JOURNAL BYPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, Di manche
Quatrième année. IM° 16.
22 Avril 1866
Le tout payable d'avance.
Paraissant le dimanche.
LES GÜEÜX DANS LA_WEST-FLANDRE
|>3ilX D'tBOlNGIIlEMT
POUR LA BELGIQUE
8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre.
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I'RIX DES ASSO.ICES
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On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, qhez Félix Lambin, imp.-lib.,
rue de Dixmude, 55.
On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres
ou envois daryent doivent ëtre adressés franco au bureau du Journal.
E,e elergé et l'impèt.
Le Journal d'Ypres nous reproche de n'entendre
rien aux cboses de Ia liberté paree que, a propos de
Ia nouvelle croisade entreprise par l'épiscopat contre
la presse libérale, nous nous sommes permis de qua
lifier d'absurde et dinique le régime qui oblige une
foule de citoyens a contribuer, de leurs deniers, a
1'entretien d'une corporation religieuse qui fait pro
fession ouverte de les ruiner. La discipline catho-
lique, nous répond le Journal, defend formellement
b de soutenir, de propager, lire ou conserver tout
ècrit contraire aux dogmes, a la morale ou a la dis-
b„ cipline de I'Eglise. Le pape, les èvêques el les prê-
b tres, sous peine de forfaire a un devoir sacre, doi-
vent interdire aux fidéles ces écrits. lis lefont. Et
les vrais catholiques s'abstiennent encore de sou-
tenir de leurs abonnements et de toute participa-
tion quelconque les journaux qui sont hostiles a la
véritè et a la morale religieuse. Agissant ainsi, con-
tiuue-t-il, pape, évêques, prêtres, fidèles, ne font
que leur strict devoir aux yeux de Dieu; ils n'u-
b sent que de leur juste liberté et de leur incontes-
table droit aux yeux du legislateur beige. Or, au
b point de vuede l'Etat, quand on use de son droit,
b on ne fait de tort a personne. Et plus loin, il
ajoute II n'y a pas que le personnel de la presse
b libérale qui souffre de la liberté du culte catholique;
b il y a encore le personnel de toutes les industries
b que la morale rèprouve el que la loi tolère.
Nous avons cité lout au long les principaux pas
sages de la réponse de nolre confrèrenous atten-
dons de sa loyauté, a lui, représentant officiel de la
morale religieuse, d'en agir de mètne envers nous, si
les explications que nous allons lui fournir et dont il
semble avoir besoin, n'out pas le bouheur de pleine-
ment le satisfaire.
Au point de vue constitutionnel, le seul que nous
ayoos a envisager ici, le droit de l'épiscopat de con-
ÉTUDES HISTORIQUES
Sur les troubles qui ensanglantèrent au XV1° siècle,
les chdtellenies d'Ypres et de Fumes.
L'histoire n'est pas un tribunal
huis-clos fille de la vérité, elle
aime et cherche la lumière.
(Aouin.—Hist, de Henri Fill.)
(Suite.)
Chapitre III.
Nous avons dit que d'Albe fit son entrée a Bruxel-
les le 22 aoüt 1567 et cela est prouvé. Cependant, il
se trouve aux archives de la ville de Bergues, n° 396,
un document daté de Bruxelles du li février 1567 et
publié a Bergues, le 1" mars suivant, signé par le due
et contre-signé par Bertii.
Voici ce document, le premier sans doute, qui fut
transmis aux provinces par ordre du gouverneur
Don Fernando Alvarez de Toledo, ducd'Albe, etc.,
lieutenant gouverneur et capitaine général.
o Très-chers et bien amés, comme il soit venu h
nostre coguoissance qu'en plusieurs villes et villages
O Reproduction inlerdite.
damner la presse libérale est incontestable et per
sonne, que nous sachions, n'a jamais songé le con-
tester. Non-seuleinent l'épiscopat use de son droit quand
il interdit aux fidèles la lecture des journaux libéraux,
mais il fait acte de haute prudence, les journaux li
béraux s'inspirant d'un esprit conlre lequel les pas-
teurs des èmes ne sauraient trop prémunir leur trou-
peau.
Nous ne nions done point le droit de l'épiscopat,
comme le suppose Ie Journal d'Ypres. Nous l'admet-
tons, au contraire, sans réticence, sans réserve. Notre
confrère est-il satisfait?
Mais la Constitution n'a pas constitué la liberté en
monopole pour I'Eglise catholique seulement. Elle en
a fait Ie patrimoine commun de tous les citoyens beiges
indistinctement, sans acception de parti ou d'opinion
religieuse. Le droit des uns ne prime pas celui des
autres il est absolument égal pour tous. L'épiscopat
condamnant la presse libérale, celle-ci dénoncant les
vues ambitieuses et dominatrices de l'épiscopat, res-
tent tous deux dans les limites de la liberté et usent
de cette liberté comme ils l'entendent, selon l'inspi-
ration de leur conscience, sans avoir a rendre compte
a qui que ce soit de i'usage qu'ils en font.
Poséedans ces termes, la maxime invoquée par le jour-
nalauquel nous répondons est parfaitement justecelui
qui use de son droit ne fait tort a personne. L'épiscopat
pourra done, sans que nous soyons fondés a nous
plaindre, sigDaler les journaux libéraux au mepris, a
l'horreur des fidèles et nous, de notre cólè, nous pour-
rons traduire tous les jours, au tribunal de l'opinion
publique, ces hommes avides et ambitieux qui se
couvrent impudemment des intéréts du ciel pour as-
souvir leur inextinguible soif de domination.
Entre ces deux partis en lutte, armés tous deux
d'un droit constilutionnellement egal, quelle est la
mission du budget de l'Etat? La raison, la justice,
veulent, disions-nous, qu'il s'abstienne. Le budget,
formé des deniers de tous, ne peut intervenir en fa-
oües derniers troubles l'ona brisé les images, rompu,
saccagé et spolié les églises et autels, icelles églises
sont ei demeurent encoires au mesme éiat sansque
l'on se mette en debvoir a les réparer etorner comme
il convient, chose scandaleuse a laquelle dèsirons
que soit tout incontinent remédié. Aceste cause vous
vous en chargeons et mandons bien expressement de
par Roy le nostre sire, que incontinent et sans delay
ayez a faire entendre, enjoindre et ordonner de par sa
Majesté, a tous officiers et magistrals des villes et vil
lages tiint d'icelle Majesté que des seigneurs particu-
liers de vostre ressort et juridiction oü il y a eu bri—
sement d'images et rompement, ruine, saccaigement
et spoliation d'églises et monastères, que l'on ait a
les réparer, restaurer en estat honorable et dou, de
sorte que les services divins et offices ecclésiastiques
y puissent estre faicts avec la décence et révérence
qu'il convient, et ce en dedans trois mois, dois que le
diet commandement leur aura esté faicl, et que au
bout d'iceulx trois mois, lesdits officiers et magistrats
avant a vous certifier de ce que fait en aura esté, dont
en oultre nous advertirez bien spécificquement par le
menu, nommément esquelles villes et villages il y
veur del'un sans faire tort a l'autre. C'est cependant
ce qui arrive aujourd'huile budget rétribue large-
njent le ciergé catholique au moyen des fonds qu'il
tire de la caisse des libéraux et voilé ce que, n'en
déplaise au Journal dYpres, nous persistans a con-
sidérer comme profondément iuique et absurde.
Mais abandonnons les gènéralités et venons a l'ob-
jet même de notre polémique. Le ciergé, disions-nous
dans notre n° du 6 avril dernier, fait une guerre a
outrance a la presse libérale. G'est son droitmais
pourqnoi, nous demandions-nous, faut-il qu'elie paie
les frais de la guerre? La presse libérale constitué, a
ne considérer ies choses qu'au point de vue matériel,
une industrie qui fait vivre pius dedix mille citoyens,
lesquels ne peuvent être obliges, sans injustice, a
contribuer par l'impöt a entretenir une corporation
qui tient a honneur de leur enlever leur gagne-pain.
Le Journal feint de prendre ceci pour une plaisante-
rie. Que dirail-il cependant s'il prenait fantaisie au
gouvernemenl d'accorder aux francs-macons ou a la
société de la Libre Pensee un subside égal a celui dont
il dote annuellement le ciergé? II crierait au scandale
etil aurait raison. Mais alors pourquoi trouve-t-il ri
sible que nous nous plaignions, nous, que la loi nous
contraigne a faire, pour le ciergé catholique, ce qu'il
considérerait comme scandaleux qu'on l'obligeat a
faire pour les francs-magons
Le journal clérical croit nous échapper en nous
rappelant qu'il n'y a pas que le personnel de la presse
libérale qui souffre de l'exercice de la liberté de
I'Eglise catholique; il y a encore, dit-il, le personnel
de toutes les industries que la morale reprouve et que
la loi tolère.
Nous avons cru d'abord que notre confrère avait
voulu faire allusion aux couvents des Trappistes et
aux Ecoles des Frères de la Doctrine Ghrétieune, qui
nous donnent si souvent des spectacles que la morale
reprouve; mais comme ces infamies monacales ne sont
pas tolérées par la loi ou du moins qu'elles ne !e sont
aura eu rompemeut et saccagement d'églises, elois-
tres et monastères, et oü ledict commandement aura
esté faict et esquelle l'on y aura salisfaict par répara-
tiou, restauration et restitution comme dessus. et
esquelles point, ensemble de la cause et occasion de
la faulte, pour après y ordonner comme selon que
nous en viendra signifier, adviserou conveniret ne
fault qu'en ceste réparaiion se mecte diflicuité, delay
ou remise, a l'occasion des frais dont sera besoing,
puisque la raison veult que ung chacun se montre
voluntaire d'assister a la restauration de la maison de
Dieu, commune a tous bons chrestiens saulf que i'on
pourra adviser, d'en faire Ie recouvremeut sur ceulx
qui out donnè cause au mal et out allé aux presches
aultres que catholiques, etont aullrement esté adon-
nez et favorisans aux nouvellitez passez des sectaires
et partant qu'il n'y avait faulte. A tant très-chers
et bien amez notre Seigneur soit sparde de vous.
De Bruxelles, le 14" jour de Fevrier 1567.
Cette iettre, autheniique il n'y a pas de doute, mais
dont la date nous intrigue beaucoup, n'a rien que de
très-convenabie dans le fond comme dans la forme,
et fort probablement, si ie très-haut et puissant sei-