sur lui-mêmeet sur l'univers, qui aimait i'homme, créa- tion merveilleuse, et puis les étoiles, en se demandant qui diable les avait placées dans le firmament qui pensait aux tremblements de terre, au fléau des batail- les, a la dimension que pouvait avoir l'orbe de la lune, aux aérostats et aux dillïcultés qui s'opposent a la con- naissance parfaite de 1'immensité des cieux; qui pensait enfin aux yeux de Donna Julia, He thought about himself, and the whole earth, Of man the wonderful, and of the stars, And how the dence they ever could have birth And then he thought of earthquakes, and of wars, How many miles the moon might have in girth. Of air-balloons, and of the many bars To perfeet knowledge of the boundless skies And then he thought of Donna Julia's eyes. Quand dans la Sommation irrespectueuse il dit J'estime Qu'en leur gloire isolés Deux beaux yeux sont un crime. Allumez mais brülez Ne songe-t-on point a quelque strophe nouvelle des Conseils a une parisienne? Parfois on retrouve le Victor Ilugo de 1828Le souvenir dos grandes guerres est une page détachée des Ballades ou des Orientates. On demeure frappé d'étonnement devant ce poète- Protée, a qui toutes les formes sont familières; naguè- res ses vers, traduits en turc, charmaient les musulmans dans Stamboul; hier Gavroche apparaissait sur le pave' de Parisaujourd'hui, le maitre est le cliantre inspire de la nature; demain, dans Torquemada, il nous don- neraun pendant a Ruy-Blas. On ne fait point l'inventaire de pareilles richesses contentons-nous en ce moment de puiser dans le nou- vel écrin Dans les clairières Les chansons dansent en rond L'ode court dans les rosées Tout chanteet dans les torrents Les idylles déchaussées Baignent leurs pieds transparents Le poète est le llubens des lettres même fougue, même couleur La nature se déploie splendide dans ses tableauxelle appelle I'homme a soimais I'homme est demeuré si longtemps sourd a l'appel de la nature Dieu perd son temps ii faire Les étoiles et les fleurs. Reviens a la nature, s'écrie le poète, c'est le dernier motdelaRaison. L'liomme a bien autre chose a faire vraiment On pourrait boire aux fontaines, Prier dans l'ombre a genoux, Aimer, songer sous les chênes, Tuer son frère est plus doux Oui, fhumanité semble mettreau-dessus de toute autre vertu ce courage, qui consiste a tuer son senibla- ble. II y a deux mille ans quePlaton disait Parmi les soldats mercenaires, presque tous inso- lents, injusles, sans mceurs et les plus insense's des hommes, ne s'en trouve-t-il pas beaucoup qui, selon l'exprcssion de Tyrtée, se présentent au combat avec unecontenance fiére et vont au devant de la mort? Ne définissait-ilpoint la les héros du chauvinisme? Qu'a-t-il done de si admirable ce courage, qui s'appuie sur la témérité et la violence et a pour but l'injustice, qu'il faille le couronner de lauriers Une seule guerre est sainte, c'est celle qui défend la libertéet la patrie, toute autre est un égorgement. Le poète ébranle a grands coups le chauvinisme, et le bons sens de Jean Severe renverse la colonne que l'invalide contempleavectant de fierté. II nous est impossible, e>st-il besoin de le répéter? de signaler toules les beautés éparses dans ce livre disons encore que l'oeuvre est pleine de grandeur et de puis sance, de charme et de gracela vigueur de la pensée s'y allie a l'énergie de l'expression et la langues'y prête docile a toutes les volontés d'une imagination prodi- gieuse, torrent ou ruisseau limpide, selon que le poète commande. Sans doute on peut faire au maïtre le reproche d'avoir, comme le grand Will, quelque faiblesse pour certains jeux d'esprit, de courir un peu le mot, de ne pas échapper parfois au marivaudage, d'abuser de l'ombre et du rayon, de ne pas toujours respecter la ligne de démarcalion qui sépare la profondeur de l'obscuritéil y a bien encore qu'il dit qu' il faut de grosses ehoses Pour faire rire un Flamand mais ces légères taches ne nous offensent point et nous partageons l'avis d'IIorace ubi plura nitent in comine, non ego paucis offender maculis. Ces imperfections se noient dans la splendeur; nous demeurons éblouis de ces magnificences, émus de cette beauté infmie et notre pensée se perd ravie dans la contemplation de ce monde merveilleux créé par le poète souverain. Socfcté Anonjme d'Sxploltation dc chcmtns de ffcr. Lignes de la Flandre occidentale. Le Comité de la direction de la Sociélé Anonyme de chemins de fervient d'adrester a ses agents la circulaire suivantc Pour assurer mieux le service, prévenir les plaintes et réclrmations de commerce, et obvier a des abus fré- quemment signalés, le Comité de la direction a résolu d'interdire aux fonctionnaires, employés et agents de la société tout trafic quelconque. Quoique la date a laquelle cette décision devra rece- voirson execution, ne soit pas encore fixée, je considère comme utile d'en avertir dès maintenant le personnel et de 1'engager a prendre iesmesuresles plus promptespour pouvoir satisfaire aux ordres de l'administration dans un... prochain délai. Bruges, le 23 octobre 1865. L'Ingénieur-Directeur de l'exploitation, (Signé), Yanden Bogaerde. Nous ne pouvons qu'applaudir a eet acte de bonne administration; car enfin il est denotoriété que plusieurs fonctionnaires et agents des lignes de la Plandre occi dentale font le commerce sur une tres-vaste échelle, tan dis que sur toutes les lignes de-PEtat il est strictement défendu au personnel de faire le moindre trafic quelcon que; aussi la circulaire précitée a-t-elle été bien accueillie du public on a cependaiit remarqué qu'il aurait fallu fixer aux agents un délai rigoureux et bien déterminé, après lequel tout commerce leur serait complétement in- terdit; car laisser la date de ce délai incertaine, c'est amener la continuation des abus existants, du moins en core pendant toute la campagne actuelle. Nous profitons de l'occasion pour signaler combien est irrationnel et criant le système d'abonnement des waggons, système auquel l'Etat lni-mème donne la main et qui a pour unique résultat de faire profiter a quelques abonnés de chaque localité le matériel disponible, a la compléte exclusion des autres négociants et particuliers, et celui précisément au moment oü eeux-ci ont le plus pressant besoin de recevoir leurs marehandises. II est outre avéré, que le matériel roulant des che mins de fer est insuffisant et en dehors de toute propor tion avec les besoins, que ces besoins croitront encore considérablement par suite de l'impulsion des transac tions commerciales, et cepehdant nous ne croyons pas que le département des travaux publics prenne des me- sures efficaces pour remédier a cette insuffisance si oné- reuse pour le commerce. FASTS DIVERS. Lundi dernier un grave accident a failli arriver sur le chemin de fer entre Ypres et Vlamertinghe, a la cou- puie. Un chariot lourdement chargé, en traversant eet endroit, avait engagé une de ses roues entre les rails c'était au moment de l'arrivée du premier train de Poperinghe. Les signaux purent être donnés heureuse- ment a temps et le train s'arrêta a une petite distance du lieu de l'accident. On frémit quand on pense aux incalculables malheurs qui pouvaient arriver, si un .temps brumeux avait empêché le mécanicien d'apercevoir les signaux. Les voyageurs arrivèrent a huit heures en gare d' Ypres, c'est-a-dire avec deux heures de retard. Un double meeting vient d'avoir lieu a Poperinghe, a huit jours d'intervalle dans le but de discuter les in téréts des producteurs de houblons et d'aviser aux moyens de créer un plomb particulier pour les com munes en opposition avec le plomb de Poperinghe. M. Van Merris qui siégeait au bureau a pris la parole a différentes reprises. Plus de 600 personnes assistaient a cette réunion. Le nouveau marché aux houblons de Poperinghe a été ouvert le 10 courant. Trois échantillons y ont été offerts en vente, aucun acquéreur ne s'est présenté. A 1'audience de mardi, la cour d'assises de la Flan- dre Occidentale s'est occupée de 1'accusation a charge de Léon Desitter, agé de 58 ans, ouvrier tailleur, de- meurant a Passehendaéle, déja condamnó antérieure- ment a plusieurs reprises du chef de méfaits de la même nature que ceux pour lesquels il est de nouveau poursuivi. En effet, il est accusé d'avoir, dans le courant des pre miers mois de l'année, commis sept vols différents avec ou sans circonstances aggravantes. L'accusé a avoué tous les faits mis a sa charge, a 1'exception d'un seul, savoir un vol de cuirs, commis eet été a Boesinghe, pendant la nuit, a l'aide d'effrac- tion extérieure et d'escalade. II était défendu par maitre Delaye, avocat. M. Molitor, substitut du procureur du roi, exerce pres de la cour les fonctions du ministère public. Déclaré coupable par le jury, De Sitter, a été con- damné aux travaux forcés a perpétuité, vu son état de récidive, et a l'exposition sur une des places publiques de la ville de Bruges. La peste bovine a éclaté de nouveau la semaine passée dans la commune de Leffinghe, 17 têtes de bétail appar- tenant au cultivateur Provoost ont été abattues. De ces 17 bêtes cinq ont été enfouies. Dan3 la nuit du 18 au 19 du courant, des voleurs se sont introduits au moyen d'effraction, dans la cave du sieur Pierre Berten, cultivateur a Menin, et y ont en- levé31 pains de froment, 1|2 kilog. de beurre et un sac en toile grise portant lenom dupropriétaire. Le dernier numéro du Spectateur militaire francais publie une nécrologie du capitaine du génie beige Boffiaen, dans laquelle il fait le plus grand éloge du savant et du soldat. Les nombreux amis de M. Boffiaen verront avec plaisir que sa réputation d'écrivain était justement appréciée a l'étranger. M. E.-J.-D. Boffiaen, capitaine en premier de l'état- major du génie et professeura l'éeole militaire, était né a Ypres le 17 juillet 1821 et est décédé a Bruxelles le 18 octobre 1865. On sait que par suite de la nomination de M. Bara au poste de ministre de la justice, on doit, en vertu de l'art. 36 de la constitution, procéder a une nouvelle élection nous apprenons que le corps électoral de J'ar rondissement de Tournay sera convoqué le mardi 5 dé- cembre prochain. Nous savons de source certaine que le rapport sur le projet de loi relatif au temporel des cultes est prêt. C'est une indisposition assez sérieuse de M. Crombez, président de la section centrale, indisposition qui, seule jusqu'ici, en a arrêté la lecture dans la section. Nous apprenons du reste, que M. Crombez est de retour. On sait que des élections, pour lé renouvellement par moitié de la Chambre des représentants, doivent avoir lieu au mois de juin de l'année prochaine. La première série sortante, conformément a l'art. Ier

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L’Opinion (1863-1873) | 1865 | | pagina 3