JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
11*11 ES, Ui manche
Quatrième année. N° 18
6 VIai 1866
Le tout payable d'avance.
Paraissant Ie dimanche.
LES GOEÜX DANS LA WEST-FLANDRE
PK1X li<ABO»XGHEMT
POUR LA BELGIQUE
francs par an4 fr. 50 par semestre.
Pour l'Etranger, Ie port en sus.
Un Numéro 25 Centimes.
PRIX OES AXIOUCE*
ET DES RECLAMES
10 Centimes la petite ligne.
Corps du Journal, 30 centimes.
Laissez dire, laissez-vous blümer, mais publiez voire pensée.
On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalchez Félix Lambin, imp.-lib.,
rue de Dixmude, 55.
On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toules lettres
ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du Journal.
Ypres, 5 Xlai isoo.
La Chambre s'est enfin décidée a aborder la discus
sion du projet de loi sur la réforme electorale. Cette
discussion aboutira t elle Yerrons-nous sortir du
débat actuel l'adoption, soit de la proposition de
M Guillery, soit du projel du gouvernement? La
chose est aujourd'hui plus que douteuse Nous tou-
chons aux derniers jours de la session, les élections
générales approchent, la plupart des représentants
aspirent impatiemmenl a rentrer dans leurs peuates
oü les appellent les mille soins de la lutle électorale
l'ajournement est dans l'air.
Disons-le franchementl'ajournement nous semble
désirable. L'accueil fait a la proposition de M. Guillery
dans les sections, dit d'avance le sort que ia Chambre
lui réserve. A peine rèunirait-elle aujourd'hui sur les
bancs de la droite et de la gauche une quarantaine
de voix. La même destinée attend évidemment les
amendemenls formulés par la minorilé de la section
centrale, amendements qui ne sont, d'ailleurs, que
des modifications au projet de l'honorable représen
tant de Bruxelles. Ces deux systèmes écartés, la Cham
bre n'aura plus devant el le que celui du gouverne
ment et, sincèrement, nous preférons de beaucoup Ie
maintien du statu quo a l'adoption du projet ministé-
riel.
Tel n'est pas l'avis de Vindépendancequi se déclare
disposée a accepter, au pis-aller, la réforme proposée
par le gouvernement, paree qu'a tout prendre, dit-
elle, cette réforme augmenterait, dans une proportion
plus ou moins notable, le no.nbre des électeurs et que
e'est la le but a poursuivre avant tout autre.
Cette consideration ne nous parait pas du lout dé-
terminante. Sans doute, toute reforme doit avoir pour
but principal ['augmentation du nombre des électeurs
et tout système qui n'a pas en vue un setnblable ré-
sultat doit être tenu d'avance pour anti-libèral et reac-
tionnaire. Mais il ne suit pas de la, comme semble le
croire Vindépendance, qu'une reforme puisse être ad-
mise, même comme pis-aller, par cela seul qu'elle
tend a introduire dans les cornices un certain nombre
d'elecleurs de plus. La réforme proposee, en 1864,
ÉTUDES HIST0R1QUES
Sur les troubles qui ensanglantèrent au XVb siècle,
les chdlellenies d' Ypres et de Fumes.
L'histoire n'est pas un tribunal
a huis-clos fi'.le de la vérité, elle
aime et cherche la lumière.
(Auuitt.—Hist, de Henri Fill.)
(Suite.)
Chapit re III.
Le 5 juin, vers midi, d'Egmont sortit le premier de
la Maison du Roi, accompagné de Julien Romero,
maistre de camp, du revérend Rithovius et du capi-
taine Salinas. Après être monté sur l'échafaud qu'on
avait couvert d'un drap noir, il en fit le tour en réci-
tant le Miserere, puis, s'étant mis a genoux, re?ut le
coup fatal.
Reproduction inlerdite.
par M. Dechamps devait doubler au moins, d'après
les calculs de M. Frère-Orban, le nombre des électeurs
communaux et provinciaux. Cette considéralion n'a
pas empêché la presse libérale tout entière et notam-
ment Vindépendance, de la combattre a oulrance,
comme une oeuvre de parti, comme un acheminement
vers le règne de l'ignorance et de la superstition.
C'est qu'en effet, dans l'appréciation du mérite d'une
réforme, il y a a tenir compte d'autres éléments que
celui signalé par Vindépendance comme devant, dans
tous les cas, entrainer l'assentiment des amis du pro-
grès, et précisément paree que nous ne rencontrons
pas ces éléments dans le projet ministeriel, nous dé-
sirons que le régime actuel soit maintenu, plutöt que
de voir adopter un projet que nous considérons comme
tout aussi réactionnaire, a un autre point de vue, que
celui de M. Dechamps.
II faut bien, d'ailleurs, le reconnattre le mouve
ment réformiste, qui peut, seul, doter le pays d'une
réforme large et démocratique, le mouvement réfor
miste est resté, jusqu'aujourd'hui, circonscrit dans
des limites extrêmement restreintes et, si le projet
du gouvernement venait a être adopté, il est fort a
craindre qu'il ne fut étouffé pour lopgtemps. C'est, a
notre sens, se tromper étrangement que de croire
que l'adoption dece projet imprimerait au mouvement
une impulsion plus rapide et plus vigoureuse. Nous
sommes convaincus du contraire. Qu'on se rappelle
le mouvement de 1846. Les avancés du parti libéral
réclamaient a cette époque Vadjonclion des capacités.
Ils avaient derrière eux toute une phalange de ci-
toyens instruits, intelligents et influents, tous beau
coup plus avides que les classes ouvrières d'aujour-
d'hui de jouir des droits électoraux. Ces citoyens
avaient pour eux la presse libérale presque tont en
tière et, grêce a son appui, ils parviennent a organi
ser un mouvement incontestablement plus énergique
et plus populaire que celui auquel nous assistons en
ce moment. La Chambre néanmoins rejeta leurs
voeux, et du jour au lendemain le mouvement cessa
comme par enchantement La presse s'occupa d'autre
chose et les capacités rentrèrent dans Ie silence.
Un quart d'heure après, vint le tour de de Hornes.
II marcha d'un pas ferme vers ['instrument du sup-
plice, et après avoir adressé quelques paroles a ceux
qui l'entouraient, posa sa tête sur le billot, sans rien
perdre de sa tranquillité.
Les deux têtes furent attachées a des poleaux et
exposées aux regards du peuple (1).
(1) Quatre-vingts ans après Ia mort de d'Egmont, dit un
vieux mannscrit du XVIIe siècle, intituléMémoire desarrêls
et révisions du gran Conseil de Malines, etc., par Nicolas du
Fief, chanoine de Tournai, prévöt de Maubeuge, etc un
zéleux (sic) remontre qu'au-dessus de la porte de t'hostellerie
du Chapeau rouge, Valleneietines. entre autres annoiries
des seigneurs, il y avoit celle de Louis, comle d'Egmont, oü
il porloil litre de né due de Gueldres el comte de Zulphen, ce
qu'estoit contre lesautorités du roi, requérant que fut pour-
veu d'un remède convenable, sur quoi fust arrêté au Conseil
que les armoiries devroient être mises bas, non-seulement
pour lesdits litres de Gueldres et de Zulphen, mats parceque
absolument ledit Louis eslant condamné par arrèt du grand
Conseil du roi pour crime de lèze-majesté, les armoiries ne
devoient être vues en public comme en rue, ni ailleurs, et
ainsi fut résolu, etc. et cele dernier Janvier 1618
C'était la justice d'alors. Risum teneatis.
Nous craignons bien qu'il n'en soit de même au
jourd'hui si le projet ministériel est voté dans le
courant de la session. L'ajournement, au contraire,
permettrait au mouvement de s'étendre et de s'orga-
niser. Déja, depuis un mois, il a fait des progrès sen-
sibles. Ce ne sont plus seulement les ouvriers des
grands centres qui se préoccupent de ia question
l'idée de la réforme commence a pénétrer dans les
villes de moindre importance; dans quelques mois,
elle sera descendue jusque dans nos villages. Alors,
mais alors seulement, nous serons assez forts pour
imposer au pouvoirla grande réforme a laquelle nous
aspirons et pour vaincre des résistances contre les-
quelles nous devons infailliblement nous briser au
jourd'hui.
Correspondance particuliere de l'OPINlOiV.
Bruxelles, 4 mai.
Si le parti clérical a complé sur la loi des bourses
d'étnde pour nous battre aux élections prochaines, il
doit cornmencer a s'apercevoir, a l'émotion produite
par le formidable réquisitoire de M. Bara, qu'il s'est
cruellement trompé. Cette emotion, ici, a été im
mense, irrèsistible. Ce matin, on s'arrachait littérale-
ment les journaux dans les cafés, dans les aubettes
des boulevards et chacun de s'écrier Mais, c'est in-
croyable, mais c'est impossible! Comment concevoir
qu'ayant derrière eux un passé aussi noir d'abus, de
malversations, d'infamies de toute espèce, ces hom
mes aient poussé l'effronterie du cynisme au point de
nous accuser d'avoir volé les bourses d'étudeCela
n'est pas croyable, on n'est pas impudent jusque-la
et surtout pas aussi maladroit. Car, enfin, l'épiscopat,
qui doit connaitre ces sales histoires aussi bien que
M. Bara, l'épiscopat n'a pu croire que le gouverne
ment se laisserait traiter de voleur et de coupeur de
bourses sans pensera se dèfendre. II a dó. s'atlendre
a la terrible riposte qui le frappe aujourd'hui en
pleine poitrine. Ce mystère est vraiment impénè-
trable.
Le même jour, dit naïvement un auteur, il tomba
a I ouvain une pluie de sang
Plus de trois siècles ont passé sur eet événement;
beaucoup de siècles passeront encore, mais la Bel-
gique n'oubliera pas d'Albe et la domination espa-
gnole. Le monument élevé a Bruxelles apprendra
éternellement aux Beiges ce que c'est qu'un pouvoir
qui vient venger la religion outragée et ce dont il
est capable lorsque le fanatisme el l'intolérance le
guident.
Notre travail a pour litre les Gueux dans la West-
Flandresi nous nous sommes un peu écarté de ce
sujet, que le lecteur nous le pardonne; on n'est pas
toujours maitre de soi, et du reste, ces souvenirs
sont bons a rappeler, on en conviendra.
On avait déja fait beaucoup, mais il y avait en
core beaucoup a faire pour réduire a I'impuissance
ces bandes de pillards qui dèsolaient la West-Flan
dre, d'autant plus que de temps a autre de nombreux
renforts venaient grossir leurs rangs.