Les Chansons des Riies et des Beis, LI sortiraient des institutrices capables d'enseigner les de voirs si varies, si delicats, si nombreux, de la jeune fi!le, de l'épouse et de la mere, ce serait l'beure de la régé- nération. Aujourd'hui 1'Etat a bien quelques écoles laïques, telles qu'a Gand et Herenthals, ou religieuses comme celles de Thielt, Bastogne, Champion, etc., ou il.pres- crit un programme et des examens, en compensation des subsides qu'il leuralloue, mais 1'unitéde direction manque, le but que l'on se propose diffère essen tielle- ment de celui que l'on doit chercher a atteindre et qui saute aux veux de quiconque veut sérieusement et im- partialement s'occuper dela matière. C. C. II faut cn Jinlr. Nous voici bien loin des menaces altières et des som- mations impérieuses dont retentissait, il y a huit jours encore, la presse cléricale. Tout compte fait, Tépiscopat s'aperijoit enfin que le pays n'est nullement d'humeur a courber la tête sous ses décrets et, baissant tristement le nez, il declare a la Chambre, par l'organe de ses repré- sentants, MM. Thonissen et Delcour, que son intention ne fut jamais de recourir a la force, qu'il se born era a une resistance purement passive. Pitoyable reculade et dont personne ne sera dupe. MM. les évêques nous croient, vraiment, la mémoire bien courte s'ils s'imaginent que, déja, le pays a oublié leurs derniers mandements. II ne s'agissait pas, alors, de resistance passive, mais bel et bien d'un appel a la révolte. On ne disait pas, comme aujourd'hui nous attendrons la décision des tribunaux. On eherchait a soulever la conscience publique contre la loi des bourses, a provoquer des manifestations de nature a entraver son execution. MM. les cures, vicaires et autres prêtrcs de l'arrondissement de Charleroi déclaraient solennellement qu'ils encourraient toutes les persecutions, qu'ils mar- cheraient a la mort, plutot que d'obéir a une loi viola- trice de tousles droits de l'Eglise. Mais quand on a eu acquis la triste conviction que, loin d'émouvoir les populations en faveur de sa cause,ces détestables provocations n'avaient d'autre résultat que de les rattacher plus .étroitement encore a la politique libé rale, quand la nomination de M. Bara est venue attester la ferme resolution du ministère de ne pas se laisser in- timider par la menaee, on a jugc prudent de changer de ton et l'on a charge MM. Deleour et Thonissen d'expli- quer au pays comme quoi l'on n'avait jamais eu la pensée de faire appel a la violence, mais tout simplement de déférer la question aux tribunaux. Nous constatons ce fait important, non point dans le vain but d'en faire honte au parti clerical, ma's pour en tirer un enseignement utile a ceux qui nous gouvernent. La reculade du clergé, dans cette circonstance, prouve qu'il ne se sent pas lui-même aussi sur qu'il voudrait bien nous le donner a croire, de sa puisssnce sur les po pulations. Sur de vaincre, qui peut douter qu'il n'eut pousséla lutte jusqu'au bout? Et cependant, cette prétendue puissance du clergé est Téternelle objection que nous font les homines qui occu- pent aujourd'hui le pouvoir, chaque fois que nous leur demandonsde hater la ré vision des lois qui maintiennent, en dépit de la Constitution, l'Eglise catholique comme une sorte d'autorité dans l'Etat. Le ministère nous con cede volontiers, en principe, que l'Etat est, ne doit être que laïque; que son action doit être dégagce de toute entrave religieuse; que l'indépendance du pouvoir civil est la pierre angulaire de tout notre edifice constitution- nel. Mais, dans la pratique, que de resistances 1'applica- tion de ce principe ne rencontre-t-elle pas Deman- dons-nous que Tenseignement primaire soit secularise? Le ministère nous répond aussitót que ce serait la mort de nos écoles. Béclamons-nous contre les immunités dont le clergé jouit en matière de milice Prenez garde,dit-il; vous allez le soulever tout en tier contre vous. Prc- tendons-nous que les cimetières doivent être enlevcs a la police du prêtre et qu'il y a lieu de faire consacrer par une loi le principe de la promiscuité des lieux d'in humation? Y songez-vous? s'écrie-t-il, cette loi serait le signal d'un bouleverseinent general, la conscience des catlioliques se soulèverait contre-vous Toujours, tou- jours la peur du clergé Eh bien, le ministère sait-il maintenant ii quoi s'en tenir sur ce Croquemitaine de la puissance cléricale? Viendra-t-il encore nous dire, après qu'il a vu l'épisco- pat deserter le terrain oil un moment d'oubli l'avait en- trainé, viendra-t-il encore nous dire que la puissance de l'épiseopat exige des managements et qu'il faut.iempor riser Oui, il faut en finir avéc les questions clérico-libérales. Mais il faut en fipil* en les ré&olvant, non pas. lqntement, une a,line, comme on f fait jusqu'aujpprd'huj, crpynnt être ..prudent quand on p'était. que pol tron; mais, d'un seul coup, toutes ensemble, bravement, résolument, comme il convient a un parti confi antdans son droit et appuyé par tout ce que le pays compte de bons et d' in telligents citovens. A temporiser, ii ajoumer sans cesse la solution de ces brulantes questions, qu'est-ce que le parti liberal a gagné Les cléricaux conquièrent de jour en jour du terrain; ii Bruxelles, au mois de juin dernier, il y a huit jours a Liége, il a fallu un ballotage pour de cider la victoire en notre faveur. Est-ce que cela ne vous dit ricn, a vous, hommes du pouvoir Seriez-vous done telleinent aveuglés par le mirage de vos illusions que Tenseignement qui ressort de ce double ballottage, dans les deux villes les plus libérales du royaume, serait en- tièrement perdu pour vous ii Bruxelles et a Liége,nous direz-vous, les libéraux se sont divisés unis, ils au- raient remporté une facile victoire. Eli, sans doute, ils sont divisés, mais a qui la fante, si ce n'est a votre po litique énervante, qui après avoir découragó tant de bons et d'ardents libéraux, a fini par les tourner contre vous? u Trcuvre, done, il en est temps encore. Blus de ména- gements, plus d'ajournements nouveaux. Partout oü v ous rencontrez le prêtre dans la loi, chassez-l'en sans merci, sans tnrder. Rendez a l'Etat sa liberté, son indé- pendauce. L'avenir du libéralisme est a ce prix et c'est vous, songez-y bien, qui en porterez la responsabilité devant l'histoire. par Victor HUGO. Cc li vi e a le parfum de la jeunesse et la sérénité de la sagesse. Quoidira-t-on, la jeunesse et la sagesse réunies; la jeunesse est-elle devenue sage, et la maturité de l'age peut-elle répandre autour de soi la fraicheur et le charme pénétrant des premières années Oui, l'asuvre du poëte, né presqu'avec le siècle, s'il- lumiue de l'öclataiite lumière du prinlemps de la vie, en niême temps qu'elle s'éclaire de l'aiinable philoso- plvie d'une indulgente expérience. De ces pages éblonissantes débordent, allots presse's, toute la grace, lout l'entrain, toute la couliance d'un cocur qui ,/ouvre hl'existence, tandis qu'une voix male et puissante y juge^Thumanité et qu'une poésie d'une incomparable riehesse ycélèbre l'éteinelle splendeur de la nature. Chansons des rues et des bois Tout s'anime pour lepoète Les astres, la forêt, le cbêne lui parient en leur magnitique langage pour lui l'oiseau babille et la fleur a des confidences, la nature a ses lieures do ma- jesté et ses heures de fol abandon tantót, le poète in— terroge les mondes errants dans l'espace inlini et sa pensée s'élance aux plus hauts sommetstanlöt il sou rit a Avril, qui chante drinn drinn l'univers, qui contient toutes les modes et l'archet divin du poëte les traduit tour a tourle papillen etl'amant de la rose et le chêne de Versailles, foudroyant le grand roi de ses dédains, pousse le ori do Vive la liberté Toutes voix de la nature sont pures et vraies le merle seul est uh pen persiflleur el l'homme lui- même Ah ne croyez point que la voix du poète s'élève pour les diminucr. Le poète, il a soulfert, il est pros- crit, il a bu toutes les amertumes, mais sou cccur ne contient aucune malediction. Ecoutez-le plutöt Ah! j'admire en vérité Qu'on puisse avoir de la haine Quand l'alouette a chanté. Et voila toute sou ame. La nature lui a déyoilé ses mystères el l'a pénétré de sa bonté infinieil a toutes les illusions de la jeunesse, parcequ'il les sait vraies sa sagesse lui a refait une virginitéil a vingt ans, il a toutes ces fraïcheurs et toutes ces harmonies sa poésie est de bonne foi comme son cccur Je lui donne citcjceur sans lui dire Eends-moi la ,onnaie. II ne compte pas, il e donne tout entieril bénit la jeunesse et lui sourit c'est chez elle qu'est la sagesse. La sagesse Psyché m'a dit C'est le baiser. Non le baiser de Faust ou de Claude Frollo, mais le baiser de la vingtième année. «Jeune homrne, chante le poëte, sois de ton age, ne te retranche pas dans ton moi, ne te retire point des luttes de l'existence; va, mèle-toi aux joies et aux douleurs de la vie. sois du monde, aime. II lui dirait volontiers aussi Fais ce que tu voudras, qu'importe Pourvu que le vrai soit content. II y a jc ne sais quoi d'auguste et de touchant dans ce spectacle du poète, encore tout meurtri des cpmbats de la vie, se plaisant a oublier toutes ses souffrances, se renfermant dans les souvenirs de la jeunesse et se fai- sant une jeunesse nouvelle avec ses rêves. De sa meditation le poète conclut que le dernier mot de la sagesse, c'est le libre épanouissement de letre ce qu il y a de meilleur et de plus beau au monde, c'est une ame qui sourit a la vie; le but de la science elle— même, C'est d'etre immensément joyeux. Pensée profonde, que les austères docleurs de la science semblent ne point soupfonner la science doit rendre humain et doux, elle doit être avide de gaieté, elle doit être tolérante par esprit de justice, parce- qu'elle comprend beaucoup; celui qui sait doit trouver dans cette joie immense» sa récompense et sa force. Etrange renversement des choses c'est celui qui devrait être réconforlé qui réconforteles chants de l'exilé vont, du rocher de Guernesey, consoler la patrie absente Ce n'est pas que Ton n'entende en ce livre que les accents doux et gracieux de Yirgile et d'llorace; Ju- vénal s'y indigne encore et parfois Dante Alighieri y élève sa grande voix. f outes les cordes de la lyre frémissent sous les doigts du poète lei, les hommes fraternisent avec la nature, l'ydille se marie au lyrisme leplus splendide. Je ne sache point que jamais poète ait donné a l'a- mour un jilus admirable cadre A qui done le grand ciel sombre Jette-t-il ses astres d'or Pluie éclatante de l'ombre, Ils tombent.Encor Encor Encor lueurs éloignées, Feux purs, pales orients, Ils scintillento poignées De diamants effrayants C'est de la splendeur qui röde Ce sont des points univers. Aimons nous et que les sphères Fassent ce qu'elles voudront Les deux amants sous la nue Songent, charmants et vermeils. L'immensité continue Ses semailles de soleils. La tantaisie la plus charmante donne, a son tour, sa note vive et pélillante dans le concertc'est le Don Juan de Byron, c'est le caprice ailé d'Alfred de Musset, eest le songe d'une nuit d'été de Shakespeare. Quand, dans le Duel en juin lc poète dit J'analysais précisément Dans cet instant la les Bastilles, Les trónes, Dieu, le firmament, Et les ruhans des j eunes fllles Necroit-on pas entendre Don Juan qui méditait

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L’Opinion (1863-1873) | 1865 | | pagina 2