Cetle appreciation ne saurait plaire, nous Ie com- prenons, ceux qui ont érigé la servilitè et le mu tisme en système et qui ne demandent qu'a se cram- ponner tranquillement a l'os pour mieux le ronger. S'occupant plus spécialement de Ia fermeture des lieux publics et des manifestations qui en ont été la conséquence, la feuille doctrinaire prélend que nous excusons les perlurbateurs et faisons germer dans les masses des sentiments de jalousie et d'envie. Si ses rédacteurs savaient ou voulaienl lire, ils ver- raient que, loin d'excuser, nous avons désapprouvé les manifestations. Cela ne nous a pas empêché de trouver. avec beaucoup de personnes, que 1'admi- nislration communale avait manque d'adresse dans la confection du nouveau reglement, ni d'apprécier sévèremeut la partialitó dont elle a fait preuve pen dant la fcermesse, tolérant d'une part ce qu'elle défen- dait de I'autre. Nous maintenons lout ce que nous avons écrit a ce sujet. Quant a faire germer dans les masses des sen timents de jalousie et d'envie, nous nous garde- rions bien de perdre notre temps a une l&che im possible. Les masses apprécient trop bien les pro- messes de notre administration communale pour éprouver a leur égard le moindre sentiment d'en vie. Le Progrès se demande a quoi sert le radica lisme, ce fidéle allié du cléricalisme et qui emboile le pas de celui-ei 1! répond sentencieusement Ils se rendent des services d'amisLa bonne feuille se trompe d'adresse elle fait un lort considerable a la reputation de ses patrons. Ceux qui emboitent le pas des cléricaux et leur ren dent des services d'amis, il faut les chercher ail- leurs que dans nos rangs. Beaucoup de particula- rités intcressantes et tout récemment encore l'élec- tion de Messines les ont suffisammenl signales a l'eslime publique. Certes nos reflexions ne s'adressent nullement au Progrès que nous ne pouvons espérer ramcner a de meilleurs sentiments. Pourquoi prélendrions- nous le voir renoncer aux injures, a la calomnie, a la mauvaise foi, seuls arguments de sa polómique? Pouvons-nous exiger qu'il se suicide? Nous écrivons pour les hommes imparliaux et honnêtes qui depuis longtemps ont apprécié le Pro grès a sa vraie valeur. VlI.LE d'YpRES. Conseil communal. Séance publique du Vendredi 17 Aoüt 1866. Présents MM P. Beke, bourgmestre; P. Bour- gois, échevin Th. Vandenbogaerde, Gh. Vande- broucke, Aug. Deghelcko, P. Boedt, Ch. Ilecuwe, Gh. Lannoy, L. Vanalleynnes, L. Vanheule, Aug. Beaucourt, Aug. Uruufaut, conseiliers. Absents MM. L. Jlerghelynck, échevinEd. Car- dinael, F. Messiaen, conseiliers. Le procés-verbal est adoplé. M. le bourgmestre communique au Conseil Une demande de M"6 Anna Vereenoghe a l'effet d'oblenir la continuation du subside de 250 fr., des- tiné a lui facililer la fréquentation des cours de l'ècole normale. Le Gonseil émet d'urgence un vote approbatif. Une demande de l'inspecleur provincial de l'ensei- gnement primaire tendante a obtenir une légere mo dification au règlement de nolre école communale remplacer l'auniversairë du defunt roi. célébré le 16 décembre, par la fèle de Leopold II, le 15 novembre. Le Conseil adopte cette proposition. M. le bourgmestre rappeile que le Conseil a voté la somrne de fr. 3,500 pour les travaux d'agrandisse- ment de la maison des aliériés; la province a alloué fr. 4,500 et le département de la justice aecorde une somme de fr. 23,000 a prélevcr sur le budget de 4867. L'adminislralion des Hospices fera dresser un plan exact, en tenant comple des observations contenues dans le rapport de la commission permanente d'in- spection. Le second objet a l'ordre du jour est l'approbalion du règlement édictè par M. le bourgmestre sur la fermeture des cabarets. A ce propos, M. Beke énumère les mesures prises, dit-il, contre le cholera il donne lecture d'un rap port présenté au nom du collége. En seplembre 1865 furent mises a execution, selon le rapport, les premières mesures pour l'assainisse- ment des maisons le service des boueurs fut reor ganise des ruelles et des impasses furent repavées, des égoüts curés; quelques maisons badigeonnées. On engagea les administrations charilables a s'oc- cuper de l'amélioration du sort despauvres. Le 25 seplembre 1865 la commission d'hygiène au- nonca la visite des maisons ouvrières. Quelques res- taurations furent exócutées, d'autres remises. Les plus urgenles se firent toutes, dit le rapport, d part quelques rares exceptions. Le passage Vieren fut m- terdit par arrête du collége. Le rapport dit encore que Ia creation d'höpitaux s|)ceiaux n'est pas nécessaire, deux salles de l'höpital civil étant destinées a la reception des cholériques. En mai 1866 radministration. renouvela ses re commendations en faveur de ('observation des dispo sitions prises. Des procés-verbaux furent dressés charge de quelques propriétaires qui avaient refusé de faire les améliorations nécessaires aux habitations ouvrières; une nouvelle communication fut adressèe aux admi nistrations charilables pour les engager a distribuer aux pauvres des effets de couchageenfin, on a in- terdit la venle des fruits verts. La commission d'hygiène s'est occupée a son lour de l'assainisseraent des maisons ouvrières. Par 9 voix contre 6, elle s'est prononcéo pour le traitement des cholériques a l'höpital civil. Elle donne pour motifs que les salles sonl appropriées et isolées dés aulres locaux de l'höpital. Le cas a été prevu ott ces salles deviendraient iu- suflisanles. Un höpilal supplementaire et un lazaret pourront être élablis a l'ancien Béguinage. Une sous-commission, composée de quatre méde- eins, a été déléguée a Armentières pour étudier la marche du fléauet les mesures hygiéniques prises par l'autorité communale de cette ville. Le rapport présenté par l'un des quatre médecins énumère les principales dispositions adoptées dans cette localité L'interdiction de l'usage des fruits. L'éloignement des fumiers. Le nettoyage des égoüts. La fermeture des cabarets a 11 heures, comme moyen de eombaltre l'ivrognerie. Des distributions plus fréquenles d'alimenls, de vê- tements et d'objets de couchage faites par les adminis trations chari tables. Enfin, empêcher les agglomerations et prómunir contre l'usage des aliments nuisibles. Notre Collége éohevinal a decide de voüter l'Yperlée prés de la rue des Trèfles, de badigeonner les maisons pauvres, de faire exéeuter les travaux nécessaires a i'enclos des Riches Claires et de netloyer les ruelles et impasses. S'occupant plus spécialement des mesures prises en vue de la kermesse, M. le bourgmestre declare qu'en vertu des pouvoirs que lui confère la loi com munale, il a fait fermer a minuit les cafes, eslaminets et cabarets, que, pour éviter l'encombrement des lo- gements, il a ecarté les joueurs d'orgues et saltimban- ques en plein vent. Néanmoins un premier cas de cholera presque fou- droyant s'est déclarè et un second une violente cholerine? dans une maisonnette du Zaeihofc'est celie oü nous avons signalé l'existence de depóts d'im- mondices. Le premier malade est mort, l'autre est en voie de guérison. On a fait aérer et desinfecter les de- meures dans lesquelles ces deux cas se sont produits, brüler les effelsde couchage. L'autorisation a été ac- cordóe a tous les medecins de la ville de deiivrer des permis d'admissio'n a l'Höpital civil. Le rapport rappeile que des mesures d'assainisse- ment out été prises depuis longtemps et que des règle- ments existent sur ia salubrité publique. II dit que des travaux de pavage ont été exécutés dans des rues qui precédemment en ètaient dèpourvus. Parmi les projets d'avenir formés par le Collége échevinal, il cite, outre la fermeture de l'Yperlée, la construction d'un egoüt s'étendant de Ia porte de Dix- mude a l'Abattoir et d'un second rue des Boudeurs, En troisiènie lieu, la creation d'une deuxièrae salie d'asile dans le quartier S. Pierre. Le Conseil approuve d'urgence les dispositions prises par M. le bourgmestre pour Ia fermeture des cabarets et charge sa lro commission eelle du con- tentieux de la confection d'un règlement dèfinitif sur la matière. M. Vandebroucke fait observer que l'amende de 10 a 15 francs est trop forte il préférerait laisser plus de latitude au juge en échelonnant cette amende de 1 a 15 francs. M. Vanheule propose l'impression et la distribution immédiate du rapport échevinal et son insertion dans le rapport général sur le& affaires.de la ville. Le Con seil adopte cette proposition. L'honorable membre fait remarquer que, si, parmi les dispositions énumérées, quelques-unes sont pro- visoires et destinées a disparattre avec la cause qui les a fait ualtre, d'autres devront être maintenues. Nous ne pouvons qu'approuver la resolution prise par le Conseil de publier le rapport. Une administra tion qui s'étale au grand jour a toutes nos sympathies et nous regretlons qu'il n'eit ait pas été loujours ainsi prècédemment. Mals peut-étre le Conseil est-il décidé a entrer dans une meilleure voie et a ne plus per- mettre que i'avenir ressemble, sous ce rapport, au passé A voir Ia longue et complnisanle énumèralion des travaux faits et a faire, de ceux en pro'et et de ceux en voie d'exéculion, des resolutions d'avenir et des propositions adoptées, on doit se dire que nous som mes a tout jamais preserves des épidémies. Loin de nous la pensée de diminuer en rien la part qui pourrait revenir au collége échevinal dans I'orga- nisation des precautions hygiéniques, mais nous ne sommes pas gens cependant a nous laisser aveugler par In poudre qu'ou tenterail de nous jeter aux yeux. II nous faut autre chose qu'une longue et brillante no menclature de promesses. Voyons la réalilé. Nous rappelant la déplorabie incurie dont noire administration communale a fait preuve, il n'y a pas longtemps, pendant Ie règne de la variole qui a fait tant de viclimes dans nos rnurs, il nous est difficile d'imaginer que cette administration soit devenue su- bitement un modèle d'activité et de zèle. Et d'abord quand nous exarainons l'origine des améliorations, nous voyons que l'honneur en revient surtouta la commission d'hygiène qui les a proposées. De son cóté, le collége, qui avait négligé pendant un grand nombre d'années de réunir cette commission, a le mérite, un peu tardif, il est vrai, d'avoir compris que les lumières du corps médical peu vent lui être fort utiles et il se fera sans doute un devoir doréna- vant de consulter régulièrement cette commission, même lorsque le cholera aura disparu. A l'administration communale incombe aussi ('obli gation de surveiller ['execution des mesures adop tées. Comment s'est elle acquitlée de cette obliga tion? Dans quel état de malpropreté et d'insalubrité se trouvait la ville? II suffil, pour s'en faire une idèe, de connaitre les rapports des sous-comites composes de conseiliers et de médecins, chargés de visiter les divers quartiers pauvres. Les fails consignés dans ces rapports étaient si navrants et si hideux tout a Ia fois qu'on n'a jamais osé les publier I La presse, soutenue par l'opinion publique, n'a cessé de faire entendre les reclamations les plus éner- giques. 11 a faltu la triste experience de la varioie pour qu'on se decidat a mellre la main a l'oeuvre. Quelques maisons out éte depuis badigeonnées, d'autres interdites pour cause de delabrement. Le service des boueurs a eté réorganisé, dit-on. Ce ser vice étaitnul; il a falUx leereer. Et veut-on savoir comment il marche encore aujourd'hui? Nous avons déja signalé les joncs de Ia pro cession qui ont séjourné pendant trois jours dans quelques rues. Voici un autre faitun lapin en putrefaction a éte vu, pendant quatre jours, au milieu de la rue des Trèfles. Le ser vice des boues doit-il se faire dans les petites rues moins que dans les grandes Et puisque nous sommes a signaler les négligences, disons encore que pas plus tard que samedi une ni- ehéede neuf lapins morts était jetee dans un des mas sifs de la promeuade, derrière Ie couvent des dames irlandaises. La police venail de passer a cöté. Ne l'a- t-elle pas vue On revendique presque comme un titre de gloire d'avoir fait paver quelques ruellesII nous semble qu'on devrait plutöt rougir de confesser qu'une partie quelconque de nolre ville soit restée jusqu'a ce jour a l'état de mare boueuse. Le rapport nous apprend que des règlements de sa lubrité existent depuis longtemps a Ypres. On ne s'en serait pas douté en parcourant la villemais, s'il en est ainsi, l'administration est doublement coupablede les avoir laissé tomber en désuétude. Nous ne saurions assez le répéter, les meilleurs rè glements demeurent inefficaces ici paree que l'admi nistration, qui ne procédé que par faveurs et par pri-

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L’Opinion (1863-1873) | 1866 | | pagina 2