Ie 5 juin 1568. Paréil glaiVe se conserve avec une in scription identique dans La Armaria Real de Madrid. II se peut eependant que nous possédions ['original et Madrid une contre-facónmême, en cas de contesta tion, il y aurait moyen de mettre tout le monde d'ac- cord en admettant cjtie Ie bourreau s'èst servi de deus glaives. Les pörcelaines et poteries n'ölfrent rien de bien remarquable. Parmi les antiquités se trouve une petite collection des époques romaine et gallo-römaine que l'inscrip- tion appelle des plats ouassiettes de formes diverses. Elle se compose de lampes tumulaires, urnes, am- phores. vases parfums, lacrymatoires en verre, etc. Beaucoup de ces objets proviennent des fouilles de Tongres et sont, crovons-nous, un cadeau du gou vernement et non de M. Alph. Vandenpeereboom, comme on l'annonce, sans doute par erreur. Nous oublions de dire qu'au milieu de ces poteries gisent trois fers de mulet 1 D'autres objets non moins intéressants que la petite collection galio-romaine et qui ont en outre l'avantage d'être des reliques locales, sont les anciennes mesures et poids de la ville, des cachets en fer ayant servi a plomber lès draps fabriqués aYpresau xiv' siècle. On montre encore une saeoche ayant renfermé les armes de la ville qu'un messagër portait devant le magistral. II nous serait facile de prolrtrtger cette nomencla ture pottr laquelle nous avons suivi a dessein l'ordre dans lequel les objets se présentent aux yeux du vi- siteür. Contentons-rious de signaler un très-beau meuble en bois de chêne sculpté aux armes d'Ypres, de Gand et du Franc de Brüges. Mais donnons un regard attentif ces deux vi trines qui occupent le centre de la salie en face des croisées. Quelle ollapödrida de toutes les couleurs et pour tous les gohts 1 Dans l'une, un ancien poids de la vitte a cóté de deux balles coniques et d'un troncon de cable élec- trique sous marin, une montre du xvi« siècle et un éventail a plumes frölant un gros morceau de gomme élastique dans l'autre, une idole romaine et des blagues tabac, des peignes et des flèches, un éven tail en dentelles d'Ypres et une boite de porcelaine emaillée. C'eSt cette dernière vitrine qui renferme la perle du Musée VEchantillon de la chevelure d'un nègre, mort a l'höpital S. Pierre au mois d'Octobre 18152, a Bruxelles. Le catalogue n'ose pas signaler cette curiosité, mais nous transerivons ici littérale- ment les renseignements donnés par ('étiquette. Et quand ón sotige que eet öbjet précieux, unique peut- être qui sait si ee nègre avait beaucoup de che- veux? est jeté dégligemment dans une armoire a cóté d'une blague, comme qui derail une chique de tabac, et qu'aucune marque de distinction extérieure n'attire sur cette armoibe l'admiration des artistes capillaires inconscients du trésor qu'elle renferme, quand on sönge a tout cëla, on en veut mortellement aux conservateurs du Musée, si légers appréciateurs d'une relique qd'ils ne sauraient, hélasl remplacer. Qu'est done devenue cette autre curiosité certaine- ment unique, le spédM'etl d'eaü pëtrifiéedu Morbi- han9 Nous l'avohs vaihement cherchée. La pétrifica- lion se Serait-elle liquefiée, comtóe le sang de saint Janvier a Naples? Quand fious aurons méntionné encore une collection d'oiseaux, une autre de minéralogie et une troisième de conchyliologie, collections que nous n'avons pas le loisir d'analyser ici, mais qui sont bien incompletes puis quelques reptiles, quelques poissons, quel- ques insectes, une troupe dè vilains singes qui font la grimacè au pubtic et des mammifères que le cata logue appelle encore, avec les anciens naturalistes d'il y a cent ans, des quadrupèdes, nous pouvons péné- trer dans la seconde salie. Les murs de cette salie sont presque entièrement tapissés de tableaux anciens et modernes. Parmi les premiers, rien de remarquable et nous engageons beaucoup la commission a n'être pas trop prodigue de grands noms. II y a la entr'autres Un prêlendu Rubens dont certainement le grand artiste n'accep- terait pas la paternité Par contre un liver de Breu ghel, que le catalogue écrit Breugelest assez bon. Mais quel Breughel II y a trois peintres de ce nom. Le catalogue reste muet a eet egard. Parmi les tableaux modernes, quelques bonnes toileS. II est regrettable eependant qu'il faille ajouter que quelques-unes des meilleurs décorent la Salie bleuea l'Hótel-de-Ville. C'esl facheux d'abord pour les visiteurs qui désirent trouver au Musée tout ce qui appartient au Musée et, en second lieu, ces trans ports continuels exposent les tableaux a des degrada tions sérieuses. Tous ces tableaux sont pendos au Musée pêle-mêle, les anciens au milieu des modernes, sans aucun égard aux époques, aux pays, aux écoles, pas même au jour convenable particulier chaque tableau, ni a la di mension des cadres. On y vóit de petites toiles ju- chées au plafond et des oeuvres immenses - par le volume, bien entendu, qui sèmblent vouloir bar- rer le passage aux curieux. Ceux qui se sont chargés d'accrocher ces tableaux semblent n'avoir euqu'une idéé entasser le plus de peintures possible dans un espace relativement resireint. Hatons-nous toutefois de dire que la cause de eet état de choses doit être iraputée au local tout autant qu'a la commission di rectrice. Et Veut-on une nouvelle preuve a l'appui de nos appréciations? Le grand tableau de MUo V. Bovie va être enlevéparee qu'il occupe espace de vingt cadres. Ce n'est pas nous qui Ie disons, ce sont les membres de la Commission directrice. Dans cette salie encore sont exposés les beaux des sins de M. Aiiguste Böhm, reproduisant les anciennes maisons en bois de la ville d'Ypres, collection double- ment intéressante pour l'artiste et pour l'Yprois, que M. Victor Hugo, lors de sa visite au Musée, proposait de publier en album. L'administration communale et celle du Musée adopteront-elles cette heureuse idéé? Au centre sont alignés des sculptures de MM. E. Fiers et Vanhove. Pourquoi a-t-on placé au mi|ieu de ces belles oeuvres eet affreux magot chinois? Son gra- cieux bran lemen t de téte amuse fort les paysans, dit- on. Si le Musée a été créé pour l'amusement des pay sans, conservez le magot. Des casiers rangés autour des murailles renferment les sceaux des communes de ['arrondissement d'Ypres et divers autres; Des médailles et des jetons de présence. Nous demandons pourquoi la médaille de ia Bibliothèque est au Musée? Des monnaies, la plupart sans étiquettes. Enfin, des sceaux et des cachets de souverains, de iégations, de families nobiliaires, parmi lesquels le jeune blason de l'un de nos conseiilers provinciaux qui iègue sa cire rouge a la postérité, d'abbayes, de couvents, de congrégations, d'associations reli- gieuses, de corps de métiers, d'administrations, de sociétés, d'états, de provinces, de villes, de com munes, etc., etc. Ce relevé des principaux objets renfarmés dans notre Musée, que nous faisöns pour la seconde fois en le complétant, nous engageons tous ceux qui en su- specteraient l'exaclitude a la vérifier par eux-mêmes. II en ressort, comme nous le disions dans un pre mier article, que le Musée possède des choses risibles, ridicules, indignes même d'un brocanteur qui se res- pecte, a preuve cette chevelure de nègre et cette eau pétrifiée qui doit donner aux visiteurs étrangers une faible idéé des connaissances scientifiques de nos ha bitants un grand nombre d'objets inutiles, au mi lieu desquels les pieces curieuses ou precieuses sont perdues. A quoi bon, par exemple, ces quelques mam mifères, ces insectes si peu .nombreux, cés poissons moins nombreux encore, lorsqu'on sait qu'il n'y a aucun espoir de former jamais une belle collection Nous en dirons autant des pörcelaines, des faiences, des minéraux et de beaucoup d'autres choses. En troisième lieu, nous afïirmons que les objets sont entassés sans ordre et sans méthode. Deja nous en avons cité quelques exemples il serait aisé de les multiplier et de montrer les ustensiles, armes et au tres objets provenant des lies qui, rassemblés feraient une jolie petite collection ethnographique, mêlés au- jourd'hui et souvent cachés derrière les armures du moyen-êge, 1des reliques historiques éparpillées dans tous les coins, le glaive qui a servi au supplice du comte d'Egmont a l'un bout de la salie, a l'autre, l'instrument avec lequel le peuple massacra les éche- vins d'Ypres, le '29 novembre 1303, des armoires encombrées des objets les plus disparates des balles coniques a cóté d'un éventail en dentelles, des instru ments de musique avec des bolles, la défense d'un jeune éléphant entre trois troncons de Cannes a sucre et une paire de bas de Tunis. II n'est pas jusqu'a la disposition des rares échanlillons zoologiques qui ne présente des singularilés. Que fait notammenl ce ca nard au milieu d'un groupe de chiens, s'il n'a l'envie de se faire plumer C'esl bien autre chose quand nous examinons les médailles. Nous avons eu occasion de voir un certain nombre de médaiiliers; toujours nous les avons trou- vés classés par pays et par ordre chronolögique. Ainsi le veulent l'histoire dont les médailles et les monnaies sont les monuments autant que le bon sens et Ia raison. Ici rien de semblable. La classification est faitedevinez? D'aprèS la provenance, et nous voyons le easier des médailles acquiseS par la direc tion du Musée, celui des dons divers, un troisième donné par M. E. V., le médaillier de la Bibliothèque de la ville d'Ypres. Que de choses nous pourrions relever encore 1 Et si nous nous mettions a feuilleter le catalogue, quel abondante moissonl Nous ne parions pas seulement de l'ariditè de cette nomenclature incapable d'initier les visiteurs qui ne sont pas tous des connaisseurs. Mais que d'assertions hasardées 1 Et les étiquettes doncl Que de phrases na'ivesl Que de fautes d'orto- graphe 1 C'est inutile. Nous n'avons eu d'autre but que d'établir a nouveau le fondement de nos critiques produites pour la première fois il y a quinze mois, sans que la direction du Musée ait réaiisé la moindre amélioration jusqu'ici. Ce sont pourtant ces critiques, si justes et en même temps si modérées, que M. Becuwe a appelées dans une séance du Conseil, déloyalesinintelligenles et peu sérieuses. Nous aurions cru que l'intelligenee qu'on donne a M. Becuwe lui aurait signalé avant tout autre les choseS puériles et risib'es de nutre Musée. II parait qu'il n'en est pas ainsi, puisqu'il considère ce Musée comme c< une des institutions les plus remarquables de la ville. N'en dèplaise a M. Ie conseiller, nous refusons d'adhérer a ce jugementcette conviction nous don- nerait une trop trisle idéé de nos institutions com- munales. A la vérité nous sommes peu surpris du ton pas- sionné et des expressions de M. Becuwe, quand nous nous rappelons qu'il ne fut pas moins passionné l'audition d'un rapport qui traitait en général de quelques abus dans les administrations charitables et ne le concernaitnullement.Ces indignations, réelles ou feintes, sont devenues chroniques chez lui. Qu'il s'en donne done a coeur joie. L'honorablè conseiller aime la critique, dit-il. Om', quand il s'en sert, mais pas quand elle s'applique <1 lui. Hatons-nous de dire que ses critiques ont eu par- fois d'heureux résultats et cjue particulièrement il faut espérer que ses plaintes amères contre ce seul INDIVIDU dont la volonté domine tout, a ne contri- bueront pas peu nous amener une réforme Sérieuse dans ['organisation de notre Bibliothèque publique. On voit que M. Becuwe n'entortille pas ses paroles dans Ia ouate et l'excessive franchise dont il a fait preuve en cette circonstance, même vis-a-vis d'un collègue, devrait l'empêcher, a notre avis, de se mon trer trop susceptible aujourd'hui. Laissons a M. Becuwe ses expressions favorites. Elles ne vaudront quelque chose que quand il les aura appuyées de preuves, quand il aura démootré que les ridicules que nous avons énumérés n'existent pas au Musée. Mais si nous voulions nous servir de ses propres phrases, nous lui dirions Savez-vous ce qui est déloyal, M. Ie conseiller C'est attaquer un écrit quinze mois après sa publica tion et suspecter les intentions de l'auteur, quand celui-ci, moissonné par la mort, ne peut plus se dé- fendre Savez-vous ce qui est inintelligent, M. le conseil ler? C'est se figurer que tout ce qui a été fait est bien fait et qu'on ne saurait mieux imaginer que la vieille routine. C'est rejeter a l'avance toutes les critiques, toutes les observations, en leur attribuant les mobiles les plus vils et les plus méprisables, dans le but com mode de ne tenir aucun comple des ameliorations qu'elles suggèrent. Savez-vous ce qui est peu sérieux, M. le conseiller C'est se persuader qu'une institution est parfaite, qu'elle n'a plus rien a améliorer, qu'elle est au-dessus de toute critique par cela seul qu'on siége dans la commission directrice. Avec semblables prètenlions, on ne réalise aucune amelioration. Ah si la direction du Musée l'avait voulu, si, au lieu de se jeter sur une foule de choses, elle avait su se restreindre, si elle avait travaillè a former un Mu sée jlamand, a quel magnifique resultat elle eüt pu atleindre dejal Que de choses, les unes curieuses, les autres prècieuses, se sont vendues depuis que le Mu-

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L’Opinion (1863-1873) | 1866 | | pagina 3