JOURNAL D'TPRES DE 1/ARRONDISSEMENT YPRES, Dimanche Quatrième année. N° 1. 7 Janvier 1866 Paraissant le dimanche. yVPRESSj ÜN DUEL A WINGLEBURY PRIX IViBOliSGHGNT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par seraestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes. PRIX DES i WO\fj;\ ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligue. Corps du Journal, 80 centimes. Le tout payable d'avancr. Laissez dire, laissez-vous blèmer, mais^ itfe pensée. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalchez Félix Lambin, imp. lib., rue de Oixmude55. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du journal. L'union de isso. II est beaucoup question, depuis quelque temps, de l'union de 1830 el de la nécessité, pour les partis, d'en revenir aux traditions du Congres national. Habilement exploitée par la presse cléricale, qui n'a rien négligé pour la présenter sous les dehors d'une conception loute patriotique, l'idèe a séduit quelques bons esprits et, rêcemrnent, nous avons vu un des organes les plus accrédités du libéralisme dans la ca- pilale lui apporter l'appui de son autorité. Si les intéréts de l'opinion libérale pouvaient être de quelque poids dans une question de cette impor tance, i! ne nous sernit pas difficile de montrer que Ia politique qu'on lui recomtnande, avec une si chaude nsistance, la conduirait a une défaite prochaine et j lévitable. A moins de fermer ses yeux a l'évidence, il faut reconnaitre que les élections du mois de Juin, s'aecomplissant au milieu de ce que l'on veut bien appeler la trève des par lis, seraient infailliblement fa- tales au libéralisme. Mais quand nos adversaires nous font entendre le langage du plus pur patriotisfne, il nous siérait mal de mettre en jeu les intéréts, si res pectables qu'ils soient, d'ailleurs, du grand parti li beral. A supposer que l'envie nous en prit, le Journal de Bruxelles et ses satellites des neuf provinces, sans en exceptor le Propagaleurne manqueraient pSs de nous dénoncer a l'indignation publique comrae de mauvais citoyens, sourds a ia voix de la patrie mena- cée et tout prêls a sacrifier les destinées du pays a de vils calculs de parti. Laissons done ce point de vue et, suivant nos néo unionistes sur le terrain qu'ils ont choisi, demandons-nous ce que la Belgique peut al- tendre de la po itique dans laquelle ils cherchent a l'engager. II s'agit, diserit-ils,de reconstituer Uancienne union Suite. Mylord. Qu'est-ce? fit M. Alexandre Trott, en portant sur le maire ses yeux hagards oü se peignait le plus grand élonnement. Paix I chut 1 fit le m ire d'une voix insinuante. Soyez sur. Parfaitement entendu Pas de li- tres. Mon nom est Overton, monsieur. i> Overton Votre humble serviteur. Overton, le maire de l'endroit. Vous eütes la bonté de me faire parvenir eet après-midi une lettre anonyme m'informant de choses Moi, monsieur, s'écria M. Trott avec une sur prise mal déguisèe; car, peureux qu'il étail, il eüt volontiers renonce aux droits d'auteur de cette mis sive. Moi, monsieur 1 Oui, vous! monsieur. N'est-ce pas ainsi? ré- pondit Overton, que cette feinte surprise ennuyait beaucoup, paree qu'il la croyait parfaitement inutile. Ou bieu cette lettre vieut de vous, ou bien eile vient d'un autre. Si e'est vous qui en êtes l'auteur, nous O Reproduction interdite. de 1830, a laquelle nous devons notre magnifique Constitution et, sur ce thême commode, la presse cléricale brode, chaque jour, de longs articles dont le moindre tort est de présenter, d'une manière complé- tement fausse et erronée, l'attitude respective des deux partis dans le sein du Congrès national. Pour rallier la majorité du pays a la politique de transac tion qu'ils ont imaginée, ils sont obligés de soutenir que cette politique qu'ils préconisent fut également celle du Congrès national, cherchant ainsi a étayer des souvenirs que nous a iaissés cette illustre assem- blée, la popularité caduque de leurs doctrines ver- moulues. 11 suffit, pour démontrer l'outrecuidance d'une pa- reille assertion, de rappeler ceque fut le Congrès et l'esprit qui présida a l'élabor.ition de son oeuvre ca pitate la Constitution. On a longtemps discuté, on discute encore aujour- d'hui le point de savoir si les catholiques étaient oü n'élaient pas en majorité au Congrès national. Un fait hors de dou'e, c'esl que les deux partis y étaient lar- gement reprósentés. Ceci reconnu, nous défions nos néo unionisles de nous indiquer une SEULE question de principe sur laquelle les deux partis aient été obli gés de transiger pour s'entendre. Que s'ils n'en indi- quent aucune, la fausseté de leur thèse est dés a présent établie et il demeure avéré que l'union de 1830 fut autre chose qu'une politique de transac tion. Mais i's n'en indiqueront pas. G'est qu'en effet, il y avail alors, dans les deux camps, unanimité parfaile sur les principes qui devaient former la base de notre nouvel édifice politique. Tous deux voulaient, avec une égale énergie, l'indépendance nationale et la mo narchie conslitulionnelle. Tous deux aimaient d'un pouvons causer librement de l'affaire qui en fait l'ob- jetsi e'est un autre, il va de soi que je n'ai qu'a vous tirer la révérence.... Res'.ez, restezl C'est ma lettre e'est moi qui l'ai écrite. Que pouvais-je faire, monsieur? Je n'ai aucun ami ici. Je n'ai aucun doute la-dessus. Soyez en per- suadé, répondil le maire d'un ton encourageanl vous n'eussirz pu vous adresser mieux. Eh bien, monsieur, il y a nécessité urgente pour vous, vous devez absolument quitter la ville cette nuit même commandez une voilure de poste a quatre chevaux b. ülez le pavé éloignez vous au plus wie. Ici vous n'êles pas a l'abri des poursuites. Mon Dieu I s'écria M. Trott lerrifié, est-il possible que ces monstruosités se cominettent impunémeut dans un pays civilisé comme ie nótre Cet acharne- ment qui ne connait ni trève ni repos! el il essuyait la sueur froide dont la peur avail baigné son front et son visage, en même temps qu'il jetail un regard ef- faré sur M Joseph Overton. Helasl rópondit le maire en souriant, ce n'est malheureusement que trop vrai que dans ce pays fibre et civilisé on ne peut marier la filie de son choix saus étre poursuivi et traqué comme un forcat échappé du bagne. Quoiqu'il en soit, dans ie cas pré sent, la demoiselle se laisse enlever de bon gre et même amour les grandes libertés qui allaient leur perrnettre de développer, sans entraves et dans des sens divers, leur activité morale et intellectuelle. Ah, sans doute, il put y avoir, dans le nombre, des li bertés de prédilection pour quelques-uns. Nous croi- rons volontiers, par exemple, que M. de Gerlache fon- dait plus d'espérances sur la liberté de ('association que sur celle de Ia presse mais ce qu'on ne peut mé- connaitre sans faire injure a l'immortelle assemblée, c'est qu'elle ne marchanda Ia liberté personne et que ni l'un ni l'aulre des deux partis qui y étaient repré- sentés ne songea a I'envisager comme matière a tran saction. Non, l'union de 1830 ne fut pas, comme le pré tendent les journaux cléricaux, un système de con cessions réciproques, une politique de compromis entre les deux opinions; elle avait, de la dignité des partis, une trop haute opinion pour leur imposer des transactions que l'honneur aurait désavouées; elle ouvrit devant eux les horizons sans limites de la li berté, laissant a la souveraineté nationale, loujours en éveil, de décider de Ia victoire. Cette union-l,i, la seule, la vraie, il n'est pas né cessaire qu'on la reconstitue; elle a survécu a toutes nos luttes, a toutes nos divisions de partis. Et quand, il y a un mois a peine, le glas funèbre est venu nous annoncer la mort de notre Roi vénéré, nous l'avons retrouvée en nous, aussi vivace, aussi puissante que si jamais Ie moindre nuagen'en avait voilé la sérénité L'union de 1830, c'est l'amour de notre indépendauce et de nos fibres institutionsc'est ce sentiment qui nous attache, comme il attachait les grands révolu- tionnaires du Congrès national au sol de la patrie, a la monarchie sortie de nos entrailles, a ces libertés précieuses qui sont l'aliment de nos ames et sans donne son consentement, et c'est le point capital, après tout. La demoiselle se laisse enlever de bon gré, ré- péta M. Trott machinalementComment savez-vous que la demoiselle consent i) Allons, soit dit entre nous, répondit le maire en serrant familièrethent la main de M. Trott, il y a trop longtemps que je connais la belle pour avoir aucun doute sur la sincérité de ses sentiments; je vous as sure que je n'en ai aucun la-dessus, et vous pouvez être certain qu'elle vous aime. Vraiment, se dit M. Trott monologuant, vrai- mentl c'est extraordinaire l Ainsi done, lord Beter, fit Ie maire en se le vant. Lord Peter répéta M. Trott. Ah, ouij'oubliais; ainsi done, M. Trott, il reste con venu, ha ha que la voilure sera prête la demi- heure après minuit. Et que dois-je faire, moi, jusqu'a ce moment? demanda M. Trott avec anxiété. Ne conviendrait-il pas, pour sauver les apparences, que d'ici a lors, je fusse placé sous une surveillance quelconque Ma foil répliqua M. Overton, parfaitement bien imaginé idéé qui vaut son pesant d'or. Je vous enverrai quelqu'un incessamment. Et si done, de plus, vous feigniez quelque resistance, au moment

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L’Opinion (1863-1873) | 1866 | | pagina 1