Eh bien, non, et ce soi disant mystère s'explique, au contraire, de la facon la plus naturelle du monde, si l'on veut prendre la peine d'y réflechir un instant. Les abus signalés par M. Ie ministre de la justice ne datent pas d'bierils étaient connus du gouverne ment dès 1864, quand il présenta la loi sur les bourses; cela est teilement exact que M. Tesch a de clare, dans la séance d'hier, que c'étaient ces abus qui avaient déterminé le gouvernement a présenter la loi D'oü vient qu'a cette époque, maltraité comme il l'était déja par l'épiscopat, Ie ministère ne fit pas usage des armes terribles qu'il avait dans les mains? C'est ce que je ne me chargerai pas da vous dire; raais il est facile de cotnprendre que l'épiscopat, pre- nant le silence du Cabinet pour dë la couardise, a pu croire qu'il n'avait rien a craindre de pareils adver- saires et qu'ils continueraient a se laisser traiter de voleurs et de coupeurs de bourses sans mot dire; or, c'est ici que la pénètralion ordinaire de MM. nos évêques s'est trouvée en défaut. Ils n'ont pas réfléchi que nous sommes la veiile des éleciions el qu'en un pareil moment il est dangereux de pousser a bout des adversaires inquiets de leurs portefeuilles. Mal leur en a pris, car le ministre les a véritablement assommés. Je n'essaierai pas de vous analyser le discours de M. Bara. Qu'il me suflise de vous dire qu'il a produit sur la droite l'effet d'un coup de foudre. Jamais je n'ai vu nos cléricaux aussi completement épates. Le pauvre M. de Theux surlout était a faire pitié. Mais aussi, quels coups, mon Dieu. quels coups! Ici, un curéqui se sauve avec la caisse, la un autre qui ne trouve rien de mieux a dire, pour refuser les comptes qu'on lui réclame, que de montrer qu'il a été victime d'un fripon; partout, I'incurie, la malversation, le favoritisme, des.bourses entièrement perdues, d'au- tres scandaleusement délournées de leur destination au profit d'établissemenls monastiques, un vérilable pillage des deniers publicsle tableau est complet. Assurément la Belgique est un des pays les plus catholiques de 1'Europemais c'est aussi un pays essenliellementhonnête.Onlui a dit que le parti libé- ral avait volé les bourses d'étude, et comme cette ac cusation partait de bouches qu'il est habitué a res pecter, beaucoup de gens l'ont cru, Mais que vont dire ces bonnes gens, en lisant le discours de M. Bara Ne pensez-vous pas que, si aveugles qu'el- les puissent être, elles comprendront enfin que les Véritables voleurs sonl précisémenl dans le camp de ceux qui nous accusent? Je Ie dis avec sincórité, ce serait a désespérer de la moralilé du pays si les abus, les seandales revélés par le ministre de la justice ne recevaient pas, aux éleciions prochaines, leur juste chatiment. Elections provincinles. Que se passe-t-il dans le canton de Messines I M. Yandevyver, conseiller sortant, ne demnnde plus le renouvellement de son mandal; il a quitté la province et n'est, par conséquent, plus rééiigible. M,r6 Jacques Carpentier, d'Ynres, autre conseiller sortant, tienl ardemuienl au mandat que lui octroie bénévolement le canton de Messines. II est, parait-il, depuis quelque temps, d'une honnêteté sans pareille vis-a-vis des électeurs de ce canton. C'est la un signe non-douteux de l'approche des éleciions; car il est de règle que Ie salut des candidals est en raison inverse Le 18 septeinbre 1568, arriva en vue d'Ostende un navire porlant pavilion anglais. Aux sommations d'usage faites par les employés du port qui étaient allés visiter ce baliment, Ie capitaine répondit qu'il venaitde Dunkerque, qu'il n'avait rien a bord en fait de marchandises el qu'il se dirigeait vers I'Angleterre. A minuit, ies chaloupes furent mises a la mer et une troupe de mécréants débarqua sur la plage entre Lombarlzyde et Middelkerke, d'oü elle se dirigea par Wulpen, Steenkerke, Bulscamp etKillem, sur Hond- schoote. Lê, sur l'ordre de Lamerlynck qui la condui- sait, elle se dispersa dans differenles directions; après qu'il eut été convenu qu'on se réunirait, dans la nuit du 27 au 28, sur Ie cimetière de Caestre, afin de ten ter un coup de main pour délivrer les Gueux enfer- més dans les prisons de Bailleul et de Poperinghe. Dans I'entre temps, quelques uns de ces bandits allèrent piller le monastère d'Eversam, deja tant de fois attaqué. Mais, l'autorité avait été prévenue a temps, et lors- de l'éloignement du scrutin. Mtre Carpentier se pose candidat. II Le caractère de la candidature de M. I'avocat Car pentier est loin d'être clairement défini. Est-elle clé- ricale, est-elle libérale? Personne ne saurait le dire, pas même le candidal, nous semble-t-il. M. Carpentier n'a jamais passé pour un de ces ardents champions d'une foi politique qui, Ie principe admis, ne bronchent devant aucun obstacle. Son élection a la Députation permanente établit que pó- risse plutót I'homme que le principe ne sera pas sa devise dans certaines-occasions. Que voulez-vous? la chair est faiblel Une place de quatre mille francs n'est pas chose facheuse, vint elle des cléricaux I En assurant que la candidature de M. Carpentier n'a aucun caractère, nous nous trompons, eile est hybride. III En effet, les sympathies que M,re Carpentier ren contre parmi les électeurs libéraux ne pouvant être colées a un taux quelque peu élevé, il a cru qu'il ne siérait pas mal d'avoir l'appui des cléricaux. A cette fin, lui et I'un de ses amis adininistratifs et politiques, dont ('influence sert parfois d'appoint aux maiheu- reux, travaillèrent pendant deux mois et plus un vieillard presque octogénaire, appartenant franche- ment au parti clèrieal, pour étanconner la candida ture périclitante du député permanent. M. Ver- meesch contracts enfin un pacte électoral avec M. Carpentier Ie compromis prit naissance. Voila done Ie iibéral Jacques appuyé par le cle rical Vermeesch. La comédie se jouemais le public ne peut être initie aux rouages de mise en scène. II faut prudem- ment lui cacher la trame; il est de toute uécessité qu'il ignore ce qui se passe derrière les coulisses, Encore quelque peu de rouerie et le tour sera joué. C'est pourquoi le Journal d' Ypres créa la candida ture indépendante et que Ie Progrès se tut. Tout ce jeu, toute cette politique pratique, comme disent les finauds du doctrinarisme, ne nous ont pas échappé. Nous en connaissons les moindres détails, depuis le moment de la visite lors d'un lirage au sort jusqu'au jour oü nous sommes, alors qu'on têche de revernir la couche, si endommagée, de libéralisme de Mlre Jacques. On tache, nous le savons, de donner le change au public, de détourner les idéés d'une mutualitó entre les deux candidats et de cacher les auteurs de l'in- trigue ourdie, n'ayant pas honte de l'attribuer a d'au- tres personnes Qu'on y prenne garde I Les patrons de la pra tique pourraient bien s'y bruler les ailes. Dans Ie canton de Messines, il est a la connaissance de tout un chacun que la candidature de M. Ver meesch de Neuve Eglise est une création de la poli- tique-pratique. Cette candidature est l'étaneon qui doit donner plus ou moins de chances de salut a celle de Mtre Jacques Carpentier, si peu sympathique. Le Journal d'Ypres fait passer la candidature de M. Vermeesch pour indépendante. Le Progrès n'en dit rien. Le Volksvriend, pour cacher le jeu de ses patrons et leur compérage, va jusqu'a publier de fausses allegations et citer, comme auteurs de cette candidature, des personnes qui s'en déclarent com plement étrangères. Notre confrère flamand avait que dans la soirée du 27, Catnerlynck arriva a Caestre avec une partie de sa troupe, il fut arrèté avec douze de ses complices; les autres reussirent s'échap- per. Le 20 novembre suivant, la ville d'Yprcs fut tèmoin d'un horrible supplice. Camerlynck était livré au bourreau qui commenca par lui couper les oreilles. Après on lia le condamné sur une claie et on le traina a travers la ville, en faisant plusieurs slations, pen dant lesquelles on lui arrachait les chairs avec des te- naiiles rougies. Enfin, on l'altacha par le milieu du corps a un poteau au sommet duquel était placé une marmile remplie de goudron enüamme qui tombait goulte a goutte sur la tête meurtrie du scelérat. Lors- qu'il eut cessé de vivre, on brüla son corps pour en jeter les cendres au vent. Quant aux compagnons de Camerlynck, ils furent exécutés a Furnes et expirèrent dans d'alïreuses tor tures. Cependanl. malgré ces exemples, les débris de la peut-être, comptant sur ce que ces personnes igno- rent sa langue et sur le manque d'envoi de son jour nal a Warnêton, espéré que son accusation passerait inapercue. Heureussment, la lettre suivante vient démeritir son entrefilet de dimanche dernier et lui enlever l'espoir d'être cru Monsieur l'Editeur de I 'Opinion, Veuillez, je vous prie, insérer dans le prochain numéro de 1 'Opinion les lignes suivanles que j'ai en- voyées au journal flamand le Volksvriend Warnêton, 5 naai 1866. Monsieur l'éditeur du Volksvriend, En réponse a l'arlic'o que vous me consacrez dans le Volksvriend de dimanche dèrnier, je déclare qu'il n'est pas du tout vrai que j'ai été, de quelque facon que ce soit, offrir une candidature quelconque a la personne que le Volksvriend désigne sans ia nom- mer. Recevez, Monsieur, mes civilités. L. Desjmpki.. Vous insérerez, j'espère, Monsieur, ma protesta tion et recevrez l'expression de toute ma considera tion. L. Desimpkl. Warnêton, le 3 mai 1866. Les Christophe Colour!» du Conseil communal. La séance du Conseil communal du 21 avril a été bien remplie; plusieurs objets trés - intéressants étaient a l'ordre du jour. Deja la semaine dernière nous avons traité l'un deux dans un article spécial, nous abordons le second aujourd'huile rapport pré senté par M. Beke au nom des 1re el 2mo commissions réunies sur l'examen des tracés des nouvelles voies de communication aux abords de la Station. Ce rapport est divisé en trois points principaux les dangers qui doivent résuiter du rapprochement et de l'intersection de deux pavés, de deux chemins de fer et d'un canal. Ces dangers sont chimériques L'utililé pour notre industrie de pouvoir s'établir aux abords de la Station et du canal. l.es ter rains a l'O. ne conviennent pas a eet effet paree que Vacces y est difficile. Ceux au N. et au S. sont préfé- rables n La nécessité d'agrandir la Station. Grace aux idees du Collége, Vensemble de la Station suffira pour les lignes actuelles, pour celles en projet el sera même assez grand pour les projets a venir. Cetle solution si inattendue, trouvée apparemment sans trop d'efforts, a qui la devons-nous, au rappor teur ou aux commissions réunies? Qui en portera le mérite et la gloire? Quel est le Christophe Colomb de cette nouvelle Amérique qui deja fait pêlir de facon jnquiélante le soleil du celèbre Gênois en face des exploits de nosnavigateurs communaux 1 Mais laissons pour un instant le rapport, son équi page et son pilote et rappelons-nous avant tout ce qui s'est passé. Le 2 décembre 1865, M. Becuwe constatant les tendances industrielies qui se font jour a Ypres, ap- pelle l'attention de l'administration sur la nécessité qui se fera sentir bientól d'agrandir la Station; il signale les inconvénients, les dangers même qui doi vent résuiter du rapprochement d'un canal, de deux pavés el de deux voies ferrées passant a niveauil propose en conséquence que le Collége des bourgmes- tre et échevins se concerte avec les concessionnaires des voies nouvelles et qu'il arrête un alignement a suivre pour les maisons et les ateliers qui se con- struiraient aux abords de la Station. bande de Caestre parvinrent a se rallier dans les en virons de Haringhe, et, endépil de la plus rigoureuse surveillance, le bourg de Rousbrugge fut attaqué dans la nuit du 12 au 13 décembre. II fut opposé une resistance énergiquequelques hommes de coeur commandés par un nommé De Candt, repoussèrent les assaillants a coups de mousquet et les forcèrent a se relirer. C'est dans cette rencontre que Jacques Ackerman, de Rousbrugge fut tué. Les habitants de ce bourg, dans leur reconnaissance pour celui qui avait payé de sa vie son héroïque dévouement, chan- gèrent le nom de la rue qu'il habitait et qui s'appe- lait rue de l'Ange, en celui de rue Ackerman (1). E. Vanden Busscbe. (La suite au prochain n°.) (I) Cet épisode a fait Ie sujet d'une brochure flamande que nous avons publiée en 1862.

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1866 | | pagina 2