JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT YPpES, Ui manche Quatrième année. N° 8. 25 Février 1866. Le tout payable d'avance. Paraissant le dimanche. LES GÜEÜX DAMS LA WEST-FLANDHE PK IX U'ABOSIEIIEIT POUR LA BELGIQUE t S francs par an; A fr. 50 par semestre. Pour I'Etranger, Ie port en sus. Un Numéro 25 Centimes. PRIX DES ANWO.ICES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes. Laissez dire, laissez-vous blêmer, mais publiez votre pensée. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalchez Fêlix Lambix, imp.-lib., rue de Dixmude, 55. On traite d forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du journal. Ypres, «4 février is-as. Nous voici enfin. après six semaines d'attente, en possession du projet de réforme electorale élaboré par le ministère. Accueillie avec colère par la presse clé- ricale et par la presse libérale independente avec une froideur voisine du dédain, cette triste conception lé- gislative s'accuse aux yeux de tous les amis du pro- grès comme un nouveau et éclatant tétnoignage de l'impuissance gouvernementaleen matièrede réformes politiques. C'est qu'en effel, les gouvernements, comme lesin- dividus, obéissent a des lois de conservation person nel^, dont on ne pent attendre qu'ils se départissent que contraints par la force des choses. Par la même qu'ils existent, les gouvernements se croiint Ie droit d'exister loujours: toute réforme qui pourrait ébran- ler la base sur laquelle ils reposent constitue un at tentat a leur sécurilé et, comme telle, doit être systè- matiquement condaninée. Ou, quand.a-t-on vu, qu'on nous le dise, une ré forme électorale digne de ce nom, accomplie sponta- nément, librement, par un gouvernement? Le suffrage universel, en France, est sorli de la Revolution, de même que, chez nous, le suffrage égalitaire, substitué aux classifications du régime électoral hollandais, est sorti des èvénements de 1830. l.'uniformitè et l'abais- sement du eens, la plus belle conquête que la Belgique ait faite depuis qu'elle s'appartient a elle-même,'è qui les devons-nous, si ce n'est a la pression des idéés démocratiques dont nous étions enveloppés de toutes parts et qui s'imposèrent a nos gouvernants d'alors, qui sont encore ceux d'aujourd'hui, avec une lelie puissance qu'ils ue purent ou n'osèrent y résis- ter Est ce a dire que la Belgique n'eüt a attendre que d'une révolution,intérieure ou exterieure, les bieafaits ÉTUDES H1ST0RIQUES Sur les troubles qui ensanglantèrent au XVI- siècle, les chalellenies d Ypres et de Furnes. L'hisloire n'est pas «n tribunal huis-clos fille de la vArité, elte aime et cherche la lumière. (Auiiin.—Hist, de Henri Fill.) I. Introilncti o n Primilivement, le ntot Gueux, dans son acception la plus simple, signifiail mendiant, honime sans res sources, pauvre diable denué de tout (1). Reproduction inlerdite. (1) Gueux comme u>t rat d'èglise. (Moltere, PAcare.) Manière de parler pour exprimer l'extrême pauvreté d'une personne. dit autanl que le plus gueux, le plus pauvre de tous les hommes. Gueux revétu. Homme devenu riche, de pauvre qu'il était. On appelle Gueux fieffèun gueux qui s'attache a quelque endroit certain, A quelque coin d'église pour y attendre l'au mörie. el Gueux de l'ostière, celui qui vapar les rues et qui gueuse de porie en porte. (P.-J.Leroux.— Dictionnaire comique.—Amsterdam. 171?.) d'une réforme électorable vraiment libérale et démo- cralique? Certes, telle n'est point notre pensée. Qui, dans un pays de liberté comme le nótre, peut songer a l'ernploi de la force Protégé par la liberté, le droit n'a que faire de la violence il trouve sa force en lui- même et cette force est autrement irrésistible que ceile des barricades. Nous sommes profondément con- vaincus, pour notre part, que le jour oü la nation exprimera résolument, énergiquement sa volonté de voir résoudre, dans un sens large et populaire, la question de la réforme électorale, sa volonté sera sui- vie, quel que soit le parti qui occupe en ce moment 'e pouvoir. Mais, il faut bien Ie reconnaitre, et nous le disons l'excuse du ministère actuel, la volonté nationale ne s'est pas manifestée, jusqu'a présent dumoins, avec un caractère d'énergie et d'unanimité tel que le gouvernement soit lenu de la considérer comme une mise en demeure. Un grand nombre de journaux ont réclamé la réforme, les meetings l'ont discutée, des pétitions ont été adressées la Chambre; tout cela est parfaitement vrai et nous sommes loin de nier qu'on soit parvenu a créer autour de cette ques tion une certaine agitation le ministère, en présen- tant un projet de réforme, reconnalt lui-même qu'il ■y a quelque chose a faire. Mais de ce que nous avons vu a une agitation impérieuse et universelle de l'o- pinion publique en faveur d'une réforme sérieuse, radicale, il y a loin. Aussi, qu'est-il arrivé? Le mi nistère, qu'on nous pardonne cette expression tri viale, nous en a donnépour notre argent. A une mes- 'quine agitation, il répond par une petite réforme. Et encore, n'est il pas clair pour nous que le maintien du statu quo ne soit préférable a ce que Ie ministère appelle utte réforme; car une réforme n'est pas né- cessairement libérale paree qu'elle aura pour résul- tat d'augmenter le nombre des èlecteurs. Que le gouvernement, par exemple, propose de Les Caponsles Malingreux, les Piètres, les Archi- Suppóts et auti es digniiaires en haillons de la Cour des Miracles ètaient des Gueux. Ce n'est qu'après les troubles dont nous allons nous occuper, que le mot Gueux devint synonyme de co- quin, voleur, bandit, assassin, etc. Gependantde nos jours, en France, il signifie «indigent plutót que tout autre chose. Que veut Monsieur? Du pain et dufromage.dit l'homme(Jean-Valjean). Decidemenl, c'est un Gueux, pensa la Thènar- dier. (1). Les Flamands ont introduit ce mol dans leur lan- gue, mais en lui conservant exclusivement la signifi cation de herétique, c'est la pour eux unqualifica- tif dédaigneux, rèprobateur et impliquanl une idéé de malediction, qui sedonne a tous ceux qui ne profes- sent pas la religion orthodoxe, ou qui pour I'un ou I'aulre motif, se trouvent étre en opposition avec q telques points de la doctrine catholique. Ainsi, les Anglicans, les Grecs, les Arabes, les Juifs et a plus forte raison les fibres-penseurs, sont des Gueux. En un mot, pour un campagnard des Flandres, un homme (1) Victor Hugo. Les Misérables. n'accorder le droit de suffrage qu'aux citoyens qui ne paient pas d'impót; il est certain qu'un pareil projet quintuplerait, d'un jour a 1'autre, le nombre des èlecteurs et cependant personne ne s'avisera de prétendre que cette mesure serait libérale. II ne faut done pas, pour juger du mérite d'une réforme électorale et de son caractère plus ou moins démocra- tique, s'attacher uniquement la question du chiflfre plus ou moins considérable d'électeurs nouveaux que cette réforme va appeler la vie politique; il im- porte aussi de rechercher si ces nouveaux èlecteurs, loin d'apporter de nouveaux gages a la liberté et au développement démocratique de la société, ne seront pas un obstacle de plus a la réalisation des aspira tions diverses contenues dans l'idée générale de la réforme. C'est a ce point de vue que nous entendons nous placer pour apprécier le projet du gouverne ment. Nous démontrerons qu'en présence du carpc- tère clairemont indiqué du mouvement réformiste, ce projet est un non-sens, une véritable absurdité, s'il n'est une mystification. Et toutefois, ne nous montrons pas trop rigoureux envers Ie ministère. Le ministère n'aime pas la ré forme. Le régime acluel est celui qui l'a porté au pou voir. Comment pourrait-on raisonnablement vouloir qu'il le trouvat mauvais II cède, cependant, mais c'est a contre-coeur et son corps défendant. La pro position de M. Guillery est la suspendue sur sa tête comme l'épée de Damoclès. II faut qu'a son tour il for mule un projet, sous peine de se voir abandonné par une fraction considérable de son parti. Quoi de plus naturel, dans celte cruelle perplexité, qu'il ait cher- ché, par de pénibles combinaisons, a masquer, sous les apparences d'une réforme, soninaltérable attache- ment au statu quo? Le projet du gouvernement n'est pas un enfant de l'amour c'est le fruit rachitique d'un roi podagre préoccupé, avant tout, du soin de sa dynastie. qui ne va pas a la messe, ne fait pas ses Paques el mange de la viande le vendredi, est un Gueux (Geus), Au XVI" siècle, on donna ce nom a un grand parti politique. A quel propos Les historiens ne sont pas d'accord la-dessus. Quelques-uns prétendent qu'il fut donné en forme de sobriquet, par le comte Berlaimont, aux nobles qui avaient signé le compromis, lorsqu'ils se présentèrent devanl Marguerite de Parme. D'autres lui donneut une autre origine, mais la plupart dèclarent ignorer d'oü il provient. Voici ce qu'en dit M. de Gerlache, qui s'est beaucoup occupe de la question (1) On n'est pas bien d'accord sur l'originedu nom de Gueux.(.Vlalgrel'anecdolequi l'altribue au comte de Berlaimont.)0n ne sail au juste si les confedérés se le donnèrent ou si on le leur donna, ni a quelle oc- casion. Quoi qu'il en soit, ils le prirent ou l'accep- lèrent par bravade et ce fut un signe de railiement. En conséquense de leur litre, ils se parèrent de sacs de toile et de médailles offrant d'un cólè l'effigie du roi avec celte légende En tout fidéle au Roi (1) Histoire du royaume des Pays-Bas.

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L’Opinion (1863-1873) | 1866 | | pagina 1