de
le ramener au bercail? Kiende tout cela. D'ailleurs,
peut-on ramener a bien des malhonnêtes geus de cette
espèce? Pomt du tout On va tout, bonnement lui jouer
un petit tour. Et quel tour voulez-vous qu'on lui
joue? Quel tour? vous allez le voir. Monsieur L.
n'est qu'un simple commis; done, par son état el par sa
position, il ne doit avoir de relations avec personae,
excepté avec ses patrons, c'est lout simple; mais los
facteurs de la poste sont chez lui du matin au soir avec
des lettres et des paquets venant de Bruxelles,qu'est-ce
que cela signifie? Je n'en sais rien mais, si cela
est, il doit y avoir quelque choseet je venx parier que
ce mauvais dröle a des ramifications avec tous ces gueux
de proscrits qui sont ii Bruxelles. Bah I J'en suis
sur. Oh I si nous savions caQue feriez-vous
Ce n'est pas difficile, écoutez II a des ramifications
avec des proscrits de Bruxelles, c'est convenudénon-
cons-le comme tel a Monsieur le préfet du Nord, disons
qu'il recoit de Bruxelles et fait passer en France des
gazettes et des livres défendus, le préfet ordonncra des
poursuiles, il passera 1111 jugement, il en aura pour six
semaines, deux mois de prison, c'est immanquable
qu'en dites-vous? le tour est parfait, ne perdons pas de
temps.
Et ainsi dit, ainsi fait.
Et voila comment des hommes du clergé savent faire
le bien tans bruitmais avec constance; comment ils
savent étre doux et fermes. modérés et courageax.
Se faire calomniateur et dénonciateur ce n'est pas
fort chrétien; mais que voulez-vous? ce 11e sont que
des turlupins.
Veuillez, nous vous en prions, Monsieur l'éditeur,
insérer la présente dans votre plus prochain numéro, et
agréez, etc.
Jean et Pierre De Comines.
Correspondance particuliere de /'OPINION.
Bruxelles, 27 octobre.
Toute reflexion faite, MM. les évèques, doyens, curés
et vicaires se sont decides a abandonner leurs preten
tions au martyre. Ils rendront les bourses, si les tribu-
bunaux les condamnent a les rendre. Voila done une
affaire terminée et, de tout le bruit que l'on a essayé de
faire a ee propos, il ne restera a notre clergé que la
honte d'une miserable reculade. Ah que les temps sont
changes! II n'y a pas 50 ans, les mandements épilepti-
ques de nos évêques, les protestations bruyantes de nos
curés et vicaires, n'auraientpas manqué leur effet comme
aujourd'hui. Pour sur, elles nous auraient valu une re
volution, ou, tout au moins, une bonne petite guerre
civile. Nous eussions vu, comme en 17P2, nos paysans
s'armer pour la defense des droits de l'Eglise, et gare
aux libéraux qu'ils auraient rencontrés sur leur chemin?
Mais depuis que cette détestable Revolution francaise a
soufflé partout ses affreuses doctrines, le monde n'est
pas areconnaitre on ne croit plus a rien, pas même a
la voixde son Pasteur. Le Pape lui-même, notre Saint-
Père le Pape, n'est pas plus écouté, quand il a tort, que
si saint Pierre ne lui avait pas légué son infaillibilité.
Misère des misèresLes évêques, qui ont regu de Dieu
ou du Pape (c'est tout comme) la mission de nous faire
pattre jusque dans les siècles des siècles, les évêques an-
noncent au monde qu'un immense scandale va s'accom-
plir, que l'Eglise, notre mère a tous, est sur le point de
périr sous les coups répétés d'une secteimpie et perverse;
ils adjurent tous les fidèles de résister a une loi de vol
et de spoliation, eux-mêmes marcheront devant etjurent
de mourir, s'il le faut, pour le triomphe de la bonne
cause. Vous croyez que ces adjurations passionnées vont
inettre le feu aux quatre coins de lacatholique Belgique?
Eh bien, pas du tout.
L-* moiiuir» petit vent
Qui ri'Jo U surface de Peau
cause autant d'émoi que la rhétorique échevelée de
tous nos prélats et doyens réunis. Le bourgeois va a
ses affaires, le paysan, l'ouvrier de la ville s'en vont a
leur travail, comme si de rien n'était. A peine trouve-
rez-vous quelque vieux marguillier, quelque douairière
sur le retour, pour s'effrayer du tapage.
Tout cela est vraiment facheux, malheureux, déses-
pérant. Mais qu'y faire? C'est eet abominable esprit
de liberté et d'indépendance qui a tout perdu, et com
ment détruire eet esprit la, une fois qu'il a creusé sa
voie dana le cerveau du genre humain? Encore si l'on
avait, comme autrefois, a attendre quelque secours du
bras séculierpeut-être v réussirait-on mais, le plus
souvent, la puissance séculiere est aux mains de l'incré-
dulité même, et, quant aux monarques catholiques qui
règnent encore en Europe, ils ont trop de choses a ména-
ger chez eux pour que l'on puisse compter sur leur con
cours. Oni, je vous le dis en vérité, nous vivons dansun
temps bien miserable et, pour peu que cela continue, il
faut nous attendre a tous les malheurs
lei, nous avons bien autre chose ii faire que de nous
occuper des mandements de M. Pechamps et des pro
testations de M. Kobette. Le Conseil communal se réu-
nit demain pour examiner le projet de M. Suys, et voila
qui nous tient bien autrement a cocur que de savoir si
M. Kobette attendra ou n'attendra pas la décision des
tribunaux pour restituer les titres dont il est détenteur.
Que ce projet soit adopté par le conseil, personne n'en
doutemais la n'est pas 1'obstacle; le projet adopté, il
faudra trouver del'argentet pour cela, en demander aux
contribuables et au gouvernementquant aux contribua-
bles, je vous garantis qu'ils n'en donneront pas sans
crier très-fort et, pour ce qui concerne le gouvernement,
011 n'en est pas sur du tout qu'il en donne, même en
criant. 11 avait inscrit l'assainissement de la Senne pour
trois millions dans son budget. Or, il en faudra au
moins sixsi l'on veut exccuter le projet de M. Suys
dans tout son développement. Le gouvernement consen-
tira-t-il ii demander aux Chambres ces trois millions
supplémentaires Les Chambres consentiront-elles a les
accorder? L'avenir nous l'apprendra, mais tenez pour
certain que si la victoire nous reste, ce ne sera pas sans
grande peine.
Les études del 'Afrtcaine sont poussées, au theatre
de la Monnaie, avec une très-grande activité et tout fait
espérer que la première representation du dernier chef-
d'oeuvre de l'illustre maitre pourra nous être donnée
tout au commencement du mois de décembre.
Après de longues hesitations, la direction s'est enfin
décidée a donner raison aux partisans du vaisseau mo
bile. Personnellement M. Letellier n'aurait pas de-
mandé mieux que de se dispenser de la très-grosse dé-
pense que l'exécution de ce projet va lui coüter, mais on
lui a tant dit et redit qu'il y allait du succes de la pièce,
qu'il a fini par céder.
Et vraiment, on ne saurait trop dire s'il aeu tort ou
raison. L'Africaine est appelée sans aucun doute, a un
immense succes sur notre scène mais combien, parmi
ceux qui se feront écraseraux premières representations,
resteraient paisiblement au coin de leur feu, si le fa-
meux vaisseau ne bougeait pas? La procession de la
Juive, je le parierais volontiers, attire au moins autant
de monde que le grand air du quatrième acte. Qu'on
ose seulement supprimer le cheval et la salie sera ii inoi-
tié vide.
M. Futis, qui a dirigé, avec tant d'éclat, les repeti
tions de 1'Africaine a Paris, vient d'être demande pour
les diriger également a Bruxelles; mais notre maestro
met a son acceptation des conditions assez difticiles a
remplir il demande que le baryton, dont il juge la voix
insuffisante pour le róle de Nelusko, soit remplacé; il
veut, en outre, que le personnel des chocurs soit doublé.
Remplacerle baryton, ii cette époque de l'annce, est plus
facile ii dire qu'a faire et, quant ii doubler les choeurs,
c'est un surcroit considerable de dépense, car les cho-
ristes refuseraient de s'engager pour VAfricaine seule
ment; il faudrait les prendre pour le restant de l'année
et, si peu qu'on les paie, multipliés par 40 ou 50, ils
deviennent un très-lourd fardeau.
II serait vraiment facheux qu'unemalheureuse ques
tion d'argent privat la direction du précieux concours
de l'illustre chef de notre Conservatoire. Espérons done
que la difficulté qui vient de s'élever 11e tardera pas a
s'aplanir et qu'un arrangement amiable fera prompte-
ment cesser 1'obstacle que rencontre le vceu de la direc
tion.
Mile Artot nous quittera très-prochainement. Elle
chante, pour la dernière fois, dimanche prochain, dans
la Traviata. Notre jeune coinpatriote n'emportera pas,
je le crains fort, un bien doux souvenir de son séjour
parmi nous. Hormis un ou deux róles oü elle a été cha-
leureusement applaudie, et a juste titre, je me hate de
le dire, elle n'aobtenu, dans le reste de son répertoire,
qu'un fort médiocre succès. Que voulez-vous? Nous
avons tort peut-être et le public de Berlin s'enteiul infi-
niment mieux que nous a l'art de charmer par la voix,
mais nous 11e sommes pas faits et nous nous ferons diffi-
lement aux grands éclats et aux oppositions violentes
dont Mile Artot use et abuse a tout propos et qui sont
passés, chez elle, al'état de véritable manie. Ce que
nous admettons encore moins, c'est que, pour montrer
sa belle voix, une artiste, si éminente qu'elle soit, se
permette de défigurer 1'oeuvre du compositeur au point
de la rendre méconnaissable. Or, il faut bien le dire,
notre jeune compatriote a poussé, jusqu'au dela desli-
mites tolérables, ce détestable travers d'accommoder la
musique des maitres au gré de ses convenances person-