tiers-élat dont est sorti 89, a l'induslrie loyale qui fait la prospérité d'un pays. Pendant que grands et traitants dévoraient Ie royaume de France, le peuple des campagnes ago- nisait On voit certains animaux farouches, des males et des femelles, répandus par la campagne, noirs, livides et tout brülés du soleil, attachés a la terre qu'ils fouillent el qu'ils remuent avec une opiniè- treté invincible; ils ont cornme une voix articulèe et quand ils se lèvent sur leurs pieds ils montrent une face humaine, et en elfet ils sont des hommes. lis se retirent la nuit dans des tanières oü ils vi- vent de pain noir, d'eau et de racines ils épar- gnent aux autres hommes la peine de semer, de labourer et de recueillir pour vivre, et mérilent ainsi de no pas manquer de ce pain qu'ils ont semé. Cette pageest d'une élcquence navrante; elle épou- vante; c'est un stigmate indélebile que La Bruyère imprime sur le grand siècle. Après avoir ainsi parlé un langage dont ni Cuïus ui Tiberius Gracchus ne dé- passèrent jamais la grandeur, l'auteur des Caraclères placant les droits de la pensée a cóté des misères du peuple, écrit cette amère sentence .- o A un homine nè chrétien el Francais les grands sujets sont interdits. n C'est ce que M. Barrière, en 1865, le jour même de la Conference de M. Bancel, paraphrasait en ces lermes J'avais fait une pièce intitulóe Malheur aux vaincus. On parlait !a-dedans de fidélité, de vertu i) et d'honneur. Mais on ne permet plus au theatre que des actualilés. o La Bruyère dénonce, a leur tour, la bassesse et l'hypocrisie qui prennent Ie masque de la religion a ces satellites corrompus d'un pouvoir fanatique, il décoehe un trait qui ne frappe pas moins juste que les autres a Un faux dévot est un homme qui sous un roi alhée serait athée. Et cependant La Bruyère, tout en fustigeant Onu- phre, n'a pu êchapper entièrement aux atteintes du fanatisme; qui le croirait il ose consacrer de son adhésion la révocation de l'édit de Nantes; concession politique peut-être, objecte un critiquecélèbre! comme si c'était la une excuse. Des concessions de ce genre ne devraient trouver d'indulgence qu'auprès des amis du despotisme religieux et 'u despotisme politique. Si La Bruyère a des defaillances de cette espèce, c'est que sa philosophie n'a point une base assez haute; comme Montaigne dont ii procédé, il donne pour base a lamorale la coulume, essenliellement variable, et non point la conscience, qui ne change point. M. Bancel lui refuse done le litre de moraliste; La Bruyère sera un patient et ingénieux analyste, un écrivain pilloresque et charmant, inais il demeurera, sans pouvoir y pénétrer, sur le seuil du Panthéon,oü sont ensevelis dans leur gloire immortelle, les Ho- mère, les Shakespeare et les Molière, a cóté des La Buëtie, des Rousseau et des Montesquieu. Nous n'avons pas noté les applaudissements qui ont fréquemment inlerrompu M. Bancel, et peut-ètre avons-nouseu tort; au moins eussions-uous eu en cela le mérite d'une exactitude, a laquelle noire cornpte-rendu est loin de pouvoir préteudre. Notre ambition serail d'ailleurs satisfaite, si nous avions rèussi a n'avoir point a l té ré le caractère d'un ensei- gnemenlaussi èlevé, formulé en un langage si exquis. Necrologie. Un des vétérans des grandes guerres du premier empire, vient de s'éleiudre en notre ville. M. le che valier de Stuers, ancien chef de bataillon dans la vieille garde impérialeancien colonel au service des Pays-Bas; ancien Président de ['administration des Hospices civils d'Ypres commandeur de l'ordre im- périal de la Légion-d'Honneurchevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis; médaille de Sainte- Hólène Légataire de Napoléon 1"Président d'hon neur de la Socióté des anciens frères d'armes, est mortdimanche dernier dans sa 82me année. Les funérailles ont eu lieu mercredi. Une foule de monde,appartenant a toutes les classes de la société, assistait a cette triste cérémonie. ACTES ©FFICIELS. Pensions. II est accordé au sieur Louis-Joseph Dujardin, en dernier lieu professeur au collége com munal d'Ypres, une pension annuelle et viagère de huit cent quatre-vingt-dix francs (fr. 890), qui sera payée jusqu'a concurrence de quatre cent quarante- deux-francs (fr. 442), par la caisse centrale de pré- voyance des instituteurs et professeurs urbains, et a raison de quatre cent quarante-huit francs (fr. 448), par le trésor public. L'enlrée en jouissance de cette dernière part prendra cours a daler du 1or mai 1865. Péages. Police du roulage. Des arrêtés royaux du 30 décembre 1865 autorisent: 1° La commission administrative de la chaussée vicinale de Watou a Proven a continuer, pendant une nouvelle période de dix années consécutives, la per ception du droit de péage établi sur cette chaussée; 2° La commission administrative de la route de Bixschote a Langemarck a continuer, pendant 10 an nées consécutives, la perception du droit établi sur cette chaussée aux conditions prévues par l'arrêté du 31 décembre 1855. Hospices civils. Leys. La commission admi nistrative des hospices civils d'Ypres est autorisée a accepter le legs de Delmotte, aux conditions imposées par la testatrice. Bureau de bienfaisance et fabrique d'église. Legs. Le bureau de bienfaisance de Gheluwe est autorisé a accepter le legs universel fait par le sieur Noliet, a la condition de remplir les intentions du testateur et notainment de remettre a la fabrique de l'église les sommes nécessaires pour l'accomplisse- ment de ses volontés pieuses; en outre, a la charge de payer la rente viagère prérappelée aux héritiers légaux du disposant, comme il s'y est engagé. La fabrique de l'église de Gheluwe est autorisée a accepter les sommes qui devront lui être remises par le bureau de bienfaisance. Travaux d'assainissement. Subsides. Des arrêtés royaux du 30 décembre 1865 accordent aux administrations communales ci-après les subsides suivants pour l'exécution de travaux d'assainisse ment et de voirie Commission duchemindeZuidschote a Noordschote 5,000 fr. Commune de Meulebeke, 1,247. FA ITS DIVERS. M. Valcke n'est pas Ie seul industriel qui cherche a donner un nouvel essor au travail local. Nous apprenons a vee le plus vif plaisir qu'une nou velle demande de concession de terrain vient d'étre faite a l'administration communale, dans le but d'éta- blir une sucrerie. On dit que les plans sont déja dres- sés. Soyons persuadés que cette fois le résultat sera plus sérieux. Dimanohe matin, le notnmé Simon Billet, boucher, a été trouvé pendu dans sa demeure, rue Basse, en cette ville. Cet individu, qui se donnait fréquemment a la boisson, élait bout de ressources. Après de longs ménagements, voici que l'hiver semble vouloir s'élablir decidément chez nous. Aux violentes lempêtes qui ont régné pendant plusieurs jours, succède une neige abondante qui menace de couvrir bientöt le sol. La Paix annonce que M. Vandenpeereboom, ini- nistre de l'intérieur, vient de recueillir d'une tante une succession évaluée a 15,000 fr. do revenus. La journée du lundi perdu s'est passée assez tran- quillementen notre ville. Mais pourarriver a la sup pression de ce jour d'oubli ou plulót desdésordresqui l'accompagnent inévitablement, il seraitindispensable que l'administration communale defendit aussi ses ouvriers d'aller a domicile réclamer des etrennes. On ne peut prendre assez de mesures pour amoindrir sinon pour conjurer entièrement les effets de cette facheuse coulume si contraire a la santé, a Ia mora- lité et aux véritables intéréts de la classe ouvrière. Pendant la bourrasque qui a régné en notre ville la nuit de dimanche ii lundi, le vent a enseveli la toiture en zinc de la fabrique de MM. Barbier-Muiier et Glc. Aux autorités communales et aux di verses sociétés, dans notre arrondissement, qui out fait parvenir des adresses a Léopold II, il faut ajouter les suivantes LesConseiis communaux dePoperinghe, de Watou, de Neuve-Eglise, de Proven, de Passchendaele et d'Ilooghlede la société des Francs Arbalétriers d'Y pres, celle des Fanfares de Reninghelst, de S. Sébas- tien, a Ypresle cercle de VAmitié, a Poperinche, et le corps des officiers des sapeurs-pompiers d'Ypres. Le public se plaint de la lenteur que met Ie gou vernement a publier le timbre-poste a cinq centimes, devenu indispensable depuis le premier janvier, tan dis qu'on a remplacé déja le timbre a 10 centimes, dont le type ancien aurait pu être utilisé pendant quelques jours encore. L'envoi d'un journal en France, dans les conditions actuelles, rend indispensable l'emploi de huit timbres- poste a un centime qui couvrent toute la bande. Mercredi matin, le parquet d'Ypres, accompagné des médecins-légistes, a fait une descente a Capelle- ten-Brielen, hameau situé entre Comines et Zand voorde. Une femme y avait été trouvée couchée dans une grange, au milieu d'une mare de sang, le crêne fracturé en plusieurs endroits. Le mari de la victime et la mère de celui-ci ont été arrêtés et conduits a Ia prison d'Ypres. En présence des investigations aux- quelles se livre la justice, nous ne croyons pas pou voir en dire d'avantage aujourd'hui. Depuis quelque temps une histoire d'assassinat circuledans noscontrées. Invariable dans ses détails, elle varie quant a la désignation de la localité et l'on nomrne arternativement toutes les communes de ('ar rondissement. Plusieurs de nos confrères se sont fait l'ècho de ces bruits. Le crime auquel nous faisons allusion a été effectivement commis dans une de nos communesil y a de cela cent ans, et aujourd'hui quelque mauvais plaisant s'amuse a en róédiler les sinistres circonstances. Dimanche, un vol d'une somme de 31 fr. et de quelques bijouteries a été commis a Boesinghe, audo- micile des époux deGraef, par un individu qui était en logement chez eux et qui déja a été arrêté. Un incendie s'est déclaré jeudi, Menin, dans un batiment servant a la fabrication de savon dur et de bleu minéral, appartenant au sieur Adolphe Ver- meersch. Les prompts secours apportés ont pu cir- conscrire l'incendie dans son foyer. La perte ne s'é- lève qu'a 500 francs. Le tout était assuré. La cause est inconnue. Le canal de Lys-Yperlée a le privilége d'occuper toutes les conversations. 11 paralt que la magonnerie du tunnel s'affaisse au point de rendre a lout jamais inutile cette onéreuse construction. Les mouvemeuts de terrain sont cause, dit-on, de cet accident. Souhai- lons qu'il n'ait pas d'autre résultat qu'un léger retard dans les travaux et que les nouvelles études commen- cées en aboutissant promptement, dotent le plus tót possible notre villedecette nouvelle voiede transport. Le chemin de fer de Lichter velde Furnes est, dit-on, comme celui de la Flandre, cédè la compa gnie de Tubise. Le bruit court a Courtrai qu'un meurtre suivi de suicide aurait été commis a Moorzeele. Voici dans quelles circonstances Un jeune homme de Moorseele, devenu éperdü- meut amoureux d'une belle campagnarde, aurait concu des soupcons d'irsfidélité de la part de celle qu'il convoitait eu mariage. A ['occasion du Lundi- l'erdu, ils se seraient rencontrés dans un caharet a Moorslede, oü ils prirent quelques rafraichissemeuts. La conversation qu'ils eureot entre eux ne fut pas trop cordiale. Quittant ensemble le cabaret, ils s'a- dressèrent réciproquement des reproches, et des re- proches on en viut aux injures. Dans un accès de co- lère, le jeuue homme porta a la campagnarde un coup qui la tua sur place. Ce crime accompli, il lira de sa poche un pistolet dont il etait porteur et se fit sauter la cervelle. Cette affaire a jetó l'èinoi dans toute la commune. La peste bovine vient d'eclater a Leffinghe, dans un troupeau de cent douze moulonsC'est le premier cas de ce genre en Belgique Les bêtes bovines de la ferme avaient été attaquées il v a trois semaines, et toutes, au uombre de trente-deux, avaient elè abal- lues, mais trop tard, parait-il, puisque la maiadie vient d'atteiudre les inoutous. Huit de ces bètes mala- des ont été tuées, les autres sont isolees toutes com munication avec la ferme est iuterdite et il est proba ble que lout le troupeau devra être sacrifié. Les nouvelles de la Hollande et de l'Angleterre sont

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L’Opinion (1863-1873) | 1866 | | pagina 3