JOURNAL D'TPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, Ilimanche
Quatrième année. 40.
Octobre 1866.
Le tout payable d'avance.
Paraissant le dimanche.
.luuwm
PK1X M'ABOAMEMEMT
POUR LA BELGIQUE
8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre.
Pour l'Etranger, Ie port en sus.
Un Numéro 25 Centimes.
PRIX RES A li CHOICES
ET DES RECLAMES
ÏO Centimes la petite ligne.
Corps du Journal, 30 centimes.
Laisser dire, laisser-vous bl&mer, mais publiez votre pensée.
On s'ctbonne a Ypres, au bureau du Journalchez Félix Lambin, imp.-l
rue de Dixmude, 55.
On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres
ou envois d'aryent doivent être adressés franco au bureau du journal.
Ypres, o Octobre
Le Progrès garde le silence. C'est bien le moins, ce
pendant, quand nous avons si complaisamment ré-
pondu toutes ses demandes d'explicalion, qu'il satis-
fasse, a son tour, a notre legitime curiosité. Peut-être
lui avons-nous fait des conditions de polémique trop
dures en lui demandant d'en bannir les injures et les
grossièretés de plume qui sont dans ses traditions. Si
telle est la véritable raison de son mutisme, nous croi-
rions manquer aux lois d'une discussion loyale, en in-
terdisant a notre adversaire l'usage des seules armes
qu'il ait en sa possession. Nous autorisons done le
Progrès a nous accabler d'injures, a la condition qu'il
nous sera permis de n'y pas répondre. Voila, sans
doute, qui va mètlre le Progrès parfaitement a l'aise
etses abonnés peuvent s'atlendre pour dimanche pro-
chain a un magnifique article de fondde bouteille.
LIndépendance entreprend une nouvelle campagne
contre la loi de 1842. La tentative est louable assuré-
ment; mais, pour parler franchement, nous n'avons
aucune confiance dans sa réussite.
Que la loi de 1842 viole le principe de ia séparation
de l'Eglise de l'Etat; qu'elle reconnaisse au clergé ca-
tholique une autorité que la Constitution lui dénie;
qu'elle ait engendré et qu'elle engendre encore tous
les jours de très-graves abus, c'est ce que les libéraux
ministériels ne songent pas a contester. Vindépen
dance n'en dira jamais tant la-dessus qu'ils n'en
pensent davantage. Mais, quanta espérer qu'ils pro
posent jamais la revision de ce détestable régime,
nous tenons cela pour tout a fait chimériqae.
Vindépendance en est aussi bieu convaincue que
nous. Aussi prend-elle soin de déclarer qu'elle compte
beaucoup, pour Ie triomphe definilif de sa' thèse, sur
le concours des associations libérales el de la presse.
La presse independente ne fera pas défaut el Vin-
dépendance a pu constater, dés le début de sa cam
pagne, qu'il n'y avait dans le journalisme libéral
qu'une seule voix pour réclamer avec elle la revision
de la législation de 1842. Mais si elle compte trouver
le même appui parmi les associations, nous croyons
qu'elle se troinpe. Ce n'est pas la première fois qu'il
est fait appel aux associations libérales ce n'est pas
la première fois que leur initiative est mise en requi
sition d'agir sur l'esprit de leurs mandataires.
Vindépendance pourrait mieux que nous rappeler
les differentes circonstances dans lesquelles elle-même
elle a poussé les associations a intervenir activement
dans la vie politique. A-t-elle jamais réussi? Nous ne
le pensons pas. Toujours, pour autant qu'il nous en
souvienne, les associations out fait Ia sourde oreille a
ses exhortations et l'appel qu'elle leur adressait est
resté sans résultat.
C'est qu'en effet, les associations, telles qu'elles sont
organisées aujourd'hui, sont condamnées a l'impuis-
sance livrées aux mains de quelques meneurs inté
ressés a les tenir a l'écart du mouvement politique,
emprisonnées dans des règlements qui tuent toute
initiative, elles ne donnent signe de vie que le jour
des élections et encore, ce jour-la, le terrain a-t-il été
si bien préparé d'avance, que leur róle se réduit, le
plus souvent, a entériner sans discussion les resolu
tions arrêtées par les meneurs. Si VIndépendance
doute de l'exactitude de nos assertions, elle pourra
s'en convaincre par la lecture du reglement de l'Asso-
ciation libérale de notre arrondissement, un vrai
modèle de genre, et s'éclairer ainsi sur les chances de
l'appel qu'elle vient d'adresser aux associations libé
rales du pays.
Correspondance particuliere de l'OI'IHIOV.
Bruxelles, 5 Oelobre.
Dans ces derniers temps, quelques journaux beiges
ont annoncé qu'on interpellerait dans la prochaine
session le gouvernement sur la question de savoir
quelles loisd'avant 1830 il considérait encore comme
non abrogées par la Constitution.
Ces journaux ont versé dans une singulière erreur.
U n'appartient pas plus au gouvernement qu'aux
Chambres de decider si une loi existe, oui ou non, de
droit. Cette question relève exclusivement du pouvoir
judiciaire.
Est-ce a dire qu'en présence de l'incertitude qui
règne dans cette importante matière il n'ait rien a
faire? Point. II est avéré que plus d'une fois même
notre cabinet libéral actuel emprunta des armes a
l'arsenal des vieilles lois de l'Empire et même aux lé-
gislations plus anciennes. Je n'ai qu'a rappeler les
aveux du ministre de la justice, M. Tesch, en matière
de législation relative aux étrangers.
C'est la évidemment chose facheuse. Je dirai plus
c'est un vrai danger pour la liberté.
Nos gouvernants sont proches parents deM. Guizot.
Son théorême favori qu'on peut et doit tempérer
la liberté par l'administration, c'est-a-dire qu'on
peut limiter le droit par l'arbilraire, ce théorême ils
l'ont adopté. lis le pratiquent.
Un pareil principe n'est-il pas la négation même du
système constitutioneel? Celui-ci n'exigecertainement
pas de liberte absolue, sans limites, mais il repousse
a priori, comme incompatible avec son existence, un
droit flottant au gré du caprice ministeriel et des ran
cunes de part i
C'est a ce mal que la-Restauration en France a suc-
combe. Les hommes qui étaient alors au pouvoir ne
voyaient dans la charte qu'une transaction composée
pour des nécessités passagères. Ceux même qui avaient
rédigé ce pacle professaient l'idée que la royautéétait
supérieure a la charte et pourrait retirer a un moment
donné ce qu'elle avait consenti. Pour eux, il n'y avait
d'absolu, d'indivisible, d'inaliénahle que la royauté.
Aussi n'entendaient-ils guère faire passer la liberté
dans les institutions et les moeurs. Ceux même d'entre
eux qui voulaient sincèrement le progrès n'avaient
pas l'iulelligence de la liberté.
Ce régime trompeur irrita et Iassa la France. Un
beau jour elle se facha et.Charles X düt prendre le
chemin de l'exil.
Heureusement qu'en Belgique la royauté et la Con
stitution ont une même origine. Elles sont l'émana-
tion de la souveraineté nationale. Entre elles, point de
rivalitè nul danger ne menace done de ce cóté.
Le danger est ailleurs. Il-faut le voir dans cette fa
tale tendance du pouvoir a rogncr la Constitution au
lieu de I'étendre. Pourquoi, plus d'une fois, voyons-
nous les libéraux se condamner a pratiquerl'arbitraire
au lieu de le détruire? Pourquoi usent et abusent-ils
des lois qui sont virluellement abrogées par la Con
stitution
Personne n'osera nier l'existenèe du mal. Pour y
porter remède il n'y a qu'un seul moyen. C'est aux
citoyens lésés a épuiser toutes les instances de la ju-
ridictionet puis, si besoin il y a, a s'adresser par
voie de pétition a la législature pour soulever la ques
tion s'il n'y a pas lieu sur tel ou tel point a procéder
a une interprétation législative.
Bien d'autres abus inconstitutionnels qui ont passé
dans la pratique devraient encore être combattus. Un
jour je les signalerai ici. Pour aujourd'hui, je n'ai
voulu que relever l'erreur de ceux qui supposent au
gouvernement le droit de trancher la question si telle
ou telle loi est encore valable et peut être appli-
quée.
M. Louis ITymans traite cette semaine A'insensés
les publicistes qui ne proclament pas avec lui que la
circulaire de M. de La Valette est le message de la
paix par excellence. II est tout fier de pouvoir citer a
l'appui de son dire un article du Times.
Le rédacteur en chef de VEcho du Parlement, qui
l'ignore puise toute sa science politique dans le
Times et dans la Revue des Deux-Mondes. Son éru-
dition ne va pas plus loin. C'est la qu'il s'inspire et
qu'il cherche sa force. C'était fort bien aussi long-
temps qu'il rédigeait sa Causerie. Mais citer dans
VEcho du Parlement le dire du Times comme parole
d'jEvangile, en vérité c'est trop naïf.
Le même langage que tient aujourd'hui Ie Times
au sujet de la Belgique, ne l'a t-il pas tenu, et avec
bien plus d'énergie, avant la guerre austro prussienne
contre le Danemark?
Mais la guerre schleswig-holsteinoise une fois dé-
clarée, le Times n'a fail ni une ni deux il a viré de
bord. La politique de non-intervention u'eCit pas de
plus chaud partisan que l'organe de la cité.
Que I 'Echo du Parlement recherche done d'autres
garanties de süreté pour la Belgique que les assu
rances fallacieuses du Times.
VOratorio de M. Pierre Benoit a eu dimanche passé
un immense succès au Palais Ducal. C'est une oeuvre
capitale. I e public a couvert le jeune maestro et
l'auteur du texte flamand, M. Hiel, un vrai poëte,
d'applaudissements frénótiques.
On avait espéré que M. Pierre Benoit recevrait,
comme juste recompense d'un travail aussi conside
rable, une distinction honorifique. On s'était trompé.
Le désappointement fut général, unauime et bruyant.
Ce fut le seul mécompte de cette belle matinee qu'au-
cun dts assistants n'oubliera.
On annonce que plus de sept cents riflemen anglais
se sont inscrits a Londres pour prendre part au tir
national beige.
D'autre part, beaucoup de tireurs hollandais, fran
cais et allemands sont egalement avisés. La fête sera
done vraiment belle, pourvu qu'un hóte non invité
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