JOURNAL D'YPRES ET DE M YPRES, Dimanche. Troisième armee. N° 48 26 NoTémbre 1865. 01 Tvi PBÏ\ H VKO\M [)t(AT POUR LA BELGIQL is 8 francs par an4 fr. 50 par7-) nestre. Pour l'étranger, le pc f. Un Ndméro I/OPINION I»«S V BES AlVMfcVCES ET DES RÉCLAMES to centimes la petite ligne. Corps du journal, 30 centimes, LE TOOT PAYABLE A VANCE. JSC JBtdHL JHE2 Laissez dire, laissez-vous blamer, niais publiez votre pensée. ON S'ABONNE A Ypres, au bureau du journal, chez Felix Lambin, imp.-lib. rue de Dixmude, 55, ou au bureau de ZaPuBLiciTÉ Commercial!;, 9, rue Fossés-aux-Loups, a Bruxelles. On traite a forfait pour le-s annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois dl argent doivent étre adressés franco au bureau du journal. Tels mattrcs, tels disciples. I. Les deux grands partis qui se disputent la direction des affaires publiques et qui, depuis l'ère de notre con stitution en nation libre, ont tour a tour occupé le pou- voir, continuent la lutte sans trève ni merci. Le libéralisme la soutient avec la fermeté, la dignité et le calme que donnent la force et la conscience du bon droit lefaux eatholieisme, qui s'affuble d' un nomreli- gieux pour mieux masquer ses intentions, avide de do mination, combat avec la rage, le délire, les convulsions du désespoir. Son immense orgueil blessé, son arsenal d'intrigues et de bassesses mis a jour, les derniers vestiges de sou in fernale puissance d'autrefois arrachés un a un par la marche progressive de l'instruction, le rendent fou de fureur et le poussent irrésistiblement aux violences les plus extrêmes. Hurlez, hypocrites, l'lieure de la justice est proche, le passé ayant dejii abattu 1'Inquisi tion, le présent ne peut plus tolérer d'inquisiteurs... Vous tomberez étouffés sous vos propres ruines, étreints paai les serpents dont vous vouliez cercler la Belgique in- dépendante. Us ne s'avouent pas encore vaincus pourtant, tout en se sentant aller rapidement a la derive ils rêvent le retour d'une marée favorable pour livrer de nouveaux assauts a la civilisation cette marée sur laquelle ils comptent, les insenscs, c'est la panique et le trouble qu'ils clierchent a répandre dans les families partout des préches, des missions, des jubilés, des croisades con- tre Fenseignement laïque il leur faut les enfants, afin d'oblitérer la vérité chez ces jeunes intelligences et de les transformer peu a peu en crétins, comme l'asi bien dit le très-honorable et très-honnête catholique M. De- decker, ex-ministre de Fintérieur. Ils se disent, dans leurs combinaisons sataniques petit poisson deviendra grand; ils attendent tout de Fabrutissement, de F ignorance et du servilisme de la génération qu'ils voudraient frapper a leur image, et en- trevoient par moments la possibilité de reconquérir le terrain, perdu. J1 appartient a l'Etat de leur enlever toute illusion a eet égard, en faisant donner a la jeunesse un enseigne- ment primaire conforme aux besoins de notre époque. La loi de 1842, eet anachronisme, s'y oppose formel- lement, dit-onpourquoi, dès lors, cette loi est-elle encore debout, pourquoi ne la réforme-t-on pas? Si la révision en est momentanément difficile, il est tout au moins du devoir du gouvernement de ne pas dé- passer les vues ultramontaines de ceux qui 1'ont dictee; nous recherclierons, dans Fintérêt du libéralisme et de l'instruction, si le pouvoir remplit sa tache autant que le comportent ses moyens d'action. II. L'Etat possède deux écoles et quelques sections nor- males, les unes ont été fondées pour la formation des instituteurs primaires, les autres s'occupent des études qui conduisent au professorat. de Fenseignement moyen du degré inférieur, Le clergé compte sept écoles de l'espèce dans le pays, qui sont astreintes, il est vrai, a des inspections et aux examens de l'Etat. Cette situation inquiétante n'est l'objet d'aucun souci pour le gouvernement, il semble même s'y complaire, en prêtant bénévolement la main a 1'execution du prospectus politique de la fraction la plus militante et la plus dangereuse des membres de cette Corporation mystérieuse, qui cachent leurs projets liber- ticides sous le masque de la religion du Christ, dont ils sont les adversaires les plus redoutables et les plus pas- sionnés. Aussi longtemps que la loi de 1842 n'aura pas été abolie, les jésuites formeront par le clergé la majeure partie des précepteurs cominunaux et auront soin, évi- demment, de se procurer en eux des auxiliaires pour faciliter la propagation de leur programme politique. On me demandera peut-être de quel droit j'insinue que le gouvernement semble encourager l'instruction primaire donnée par le clergé, ou tout au moins lui oc- troie par trop libéralement des faveurs. Je répondrai par des faits laloilaisse pleine liberté a 1'Etal d'appeler a latête de ses deux grandes écoles de Lierre et de Nivelles des membres du corps professoral laïque. Qui y voyons-nous au gouvernail? Le clergé. Non-seulement un prêtre y enseigne la religion et la morale, mais il y en a encore un autre qui dirige les maisons importantes, grace a la déplorable condescen- dance de M. J.rB. Nothomb, continuée sans interrup tion par ses successeurs jusqu'a nos jours. Est-ce logi- que, est-ce sage? S'explique-t-on une anomalie aussi ét ran ge On ne peut se dissimuler que le theatre des hostilités politiques est actuellement l'école, c'est elle qui est ap- pelée en dernier ressort a vider le différend qui di- vise les agents du saint-office et les patriotes beiges la lutte est carrément engagée sur le terrain de Fensei gnement, L'ennemi occupe sept batteries, vous n'en avez que deux et vous commettez 1'insigne imprudence d'en remettre le commandement a des chefs pris dans les rangs opposés. N'est-ce pas inconcevable Je citerai encore un fait tout aussi étonnant la loi de 1850 n'admet pas le prêtre, a litre d'autorite', dans les établissements assujettis au régime de cette loi, elle permet la creation d'écoles normales destinées a former des programmes pour les écoles moyennes. Une section spéciale pour la formation de professeurs de cette categorie a été annexée a 1'etablissement pri maire de l'Etat a Nivelles et le cumul des deux direc tions est exercé par le clergé, en dépit de la loi qui dans pareille occurrence ne veut pas du prêtre a titre d'au- torité. Voila de l'habileté comme il n'en faudrait pas beau- coup pour mieux faire les affaires des R. P., qu'ils n'en ont eux-mêmes l'habitude, si rusés qu'ils soient. On nesaurait vraiment être de meilleure composition. Ne perd-on pas trop de vue que tels sont les institu teurs chargés de l'éducation fondamentale des enfants, tels plus tard seront leurs clèves Ceux-ci recoivent les premiers principes comme la terre bien préparée et fé- conde recjoit la semence, ils fructifieront et se répan- dront a l'infini par des relations, des points de contact de toute espèce. Ne méconnaissons done plus la toute-puissante in fluence de l'instituteur, n'oublions pas que 1'enfant lui est confié pour ainsi dire dès sa naissance, il contreba- lance d'abord a lui seul l'ascendant du père et de la mere pour se substituer ensuite complétement a eux, il les annihile en quelque sorte, il devient le maitre absolu de ce jeune coeur et de ce cerveau délicat, il les pétrit comme il veut les avoir, y infuse ce qu'il y veut voir germer, il aperqoit les premières lueurs de cette jeune intelligence, ils'empare de ses premières idéés, les di rige vers le but qu'il veut atteindre, en un mot il peut préparer l'enfant au mal comme au bien d'après sa vo- lonté. C'est ce modeste fonctionnaire qui est la clef de voute de l'édifice social, ce sont ses efforts bien ou mal inspi res qui contribueront beaucoup a assurer la victoire de cisive de l'ordre, du progrès et de la vérité, surl'astuce des filsde Loyola. Le point capital a surveiller par le gouvernement est done la composition du corps professoral des écoles nor males et surtout la direction de ces établissements, qui, mieux quo toutes les forteresses, seront les boulevards et la garantie du main tien de notre pacte constitu- tionnel. III. La question que j' ai exposée au cliapitre précédent est des plus graves, je n'en connais de. plus sérieuse que l'éducation des filles qui est a peu pres exclusive- ment abandonnée aux couvents affiliés aux nombreux ordres religieux que l'on compte en Belgique. Les patents sont dans la plupart des villes, dans toutes les bourgades et villages, obliges de remettre leurs demoiselles entre les mains des nonnettes qui se sont réfugiées dans le croitre, les unes par scrupule ou fanatisme, les autres par dépit d'amour, quelques-unes pour voiler et se faire pardonner des peccadilles de jeu nesse, peu oxi point dans le but de répandre l'ins truction. Je ne mepermettrai pas lamoindre conjecture, disser tation ou commentaire a eet égard.Dans l'état actuel des choses nous en sommes malheureusement réduits a devoir nous contenter de ces institutions il défaut. de inieux, le gouvernement n'ayant pas d'écoles normales pour former des institutrices présentant les garanties que le public désirerait trouver dans la personne chargée de l'éducation du sexe. II ne nous reste done qu'-a nous incliner devant la si tuation, tout en espérant que M. Alphonse Vandenpee- reboom, qui, de tous les mini stres au pouvoir depuis 1860, a le plus contribuó a l'amélioration matérielle des professeurs et aux moyens d'extension de Fenseigne ment, découvrira de quoi combler la lacune signalée. Ce serait un événement heureux que de voir le gou vernement organiser des écoles normales de filles, d'ou

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L’Opinion (1863-1873) | 1865 | | pagina 1