vernent aujourd'hui se montraient partisans de l'un et adversaires de 1'autre. Qui ne se souvient qu'il y a cinq ou six ans, il n'y avait qu'une voix, même parmi les doctrinaires les pins endurcis, pour réclamer le vote par ordre alphabétique? Qui re sait que l'exclusion du clergé fut un des voeux les plus énergiquement exprimés par le Congrès libéral Alors, nous le croyons volontiers, Ie Progrès, fidéle au mot d'ordre, fesait chorus avec les doctrinaires. Mais depuis que le ministère a rejeté le vote par ordre alphabétique et écarté la révision de la loi de 1842, nous doutons fort que Ie Progrès ait soufflé le plus petit mot. Si nous nous trompóns, qu'il nöus rectifie et nous lui fe- rons volontiers amende honorable jusque lè, nous tiendrons pour certain que ce journal indépendant a pris soin de garder le silence sur ces deux ques tions du jour oü il s'est aper^u qu'il allait déplaire au ministère. Mais voici qui est plus curieux paree que nous refusons d'obéir au mot d'ordre et de changer d'avis au gré de la petite coterie yproise, nous sommes des brouillons et de faux iibéraux. Ces messieurs trouvent tout simple de n'avoir sur toutes choses qu'une opinion de circonstance et paree qu'il ne nous platt point de penser corame eux, ils se croient en droit de nous injurier dans un style d'excommunication majeure. Dans leur orgueil, ils vont jusqu'è se croire invulnérables et se comparent sans vergogne au pol de fer de la fable. Pots de fer, soitmais gare la rouille Aux illusires et savants rédacteurs dn PROGRÈS. Le Musée d'Ypres a trouvé un nouveau défenseur dans la prose du Progrès. Ce journal, qui ne s'est guère oceupé de nos collections jusqu'iei et qui nous semble les connaitre fort peu, fait tout a coup grand bruit d'une série de jetons acquise sur les fonds du Musée. Nous ne nous livrerons pas a un enthousiasme de commande et nous attendrons pour juger la nou velle acquisition que nous ayons eu occasion de la vair. Nous en dirons autant de la. série de monnaies of fertes par M. Alph. Yandenpeereboom et des nou- velles poteries romaines promises. Ces poteries sont- elles de la familie de celles que la commission a mise suf le compte de la générosité particulière de notre représentant quoique, provenant des fouilles de Ton gres, elles soient en réalité un don du gouvernement. Nous verrons bien. Mais le tapage du Progrès nous fait songer involontairement au vers latin Timeo Danaos et dona ferentes. Dés a présent cependant nous pouvons nous réjouir d'une chose, c'est de voir la commission entrer dans la voie des achats. Un rapport officiel, luen séance du Conseil communal, constatait tout récemment encore qu'un boni avait été réalisé sur les deux derniers exercices par l'administration du Musée paree qu'au- cune acquisition nouvelle n'avait été faile pendant ces exercices. Nous avons désapprouvé cette facon de thésauriser, heureux si nos observations ont eu pour effet d'appeler ['attention de la commission sur ce fait. Néanmoins le Progrès, qui a une facon sui generis d'apprécier les choses, félicite la commission de persévérer a marcher [sic) dans la voie qu'elle s'est tracée depuis longtemps. Nous persistons a croire, au contraire, que la commission méritera d'aulant plus d'éloges qu'elle s'écartera plus radicalement de l'ancienne voie tracee par elle. Et c'est sans doute paree que nous avons eu l'audace de ne pas trouver parfaite en tous points l'arche sainte qui abrite sous son toil, pour la plus grande admiration de la posté- rité, un jeune et ridicule blason étalé par la vaniteuse prétention d'un nobillon plus ridicule encore, que le Progrès, personnellemenl piqué, appelle nos reflexions d'ignares et envieuses récriminations. Envieuses de quoi? Dece blason, risible empreinte de cire éta- lée par une sotte gloriole plus risible encore? Au surplus, puisque nous sommes ignares, veuil- lent bien nonséclairer les illustres savantsqui ródigent le Progrès. Qu'ilsnous apprennent quel s-stème pre side a la classification des médailles et des monnaies, a l'arrangement du Musée en général. Qu'ils nous enseignent la valeur scientifique de cette chevelure de nègre et de ce spècimen d'eau pè- trifiee, du Morbihan. Eux que les lumières entourenl et illuminent, ils ne sauraient être embarrassés de ces simples ques tions. Et puisqu'ils sont si bien informés de toutes choses, qu'ils nous disent done aussi quand le Musée sera dotè d'un catalogue qui puisse être utile aux visiteurs, dont les numéros d'ordre correspondent aux étiquettes collées sur les objets et dont les divisions, raisonnèes et raisonnables, soient dignes de cette science dont les rédacteurs du Progrès sont les brillants apótres. Qu'ils informent en outre le public de ce que sont devenus les deux objets d'art disparus pendant la kermesse? Celui-ci pourra se faire une bonne idéé dé la surveillance que la commission fait exercer au Musée Ce n'est pas trop demander des hommes éclairés qui pullulent. a la rédactiön du Progrès. Obtiendrons- nous une reponse catégorique a nos questions? Nous craignons bien que non, II en sera de ceci commedu fameux bureau radical prétenduement sens dessus dessous. Faisant la sourde oreille, le Progrès s'illus- trera de rechef par sonsilence. Encore Ie Rapport de AIM. les administrateurs du Rureau de bienfaisance. La charité publique ne résiste pas a l'esprit de progrès. Nousn'avons pu résister non plus a l'envie de relire le rapport du Bureau de bienfaisance publié dans notre numéro de dimanche dernier. Quelle meilleure occupation, d'ailleurs, par ce temps de pluie et de vent oü l'ennui s'installe a voire foyer comme un vieux doclrinaire dans son fauteuil? Mais cette se conde lecture ne nous a pas seulement procuré une agréable distraction, elle nous a fait encore mieux comprendre l'esprit du document et la valeur logique de son argumentation. On sait, du reste, que ceci est un avantage de l'impression même. Nombre d'écri- vains'ne jugenl leur oeuvre que sur première épreuve c'est alors seulement qu'ils en saisissent bien les dé- fauts el les qualités. Si les auteurs du fameux rapport sont de ceux-la, ils doivent, comme nous, être dans l'extase depuis que leur prose a revêtu la lettre mou- lée. Or done, le rapport se termine comme suitNous prions le Conseil communal de croire que la charité h publique ne résiste pas a l'esprit de progrès. Ces quelques mots (qui s'en douterait une pre mière lecture du manuscrit?) ces quelques mots, di sons-nous, modesteraent rejetés a la fin, sont la clef de tout le rapport ils èclairent tout, expliquent tout, résument toutils sont le principe; tout le reste n'est que conséquence et application. C'est a quoi nous n'avions pris garde d'abord et voila comment nous avons été in'duit en erreur, prenant pour évidente contradiction ce qui n'était qu'une relation intime de moyens et de résultats. Ainsi nous nous évertuions a mettre en regard ces deux allègations de messieurs du Bureau l'une, par laquelle ils font savoir qu'ils ne vont jamais qu'une fois au domicile de l'indigent, his- toire de faire sa connaissancel'autre, par laquelle ils affirment connaitre néanmoins parfaitement quels sont les ménages d'ordre et de propreté. Aveugle que nous étions de prétendre que ces dires étaieut en conflit manifeste 1 Plus aveugle encore que ceux qui, entêtés d'un système, les conciliaient par ['interven tion d'employés subalternes qui seraient les vrais maïtres des pauvres! Ehn'est-il pas clair que cetle connaissance de la tenue des demeures, acquise sans les visites a domicile, est un des effets naturels et nécessaires du Progrès dans la charité publique? A quoi servirait ce progrès, disons mieux, quel pour- rait-il être s'il n'était en partie cela même? Nous disons en partie, car il se compose de diverses iner- veilles, et il y a d'aulres combinaisons qui, tout en paraissant aussi contradictoires, sont marquées néan moins au coin du vrai génie pratique. Quoi de plus absurde, par exemple, en apparence, bien enlendu, toujours en apparence, que de s'abstenir, d'une part, d'ailer visiter l'indigent par respect pour l'homme, et de contraindre 1 'indigent, d'aulre part, humilier en core sa délresse en l'exposant au grand jour des dis tributions générales et publiques? Quoi 1 serait-on ten té de crier a première vue, quoi I vous respectez l'homme que la misère oblige a vous lendre la main, au point que vous n'allez pas chez lui, crainte de l'hu- milier, de le rabaisser, deparaitre vouloir l'asservir I Et ce même homme, roi en sa demeure, comme vous dites, vous le forcez mendier en public, s'abaisser aux yeux de ses pareils, a boire sa honte pour soula ger sa misère? Mais oü done est la logique? oü la rai- son oü l'humanité Fausses apparences et notes so- nores que tout cela I Le Progrès dans la charité ex- pliqoe clairement la chose. II y a, dans Ie pauvre,deux individualités distinctes. G'est ce qu'a révélé une sa- vante analyse chimique faite„il y a quelques années, par un administrateur en même temps très-habile expert. II y a Vhomme et 1'indigent. Dans les relations du pauvre avee le Bureau, c'est Vhomme qui se montre, parfois importun, il faut le dire, comme tout ce qui souffre. Get homme, on le doit respecter, ne pas courir chaque instant chez lui oü il est foir ni l'assujettir a faire lui-roême dé fréquentes visites chez ceux qui administrent son bien et qui sont aussi rois chez eux. Ainsi le veut le principe de la dignité humaine. Dans les rapports avec la caisse, c'est 1 'indigent qui apparait, parfois vicieux autant qu'un riche, c'est vrai, mais souvent honnêle, et honteux de devoir a l'assistance publique un pain que son travail ne peut lui procurer. Le Roi est devenu simple gueux, et ce lui-la, il est permis de l'humilier; il le faut humilier même. Ainsi l'exige l'intérêt de Ia caisse. Si la honte l'emporte, peut-être mourra-t-il de faim. Mais ce qu'il n'aura pas recu restera disponible et pourra servir a contenter la misère d'un autre indigent moins scru- puleux et moins délicat. Est-ce clair ou non? Autre effet du ProgrèsLe législateur, pour bonnes raisons apparemment, a voulu que les secours fussent distribués a domicile, et, a cette fin, a present que, dans chaque commune peuplée de plus de 2,000 ha bitants, il fut établi, par les soins des Bureaux et sous la surveillance des bourgmestre et échevins, des co mités de charité pour faire les dites distributions. (Art. 92, loi comm.) Or, il est démontré que c'est lè une théorie creuse. A part la nécessité d'humilier Vin- digent tout en respectant l'homme, il y a une foule de raisons aujourd'hui reconnues péremploires pour ré- pudier ce système. II y a, entr'r.utres, la rivalité parmi les administrateurs et la jalousie parmi les ad- ministrés, ou, si l'on veut, la rivalité parmi les admi- nistrés et la jalousie parmi les administrateurs. II y a l'absence de citoyens indépendantsEt, plus que tout cela, il y a, voyez le mauvais cóté dans tout son jour que les visiteurs se laissent tromper par des besoins factices et apitoyer par des apparences vicieuses. Evi- demment cela ne saurait être toléré. A quoi bon d'ail leurs les visites a domicile lorsque, grace a I 'esprit du progrès, on peut, sans cela, connaitre l'intérieur des maisons, la tenue des habitations, les habitudes d'ordre et de négligence, de propreté et de malpro- preté, dé régularité et de vice A rien, cela va de soi. Les administrateurs, dans cette situation, ne doi vent avoir qu'un souci, celui de se prémunir contre tout sentiment de pitié que pourrait éveiller en eux la vue intuitive de ces misères a distance. Mais le cas sera rare, il faut en convenir. Ils se soustrairont aussi aisément a toute velléité d'oppression, et ce n'est pas chez eux qu'on rencontrera, par exemple, des refus de secours, paree que l'indigent envoie ses enfants a telle école plutót qu'a telle autre. Gela est bon pour les Paulistes. On le voit, le Progrès dans la charité explique tout, concilie tout et rend toutes choses possible. II a créé de plus un mode de preuve nouveau, par lequel, a l'aide de simples allègations, on peut prouver toute sorte de choses même a des gens incrédules. II ne lui resle a peine que deux petits points a réaliser' pour atteindre la perfection c'est de soustraire la bienfai sance et ceux qui I'administrent a tout contróle de l'autorité, et a fermer la bouche aux journalistes assez osés pour se permettre d'user du droit d'examen et de critique. On y arrivera, car le plus fort est fait. La grande abondance des matières ne nous a pas permis de publier plus tót l'intèressant article qui suitnous nous faisons un véritable plaisir de le communiquer aujourd'hui a nos Iecteurs. Jugez l'arbre a ses frails. Les résultats du concours général établi pour 1865- 1866, entre les élèves des établissements consacrés l'enseignement moyen, sont eonnus. Ces joutes magnifiques, auxquelles prennent part les jeunes gens les plus distingués des colléges laïcs et épiscopaux, patrónés par l'Etat, sont closes. L'importance des institutions dont les champions

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L’Opinion (1863-1873) | 1866 | | pagina 2