JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT YPR.ES, Rimanche Quatrième année. N° 15. Paraissant le dimanche. LES GUEUX DANS LA WEST-FLANDRE PKIV D'iBOXXEIIIEXT POUR LA BELGIQUE francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes. PRIX DES iWOACPS ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes. Le tout payable d'avance. laissez dire, iaissez-vous blèmer, mais publiez Votre pensée. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, chez Félix Lambin, imp.-lib., rue de Dixmude, 55. On traite d forfait pour les annonces souvent reproduites. Tou/pc f ou envois d'aryent doivent glre adressés franco au bureau du Journal Cures et lat rones. Le jour commence a se faire sur les motifs réels de la resistance dósespérée que le clergé oppose a la loi sur les bourses. D'abord on n'avait vu dans cette re sistance qu'une sorte de mise en scène électorale destinée a remuer violemment les consciences catho- liques, un épouvantail dressé point pour terroriser les ames simples et facilement accessibles aux terreurs religieuses. Cbacun comprenait qu'a la veille de Ia lutte, le clergé avait voulu frapper un grand coup et surexciter vivement l'opinion publique par une de ces démonstralions imposantes, solennelles, dont l'Eglise rornaine possède a un si haut degré le secret. Les honnêles getis s'indignaient d'une pareille comédie, les poliliques trouvaient le tour bien imagine, mais nj les uns ni les autres ne soupconnaient qu'il püty avoir dans ('attitude mélodramatique de notre èpiscopat autre chose qu'une manoeuvre électorale. 11 parait que nous nous étions trompés. S'il faut en croire I 'Echo du Luxembourg et d'autres journaux qui semblent tous parfaitement informés, la résistance du clergé a l'exècution de la loi des bourses devrait s'ex- pliquer par des motifs d'une nature toute différente. Si l'épiscopat accumule tant de saintes fureurs contre cette loi, s'il fulmine des excommunications si épou- vantables contre tous ceux qui concourraient a son exécution, c'est tout simplement, d'après ces jour naux, paree que beaucoup parmi messieurs lesadmi- ministrateurs ecclésiastiques des bourses out mangé la grenouille et se trouvent dans l'imipossibilité de rendre leurs comptes aux commissions provinciales instituées par la nouvelle loi. L'Echo du Luxembourg cite des faits accablants Dans la province du Luxem bourg, une foule de bourses ont disparu, dont on ne retrouve aucune trace. Pour d'autres, on n'en possède plus que les titres, les biens qui en dépendent ayant été aliénés. D'autres encore sont restées sans emploi depuis des temps immeinoriaux et MM. les adminis trateurs en ont empoché les revenus sans rien dire. ÉTUDES HISTORIQUES Sur les troubles qui ensanglantèrent au XVI" siècle, les chalellenies d' Ypres et de Furnes. L'histoire n'est pas un tribunal S huis-clos fille de la vérité, elle aime et cherche la lumière. (Achin.—ffist de Henri Fill.) (Suite.) Chapitre III. Inquiétudes de la gouvernante sa lettre au roi. Opinion des minislres de Philippe II sur les affaires des Pays-Bas. Nomination du due d'Albe. Arrivée de ce général en Belgique. Effroi du peuple émigration. Premiers actes de d'Albe enquêtes, supplices et proscriptions. Les délégués du magistrat de Furnes h Bruxelles. Réap- parition des Gueux sauvages. Le baron de Rassenghien et Valentin de Pardieu. Institution du Conseil des trou bles. Alarmesdes Flamands. Dispositions tyranniques prises l'égard des rebelles. Jugement et condamnation «les corates d'Egmont et de Hornes. Leur mort. Nouvcaux exploits des sauvages. Episodes divers. La gouvernante sérieusement dans l'embarras, agi- C) Reproduction inlerdite. Enfin, le même journal afiirme qu'une bourse, créée en 1592, au capital de dix-neuf cent mille francs se trouve aujourd'hui réduite, on ne sait trop comment, a un revenu de fr. 8,5001 L'Organe de Nivelles rè- vèle des faits du même genre dans le Brabant et en annonce de plus scandaleux encore, qu'il fera con- naltre prochainement avec des détails qui mettront, dit-il, en pleine lumière l'incurie et l'infidélité des an ciens administrateurs. Nous voudrions pouvoir révoquer en doute l'au- thenticité des faits dénoncés par ces journauxmais |e silence de la presse cléricale, en présence des asser tions précises et tous les jours répétées de nos con frères libéraux, ne permet .plus aucun doute raison- nable. Dès aujourd'hui, il est acquis qu'un grand nombre de bourses, confiées aux mains du clergé, ont été livrées au pillage et que ces hommes pieux, dé- sintéressés ont scandaleusement dilapidé, leur pro- fit personnel, le patrimoine que la confiance des fa milies avait remis a leur garde. Comprend-on maintenant pourquoi le clergé a jeté de si hauts cris quand le ministère est venu proposer de lui enlever la gestion des bourses d'études La loi votée, il allait être obligé de reudre des comptes et de dévoiler aux regards du public les abus, les scandales sans nombre que la sacristie avait jusqu'ici protégés de son ombre sacrée. La confiance des families trahie, les titres de fondation égarés par l'incurie ou lacérés par la malversation, le favorilisme partout substitué aux droits des boursiers, le patrimoine des études au- dacieusement détourné de sa destination, toutes ces hontes, toutes ces turpitudes allaient apparaitre au grand jour et jeter sur le clergé un ineffacable mé pris G'est alors que fut organisée cette immense croisade du haut et du bas clergé contre la loi des bourses. Pourconjurer le danger qui menacait d'élouffer l'Eglise dans la boue, on vit toute la sainte milice, l'épiscopat tée de craintes fort légitimes, mais ne se rendant pas biencompte desa situation, crut devoir apprendreau roiquela paix était rétablie. Elle lui annoncaque tout était pour le mieux que les difficultés étaientapla- nies et qu'elle se crot/ai'Jassez forte pour maintenir l'or- dredans ces provinces. Les réformésétaienlfugitifsetle culte catholique rétabli dans son ancienne splendeur les rebelles avaient subi la peine due a leurs crimes ou l'altendaient en prison elle s'étaitassurée de la fidelite des vil les en y mettant suflisantes garnisons.eic. Par cooséquenl, disait la princesse, il n'est pas né cessaire d'envoyer dans les Pays-Bas des troupes es- pagnoles d'ailleurs rien ne justifierait cette mesure la joresence de soldats étrangers ne pourrait que trou- bler l'ordre et la paix établis avec tant de peine, en- traver le rétablissement du commerce et de I'indus- trie dont le pays avait tant besoin, occasionner aux habitants de nouveaux frais, pendant qu'elle leuróte- rait les moyens de les supporter. Le seul bruit de l'ap- proche d'une armée espagnole, ajoutait-elle,ayantdèja privé le pays de plusieurs milliers de citoyens utiles, son apparition en fera infailiblement un désert. Puisqu'il n'y avait plus d'ennemi a combattre, ni de rebellion a réprimer, on ne pouvait supposer a cette en tete, descendre dans Parêne politique, armée comme pour un combat mortel. La |0i fut solennelle- ment condamnee et défense faite a tous les catholi- ques de concourir son exécution, sous peine d'ex- communication. II fallait un prétexte a ce déploiement inusité de rigueur le gén.e qui inspire parfois les situations desesperees imag.na d'accuser de vol et de brigan dage légal la loi qui devait arracher aux voleure et aux brigands leur manteau d'im,)osture> Fures e( latrones disa.t M. Pirmez, au Sénat, ne se doutant pas que le jour v.endrait bientót oü Indignation po pulate appl.querait cette dénomination a ceux-Iè mêmes qui se posaient comme les défenseurs de la propriete et les gardiens de la foi publique. On avait espéré que le ministère reculerait devant la menace d'une.nsurrection générale des consciences catholiques. Cet espoir décu, il n'er, restait plus d'au- trequun appel suprème la Couronne. Au risque de compromettre notre jeune Roi par une interven tion directe et personnelle, dans un débat constitu- tionnellement épu.sé, les évêques n'bésitèrent pas a lu. demander d'arrêter l'exècution d'une loi qui di- saient-ils, portait dans ses flancs |es germes d'une desaffection generale. Tentative inutile le Roi resta sourd aux doléances comminatoires de l'épiscopat et les arrêtés organisant les commissions pr0vinciales parurent au Moniteur. Que tenter encore le texte clair et positif de ,a ,oj ne permettait aucun espoir dans le reC0urs aux tri- bunaux. Ou résolut cependant d'y recourir, non pas qu'on se fit la mo.ndre illusion sur l'issue du débat engagé devant la justice, mais parce qu'i| failait tout prix, ne paraitre céder qu'a la force. Pourquoi La chose aujourd'hui s'explique sans peine il y avait a rendre des comptes et l'on voolait se ménager la ressource de faire croire que s'ils n'étaient pas requ irement rendus, c'est que les administrateurs, armée d'autre motif que celui de punir avec cette présupposition, elle ne devait pas s'attendre a un ac- cueil fort bienveillant. Enfin, n'étant p|us excusé par la necessité, ce moyen violent aurait l'apparence odieuse de l'oppression, aigrirait les esprits, pousse- rait a bout les hérétiques et armerait pour leur dé fense leurs coréligionnaires étrangers, eic. Le langage de Marguerite était eertainement fort juste et temoignait de son affection p0Ur le peuple qu'elle gouvernait, mais il avait le tort de dissimuler fort mal les appréhensions de la princesse Cette longue missive se terminait par'['assurance que les Beiges recevraient le roi avec toutes les dé- monstrations d'attachement et de respect, s'il daignait deployer envers eux la clémence d'un père et non la sévérité d'un monarque implacable s'il voulait venir pour se rejourn de la paix et non pour ies replonger dans toutes les horreurs de la guerre C'était trop dire. En terminaut sa 'lettre par cette espèced'ultimatum peu fait pour sourirea un prince tel que Philippe II, la gouvernante eréait précisément les obstacles qu'elle aurait voulu ecarter. D'ailleurs son apparente quiétude ne pouvait tromper les fana- tiques ministres du roi. Spinosa, d'Albe et surtout

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L’Opinion (1863-1873) | 1866 | | pagina 1