gf, s -,i t ■oü'-'Tffcirn.'jrfiflli
absolument comme si on leur demandait de jusiifier
dé trois mille francs de rente.
Un journal ministeriel a prétendu qu'un grand
nombre d'enfants appartenant aux classes ouvcières
fréquentaient nos écoles moyennes. La curiosité nous
a pris de contróli r, sur des documents offiaiels. cede
assertion donl la fausseté, au surplus, éclate d'elle-
même. Voici les chiffres que ces documents nous ont
fourni.
D'après le dernier rapport triennal sur l'état de
l'enseignement primaire, la Belgique comptait, an 31
décembre 1863, 734,300 enfants en Age de frequenter
l'ecole principe, ^t^r, ce nombre, -544,7J&0 ffprqu^n-
taient les écoles; 189,5j39ieqfants re$lui,ent dépour-
vus de touté instruction.
De ces 544.760 enfants fréquentanl les écoles pri-
maires, combien poursuivent leurs études dans les
écoles moyennes?
Le rapport triennal sur l'enseignement nnyen ne
fournit de chiffres précis, a eet egard, que pour les
écoles du gouvernement ou subsidiees par les com
munes. Voici ces chiffres au 31 décembr6 1863
10 Athénées -royaux3,170 élèves.
50 Ecoles moyennes de l'Etat. 7,576
45 Ecoles moyennes, colléges, sub
sidiés ou palronès par les communes. 3,757
Total. 14,510 élèves.
Bestent 51 établissements dirigés par des congre
gations religieuses, don', la population n'est pas ofii-
ciellement établie. Mais en prenant pour base la
moyenne fournie par les établissements publies, qui
est d'environ 150 élèves par école, on arrive a une
population totale, pour les 51 établissements reli-
gieux, de 7,650 élèves, ce qui donne un total génér il
de 22,160 élèves fróquentant les écoles moyennes
sur 544,761 enfants ne recevant que '('instruction'
primaire, c'est-a-dire un peu moins de quatre pour
Cent 1
Ces chiffres parient trop haut d'eux-mêmes pour
qu'il soit besoin de les commenter. Ils prouvénl, a la
dernière évidence, que nos classes laborieuses, a de
très-rares exceptions prés, restènt absolüment étran-
gère l'enseignement moyen, etqu'en exigeant d'elles
les justifications que réclame Ie projet du gouverne
ment, ce projet leur ferme 5 lout jamais l'accès de
l'urne électorale.
Nous le disións done avec raison i la réforme pro-
posée par le gouvernerpent n'est qu'une apparence,
un leurre. Ce qu'elle accorde par la réduction du
eens, elle Ie retire par les conditions impossibles aux-
quelleselle assujettit les citoyens peu aisés qui pour-
raient en profiter. Elle attire d'une main, elle re
pousse de I'autre. La mystification ne saurait être
plus compléte.
Mais si le projet ministériel n'accorde rien aux
aspirations des partisans de ['extension du droit de
suffrage, il est merveilleusemènt concu, en revanche,
pour renforcer, dans Ie scrutin, la majorité bour-
geoise, qui cönstitue l'appui le plus solide du minis
tère. La reduction du cens, nous l'avons prouvé, ne
profilers pas aux classes laborieuses elle ne profitera
pas non plus aux campagnards, car ceux-ci, depour-
en 1555, les réformés s'assurèrent le fibre exercice
de leur religion et la possession des biens ecclésiasti-
ques tombés en leur pouvoir.'
Le 25 octobre suivant, devant les Etats-Généraux
assemblés a Bruxclles, Charles-Quint abdiqua en fa
veur de son fils et alia oublier ses grandeurs passers,
aucouventde Yuste, en Estramadure, oü il mourut le
21 septembre 1558.
Philippe 11 prit possession de son immense heri
tage.
Après avoir fait la guérre a la Franceexlèrminé
plus de cent mille Maures au iwm de la religion ca
tholique; encourage le redoutable Saint-Office; fa t la
conquète du Portugal et essaye celle de I'A-ngleterre,
ce monarque voulut retourner en Espagne Avant
son depart, il nomina Marguerite de Parme gouver
nante générale des l'ays-Bas et rèorganisa l'admi.us-
tralion militaire de la Belgique.
11 avait insiituó un Conseil d'Elat eomposé de six
membres. Comme les noms de quelques-uns de ces
personnages reviendront souvent dans le cours de
ces études, nous avons cru utile de les menlionner.
C'étaientAnlbine Perenot'de Granvel'le, èvêque d'Ar-
ras, Viglius de Zuichem d'Aytta, les comtes de Ber-
Uumont, d'Eginont et de Horn (Philippe de Montmo
rency), enfin, Guillaume de Nassau, prince d'Orange.
Les trois premiers étaiènl enlièrement dévoues a Phi
lippe II et formaient le Comité secret appelé la Con-
vus d'écoles moyennes dans leurs villages,n'envoyent
pas leurs enfants aux écoles de la ville, a moins d être
eux-mêmes dans une position de fortune qui suppose
le paiement d'un.cens déja fort élevé. A qui profitera-
t-elle done? A |a" bourgeoisie des .villes et rien qïi'a
elle. La hauteur du eens dans les villes interdirait
l'accès de l'urne electorale a une. foule de citoyens,
très-cap^bles d'aillcurs, mais places dans une situa
tion de fortune atteignpnt b peine l'aisance. Avec la
rèduction du eens a maitié, ces citoyens Ideviendmnt
électeurs, et comme la plupart appartiennent l'opi-
nion libérale, le ministère se trouvera avoir fait une
ie^eelleijte (affajre d'une question qui ne semblait de
voir lui susciter que. des ennuis.
La réforme électorale s'agileetdes voix multiples yp-
pellent de tous leurs vceux les capaqités a J'exercice
du droit de»stffïVage. Que l'instruetion, jusqü'ici paria
du régime électoral, soit désormais preferée au eens
pour établir la capacité, ce n'est que chose juste.
L'argent fut toujours un masque avec lequel 1'igno-
rance triompha bien souventil est grand temps
qu'on revienne au veritable ordre de choses et que
,1'intelligence ait Ie pas sur la contribution.
Mais en mème temps qu'on modifiers les conditions
d'électorat, ne pourrait-on pas modifier les conditions
d'éligibilité? Ou tout au moins ne pourrait-on pas
lier le gouvernement a ne plus nommer administra
teurs que des hommes sachant lire et écrire?
Nous connaissons plus d'une commune oü bourg-
mestre et échevins sont totalement dépourvus d'in-
Struction. En fait de lecture, ils ne savent qu'épeler;
en fait d'ecriture, te magister de leur endroit n'est
jamais parvenu a leur apprendre qu'a placer sur le
papier quelques pattes de mouche, sans aucune let—
tre formée, pour simuler leur signature. Dans les
communes administrées par des lettrés de celte es-
pèce, les enfants se disent: c A quoi bon aller al'école,
nous en saurons toujours autaut que le bourgmes-
tre-
Pourquoi nommer des ignoran ts a des places ad-
minislratives? Le sait-on
Et cependant les préférences des gouvernants pour
les influences ignorantes sont de règle, en certains
cas. 11 vaudrait mieux,ce nous semble, quelques élec
teurs ignorants en plus et des administrateurs iilet-
trés en moins. Ce qui vaudrait encore mieux o'esl de
n'avoir des ignorants ni partni les électeurs, ni parmi
les élus el.les.administrateurs.
II est vrat que les gouvernants on.t têché de pallier
au mauvais effet d'administraleurs ignorants par la
creation de sous-prefels, nommés cbez nous commis-
sairesde district ou d'arrondissement. Ces agents
sont parfois devenus en fait bourgmeslres et échevins
dos communes dans lesquelles les fonctionnaires mu-
nicipaux sont dépourvus d'instruction. Maiscela sest
fait au préjudice des libertés et franchises commu-
nales; d'autant plus que fi s commissaires n'ont pas
toujours été guides par l'intérêt public dans les pro
positions faites au gouvernement pour les nomina
tions d'admiuistrateurs communaux. Ces agents de
district ont parfois écouté une voix qu'ils auraient du
suite. Les autres n'avaient pas la sympathie du mo
narque,qui lessoupcoopaitde pencher versla réforme.
Neanmoins il les conlirma dans leurs fonctions.
Au départ du prince, le protestantisme n'avait fait
encore que fort peu de chemin dans les Pays-Bas.
L'absence de celui qui passait a juste titre p ur re
leur plus grand adversaire, fit lever la lête aux parti
sans de la religion nouvelle.
La par tie méridionale de la Flandre, fut la première
témoin des manifestations en faveur de la doctrine
rèformee. C'est aussi la portie de notre pays qui garde
encore le plus de souvenirs de celte époque dès.is-
treuse. La, pas une ville, pas un village, pas une rue
qui he rappelle que'ques-uns des sauglants episodes
de celte lutte fratricide. Les dénuminations de papen-
hof, papendrevepapenstrael, Geuzenweg, Geuzenak-
ker, etc., y aboudent.
Chapltre I".
Introduction du protestantisme dans Ia West-Flandre.
Premiers piêclies. Julien Van Damrae. Altitude de
la nohlesse. Enquêtes et suppliees. Dispersion des
réformés. COtnpromis des nobles. Rentrée des réfor
més fugitifs da^ le pays. Ils adoptenl le nom de Gueux,
Nouveaux prèetles. Séhastien Matte. Charles Dan-
neel. Faux Gueux. Les ministres de la réforme devant
Ia réaclión. Pillages et dévaslations. Police et contre-
police. Conlrat de tolérance conclu entre les seigneurs
confédérés et le gouvernement.
Dés l'année 1560, malgré la sévérité des edits et
faire taire et proposé des ignorants au lieu-et place
de personnes capables. En agissant ainsi ils augmen-
taient leur puissance, c'.esl vrai ils avaient la main
sur un plus grand nombre de communes, c'est encore
vraiils pouvaient, on outre, au moment d'élcction,
mieux tripoter pour leurs candidats, c'est toujours
vraimais, diies-notis, qufyigagn&ienti et ia liberté et
l'instruetion
Que quelquefois l'intérêt, plus ou moins personnel,
soit de règle de con'dhite et que Pintéfêt public soit
oublié, c'est vrai. Ainsi, nous pourrions citer lel ar
rondissement oü fleurit le système des vacances Un
-bourgmestre vient-il a "disparaeitre, on nffde remplace
pas; un échevin disparail-il égalêmenit. sa'place reste
ou verte et l'on ne pense aucunemenl a lui cherrher
un successeur. L'agent du pouvoir exécutif n'en ad-
ministre que mieux, c'est-a-dire plus puissammunt.
Et, notez bien, plus il a de communes sous ce régime,
plus il a de pouvoir! Mais de grêce, encore une
fois, que fait-on des libertés cominunales?
Selon nous, la commune devrait s'administrer elle-
même et, pour parvenir a cette fin, notre legislation
a pour devoir d'exiger des garanties de capacité de
ses administrateurs. Que l'électeur sache lire et
écrire, c'est bien; mais l'on n'aboutira nulle part si
l'on n'cxige pas en même temps capacité chez les
élus. G'est la une garantie de bonne administration et
toute de fayeur pour les franchises communales et
autres.
II conviendrait que le gouvernement donnêt lui -
même l'exetnple en ne nommant plus aux places de
bourgmeslres et échevins que des personnes sachant
lire el écrire.
II y a environ quinze jours, un homme mourait
dans la commune de Zonnebeke le curé refuse de
l'enterrer. Les voisins, plus chrétiens que le ministro
catholique, portèrent le mort au cimelière la plus
grande partie du village les accompagnait. Quo'que
prévenu, le fossoyeur n'était pas a son poste on l'al-
tendit depuis 8 heures jusqu'a 11 heures et demie.
Enfin il arriva, creusa un petit trou dans un coin
perdu du cimelière, c'est la que fut enfouie, selon la
belle expression catholique, une creature humaine
qu'on nous dit faite a l'image de Dieu.
Si nous relevons ces faits, c'est moins pour blAmcr
I'abstention du curé que celle du bourgmestre. Sans
doute, on peut trffuver avec raison que le clergé, en
matière d'inhümations, manifeste plus souvent ses
rancunesou la soif du lucre que sa charité, mais a
la rigueur, en s'abstenant, le clergé est dans son droit,
et si beaucoup de personnes partageaient nos idéés a
eet égard, MM, les cures auraient moins souvent l'oc-
casionde s.fi faire un piëdestal de leur refus de con
cours.
Mais si la conduite de M. le curé de Zonnebeke
peut, sinon se justifier, au moins s'expliquer, que
dire de celle de l'autorité communale? Pour elle, il
ne duit exister ni catholiques, ni protestants, ni
croyanis, ni libres-penseurs, mais des citoyens, rien
que des citoyens, ayant tous un égal droit a une sé-
pulture decente.
ordonnances, les nouvelles doctrines eommeneérent a
se propager dans la West-Flandre, avec une rupidité
étonrianle, a cause des relations commerciales qui v
attiraient une foule d'etrangers de tousles pays del'Eu-
rope. Des prédicateu'S inconnus, la plupart avenlu-
riersdoués d'une rare énergie, pour ne pas dire d'une
audace extraordinaire, parcouraient les campagnes
en tous sens, a la recherche de prosélites dans ces
populations d'autant plus faciles a persuader, que
leur ignorance élait plus profonde. Gelte pröpagaudo
se faisait pendant la nui.t.
Mais, peu a peu, ces sentinelles avancées de la re-
forme agirent plus ouverlement. Après les conseils
au coin du feu, les conferences a l'intèrieur des fa
milies, vinrenl les écoles buissonnières (1), les mani
festations de carrefour et les préohes en place pu-
blique. Les résultats en furent prodigieux.
La chanson populaire el satyrique Der Geuzen
uytvaerl, donne a entendre que le premier préehe
protestant eut lieu én 1561, a Wulverghem, petite
bourgade entre Bailleul el Warnêton.
Quelques chrouiqueurs, au contraire, diserit avec
plus de raison, que ce fut a Neuve-Eglise que les pré-
(1) Le 6 aoül 1552, le Parlement de Paris avait rendu un
arrét contre les écoles buissonnières des protestants, c'est-
5-dire contre les écoles dans les bois.
C'est vraisemblablement de 15 que vient la locution faire
l'êcole buissonnière.