pas dire jusqu'a présent qu'on se prépare a satisfaire
les créanciers. Ces longs retards produisent une pé-
nible impression, surtout quand on pense qu'en fin
de compte il s'agit dans l'espèce d'argent déposé, la
plupart du temps, par de modestes industriels, pour
lesquels quelques milliers de francs en plus ou en
moins sont la continuation et la prospérite de leur
négoce ou bien une ruine compléte. Ces gens-la ne
sont pas assez riches pour attendre longtemps la res
titution de leur petit capital.
Nous espérons que la Commission administrative
du Crédit commercial d'Anvers Ie comprendra et
qu'elle hfttera, a la satisfaction de tous, la liquidation
de la Socièté qu'elle gère.
Le Conseil provincial de la Flandre occidentale de-
vra bientót être convoqué en session extraordinaire,
a l'effet de présenter deux candidats a la place de
président du tribunal de l,e instance a Courtrai, de-
venue vacante par la nomination de M. de Wylghe
aux fonctions de conseiller prés la cour d'appel de
Gand.
Cette cour présentera ses candidats a la dite place
en audience solennelle du 14 courant.
Chronique musicale.
Lr. Concert de M. DEWULF.
Le bouquet de la kermesse a été, de 1'aveu de tous,
le concert donné dimanche dernier par M. Dewulf, a
la Salle de Spectacle. Comment en faire le compte-
rendu d'une facon digne des artistes qui s'y sont fail
entendre? Nous voila, pauvre choniqueur, bien dans
l'embarras! Si, au moins, nous savions denos dix
doigts toucher du piano comine M. Dewulf joue de
son petit doigt seuletnent. Mais, en fait de tnusique,
nous n'avons jamais pratiqué que l'humble guim-
barde, el ce a une époque oil Mattau n'avait pas en
core découvert tout le parti qu'on peut tirer de cet
instrument fossile, ni appris a en fringuiner de pouce
de maltre. II est bien vrai que pour raisonner des
choses il n'est pas nécessaire de les tenir. Du moins
Figaro Ie dit, et lui-même nous apprendque, n'ayant
pas un sol, il ècrivit sur la valeur de l'argent et sur
son produit net. Mais il fut mis de suite en prison
pour cela, et I'exemple donne a reflechir. On n'em-
prisonne plus, il est vrai, aussi facilement de nos
jou!~s, non que I'envie manque a certains, maisparce
que la loi s'y oppose. Aujourd'hui tout est libre, jus
qu'a la sottise qui bieu souvent a Ie pas sur l'esprit et
tient le haul du pavé. Mais il y a d'autres inconvé-
nients, et le métier de chroniqueur est encore loin
d'être sans périls. Mais ou diable nous laissons-nous
entralner? Nous disions done qu'il n'est pas néces
saire de posséder les choses pour en raisonner. Cela
a fair d'un paradoxe et pourtant, toute reflexion faite,
e'est un axióme. Nous ne voulons pas même citer
comme preuve l'usage général de notre siècle, oü une
foule de gens parient et écrivent très-disertemenl sur
des sujets qu'ils ne tiennent pas même par la queue.
Oq croiraitque nous faisons de la critique et Dieu
nous en garde l Nous aimons mieux recourir au
simple lémoignage du sens commun, pas si commun
cependant qu'on pourrait le croire. Voyons done un
peu. Faut-il être un Vatel ou un Carême pour appré-
cier doctement un plat de haute saveur? Evidemmeut
non. Brillal-Savarin, qui éiait un maltre-gourmand
et qui a écril sur le gofit l'immortel petit chef-d'oeu-
vre que chacun a lu, n'a jamais reussi a faire une
omelette. It brouillait les ceufs, ce que beaucoup
savent, ntais n'arrivait jamais a la vraie omelette
classique. Sans remonler aussi haut et prendre un
exemple aussi illustre, nous pourrions citer de par
notre ville un fin connaisseur, brillanle fourchette,
qui certainement ne saurait cuire a point un ceuf a
la coque. D'oü nous pouvons conclure en toute certi
tude, arrêtanl ici les frais de preuve, que pour appré-
cier un artiste il ne faut pas être artiste soi-même.
Et notons combien e'est chose heureuse et bien dis-
posée dans l'ordre universel Si les artistes ne pou-
vaient être loués que par eux-mêmes, qui done les
louerait
Cette démonsiration a été un peu longue a venir,
un peu ennuyeuse par suite, mais enfin il la fallait
pour nous dècider a enlreprendre l'éloge de ce char
mant M. Dewulf et des artistes de ses amis qu'il nous
a procuré le rare plaisir d'enteudre et d'applaudir.
Encore n'est-ce qu'avec un sentiment de pudique hé-
sitation que nous nous hasardons a cette tache pour
laquelle nous sentons notre plume insuffisante a d'au
tres égards.
Au beau sexe le pas, comme de juste. (II paralt ce
pendant, soit dit entre parenthèses, que ce vieil et
chevaleresque adage a été tenu en oubli au concert
même. Des messieurs seraient restés assis a cölé de
leurs chapeaux usurpant, chacun, une seconde place,
et ce tout pres de plusieurs dames debout. Nous rap
portons le fait pour l'avoir ouï raconter et par devoir
de chroniqueur. Après cela, peut-être est-il faux. Les
chapeaux au moins auraient fait place d'eux-mêmes
aux dames. Un cbapeau a des formes et un bon fond
e'est chose d'ordinaire bien élevée et habituée a la
politesse. Rien que ce détail nous fait douter de
l'exactitude du fait. Fermons la parenthèse).
Au beau sexe done le pas! Voici tout d'abord
MUo V(Je crois qu'on prononce Van Boom.) de
Bruxelles. Elle a chanté 1 Air de la Favorite, une
Chanson espagnole, un Couplet frangais hors pro-
gramme et, avec M. Outtelet, le duo della Sémiramide.
Des applaudissements a tout rompre (Nos gants en
savent quelque chose.) ont salué chacun de ces mor-
ceaux. Quel magnifique talent. La voix de M"° V
est douee de toutes les qualités puissante, riche, so
nore el souple d'une souplesse qui se prête a toutes
les modulations de la gamme et de la passion. Et il
n'y a pas chez elle que la perfection de l'instrument
et l'habileté acquise de la musicienne; il y a le senti
ment, vif, profond, ému, qui mêie l'ême a la voix, le
drame intérieur la mélodie des sons, et forme la
vraie artiste d'opéra. Mais!il y a toujours un
mais.... Mais done, M"° J. Va, comme canla-
trice, un défaut, pas trop grand néanmoins et dont
bien des femmes s'accomoderaient croyons-nous.
Faut-il le dire? Ehl pourquoi pas? Est-ce que la
vérité ne doit pas être dite toujours? Et puis ce se-
rait bien le diable si M1Ie Vlisait cette chronique!
Elle n'en saura done rien el il n'y aura que demi mal,
si mal il y a. Le défaut en question, soit dit entre
nous, ami lecteur, est que M"e Vest trop
belle. Ma foi 1 voilé le mot lèché et nous ne nous en
dédirons pas. Au fait, peut-être n'est-ce rien de nou
veau que nous vous apprenons la. pour peu que vous
ayez assisté au concert. Oui, Mn° Vest trop
splendide femme elle distrait l'attention de l'oreille,
et quand elle ouvre, pour chanter, la plus gracieuse
des bouches, ce qui éclate et extasie avant les perles
de ses notes, sont les perles de sa riche denture. On
se prend a l'admirer et on se surprend par moments
la regarder chanter. Que vous en semble, souf-
Qions-nous doucement a l'oreille d'un voisin, grand
amateur du beau dans les arts. Je n'ai jamais vu
une plus splendide cantalrice, répondit-il; il s'era-
pressa d'ajouter ni entendu mieux chanter. Mais le
trailre mot vu y était et prouvait que, chez lui aussi,
l'ceil supplantait l'oreille. II en convint d'ailleurs, et
observa judicieusement qu'il aurait fallu pouvoir
metlre l'un dans l'autre. Nous n'avions pas songé a
cette cotnbinaison-la, si simple pourtant. Decidément
le bon Dieu n'a pas, lui non plus, songé a tout il n'a
pas prévu, en créant l'homme, qu'il le mettrait un
jour, par une faveur toute spéciale, en présence d'une
voix aussi merveilleusement habillée que celle de
MUe VResumons sur ce point. A part le défaut
denoncé, M11" Vest une cantatrice accomplie. Se
corrigera-t-elle jamais du dit défaut? Nous croyons
que non. Espérons la revoir pour.... voir.
Qui vienl après elle Quel est cet étranger a la
figure uiêle et expressive, au portlier et assuré?
C'est M. Outtelet, eDCore un amateur de première
force. II a chanté une aria hou/fa, Vair du siége de
Corinlhe et le duo déja mentionné. Les applaudisse
ments ne lui ont fait guère défaut non plus. M. Out
telet a une voix de barylon d'une puissance et d'une
justesse rares, et il gouverne et conduit cette voix par
toutes les difficuliés avec un talent des plus consom-
més. Rien n'égale la pureté de son chant et ['expres
sion de son jeu. Tenezl il dit si bien, que, sans jamais
avoir appris un mot d'itaiien, nousavons parfaitement
compris toutes les paroles de Varia bouffa. II s'agit
Mais a quoi bon convertir une fraiche et jolie romance
de maltre en un insipide procés-verbal de chroni
queur? Tout le monde a compris, du reste, car nous
avons reuiarqué maint gracieux minois femioin sou-
rire intelligemment a la chanson de l'artiste. El de
deux que nous voulons revoir.
Voici maintenant un lout jeune homme, un aimable
adolescent a l'air doux et inspire. II porie un nom ce-
lèbre dans les arts et qui, plus que noblesse, oblige.
C'est M. Fischer, le fils du fameux tnaitre de chapelle
que tout le monde connait en Belgique et a t'ètrauger.
C'est un élève de Servais, et il nous arrive encore
tout couvert des lauriers qu'il vient de cueillir au
Conservatoire de Bruxelles. A dix-huit ans, M. Fischer
est déja un violoncelliste des plus remarquables et
promet un digne successeur a son maitre. Pour nous,
qui ne connaissons Servais que de réputation et n'a
vons jamais entendu jouer du violoncelle que par des
serpents de paroisse, il n'a rien moins fallu que d'en-
lendre M. Fischer pour nous reconcilier avec cet
instrument réhabilité, dit-on, par Servais. Ses énormes
proportions, qui Ie meitent hors de toute comparaison
avec la guimbarde, cette harpe èolienne de nos jeunes
et déja lointaints années, nous avaient toujours in
spire une sorte de frayeur. Quand nous voyions un
soi-disant virtuose arriver armé de cette caisse a
manche, notre première idéé était toujours qu'il allait
s'en servir comme assommoir. Nous nous tenions,
craintif, sur nos gardes, et n'écoutions qu'a demi,...
quand nous écoutions. M. Fischer a exécuté une Fan-
taisie polonaise et une autre Fantaisie sur la Fille du
Régiment. Dès les premières notes, son jeu a dissipé
nos craintes et rallié a jamais nos sympathies. C'est
qu'enlre ses mains, sous ses doigts agiles et son archet
magistral, le violoncelle devient un instrument raa-
gique qui tour a tour chante et pleure, soupire et
gronde, murmure et mugit. On dirait que toutes les
harmonies de la nature et tous les sentiments du coeur
humain se sont donné rendez-vous dans ses larges
flancs, et que l'artiste n'a qu'a les toucher du doigt
pour les réveiller les unes après lesautres et les faire
résonner au gré de sou caprice. Le succès de M. Fis
cher, cela va sans dire, a été immense. II se taisait
qu'on écoutail encore, oubliant presque d'applaudir
l'oreille cette foïs prenanl sa revanche sur l'oeil. Et de
trois qu'il faudra que M. Dewulf nous ramène.
Mais que dire de M. Dewulf lui-même qui a accom-
pagné le plus souvent au piano et joué sur ce mélo-
dieux instrument, oeuvre de Berden, plusieurs mor-
ceaux de sa composition, poëtiques rêveries pleines
de parfum et de sentiment comme lui seul sait les
concevoir et les exécuter? Rien. Tout éloge serait
superflu. M. Dewulf est connu depuis longtemps, et
pour tout le monde son nom est déja synonyme de
maitre. Mais ce que tout le monde peut ne pas sa voir
et ce que nous ne voulons taire, c'est que l'artiste est
doublé du plus modeste el du meilleur des hommes,
aimant sa ville natale comme pas un, et revenant,
chaque année, donner a ses nombreux amis d'Ypres
un concert comme celui que nous venons d'ana-
lyser.
Nous serious ingrat si, en terminant, mus ne men-
tionnions le gracieux concours de la Société des Chceurs
qui, sous l'habile direction de M. Baratto, a chanté
deux chceurs avec un ensemble et une justesse que
tout le monde a applaudis.
Un joli bal a suivi le concert et achevé la soirée.
A-t-on agi avec prudence en dansant par ce temps
d'épidémie C'est ce que plusieurs se sont demandé.
Nous ne trancherons pas la question. Mais peut-on
songer au choléra quand on a vingl ans? Elles ètaient
si fraiches et si jolies toutes ces jeunes filles qui dan-
saient, vraies fleurs de lisl II nous répugne de croire
que le choléra, si terrible qu'on le dise, aurait le oceur
de les mettre sur carreau. Aucune d'elles n'est morte
jusqu'ioi. Tout au plus a-Uon observé chez deux ou
trois, dit-on, de légers accès de mélancolie ou de tendre
rêverie. Mais les médecins affirment que ce ne sont
pas la des symplómes prodromiques de l'affreuse épi
demie. Qu'est-ce que cela pourrait bien être
alors
Grêce a Dieu, nous voici a la fin de notre chronique.
Du diable si nous la relisons au journal 1 C'est assez
de l'avoir faitesi ce n'est trop pour la bonne ré
putation des artistes que nous avons enlrepris de
louer.
ACTE» OIEICIEE».
Ministère de la Justice. Ordre judiciaire No
mination. Far arrête royal du 29 juillet 1866, est
nom me
Auditeur militaire des provinces de Luxembourg
et de Namur, le sieur De Gottal, suppleautde l'audi-
teur militaire, a Gand.
Ministère de la guerre. II est accordé a chacun
des officiers designés ci-après une pension annuelle
et viagère de retraite sur l'Elat, savoir
Chirac, genèral-major, 3,200 fr.
Van Tricht, capilaine du 1le régiment de ligne,
2,040 fr.
Maclot, capilaine a l'école de cavalerie, 1,708 fr.