Les Chansons des Riies et des Beis,
LI
sortiraient des institutrices capables d'enseigner les de
voirs si varies, si delicats, si nombreux, de la jeune fi!le,
de l'épouse et de la mere, ce serait l'beure de la régé-
nération.
Aujourd'hui 1'Etat a bien quelques écoles laïques,
telles qu'a Gand et Herenthals, ou religieuses comme
celles de Thielt, Bastogne, Champion, etc., ou il.pres-
crit un programme et des examens, en compensation
des subsides qu'il leuralloue, mais 1'unitéde direction
manque, le but que l'on se propose diffère essen tielle-
ment de celui que l'on doit chercher a atteindre et qui
saute aux veux de quiconque veut sérieusement et im-
partialement s'occuper dela matière. C. C.
II faut cn Jinlr.
Nous voici bien loin des menaces altières et des som-
mations impérieuses dont retentissait, il y a huit jours
encore, la presse cléricale. Tout compte fait, Tépiscopat
s'aperijoit enfin que le pays n'est nullement d'humeur a
courber la tête sous ses décrets et, baissant tristement
le nez, il declare a la Chambre, par l'organe de ses repré-
sentants, MM. Thonissen et Delcour, que son intention
ne fut jamais de recourir a la force, qu'il se born era a
une resistance purement passive.
Pitoyable reculade et dont personne ne sera dupe.
MM. les évêques nous croient, vraiment, la mémoire
bien courte s'ils s'imaginent que, déja, le pays a oublié
leurs derniers mandements. II ne s'agissait pas, alors,
de resistance passive, mais bel et bien d'un appel a la
révolte. On ne disait pas, comme aujourd'hui nous
attendrons la décision des tribunaux. On eherchait a
soulever la conscience publique contre la loi des bourses,
a provoquer des manifestations de nature a entraver son
execution. MM. les cures, vicaires et autres prêtrcs de
l'arrondissement de Charleroi déclaraient solennellement
qu'ils encourraient toutes les persecutions, qu'ils mar-
cheraient a la mort, plutot que d'obéir a une loi viola-
trice de tousles droits de l'Eglise.
Mais quand on a eu acquis la triste conviction que,
loin d'émouvoir les populations en faveur de sa cause,ces
détestables provocations n'avaient d'autre résultat que de
les rattacher plus .étroitement encore a la politique libé
rale, quand la nomination de M. Bara est venue attester
la ferme resolution du ministère de ne pas se laisser in-
timider par la menaee, on a jugc prudent de changer de
ton et l'on a charge MM. Deleour et Thonissen d'expli-
quer au pays comme quoi l'on n'avait jamais eu la pensée
de faire appel a la violence, mais tout simplement de
déférer la question aux tribunaux.
Nous constatons ce fait important, non point dans le
vain but d'en faire honte au parti clerical, ma's pour en
tirer un enseignement utile a ceux qui nous gouvernent.
La reculade du clergé, dans cette circonstance, prouve
qu'il ne se sent pas lui-même aussi sur qu'il voudrait
bien nous le donner a croire, de sa puisssnce sur les po
pulations. Sur de vaincre, qui peut douter qu'il n'eut
pousséla lutte jusqu'au bout?
Et cependant, cette prétendue puissance du clergé est
Téternelle objection que nous font les homines qui occu-
pent aujourd'hui le pouvoir, chaque fois que nous leur
demandonsde hater la ré vision des lois qui maintiennent,
en dépit de la Constitution, l'Eglise catholique comme
une sorte d'autorité dans l'Etat. Le ministère nous con
cede volontiers, en principe, que l'Etat est, ne doit être
que laïque; que son action doit être dégagce de toute
entrave religieuse; que l'indépendance du pouvoir civil
est la pierre angulaire de tout notre edifice constitution-
nel. Mais, dans la pratique, que de resistances 1'applica-
tion de ce principe ne rencontre-t-elle pas Deman-
dons-nous que Tenseignement primaire soit secularise?
Le ministère nous répond aussitót que ce serait la mort
de nos écoles. Béclamons-nous contre les immunités dont
le clergé jouit en matière de milice Prenez garde,dit-il;
vous allez le soulever tout en tier contre vous. Prc-
tendons-nous que les cimetières doivent être enlevcs a
la police du prêtre et qu'il y a lieu de faire consacrer
par une loi le principe de la promiscuité des lieux d'in
humation? Y songez-vous? s'écrie-t-il, cette loi serait
le signal d'un bouleverseinent general, la conscience des
catlioliques se soulèverait contre-vous Toujours, tou-
jours la peur du clergé
Eh bien, le ministère sait-il maintenant ii quoi s'en
tenir sur ce Croquemitaine de la puissance cléricale?
Viendra-t-il encore nous dire, après qu'il a vu l'épisco-
pat deserter le terrain oil un moment d'oubli l'avait en-
trainé, viendra-t-il encore nous dire que la puissance de
l'épiseopat exige des managements et qu'il faut.iempor
riser
Oui, il faut en finir avéc les questions clérico-libérales.
Mais il faut en fipil* en les ré&olvant, non pas. lqntement,
une a,line, comme on f fait jusqu'aujpprd'huj, crpynnt
être ..prudent quand on p'était. que pol tron; mais, d'un
seul coup, toutes ensemble, bravement, résolument,
comme il convient a un parti confi antdans son droit et
appuyé par tout ce que le pays compte de bons et d' in
telligents citovens. A temporiser, ii ajoumer sans cesse
la solution de ces brulantes questions, qu'est-ce que le
parti liberal a gagné Les cléricaux conquièrent de jour
en jour du terrain; ii Bruxelles, au mois de juin dernier,
il y a huit jours a Liége, il a fallu un ballotage pour de
cider la victoire en notre faveur. Est-ce que cela ne vous
dit ricn, a vous, hommes du pouvoir Seriez-vous done
telleinent aveuglés par le mirage de vos illusions que
Tenseignement qui ressort de ce double ballottage, dans
les deux villes les plus libérales du royaume, serait en-
tièrement perdu pour vous ii Bruxelles et a Liége,nous
direz-vous, les libéraux se sont divisés unis, ils au-
raient remporté une facile victoire. Eli, sans doute, ils
sont divisés, mais a qui la fante, si ce n'est a votre po
litique énervante, qui après avoir découragó tant de bons
et d'ardents libéraux, a fini par les tourner contre vous?
u Trcuvre, done, il en est temps encore. Blus de ména-
gements, plus d'ajournements nouveaux. Partout oü
v ous rencontrez le prêtre dans la loi, chassez-l'en sans
merci, sans tnrder. Rendez a l'Etat sa liberté, son indé-
pendauce. L'avenir du libéralisme est a ce prix et c'est
vous, songez-y bien, qui en porterez la responsabilité
devant l'histoire.
par Victor HUGO.
Cc li vi e a le parfum de la jeunesse et la sérénité de
la sagesse.
Quoidira-t-on, la jeunesse et la sagesse réunies;
la jeunesse est-elle devenue sage, et la maturité de
l'age peut-elle répandre autour de soi la fraicheur et
le charme pénétrant des premières années
Oui, l'asuvre du poëte, né presqu'avec le siècle, s'il-
lumiue de l'öclataiite lumière du prinlemps de la vie,
en niême temps qu'elle s'éclaire de l'aiinable philoso-
plvie d'une indulgente expérience.
De ces pages éblonissantes débordent, allots presse's,
toute la grace, lout l'entrain, toute la couliance d'un
cocur qui ,/ouvre hl'existence, tandis qu'une voix male
et puissante y juge^Thumanité et qu'une poésie d'une
incomparable riehesse ycélèbre l'éteinelle splendeur de
la nature.
Chansons des rues et des bois Tout s'anime pour
lepoète Les astres, la forêt, le cbêne lui parient en
leur magnitique langage pour lui l'oiseau babille et la
fleur a des confidences, la nature a ses lieures do ma-
jesté et ses heures de fol abandon tantót, le poète in—
terroge les mondes errants dans l'espace inlini et sa
pensée s'élance aux plus hauts sommetstanlöt il sou
rit a
Avril, qui chante drinn drinn
l'univers, qui contient toutes les modes et l'archet divin
du poëte les traduit tour a tourle papillen etl'amant
de la rose et le chêne de Versailles, foudroyant le grand
roi de ses dédains, pousse le ori do Vive la liberté
Toutes voix de la nature sont pures et vraies le
merle seul est uh pen persiflleur el l'homme lui-
même
Ah ne croyez point que la voix du poète s'élève
pour les diminucr. Le poète, il a soulfert, il est pros-
crit, il a bu toutes les amertumes, mais sou cccur ne
contient aucune malediction. Ecoutez-le plutöt
Ah! j'admire en vérité
Qu'on puisse avoir de la haine
Quand l'alouette a chanté.
Et voila toute sou ame. La nature lui a déyoilé ses
mystères el l'a pénétré de sa bonté infinieil a toutes
les illusions de la jeunesse, parcequ'il les sait vraies
sa sagesse lui a refait une virginitéil a vingt ans, il a
toutes ces fraïcheurs et toutes ces harmonies sa poésie
est de bonne foi comme son cccur
Je lui donne citcjceur sans lui dire
Eends-moi la ,onnaie.
II ne compte pas, il e donne tout entieril bénit la
jeunesse et lui sourit c'est chez elle qu'est la sagesse.
La sagesse
Psyché m'a dit C'est le baiser.
Non le baiser de Faust ou de Claude Frollo, mais le
baiser de la vingtième année. «Jeune homrne, chante
le poëte, sois de ton age, ne te retranche pas dans ton
moi, ne te retire point des luttes de l'existence; va,
mèle-toi aux joies et aux douleurs de la vie. sois du
monde, aime.
II lui dirait volontiers aussi
Fais ce que tu voudras, qu'importe
Pourvu que le vrai soit content.
II y a jc ne sais quoi d'auguste et de touchant dans ce
spectacle du poète, encore tout meurtri des cpmbats de
la vie, se plaisant a oublier toutes ses souffrances, se
renfermant dans les souvenirs de la jeunesse et se fai-
sant une jeunesse nouvelle avec ses rêves.
De sa meditation le poète conclut que le dernier mot
de la sagesse, c'est le libre épanouissement de letre
ce qu il y a de meilleur et de plus beau au monde, c'est
une ame qui sourit a la vie; le but de la science elle—
même,
C'est d'etre immensément joyeux.
Pensée profonde, que les austères docleurs de la
science semblent ne point soupfonner la science doit
rendre humain et doux, elle doit être avide de gaieté,
elle doit être tolérante par esprit de justice, parce-
qu'elle comprend beaucoup; celui qui sait doit trouver
dans cette joie immense» sa récompense et sa force.
Etrange renversement des choses c'est celui qui
devrait être réconforlé qui réconforteles chants de
l'exilé vont, du rocher de Guernesey, consoler la patrie
absente
Ce n'est pas que Ton n'entende en ce livre que les
accents doux et gracieux de Yirgile et d'llorace; Ju-
vénal s'y indigne encore et parfois Dante Alighieri y
élève sa grande voix.
f outes les cordes de la lyre frémissent sous les doigts
du poète
lei, les hommes fraternisent avec la nature, l'ydille
se marie au lyrisme leplus splendide.
Je ne sache point que jamais poète ait donné a l'a-
mour un jilus admirable cadre
A qui done le grand ciel sombre
Jette-t-il ses astres d'or
Pluie éclatante de l'ombre,
Ils tombent.Encor Encor
Encor lueurs éloignées,
Feux purs, pales orients,
Ils scintillento poignées
De diamants effrayants
C'est de la splendeur qui röde
Ce sont des points univers.
Aimons nous et que les sphères
Fassent ce qu'elles voudront
Les deux amants sous la nue
Songent, charmants et vermeils.
L'immensité continue
Ses semailles de soleils.
La tantaisie la plus charmante donne, a son tour,
sa note vive et pélillante dans le concertc'est le Don
Juan de Byron, c'est le caprice ailé d'Alfred de Musset,
eest le songe d'une nuit d'été de Shakespeare.
Quand, dans le Duel en juin lc poète dit
J'analysais précisément
Dans cet instant la les Bastilles,
Les trónes, Dieu, le firmament,
Et les ruhans des j eunes fllles
Necroit-on pas entendre Don Juan qui méditait