Les considerations qui précédent nous ont été sug-
gérées par ce qui se passe dans un canton voisin, ce
lui de Passchendaele, oü Ie greffier de la justice de
pais a été autorisé a tenir une boutique, malgré les
reclamations de pluSieurs détaillants et les plaintes
secrètes d'un plus grand nombre qui n'ont pas osé
signer une requête adressée a M. Ie Ministre de la
justice. Nous ne voulons rtullement mettre en doute
l'honorabilité de M. Christiaen, ni insinuer qu'il abu-
sera de ses functions au profit de son négoce. Loin de
nousl Mais nous disons que l'autorisalion qui lui a
été accordée est un abus de la part du gouvernement.
La position de greffier, infirmant toute concurrence,
assure a M. Christ iaën le monopole, si pas dans tout
le canton, au moins dans la commune de Passchen
daele. II ne roste aux autres bouliquiers qü'a fermer
leur porte et a déposer leur patente. C'esl au nom de
ces gens désolés, et aussi au nom de la dignité de la
justice, que nous élevous cette reclamation dont per-
sonne ne méconnaitra le bien fondé. Signaler des faits
de cette nature est pour ia presse plus qu'un droit
c'est un devoirl Puisse M. Ie Ministre de la justice
entendre noire voix et, mieux éclairé, revenir sur
une décision prise trop n la héte peut-être par son
honorable prédécesseur.
Communiqué
Necrologie.
Lundi ont eu lieu les obsèques de M. le capitaine-
commandant Frédéric Vogley qu'une cruelle maladie
vient d'enlever a la fleur de Page. L'assistance était
nombreuse tous les officiers de la garnison et un
grand nombre de personnes notables de notre ville
s'étaient donnés rendez-vous a cette triste cérémo
nie. Les honneurs mililaires ont été rendus au défunt
par un détachement du 10e régiment de ligne accom-
pagnè de la musique. Au cimelière le suprème adieu
fut prononcé par M Michel, capitaine d'artillerie, an
cien camarade du défunt a l'Ecole militaire. Voici ces
paroles qui traduisent d'une facon si touchante les
sentiments des nombreux amis de M. Vogley
Messieurs,
Permettez-moi de vous retenir un instant au bord
de cette tombe pour vous dire quelques mots de l'ami
sincere que nous pleurons tous, du brillanl officier de
cavalerie dont l'armée déplore le trépasenfin de Ia
perte cruelle et irréparable qui accable un père, des
frères, toute une familie désolée, et surtoul qui frappe
deux adorabJes petits anges de bonte et d'alïbc-
tion.
A vous, Messieurs, qui tous fütes les amis de Vo
gley, je ne dois pas parler de ses qualites, de son
mérite; ma parole trop peu éloquente affaiblirait leur
valeur.
Frédéric Vogley entra a l'Ecole militaire en 1846
Noinmé sous-lieutenant en 1848, il se fit bientói re-
marquer dans son régiment par son intrépidité, son
intelligence et son savoir; aussi le voyons nous déja
capitaine de cavalerie en 1859. agé de 30 ans a peine,
pour être chargé peu de temps après des functions
spéciales d'adjudanl-major. En 1863, il reedt le bre
vet de commandant d'êScadron.
Hélas I lant d'eSpérances et un aussi bel avenir de-
vaient-ils done être ané&ntis si tot
Notre ami Frédéric, atteint depüiS quelques années
de la maladie grave qui nous Fénlève aujoürd'hui,
devait subir un coup du sort plus terrible encore,
lorsquo la Mort, l'impitoyable Mort, irrevocable dans
ses arrêts, vint lui ravir, a lui une épouse adorée,
ses enfants une mère chérie.
Une seeousse aussi violente pouvait abattre une
ame forte et courageuse comme la sienne mais Vo
gley était père, il voulait vivre malgré ses souffrances,
vivre pourceux qu'il aimait.
Sa dernière pensée fut pour ses chères enfants,
deux charmantes petites filles qui lui rendaient en
caresses et en affection, la tendresse qu'il leur avail
vouée. C'est aussi a ces jeunes orphelins qu'il pensait
lorsque, dans un de ces moments soleunels, trisle
précurseur d'une crise fatale, il les recommandait, il
les confiait mêine a des amis intimes, sublimes de dé-
vouement, et devenus puur lui une seconde familie.
Pleuronè, Messieurs, avec tous ces coeurs brisés
par la douleur. Joignons nos taimes a celles de son
père affligé, de ses frères désolés; et puissent les
nombreux témoignages de regrets, qui accompagnent
notre digne et excellent camarade jusque sa dernière
demeure, verser dans ces ames allristées le bautne
salutaire des consolations et être un adoucissement h
la profonde douleur de la familie inconsolable qui
perd en lui le plus affectueux des fils et le meilleur
des pères.
Confiant d'ailleurs dans le Dieu de bonté, de sa-
gesse et de miséricorde, soumetlons-nous ses dé-
crets immuables et disons un dernier adieu a notre
ami tant regretté.
Pauvre Frédéric! avant de te quitter recois par
ma voix l'assurance que nous tous, tes anciens com
pagnons, nous couserverons un souvenir immorlel
de ton bon cceur, de les brillantes qualilés. Adieu,
mon brave Vogley, adieu I
BIBLIOURAPIIIE.
I,"instruction du peuple. tt tnal et Ie remède
M. Amédée Adnet, avocat la Cour d'appel de
Brüxelies et professeur au Musée de l'industrie, a
publie passé quelques inois une excellente brochure
sous le titre ci-dessus. M. Adnet, bien que jeune
encore, est déja très-avantageusement connu par une
Histoire du Parlement beige et un Commentaire de
loi sur la competence civile. C'est un vigoureux tra-
vailleur, exercant sur des sujels varies une intelli
gence robuste et une plume facile. Talent de grand
avenir a en juger par les dèbuts.
Comme M. Tempels, M. Adnet cherche la vérité
dans les faits, dans les chifïres et la dit fondement a
ceux qui doivent ('entendre. C'est ainsi qu'il constate
dans un ler§ que depuis 1849, et malgré tout ce
qu'on a fait pour ['instruction primaire, celle-ct n'a
fait aucun progrès en Beigique. Au triple point de
vue du nombre des élèvesde Vassiduité aux lepons et
du degré acquis de science1863 est en arrière des
années précedenles la diffusion est allee decrescendo.
Mais oü done est la cause de ce triste état de choses?
Oü est le mal M. Adnet estime que la cause doit être
imputée aux pères de familie; que le mal réside dans
l'incurie de ceux-ci, dans leur avarice et parfois aussi
dans leur misère. L'enfant est retiré ou retenu de
l'école pour travailler soit dans les fabriques, soit sur
les champs, et augmenter ainsi de quelques centimes
por jour le salaire des parents. Quel remède apporter
a ce mal? L'instruction obligatoire, répond l'auteur,
mais sans l'amende et la prison. Et reprenant a ce
propos une controverse maintes fois agitée, M. Adnet
s'efforce de démontrer de par la morale, le droit et la
philosophie, la légitimité du principe de l'instruction
obligatoire a l'encontre de toutes les objections que
l'on peut y faire. Passant ensuite a Ia question pra
tique, au mode d'application du principe, l'auteur
préconise, comme moyen direct, ('institution d'un
impöt scolaire qui atleindrait tous les pères de familie
en état de payer l'écolage, ce d'une manière propor-
tionnelle au nombre d'enfanls. Cette mesure serait
complétée, surtout en égard aux indigents, par la
creation de certificats d'école délivrés par une com
mission ad hoeet sans lesquels les enfants ne pour-
raient être adrnis dans les fabriques el ateliers au-
dessous d'un êge déterminé.
Voila le systèmë, en peu de mots.
Avec l'auteur, nous croyons que l'abstention de
l'école doit être attribuée en grande partie a l'incurie
et a la misère, ce qui est tout un, des parents. Mais
il nous est avis que l'incurie de l'autorité a bien aussi
une grosse part dans eet état de choses. Presque nulle
part, le pouvoir communal ne s'inléresse a la fré-
quentation de l'école nulle part on ne voit ceux qui
tiennent l'autorité user de leur influence, ni des
moyens de pacifique coërcition dont ils disposent,
pour soiliciter les parents pauvres et pousser les en
fants aux lecons de l'instituteur. Avec plus de zèle et
la gratuite de l'instruction, nous croyons qu'on at-
teindrait le but voulu. En veul-on un exemple
Dans le canton de Genève, l'instruction n'est pas
obligatoire,ainsi que M. Adnet le rapporte. Eh bien!
s'il faut eroire ce qu'un orateur de ce canton a dit
l'an dernier au Congrès de Berne, toute la jeune po
pulation y sait lire et écrire Ce résultat a été ob-
tenu par la persuasion, ajoutait M. Vuy. Nous ne
voulons pas de la force, mais nou plus de l'iodiffa-
rence.
Or, ce qui est possible ailleurs est possible chez
nous.
Ce n'est pas a dire que nous repoussions Ie principe
de l'itislruclion obligatoire. Au contraire, nous se
rions inême dispose a en admellre les consequences
les plus rigoureuses. Le père n'a pas le droit de priver
son enfant de la lumière intellectuelle. Comme ie dit
parfaitement M. Adnet, il ne peut pas plus seques-
trer son intelligence que sa personne. L'instruction
gratuite étant donnée, l'abstention du père devient
un crime a l'égard de l'enfant. Au besoin, nous irions
jusqu'a l'amende et même jusqu'a la prison. Tous les
jours on punit de ces peines des manquements bien
moins graves a l'intèrêt social Mais, encore une fois,
nous croyons fermement qu'il ne faudrait pas aller
jusque la, et que les moyens de persuasion mis en
ceuvre par une constante sollicitude et aidés de queb
ques mesures adminisiratives, rempliraient suffisam-
ment le but désiré. Nous pouvons done nous rallier
complétement aux idéés pratiques de M. Adnet qui
sont, a quelques differences prés, celles de MM. Alt-
meyer, Tempels et autres.
ACTIES OFFICIELS.
Notariat. Démission. Par arrêlé royal du 25
juin 1866, la démission du sieur Lambin, de ses func
tions de notaire a Ypres, est acceptée.
Avoués. Nominations. Par arrêté royal du 25
juin 1866, le sieur Berten, avocat a Ypres, est
nomme avouè prés le tribunal de première instance
seant en cette ville, en remplacement du sieur Van
Ackere, démissionnaire.
Huissiers Nomination. Le sieur Stragier,
huissier a Dixmude, est nommé en la même qualitè
prés la tribunal de 1" instance a Ypres, en rempla
cement de M. Morrens, démissionnaire.
Par arrêlé royal en date du 27 juin, le sieur Lam
bin est nommé notaire a Ypres.
afvfev-a i
FAITS D1VEISS.
Mercredi un violent orage a éclalé sur notre ville.
On n'a aucun malheur a déplorer. Cet orage a été ac-
compagné d'une pluie chaude et abondante qui aura
fait le plus grand bien aux récoltes sur pied.
Le Journal d'Ypres, qui est sans doute bien infor-
mé, publie les lignes suivantesdans son n° du 27 juin
Samedi dernier,la banque Vandermeulen a été dé-
clarée en faillite. On assure que les créanciers per-
dront plus de 50 °/0 Ie découvert dèpasserait 600
mille francs. On atlribue ce sinistre aux événements
politiques qui ont déterminé une série de pertes, dé-
précié toutcS les valeurs et rendu toute realisation
ruineuse.
PROGRAMME des morceaux qui seront exécutés le
l0'juillet 1866, a 6 1/2 h'eures, a la boeiété de la Con
corde extra muros) par la musique du 10° régiment
de ligne, sous la direction de M. Walhain
1° Ouverture du Roi d'Yvetot. Adam.
2° Grande fantaisie d'Ernani Verdi.
3° SehottischWalhain.
4° Revue musicale Schrobder.
5« Valse brilanniqueLabitzky.
A l'occasion de la kermesse de Warnêton, de
grandes fêtes auront lieu en cette ville.
Aujourd'hui, dimanche ler juillet, c'est un festival
auquel assisteront un bon nombre de musiques parmi
lesquelles se distinguent les Sociótós d'harmonie de
Comines el d'Armentières. La Societé chorale de cette
dernière ville ira aussi embellir cette fêie. En même
temps que le festival il y aura un tir a la cible pour
les corps de pompiers; quinze Sociétés ontaccepté
l'invitalion ce sont celles de Comines (Beigique),
Wez-Macquarl, Bousbecque, Wervicq-Beigique, Me-
nin, Wervieq-France, Comines France, Deulemont,
Frélinghien, Lomme, Quesooy, Sleenwerck, Mar
quette, Erquinghem, Wambrechies. Six cents pom
piers participeront a ce tir.
Demain, lundi, a neuf beures du soir, un splendide
feu d'arlifice sera tiré sur i'eau par M Mauvy, artifi-
cier du gouvernement.
Les jours suivants d'autres divertissements amu-
seront la foule.
La ducasse sera compléte car elle durera toute la
semaine, jusqu'au moment oü l'on confiera aux eaux
de la Lys l'os denude du jambon.
La prètendue fraude considerable dans une des plus
importantes distilleries des environs de Dixmude et
dont nous avons fait mention, vient d'être reduile a
néant
L'Admiuistration superieure a reconnu que le pro
cés-verbal dressè par les commis des accises Peters,
Jean Egide et Vandenbroucke, Pierre-Francois, a