romaine. Mais, sous l'empire de nos institutions ac-
tuelles, comment comprendre que la loi reconnaisse
des fêtes religieuses? Cette reconnaissance implique
nécessairement celle du culte qui les a instituées, ce
qui est directement en opposition avec le texte et
l'esprit de notre Constitution, qui proclame la liberte
de tous les cultes, sans privilége légal pour aucun
d'eux.
Nous comprenons et nous respectons les motifs de
convenance qui ont inspiré les auteurs du nouveau
Code pénal. L'échafaud dressé au milieu des solenni-
tés d'une fête nationale ou religieuse serait, en effet,
un spectacle doublement odieux, contre lequel pro-
testerait unanimement le sentiment public. Mais cette
considération, si puissante qu'elle soit, ne saurait
justifier la violation manifeste de nos principes
constitutionnels. II n'y a pas, d'ailleurs, que les
fêtes religieuses ou nationales qui réclament la sus
pension des arrêts de mort. Le sentiment public ne
serait-il pas également heurté, et plus violemment
encore, si l'exécution avait lieu un jour de kermesse
ou le mardi-gras?
On peut, pensons-nous, s'en remettre avec con-
fiance, a la discretion des parquets, pour épargner
aux populations de semblables spectacles dans le mo
ment oft elles se livrent a des réjouissances religieuses
ou autres et la loi n'a que faire en pareille matière,
surtout quand elle serait une dérogation a des prin
cipes que nous devons avoir a coeur de mainlenir a
1'abri de toute atteinte.
Le bruit court en ville qu'une action en calomnie
sera inlentée sous peu au Progrès par quelques mem
bres de la Députation permanente, a l'occasion des
iguobles insinuations que ce journal a publiées a l'a-
dresse des nouveaux élus.
Ces rumeurs, dont il nous est impossible de contró-
ler 1'exactilude, nous espérons qu'elles ne se confir-
meront pas et nous ne voudrions certes pas en cette
circonstance, l'exemple du Progrès, nous faire le dé-
nonciateur d'un confrère.
II nous semble d'ailleurs que l'accueil fait par le
public a la plupart des articles de ce journal venge
suffisamment les intéressés des lêches iusultes de ce
digne émule du Jaer 30.
Depuis quelque temps surtout, le Progrès joue de
malheur. Les rectifications et les démentis pleuvent
sur lui comme les coups de béton sur l'ane de Martin.
Passe encore si ces désagréments provenaient des
cléricaux, on se croirait en droit de les dédaigner.
Maibeureusement ce sont Iesjournaux du libéralisme
le mieux éprouvé qui s'en font l'organe.
Le lecteur n'a pas oublié les vertes semonces in-
fligées par le Journal de Bruges aux grossières incon-
venances du rédacteur du Progrès. Voici le désaveu
qu'envoie a ce journal une autre feuille libérale, Im
partial de Bruges
Dans son numéro du dimanche 12 aoüt courant, le
journal le Progrès d'Ypres, reproduit un commentaire du
journalla Patrie de Bruges, au sujet de l'arrèté ministé-
riel qui fixe au 10 de ce mois, l'ouverture de la chasse au
gibier d'eau dans cette province.
A cette occasion le Progrès dit que M. le ministre de
l'intérieur fixe les époques d'ouverture et de fermeture de
la chasse, sur les propositions des députations. Cette feuille
ajoule que si ses renseignements sont exacts, l'ouverture
n'aurait été proposée dans la Flandre occidentale que pour
le 25 de ce mois. Enfin, le journal termine en disant que si
en fixant celle ouverture au 10. M. le ministre de l'intérieur a
réparé quelque chose, c'est tout au plus, une boulettc de la
députation.
Nous croyons être en mesure de déclarer que dans cette
affaire il n'y a lieu de faire intervenir ni la députation ni une
autorité provinciale quelconque.
Le fait est que l'arrèté du 21 juillet 1866, permettant
dans toules les provinces, sauf dans la Flandre occidentale,
4 dater du 1« aoüt, la chasse au gibier d'eau dans les marais
et le long des fleuves ou rivières a été pris par M. le ministre,
sans que la députation ou une autorité provinciale ait été
consultée ou entendue 4 eet égard.
Loin d'avoir proposé le 25, pour l'ouverture de la chasse
au gibier d'eau, la députation non-seuleinent n'a pas été saisie
de cette question, mais encore jusqu'4 ce jour ce collége n'a
pas été officiellement appelé 4 émettre un avis sur l'époque
de l'ouverture de la chasse en plaine et au cbien d'arrêt et de
celle 4 courre, 4 cor et 4 cri.
Le Progrès s'est-il réellement Irompé de bonne foi
en publiant ses réfiexions, comme sernble le croire
1'Impartial par un excès de politesse? On est tenté de
croire que non en voyant le soin que prend la feuille
yproise pour cacher la vérilé a ses lecteurs.
A propos de la réforme électorale en Belgique, la
Patrie, de Paris, publie les documents statistiques
suivants dont nous de pouvons vérifier l'exactitude
mais qui semblent exacts
D'après Ia loi électorale aetuelle, le nombre des électeurs
pour l'année 1864 a été établi, en chiffres ronds, de la ma-
nière suivante
Électeurs communaux 225,600.
Électeurs provinciaux 109,250.
Électeurs pour les Chambres législatives 105,750.
Ainsi 105,000 électeurs décident de la majorité dans le
Parlement, et par conséquent du choix des ministres et de la
marche du gouvernement.
Voyons maintenant 4 combien s'élèverait ce nombre, grace
4 l'introduction du suffrage universel. Le dernier recense-
ment général, celui de 1856, fixe le total de la population
masculine, en Belgique, 5 environ 2,272,000.
Les individus 4gés de moins de 21 ans et les incapables
peuvent être estimés 4 environ 1,072.000.
Resterait done en chiffres ronds 1,200,000 électeurs.
La conclusion que la Patrie tire de ses chiffres,
c'est que si l'égalité absolue des droits politiques
était introduite en Belgique, il y aurait douze fois
plus d'électeurs pour les Chambres législatives, et
six fois plus d'électeurs a la commune.
M. le ministre de l'intérieur vient d'adresser aux
gouverneurs des provinces une circulaire relative au
choléra, qui porte a la connaissance de ces fonction-
naires un rapport présenté au ministre par le conseil
supérieur d'hygiène publique. Le ministre appelle
['attention des gouverneurs sur un passage de ce
rapport, qui recommande spécialement l'organisation
de comités sanitaires ou desecours et la désinfection
préventive des matières susceptibles de produire des
miasmes.
II les engage a faire leurs efforts pour généraliser
l'existence de ces comités et pour que leur nombre
soit en rapport avec l'importance de chaque localité.
La commission médicale provinciale de la Flandre
oriëntale a communiqué aux journaux de la ville de
Gand l'avis suivant
Depuis l'invasion du choléra,de aombreux remèdes,
quelques-uns inoffensifs, d'autres doués depropriétés
réellement actives et pouvant par conséquent devenir
dangereux, ont été annoncés par la voie des jour
naux et des affiches.
Bien des personnes sur la foi de ces annonces, et
trompées par des assertions intéressées et des pro
messes menteuses, ont fait usage de ces médicaments
et négligé d'appeler un médecin en temps opportun.
La commission médicale, convaincue que les avan-
tages de toute médication dépendent 1° de Impro
priation exacte du remède au degré et au caractère
de la maladie 2° de son administration en temps op
portun, prévient le public qu'il est dangereux de se
fier a une médication quelconque sans une constata-
tion préalable de la maladie que si quelques-uns de
ces remèdes ont pu recevoir, dans certains cas déter-
minés, une application utile, il n'en est pas un seul,
dont on puisse impunément faire usage dans lous les
cas.
Ville d'Ypres.
Conseil communal.
Séance publique du Samedi 7 avril 1866
Présents MM. Beke, bourgmestre P. Bourgois,
L, Merghelynck, échevinsTh. Vandenboogaerde,
Aug. DeGhelcke, Ch. Becuwe, Ch. Lannoy, L. Vanal-
leynnes, L. Van Heule, F. Messiaen, Aug. Brunfaut,
conseillers.
Absents MM. Ch. Vandebroucke, Ed. Cardinael,
P. Boedt, Aug. Beaucourt, conseillers.
Le procés verbal de la précédente séance est adopté.
M. le president donne communication au Conseil
1° de l'envoi des comptes et budgets de la Société des
Beaux-Arts et de l'Atelier modèleces documents
sont renvoyes a l'examen de la Ir" commission;
2° d'une lettre de la fabrique de l'église S. Pierre de
mandant que la commune, la province et l'Etat se
chargent d'intervenir dans les frais du nouveau plan
d'achèvement de la tour. M. Vau Ysendyck, architecte
qui a succédé a M. SchoonejaDS, voudrait qu'on em-
ployêt dans la reslauration de la tour et la construc
tion de la Qèclie, des pierres de montagne au lieu de
briques blanches, de la une augmentation dans les
Par suite de l'excessive abondance des matières, plu-
sieurs séances du Conseil communal n'ont pu être reproduites
en temps opportun. Nous combierons successivement ces la
cunes dans l'espoir d'être agréable 4 ceuxque les travaux de
notre administration locale intéressent particulièrement.
dépenses de fr. 9,037 25. L'examen de cette demande
est renvoyé a la l'e commission.
Le Conseil s'occupe de la comptabilité de la Salie
syphilitique, de celles du Bureau de bienfaisance et
des écoles gardiennes.
M. le bourgmestre donne lecture du rapport dressé
au nom de la 1commission chargée de l'examen de
la comptabilité de la Salie syphilitique
Ce compte est arrêté pour l'exercice 1864 comme
suit
RecettesFr. 3,878 55
Dépenses1,979 47
ExcédantFr. 1,899 08
Le budget de la raême institution pour 1866 est
présenté avec la balance suivante
Les recettes sont évaluées a. Fr. 3,445 00
Les dépenses a2,836 00
L'excédant prévu s'élève done a
la somme deFr. 609 00
Conformément aux conclusions de la 1™ commis
sion, le Conseil approuveces compte et budget.
M. Vanheule présente, au nom de la l" commis
sion, le rapport sur le compte du Bureau de bienfai
sance pendant l'exercice 1864.
Les recettes ordinaires se sont
élevées aFr. 86,861 84
Les recettes extraordinaires, a. 24,529 00
Total Fr. 61,390 84
Les dépenses tant ordinaires
qu'extraordinaires, 50,339 00
ExcédantFr. 11,051 84
La liste permanente des indigents, c'est-a-dire de
ceux ayant droit a toutes les distributions, s'estélevée,
en moyenne, pendant les quatorze dernières années,
a 2,361Le chiffre le moins élevé a été de 2,128 en
1859 et le plus élevé de 2,900 en 1854.
La liste secondaire ne comprend que les ménages
inscrits dans le cours de l'année et ceux qui ne sont
secourus que pendant la saison rigoureuse. La moyenne
de cette liste, pendant la mème période, a été de 824.
La liste la moins élevée a été de 758 en 1853, et la
plus élevée de 900 en 1858.
Indépendamment du produit de l'exonération de
fondations et des distributions de pains a l'occasien
de services religieux, il a été distribué en 1864
En argent et combustibles. Fr. 19,016 95
Eu habillements et literies. 6,064 69
Total Fr. 25,081 64
L'honorable rapporteur démontre que les services
rendus par les bureaux de bienfaisance ne sont pas
en rapport avec les ressources dont ils disposent. Ha
bitué a recevoir sa part comme un revenu fixe, l'in-
digent l'escompte d'avance, et la majeure partie des
ressources sont annuellement englouties comme dans
un gouffre un besoin actuel est partiellement satis-
fait, mais l'avenir ne profile presque t ien, et la liste
permanente ne subit d'autre mouvement que celui
d'une fluctuation peu sensible qui laisse toujours, les
mains tendues, un nombre d'indigents considérable
eu égard au chiffre total de la population.
Après avoir émis d'autres considérations tout aussi
sensées sur l'exercice de la bienfaisance et avoir exa-
miné la question de l'opportunité de créer, par pa-
roisse, des comités de charité pour la vigilance des
ménages indigents et la distribution des secours, le
rapporteur conclut a l'approbation du compte.
A peine la lecture du rapport terminée, MBecuwe
demande la parole. II proteste avec une chaleur et une
animation qui ne sont pas dans les traditions des corps
dèlibéranls contre une assertion inexacte, d'après lui,
contenue dans le rapport. II y est dit que les membres
des bureaux de bienfaisance, par suite de leurs occu
pations et du grand nombre d'indigents, se trouvent
parfois forcés de se baser, soit pour l'inscriplion sur
les listes, soit pour la distribution des secours, sur Ie
rapport de gens salaries qui n'ont ni le discernement,
ni l'esprit de charité, ni le prestige indispensables
pour faire produire a l'aumóne les bienfaits qu'on est
en droit d'en altendre. S'il faut l'en croire, cela est
contraire a ce qui se pratiqueles membres du Bu
reau de bienfaisance se mettent directement en rap
port avec les indigents et ne se rapportent aucune-
ment soit pour dresser les listes, soit pour distribuer
des secours, a leurs domestiques. Ils visitent eux-
mêmes les pauvres, ils ont des jours d'audience oü les
pauvres viennent exposer leurs besoins et ils ne se
servent de gens salariés que pour ce qui constitue la
besogne de domestiques.
M. le bourgmestre dit que, dans le rapport, on si-